L’ambassadeur américain, Robert Yamate, et le Premier ministre, Jean Ravelonarivo
Un pays en éternel voie de sous-développement comme Madagascar peut-il refuser toute aide financière de nos jours ? Certes, non. Et le monde entier trouve çà normal, en fermant les yeux sur les vraies racines qui ont fait de cette Grande île de l’océan Indien, le pays le plus pauvre de la planète. Et ce sont les Malgaches eux-mêmes qui râlent dans les coulisses de la récrimination hypocrite, alors qu’ils se complaisent et se plaisent à applaudir, par exemple, l’Agoa qui ne mènera jamais leur Nation vers un développement économique réel et durable. A titre d’exemple, je prendrais le cas des Etats-Unis d’Amérique, nation censée être la plus puissante de la planète.
Tout récemment, l’ambassadeur américain Robert Yamate a rendu une visite chez le Premier ministre choisi, Jean Ravelonarivo. Selon le communiqué de presse officiel, « il a manifesté la volonté des États-Unis d’Amérique de renforcer et d’améliorer la coopération entre les deux pays. D’ailleurs, l’aide budgétaire destinée à la Grande île a été augmentée de 12.000.000 de dollars, c'est-à -dire 75.000.000 de dollars au lieu des 63.000.000 millions de dollars prévus. Il a affirmé que les États-Unis ont également l’intention d’aider Madagascar dans la lutte contre la sécheresse et la malnutrition dans le sud ».
Et les tenants du pouvoir ainsi que certains journalistes « sakaizan’ny mpandresy » (amis des vainqueurs) en font une « victoire ». Leur raisonnement étant totalement envahi par l’esprit du colonisé, ils ne se rendent pas compte que cette « aide » perpétue cet état de peuple mendiant survivant sur des richesses incommensurables. Comme si la sécheresse et la malnutrition n’avaient fait leur apparition qu’en cette année 2015 sous Hery Rajao Ier (et dernier).
Si les Etats-Unis avaient sincèrement « l’intention d’aider Madagascar dans la lutte contre la sécheresse et la malnutrition dans le sud », un authentique plan Marshall aurait du être mis en action depuis des décennies. Avec, par exemple : travaux de forage profond ; installation de pipe-line drainant les eaux aux alentours de ce que j’ai déjà appelé « Royaume du kere » (l’Androy en particulier); construction de barrages et reboisement massif pour atténuer les effets d’ensablement.
Mais c’est comme s’il était écrit quelque part que Madagascar, ancien pays colonisé par la France, ne mérite pas ce genre de réel développement et doit rester en l’état. C’est-à -dire tributaire des miettes d’un pain croustillant partagé par les nations blanches, n’ayons pas peur de l’adjectif.
Pourquoi avoir pris l’exemple des U.S.A. ? Tout simplement parce que les premières relations entre Madagascar et le pays d’Obama remontent en 1862, en pleine guerre de sécession. A l’époque, les deux nations étaient sur le même pied d’égalité en tous points. A cette époque précise, la Reine de Madagascar, Ranavalona III, et James Abram Garfield, 20ème président des États-Unis d’Amérique (assassiné le 4 mars 1881) étaient les « leaders ». Mais il aura fallu attendre le 23 juin 1866 pour voir la mise en place d’un Consulat américain à Toamasina.
Le 14 février 1867 est signé un « Traité de paix et d’amitié » entre les deux nations à Antananarivo, ratifié le 8 juillet 1868. Mieux encore, le 22 juin 1870, un acte avait étendu les pouvoirs judiciaires des agents américains sur tout Madagascar, ratifié par le Sénat américain le 2 février 1883.
De g. à dr., de haut en bas: Tacchi, Andrianisa, Ranjalahy, Rabibisoa, Ravoninahitriniarivo et Ramaniraka. Photo tirée de l’ouvrage « Colline sacrée des souverains de Madagascar » de Suzanne Razafy-Andriamihaingo
Le 3 mars 1883, une mission diplomatique malgache arrive à Washington, dirigé par le ministre Ravoninahitriniarivo. Ci-après des extraits traduits du « Traité de paix et d’amitié » paru dans le journal The New York Herald, en date du 1er mars 1883 :
Article I : Les hautes parties contractantes déclarent solennellement qu’il continuera à y avoir une paix ferme et inviolable et une vraie et sincère amitié entre eux et leurs héritiers et successeurs respectifs à jamais sans aucune guerre ;
Article II- 1. Les possessions de chacune des deux parties contractantes ainsi que le droit de domicile de leurs habitants sont sacrés et aucune prise de possession forcée de territoire ne pourra jamais avoir lieu chez l’une d’elles par l’autre partie, ni des visites domiciliaires, ni des violations de domicile, ou de l’espionnage des maisons de l’une ou de l’autre partie contre le gré des occupants, à l’exception de ce qui est prévu à l’article VI, paragraphes 4 et 23.
2. Le droit de souveraineté sera dans tous les cas respecté dans les possessions d’un des gouvernements par les sujets ou citoyens de l’autre.
3. Les citoyens et protégés des États-Unis d’Amérique respecteront le gouvernement de la reine Ranavalona et celui de ses héritiers et successeurs, et ils ne s’immisceront pas dans les institutions du pays, ni dans les affaires du gouvernement de Sa Majesté, à moins qu’ils ne soient employés par le gouvernement de Sa Majesté.
4. Par possession de Sa Majesté la Reine de Madagascar, il faut entendre la totalité du territoire de Madagascar, et les vaisseaux et les citoyens des États-Unis n’aideront pas les sujets de Sa Majesté en rébellion, ne leur vendront pas des munitions de guerre, ne leur apporteront pas leur aide dans la guerre, ou ne leur apprendront pas l’art de la guerre, et les mêmes stipulations s’appliqueront aux héritiers et successeurs de Sa Majesté à l’intérieur du territoire de Madagascar.
Otto Eduard Leopold, Prince de Bismarck, Duc de Lauenburg (1815-1898) partageant le gâteau africain
En fait, cet article 4 était tout simplement un piège à cons. En effet, lorsque la France annexa Madagascar, le 6 août 1896, les Etats Unis « amis » disparurent totalement de la circulation ! Les « Blancs » avaient tranché sur le partage du gâteau africain, lors de la conférence de Berlin, du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. Une « amitié » ne dure guère lorsque des intérêts économiques communs « blancs » sont en jeu. Surtout qu’à l’époque, les Malgaches n’étaient, somme toute, qu’un peuple de Noirs…
A travers ce voyage dans le passé, on comprend l’utilité de l’Histoire écrite et en toute logique, et comment l’utiliser pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Hélas, il est sûrement écrit quelque part aussi que les dirigeants malgaches élus ne tiendraient pas compte de cette Histoire. Chacun, se succédant, a tout fait pour effacer de la mémoire collective des Malgaches, des pans d’histoire commune avec d’autres pays. Si bien que, jusqu’en 1972, les ancêtres des Malgaches étaient les… Gaulois ! Et la reine Ranavalona avait définitivement était taxée de reine « cruelle ». C'est ce que le système scolaire français avait ordonné d'inculquer aux élèves malgaches avant 1972. Ainsi donc, lorsqu’on est patriote, on est cruel. Mais envers qui ?
Au retour de l’indépendance du pays, au lieu de puiser des éléments de développement dans leur histoire, les dirigeants malgaches, de Philibert Tsiranana à Hery Rajaonarimampianina, ont enfoncé le pays dans cette spirale de mendicité dont ils semblent être fiers. Devenus les nouveaux colonialistes de leur propre peuple, en voulant vivre un niveau de vie « à l’européenne », toutes les flatteries des anciens colons blancs leur bouchaient -leur bouchent encore- le sens du patriotisme, de la logique, du développement même, en ne traitant pas d’égal à égal avec les autres pays.
A présent, des autres pays s’évertuent tous à concourir sur le fait qu’ils sont les champions de « l’aide » à Madagascar. Et les représentants des U.S.A., de la France, de l’Union européenne, et de sais-je encore quel pays, alignent, dans chacun de leur discours, des chiffres faramineux. Mais le peuple malgache s’enfonce encore plus dans la « pauvreté ».
Je clos brusquement, ici, ce que je m’évertue à ressasser depuis des décennies. Peuple américain : vous voulez vraiment aider le peuple malgache ? Dites à votre gouvernement d’envoyer une compagnie de votre génie militaire avec le matériel et le budget conséquents. En six mois, la sècheresse et la famine dans le Sud ne seront plus qu’un mauvais souvenir, dans la logique de Lao Tseu : « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour (c’est l’Agoa, l'Himo, les Vivres contre travail). Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours (ce sont les volontaires du Peace Corps) ».
Hery Rajaonarimampianina, toujours en contre-courant du développement et champion des belles paroles, lui, prépare la poêle avant même d’avoir pris le poisson.
VIDEO DE SON DISCOUR AU CARLTON ICI
Notre consoeur, Lalatiana Rakotondrazafy, de la radio Free Fm 104.2, a annoncé officiellement sa candidature à la Mairie de la ville d'Antananarivo, ce 15 mai 2015, au Carlton Anosy. Elles seront cinq en lice: Lalao Ravalomanana, Nicole Rajerison, Harilalala Ramanantsoa, Lalatiana Ravololomanana hormis donc Lalatiana Free Fm dont le slogan est "Tanà nako Afaka" ou Ma ville libre (libérée)
Tiens, en matière d’élections communales, une nouvelle à contre-courant des autres « Blancs ». En effet, selon le quotidien Midi Madagasikara de ce 15 mai 2015: « Contrairement à l’Union européenne, les Etats-Unis vont envoyer des observateurs pour les prochaines élections municipales et communales. Selon l’ambassadeur des USA, Robert T. Yamate, son pays souhaite notamment le bon déroulement des élections pour éviter les crises postélectorales. Des observateurs seront ainsi dépêchés dans la capitale et dans d’autres régions du pays. De ce fait, ils vont renforcer les observateurs nationaux, en l’occurrence, ceux issus du Kmf-cnoe ».
Si ailleurs (surtout aux U.S.A. donc) on lutte et on meure pour un but précis (et qu'on atteint), à Madagascar on lutine et on est abattu sans espoir d'atteindre l'objectif initial qui était, en 1972, le développement réel du pays avec ses propres ressources (humaines et souterraines) Que fait Hery Rajaonarimampianina actuellement? Démuni de toute notion de patriotisme, il met le pays sens dessus-dessous pour s'enrichir rapidement avec sa clique d'irresponsables, et après eux le déluge. Et vous vous demandez encore pourquoi Madagascar est toujours un pays sous-développé?
En tout cas, avec cette nouvelle décision d'envoyer des observateurs pour les prochaines élections communales malgaches, le « traité de paix et d’amitié » de 1867 n’est pas perdu pour tout le monde. Car le président Barack Obama sait parfaitement ce que lutte populaire veut dire. Surtout contre la ségrégation raciale. A Madagascar, le régime Hvm/Rajaonarimampianina a trouvé la fumeuse idée d’un nouveau genre de ségrégation : le bulletin unique sans noms et sans photos pour 70% de Malgaches analphabètes ! Et Ils osent parler d’Etat de droit, de démocratie, d’égalité des chances. Tssss.
Américains et dirigeants malgaches en ce moi de mai 2015, au Palais d'Etat d'Iavoloha. Malgré les sourires de circonstances (c'est cela aussi la diplomatie), la nature des forces demeurera toujours perdant-gagnant. Une histoire de riches économiquement face à des pauvres d'esprit, traîtres à leur nation...
L’accord perdant-perdant est le résultat d'une interaction où la somme de décisions individuelles visant à maximiser l'intérêt de chacun aboutit à une combinaison de décisions minimisant l'intérêt de tous.
Ce résultat peut être la conséquence même de la structure du problème, le comportement le plus rationnel de chaque intervenant, même ayant une connaissance parfaite de tous les tenants et aboutissants, ne pouvant aboutir qu'à la plus mauvaise combinaison de choix, sauf à modifier le problème lui-même.
Même dans le cas d'un problème n'ayant pas cette structure, une telle situation peut arriver par :
- Ignorance des intérêts et valeurs des autres partenaires.
- Refus arbitraire de communication et d'information, maintien d'une confidentialité non nécessaire.
- Interruption des négociations.
- Blocage volontaire des autres partenaires.
- Représailles unilatérales ne découlant pas d'un accord préalable établi par un mécanisme accepté par les partenaires.
- Exiger la totalité des avantages que l'accord le plus favorable apporterait ; exiger que les partenaires acceptent un jeu gagnant-perdant.
La situation opposée est gagnant-gagnant dans laquelle chaque partenaire se préoccupe aussi de l'intérêt de son partenaire, dans le but de maximiser son propre intérêt. (Source Wikipédia)
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Ainsi et effectivement, l’esprit du colonisé planera toujours sur ce candidat de substitution, devenu président de la république par procuration qui finira toujours très mal. Le communiqué du Conférence des Evêques de Madagascar est très explicite (ICI).
Jeannot Ramambazafy – 15 mai 2015