Plus que quelques jours et la campagne pour les élections communales du 12 décembre 2007 débutera. Madagate.com vous donne un aperçu de tous les candidats ainsi qu’une série de chiffres laissant présager qu’il y aura des surprises à l’issue de ce scrutin. Plus une rétrospective sur les maires Guy Willy Razanamasy (1995-1999) et Marc Ravalomanana (1999-2001).
C’est officiellement officiel, il y aura six candidats définitifs pour cette course au fauteuil de Maire de la commune urbaine d’Antananarivo. Je vous les présente succinctement en levant les non-dits à leur sujet.
Hery Rafalimanana
Pds actuel, c’est-à -dire maire par transition et non par intérim, nuance. En effet, logiquement, en attendant les prochaines élections, c’est à l’adjoint du maire Patrick Ramiaramanana qu’aurait dû revenir la tâche de poursuivre toutes les actions qui avaient déjà été pré-établies depuis Marc Ravalomanana. Celui-ci, élu en décembre 1999, en se portant candidat aux présidentielles de décembre 2001, avait d’abord laissé l’intérim à son adjoint, Guy Rajemison Rakotomaharo -devenu président du Sénat- avant la nomination, en août 2002, de M. Ramiaramanana au titre de Pds. Ce dernier a été élu en novembre 2003 et a laissé sa place vide à la suite de sa nomination au sein du gouvernement début 2007. Du coup, le président Ravalomanana transforme M. Rafalimanana en Pds alors qu’il était Dg de Magro, une filiale de Tiko. « Jugez-moi sur les actions que j’ai entreprises », déclare à tout va ce maire qui ne l’est qu’à moitié (il n’a fait que poursuivre les actions de ses prédécesseurs) mais qui veut l’être en entier. Il est le candidat du Tim. En matière d’actions éclatantes, il aurait intérêt à mettre à jour les chiffres de la population des six arrondissements sur www.antananarivo.mg
S’il veut être vraiment pris au sérieux et ne pas se tromper lui-même et le monde entier avec. Enfin, le plan vert est un projet qui date depuis 2004, avec l’appui de la région Ile-de-France et mis sur rail à l’issue du sommet des maires francophones en novembre 2005. Il faut être honnête et ne s’attribuer que des réalisations nouvelles. Monter des tentes pour les jeunes nécessiteux d’un quartier populeux n’est qu’un pis-aller, du provisoire durable.
Marc Ramiarinjatovo
C’est l’aîné de tous les candidats. Maire élu, en 2003, de la ville historique d’Alasora, une des collines sacrées de l’Imerina, il a déclaré « avoir reçu un appel de Dieu ». Il paraît bien si ce n’est que tout le monde lui reproche ses façons de copier-coller le président Ravalomanana dans ses faits et gestes. Membre du Tim qui a choisi Hery Rafalimanana pour le représenter, M. Ramiarinjatovo a été obligé de se porter candidat sous l’étiquette indépendante à travers l’association « Madagasikara Vaovao » (Nouveau Madagascar) créée pour l’occasion. Je ne vois franchement pas le vent du large émanant de ce candidat qui n’est déjà pas fidèle à son parti d’origine -même si c’est son droit le plus absolu de créer une association tout en étant membre du parti présidentiel- et qui se croit investi d’une mission divine. Seul Marc Ravalomanana a réussi dans ce genre là . Mais il y a Marc et Marc…
Jonah Andrianarivo
Avec pour cheval de bataille, le slogan « Antananarivo, héritage de la descendance merina », ce candidat venu de nulle part s’élimine de lui-même. En effet, malgré toutes les explications qu’il pourra donner, la réaction du grand nombre, déjà , est que la ville d’Antananarivo n’appartient pas aux seuls merina. Surtout en ce Troisième millénaire. M. Andrianarivo, candidat indépendant, roule sous l’entité dénommée « Zaikabe merina » ou Congrès merina. Déjà illustre inconnu avant cette candidature donc, il aura vraiment beaucoup de mal à convaincre de sa profession de foi. Mais, comme Pierre de Coubertin, l’essentiel, pour lui, est de participer. Seulement, time is money… Où trouvera-t-il l’argent rien que pour ses bulletins et aura-t-il le temps d’expliquer sa philosophie au détrîment d’un programme pragmatique ?
Nasolo Valiavo Andriamihaja
Chroniqueur pour l’Express de Madagascar sous le nom de plume de Vanf, sa candidature n’est pas si étonnante que cela. Tout d’abord, de par sa profession de foi, Vanf est proche du candidat Andrianarivo. Ensuite, il a été Conseiller auprès de personnalités de la mouvance Tim de la première heure. Enfin, sentant qu’un nouveau messie, en l’occurrence Andry Tgv, pointe à l’horizon, financer un ou deux candidats « indépendants » mais issus du sérail permettrait de partager les suffrages exprimés. Pour amoindrir une victoire ou une défaite. Car, lors des élections communales -comme législatives- malgaches il n’y a jamais de second tour. Celui qui remporte le plus de voix, quel que soit le nombre des électeurs, l’emporte. Un subterfuge comme un autre pour donner ses « chances » au candidat étatique. Toujours celui-là . Avec Messieurs Rafalimanana et Ramiarinjatovo, Vanf forme donc la troisième tête du Goliath-Tim dont j’ai fait allusion plus haut. Après « diviser pour régner », voilà « diviser pour gagner ».
Malala Savaron
La seule femme pour ces communales de décembre 2007. Elle a déclaré avoir préparé cette élection « depuis 30 ans » et que, petit à petit, elle a commencé à imprimer ces bulletins depuis tout ce temps. Car c’est cette démarche -en attendant le bulletin unique- qui est la plus budgétivore dans toute élection à Madagascar. Reste à savoir si elle sait que la population augmente de manière très exponentielle. En tout cas, son élection relèvera du miracle. Indépendante, sans parti ni association, il sera tout de même intéressant de connaître le nombre de voix que madame Savaron aura recueilli.
Six candidats donc pour une commune urbaine de six arrondissements. Tous ont forcément un programme et tous auront aussi des gens pour voter pour chacun d’entre eux, ne serait-ce que leur famille. Et tous sont sûrs de gagner, même si certains ont déjà perdu d’avance. A mon humble avis, ce qui fera la différence sera déjà d’atteindre le maximum de gens pour tenter de les convaincre que leur avenir sera meilleur et tranchera avec les pratiques passées basées sur la relation parents-enfants (« ray man-dreny sy zanaka ») très infantilisante. L’intérêt des électeurs aura un impact certain sur leur abstention ou non. Pourquoi ce désintérêt des Malgaches pour aller voter ? La majorité ont acquis un réflexe anti-démocratique au bénéfice de tout tenant du pouvoir qui finit par se complaire de cette situation fausse et faussée par eux-mêmes. Ce réflexe populaire est de se convaincre que le dirigeant en place a fait beaucoup de choses et qu’il fera mieux. En fait, en temps d’accalmie, le Malgache ignore que, pour faire bouger les choses, on peut faire l’économie d’une révolution en usant de son droit. Malheureusement, il est mal informé. Exemple : concernant les élections législatives recommencées, officieusement, le Tim a été complètement défait à Bealà nana et à Mananara Nord. Tous les médias en ont parlé sauf les médias officiels où c’est un fait divers. Dans les quotidiens « Vaovaontsika » et « Le Quotidien », appartenant au président Ravalomanana, pas un mot de cette déconfiture. Or, lorsqu’une forte délégation du législatif et de l’exécutif est descendue sur terrain à Mananara Nord, cela a rempli les pages de ces journaux. Mais ils ont omis de dire que les écoles ont été fermées pour la circonstance. Par ailleurs, les chouchous de Marc Ravalomanana ont osé affirmer que le Tim gagnera car, « depuis, c’est comme si vous n’aviez pas de député ». Voilà l’image même du coup de boomerang, une gifle pour le Tim. En tout cas, ces victoires indiquent que, là -bas, il n’y a pas eu de manipulations de chiffres. Ce qui risque de se produire dans la Capitale. Pourquoi ? Lisez attentivement ce qui suit :
Ville d’Antananarivo
Premier arrondissement
Limites des 44 quartiers :
Nord : Andohatapenaka
Est : Ampandrana
Sud : Ambatovinaky
Ouest : Andohatapenaka I
Superficie : 8, 9146 km²
Population : 226.815 soit 21% de la Commune urbaine
Second arrondissement
Limites des 24 quartiers :
Nord : Ampasanimalo
Est : Ambolokandrina
Sud : Androndrakely
Ouest : Manjakamiadana
Superficie : 23, 05km²
Population : 300.120 soit 13% de la Commune urbaine
Troisième arrondissement
Limites des 34 quartiers :
Nord : Andravoahangy
Est : Ankatso
Sud : Antanimena
Ouest : Ankorondrano
Superficie : 6, 829 km²
Population : 129.188 soit 12% de la Commune urbaine
Quatrième arrondissement
Limites des 32 quartiers :
Nord : Tsimialonjafy
Est : Ankaditoho
Sud : Anosimahavelona
Ouest : Anosipatrana
Superficie : 12, 95 km²
Population : 188.728 soit 17% de la Commune urbaine
Cinquième arrondissement
Limites des 27 quartiers :
Nord : Analamahitsy
Est : Mahazo
Sud : Ambodivona
Ouest : Soavimasoandro
Superficie : 23, 05 km²
Population : 300.120 soit 27% de la Commune urbaine
Sixième arrondissement
Limites des 31 quartiers :
Nord : Andraharo
Est : Ankazomanga sud
Sud : Ankasina Antohomadinika
Ouest : Avaratanà na Ambatolampy
Superficie : 16, 77 km²
Population : 103.452 soit 10% de la Commune urbaine
Ces chiffres ont été retranscrits le samedi 17 novembre 2007, à partir du site web de la commune urbaine d’Antananarivo : www.antananarivo.mg
Déjà , une erreur grossière dans les services mêmes du champion Rafalimanana, le Pds qu’il faut juger par ses actes. Le nombre de la population des second et cinquième arrondissements sont exactement les mêmes (300.120), pour un pourcentage différent (13% et 27%). Quoi qu’il en soit, cela donne une population totale de 1.119 .235. Or, une évaluation de 2001, n’émanant pas de la commune, indique 1.689.000 habitants et une autre de 2005 donne 1.900.000. Il semble que c’est la plus fiable car, à moins d’un holocauste, aucune population sur terre ne diminue. Ce qui est véridique c’est que la croissance démographique d’Antananarivo est de 3% an par an. A vos calculettes. En attendant de vous transmettre, d’ici peu, le nombre exact des électeurs lors des communales de 1999 et 2003, voici des informations à ces sujets :
En décembre 1999, Marc Ravalomanana, de l’association « Tiako Iarivo », est élu maire d’Antananarivo avec 45% des suffrages, devançant le ministre des Postes et Télécommunications d’alors, Ny Hasina Andriamanjato (Akfm Renouveau, fils du pasteur Richard Andriamanjato, figure historique et ancien maire de la Capitale), Lalatiana Ravololomanana (bras droit du maire sortant Guy Willy Razanamasy), le général Rakotosoa Andriamihanoro (Arema, le parti fondé par le président Ratsiraka) et Bodo Razafindrazaka (la chanteuse).
En novembre 2003, le Président de la délégation spéciale (Pds) Patrick Ramiaramanana, candidat du Tim, est élu maire d’Antananarivo avec plus de 140.000 voix exprimées, devançant Raharivolontsoa Rita (Rpsd, plus de 12.000 voix) et Pierre Andrianantenaina (Mfm, plus de 14.000 voix). Cependant, le taux d’abstention a été un record du genre lors de cette consultation communale. Certains journaux de l’époque avaient parlé de victoire à 80% pour Ramiaramanana. Mais 80% de combien ? That’s the question !
C’est donc bel et bien sur les listes électorales informatisées qu’il y aura le plus de suspicion. Un ordinateur reste une machine qui ne traite que les informations qu’on veut bien lui donner. Seul l’Etat, donc le Tim, a le pouvoir de les manipuler. Surtout si les mouvements migratoires massifs dans des quartiers populeux de la Capitale s’avèrent réels. C’est donc le moment ou jamais d’alerter l’opinion publique mondiale et les entités -nationales et internationales- directement concernées par ce genre de fléau inhérent au continent africain. Mieux vaut pression qu’oppression. Car, après les élections, il sera trop tard. Enfin, à titre d’information pure, ceci qui suit ne se trouve nulle part ailleurs sauf sur Madagate.com.
Les actions du maire Razanamasy
Durant son mandat, le maire Guy Willy Razanamasy, élu en 1995, avait pour slogan « Antananarivo madio no tanjona ka tadidio » (L’objectif est une capitale propre, rappelez-vous en). A peine sa prise de fonction amorcée, le Rova du Palais de la Reine est incendié dans la nuit du 5 novembre 1995… Guy Willy Razanamasy a été élu sur un programme axé sur trois S : " Santé, Scolarisation, Sécurité ". Le marché du zoma était un énorme problème de sécurité lié à deux contraintes : l'espace et la légalité. Il y avait 3.000 places pour 6.000 marchands recensés. Le marché hebdomadaire est devenu un marché permanent. L'informel, la délinquance, voire le crime, y régnaient en plein cœur de la ville. Il y a 2.000 marchands déclarés pour 15.000 identifiés ne payant pas de patentes et sans papiers en règle. Il n'y avait pas d'administration municipale, il n'y avait que des dettes, la désobéissance et l'incivilité. Toute l’avenue de l’indépendance était devenue un labyrinthe de toutes les magouilles. J’y pénétré dedans une fois, j’ai presque fini par devenir claustrophobe. Grâce à un don non remboursable des Japonais, le maire Razanamasy a réussi à réhabiliter cette avenue de l'Indépendance et les rues adjacentes qui étaient devenues une vraie cour des miracles à ciel ouvert. Il fallait enlever les marchands de là au plus vite. Et c’est avec un budget du Fed (Fonds européen de développement) que le marché du zoma a été éclaté en marchés de quartier. Mais on ne peut venir à bout de plus de 25 ans de gabégie et d’indiscipline généralisée. Selon des chiffres fiables, le nombre des habitants d’Antananarivo (agglomération comprise) était de 1.200.000 habitants en 1995.
Les actions du maire Ravalomanana
Le programme de Marc Ravalomanana visait essentiellement à améliorer le cadre de vie de la Cité en réduisant la pauvreté, l’insalubrité et la saleté. Une police municipale a été constituée. La voirie a recommencé à fonctionner. Les parcs et jardins ont été réhabilités. De grands travaux d'élargissement de certains axes ont été mis en œuvre. Mais la majorité des antananariviens sont restés aussi pauvres et aussi sales qu’auparavant et c’est encore la grande partie de cache-cache entre la police municipale et les marchands ambulants. Aucune solution pérenne n’a été trouvée jusqu’à présent concernant ce domaine. C’est ce programme du maire Ravalomanana qu’a poursuivi le Pds devenu maire Patrick Ramiaramanana et qu’a prolongé l’autre Pds candidat maire Hery Rafalimanana. Ce dernier a eu la chance qu’Antananarivo héberge les Jeux des îles de l’océan Indien pour parfaire le programme du maire Ravalomanana dont il n’est, somme toute, que le superviseur des travaux finis. Selon des chiffres fiables, le nombre des habitants d’Antananarivo (agglomération comprise) était de 1.400.000 habitants en 1999.
Jeannot Ramambazafy