L’heure n’est pas aux commentaires. Ci-après, la transcription d’un extrait de la longue analyse de situation de l’ambassadeur de France à Madagascar, François Golblatt. C’était au micro de notre confrère, Marc Antoine Klimchand, lors de l’émission « Resabe » du 25 juillet 2014, sur MaTv.
« Quand on regarde le niveau de développement dans le monde, vous connaissez le fameux Indice de développement humain mis en place par les Nations Unies. Franchement, les pays qui ont atteint les plus hauts indices de développement humain -et je dis d’autant plus solennellement que la France n’est pas tout en haut de l’échelle-, vous le savez, ce sont des pays -je peux les citer, cela ne pose aucun problème- comme le Danemark, la Finlande, la Suède, la Suisse, le Luxembourg. Quel est le point commun entre ces pays ? Ils n’ont pas tous la même religion ; ils ne sont pas issus de la même ethnie, même si, géographiquement, ils sont, c’est vrai, relativement proches, c’est plutôt l’Europe du Nord. Ils ont, surtout, adopté les mêmes techniques et méthodes de gouvernement : la transparence, la bonne gouvernance, la démocratie, le règlement pacifique des différends, etc.
Et donc, moi je me demande simplement aux Malgaches de regarder cette réalité : les pays qui réussissent, tendent historiquement, concrètement parlant, à avoir adopté les mêmes méthodes. Est-ce qu’il n’y a pas une leçon à retenir, pour Madagascar, pour nous aussi ? Parce qu’encore une fois, nous (Ndlr : La France) ne sommes pas dans ce groupe des pays qui surfent tout en haut de l’échelle du développement humain. Donc, quand nous disons aux Malgaches : réfléchissez bien, pensez à ces méthodes, pensez à la bonne gouvernance, pensez à la lutte contre corruption ; nous ne leur proposons pas d’imiter ce que la France a fait, puisque nous sommes, nous-mêmes, imparfaits. Nous leur disons, à travers notre message, de ne pas nous regarder, nous, mais ceux qui ont le plus réussi.
Et je crois qu’objectivement si vous vous interrogez encore une fois sur les raisons qui ont fait que ces pays ont réussi, il y a des raisons très claires, des raisons très rationnelles, c’est toujours la même méthode, toujours les mêmes principes : la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la lutte impitoyable contre la corruption, la transparence, etc. Tout ce que j’ai énuméré il y a un instant. Et c’est çà qui fonctionne, et c’est notre proposition pour Madagascar. Ce n’est qu’une proposition. C’est aux Malgaches de s’en saisir ou de ne pas s’en saisir. C’est leur responsabilité. Nous disons simplement que s’ils ne s’en saisissent pas, alors malheureusement, les conséquences adverses ne manqueront pas de se manifester ».
Transcription : Jeannot Ramambazafy
Malgaches d’en haut, Malgaches d’en bas
Baisse de prix grâce au Père Noël ? En vérité (des prix), je vous le dis : utopie totale pour Madagascar...
Lorsqu’il parle de « Malgaches », il est clair que l’ambassadeur François Goldblatt fait allusion aux dirigeants du régime Rajaonarimampianina. Ceux que je nommerais ici les « Malgaches d’en haut ». Une poignée d’individus peu préparés à diriger une nation. Son avertissement sera-t-il donc entendu ou bien Monsieur Goldblatt va-t-il figurer dans la liste des personnalités « qui empêchent le développement » et qui « diffament » ces messieurs-dames au pouvoir ? Pour moins que çà , pour de simples suspicions, le séjour de l’un de ses prédécesseurs, Gildas Le Lidec, a été écourté… En tout cas, ces messieurs-dames au pouvoir sont très susceptibles autant qu'arrogants. Le séjour à la prison d’Antanimora de nos confrères Jean Luc Rahaga et Didier Ramanoelina en est une preuve irréfutable. Et, avec cet article 20, de la loi 2014-006 sur la cybercriminalité, ainsi que cette histoire d’IST (Interdiction de sortie du territoire), ce n’est pas demain la veille qu’ils prendront le temps de se pencher sur la réussite de ces pays nordiques si lointains, trop lointains... Même si c’est de l’un d’eux que le Père Noël est originaire… Et, en ce début du mois d’août 2014, je suis persuadé que les « Malgaches d’en bas », les plus nombreux, ont cessé depuis fort longtemps à croire au Père Noël dans leur vie au quotidien. Même pas une hausse de salaires de, ne serait-ce que 0,01%, pour les fonctionnaires. Or, le prix des carburants à la pompe continuera à grimper, pour ne citer que cela. Dans le flou le plus total. Ce qui a déjà un impact sur le prix des PPN (produits de première nécessité).
Jeannot Ramambazafy – 2 août 2014