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Comores. Pourquoi ce pays n’a plus de compagnie aérienne nationale, par Saïd Abdillah Saïd Ahmed

Pourquoi on n’a pas une compagnie aérienne comme les autres pays de la région?

« L’action politique doit être la sage-femme qui aide une société à mettre au monde le meilleur avenir possible. Son rôle est de sauver la mère et l’enfant ». Ce mot plein de sagesse est d’André Maurois (1885-1967), romancier, conteur et essayiste français. Il nous ramène à nos tristes réalités managériales comoriennes, aux carences de notre système de gouvernance et aux divers dysfonctionnements de nos institutions publiques. Ceci est d’autant plus vrai que chaque année plusieurs milliers Comoriens veulent passer leurs vacances dans leur beau pays d’origine, auquel ils sont très attachés. Cependant, il ne suffit pas pour eux de trouver l’argent des billets, des cadeaux et des dépenses à effectuer aux Comores pour qu’ils se sentent pour autant rassurés. En effet, ils doivent aussi trouver une compagnie aérienne, fiable, respectable et respectueuse de leur personne. Depuis la vente et la liquidation par incendie volontaire et crapuleux de la compagnie aérienne comorienne, Air Comores, par le régime mafieux de  Saïd Mohamed Djohar, les Comores n’ont pu créer aucune autre compagnie aérienne viable et durable. À partir de la liquidation crapuleuse de la Compagnie Air Comores, la communauté comorienne installée à l’étranger et surtout en France, grand financier et grand pourvoyeur de fonds en devises fortes, le poumon économique et financier des Comores (57 milliards de francs comoriens de transferts en 2013, pour des recettes budgétaires étatiques de 24 milliards et encore…), subit des humiliations, des difficultés liées à leurs voyages et la mort en plein océan quand un avion-poubelle se crashe devant les Comoriens.

La galère cavalière et mortelle de la compagnie Yemenia

La compagnie aérienne Yemenia Airways dessert les Comores depuis le régime politique de Mohamed Taki Abdoulkarim (1996-1998). Le 27 octobre 1999, sous le régime politique  du Colonel Azali Assoumani, la compagnie Yemenia a signé un accord avec le gouvernement comorien lui donnant le droit et la capacité d’exploiter tout l’espace aérien des Comores comme si elle était la compagnie nationale des Comores. Les dirigeants comoriens de l’époque ont cédé à la compagnie Yemenia le droit de trafic aérien et l’obligation pour toute autre société de navigation aérienne de s’adresser à cette compagnie d’avion-cercueils pour toute exploitation du ciel comorien. Les Comores ont été représentées à la signature de cet accord de la honte par Mohamed Chahir, alors Directeur général de l’Aviation civile, et la Yemenia Airways par Abdulkhalek Alkhadi, son Président-directeur général. Cette marque d’estime et de confiance n’a jamais poussé cette compagnie à faire des efforts aux Comores, en affrétant des avions répondant aux normes internationales exigées pour la sécurité et le confort des passagers. Cette compagnie a, au contraire, minimisé et continué à mépriser les Comoriens, qui la font vivre, en affrétant que des avions-poubelles sur la ligne Sanaa-Moroni.

Comme conséquence logique de cette mascarade couverte par l’État, le 29 juin 2009, un Airbus A310 de cette compagnie de la mort subite, qui a été entre les mains de toutes les compagnies aériennes du monde, s’est abîmé en mer avec 153 passagers, essentiellement comoriens et franco-comoriens. Une fille survivra de ce drame. Ce crash est dû d’abord aux négligences de nos autorités locales, qui laissent des avions-poubelles survoler notre espace aérien et prendre des passagers comoriens. Aucun dirigeant comorien ne s’est soucié du fait que la compagnie Yemenia Airways affrète un avion aux normes européennes sur le trajet Sanaa-Paris et Paris-Sanaa, alors que sur la desserte Sanaa-Moroni et Moroni-Sanaa, on parque les Comoriens dans un avion-poubelle de la pire espèce. Après le crash, nos autorités ont oublié nos 153 victimes et leurs familles, comme d’autres familles de victimes, entre autres du bateau Samson. Ils ont renoué avec la compagnie Yemenia Airways, et cette dernière a repris ses habitudes criminelles sur la ligne Moroni-Sanaa comme si de rien n’était.

Puis arriva Air Madagascar

Pour la première fois dans les annales de la diplomatie de deux pays indépendants que sont Madagascar et les Comores, la négociation commerciale sur l’implication d’Air Madagascar aux Comores s’est faite par des intermédiaires, comme si les deux pays avaient de problèmes diplomatiques avaient de problèmes les empêchant de se parler. C’est l’intermédiaire qui annonça la signature sur l’accord du transport aérien par Air Madagascar. Cette annonce qu’Air Madagascar reliera les Comores à la France par un vol direct, a été faite en présence du ministre comorien des Transports. Ces décisions ont été annoncées à Moroni sans la présence d’officiels malgaches, alors qu’il y a un Consul malgache à Moroni, qui est également le représentant d’Air Madagascar aux Comores. Le comble, c’est que nos dirigeants n’ont fait qu’applaudir la violation flagrante de notre souveraineté nationale, en décidant qu’une compagnie étrangère utilise notre territoire occupé par la France, qu’on revendique pour desservir un autre territoire libre. Au final, Air Madagascar a débuté ce vol direct entre les Comores et la France, mais à quel prix et au prix de quelle misère la grande communauté comorienne installée en France. Cette communauté mérite mieux que ce genre de compagnie mortifère et humiliante.

Les Comores doivent créer une compagnie aérienne, Air Comores?

«La politique, quand elle est un art et un service, non point une exploitation, c’est une action pour un idéal à travers des réalités», estimait Charles De Gaulle. Notre pays est l’unique État de l’océan Indien qui ne possède pas une compagnie aérienne nationale, après la mise à mort d’Air Comores par le régime mafieux et crapuleux de Saïd Mohamed Djohar. Les différents pouvoirs qui se sont succédé après ont essayé d’une manière ou d’une autre de créer une compagnie aérienne fantôme. Ce ne sont pas les moyens qui manquent aux Comores pour créer une compagnie aérienne, mais d’abord l’idée, la volonté et les hommes. Nous venons de vendre notre citoyenneté à une somme faramineuse qu’on n’a pas investie dans des projets sérieux, mais juste placé dans le paiement des fonctionnaires. Dans un pays normal, et on ne cessera jamais de le rappeler, un pays qui a sa propre monnaie, on ne paie pas ses fonctionnaires en vendant ses patrimoines, mais on paie les fonctionnaires et on rembourse les dettes intérieures par la monnaie nationale. Certaines élites crient qu’elles ne veulent pas, comme à Madagascar, d’une monnaie de singe. Au fond, les Malgaches n’ont jamais eu besoin des Comores, pour des services particuliers. Mais l’inverse est une réalité quotidienne. La réouverture de notre compagnie aérienne doit être une priorité économique nationale.

On peut et on doit récréer Air Comores en achetant un avion

Un avion de ligne, neuf, l’A380 Airbus ou le Boeing 737, selon le Wall Street Journal, se vend entre 80 et 90 millions de dollars. L’A318-100 et l’A319-100 sont des Airbus ayant respectivement une capacité 132 à 153 passagers, et valent entre 71,9 et 81,5millions de dollars, selon Le Journal de l’Aviation. C’est une somme faramineuse pour les Comores, mais accessible avec beaucoup d’économie et une bonne gestion, surtout en faisant un bon usage de la manne financière de la communauté comorienne installée en France. L’État comorien aurait dû investir l’argent de la «citoyenneté économique» dans les transports aériens au lieu de mettre l’argent dans les citernes pour payer les fonctionnaires.

On peut et on doit récréer Air Comores en faisant du leasing

La plupart des pays riverains de l’océan Indien font du leasing pour faire vivre leurs compagnies aériennes. Les Comores qui n’ont pas encore ces moyens financiers pour acquérir un avion neuf, peuvent en louer. Il y a actuellement plusieurs compagnies de location d’avions de ligne comme l’American Air Lease Corporation (ALC), GE Capital Aviation Services (GECAS) et d’autres. Si le leasing nous paraît encore trop cher, nous pouvons aussi négocier avec nos vrais amis au lieu de nous accrocher à la Yemenia Airways pour des cailloux. Quand je serai élu Président des Comores en 2016, je vais créer la compagnie qui va remplacer Air Comores, et redonner aux Comoriens leur fierté nationale en la matière.

02 août 2014


Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed (Sasa)

Président du Parti Comores Alternatives

Candidat à l’élection présidentielle de 2016

Mis à jour ( Mercredi, 27 Août 2014 10:28 )  
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