Antananarivo. Place du 13-Mai en 2009
« Les Malagasy viennent de vivre cinq des pires années de leur jeune histoire. Les considérant comme un peuple-enfant parce que pauvres. Les Américains et les Européens les ont sanctionnés durement, leur coupant gagne-pain et vivres. Mais, faibles et opprimés face à plus puissants qu’eux, ils gèrent la situation, à leur manière… Le pseudo coup d’Etat du 17 mars 2009 s’est passée entre les Malagasy et ne concerne qu’eux.
Si Niels Marquardt a paniqué sous les vociférations de Charles Andrianasoavina le 17 mars 2009, est sorti dans la rue adjacente, puis est rentré en courant par le portail pour s’engouffrer en catastrophe dans sa voiture garée dans la cour de l’épiscopat, ce n’était que pure coïncidence. Et si, après s’être laissés convaincre par les officiers anti-Ravalomanana, les officiers généraux les plus anciens dans les grades les plus élevés ont remis les pleins pouvoirs à Andry Rajoelina, cela ne regarde toujours que les Malagasy. Pourquoi les Malagasy ont-ils laissé faire sans réagir, militaires, policiers, politiciens, magistrats, fonctionnaires, simples citoyens ? Pas un coup de feu n’a été tiré le 17 mars, et personne n’est descendu dans les rues pour défendre l’ancien régime.
Plus concernés que les Malagasy eux-mêmes, les Américains ont pris des mesures extrêmes telles que la suspension de l’AGOA, pour punir durement des dizaines de milliers de pauvres. En effet, ils ont participé aux manifestations de rues et aux pillages des biens de leur protégé le 26 janvier plus tôt...Sans eux, rien n’aurait été possible. Envers et contre tout, Andry Rajoelina a pris le pouvoir, sans que les dizaines de milliers de gens appauvris par la suppression de leur gagne-pain ne se soient levés contre lui. Tout comme personne n’a défendu Ravalomanana en 2009, la population n’a pas manifesté massivement comme elle sait si bien le faire, pour interrompre ses quatre ans et demi de présidence.
Les Malagasy savent bien pourquoi. Les Américains et d’autres n’ont dû rien comprendre. Et voilà que, grâce à la population via les urnes, Rajaonarimampianina devient président de la République. Lui qui a été soutenu par Rajoelina, dont il a été le grand argentier durant la transition. Que peuvent les Américains contre cela ? Face à ce tour de passe-passe bien à la malagasy joué par les acteurs politiques et la population ? Rien, à part sauver la face en faisant taire Rajoelina, et faire en sorte que son entente avec son successeur fasse profil bas. Tous jouent le jeu : une guerre sans raison valable éclate entre les deux alliés, Ravalomanana est à peine évoqué, les politiciens passent d’un camp à l’autre comme s’ils jouaient, et tout le monde se retrouve dans un même bateau, comme au temps de Noé. Zéro opposition !
Quand les faibles se retrouvent confrontés au diktat des puissants, il faut bien qu’ils s’en sortent. C’est ainsi que survivent les espèces les plus faibles depuis la nuit des temps. A malin, malin et demi ».
RAKOTO Bernard
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