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Madagascar référendum : Confondre vitesse et précipitation ?

Décidément, Madagascar sera toujours un pays pas comme les autres… Si les hommes (au pouvoir) et les structures ont changé, il semble avéré que les très mauvaises habitudes demeurent indécrottables. Et l’on parle de changement de mentalité.

Changer, modifier, toiletter, amender -qu’importe le terme- la Constitution, à travers un referendum qui plus est, n’est-il pas un acte très sérieux dont dépendra l’avenir même du pays tout entier ? Malheureusement, ne voilà-t-il pas qu’après l’avoir annoncé « comme çà » dans les médias publics, « les entités politiques, la société civile et les simples citoyens » peuvent envoyer leurs suggestions aux autorités compétentes ». A savoir, la Primature de Madagascar ravalé donc en un vulgaire bureau des postes. Ce serait pourtant déjà formidable à ce niveau-là. Re-malheureusement, la date-butoir de cet envoi a été fixé au mercredi 14 février 2007, à 12 heures (heure locale), dernier carat. Qui aura le temps de décortiquer les 152 articles de cette Constitution afin d’essayer d’en dégager des suggestions pertinentes qui pourraient être prises en considération ? Le développement rapide c’est bien mais où se situent l’important et l’urgent dans cette volonté à confondre vitesse et précipitation ? Après plus de 40 ans d’intelligence imbécile basée sur le « peta-toko » ou rafistolage, on n’en est pas à quelques mois près, tout de même ! L’urgent, la priorité des priorités, il faut l'admettre une fois pour toutes, c'est une préparation méticuleuse et minutieuse de la mise en œuvre participative et effective du fameux Madagascar Action Plan ou MAP. Un programme comme tant d’autres auparavant, d’ailleurs. Un peu trop tape-à-l’œil à mon goût personnel…



Connaissant la célérité des gens de Madagascar (pays du « moramora » ou nonchalance par excellence) à comprendre la notion de participation et de bien commun, après vingt années de chacun pour soi et Dieu pour tous, il faudra deux ans, au moins, pour discipliner la majorité. A quoi donc sert-il de vouloir changer « as soon as possible » une Constitution que d’ailleurs plus de 70% des Malgaches ignorent superbement ? A l’issue du Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002, où j’étais présent, le Président Ravalomanana avait intimé de former un comité permanent pour faire connaître partout, dans la Grande île, ce qu’était le développement durable. Je puis vous garantir, solennellement, ici, que cela n’a pas fait long feu. Même pas le tiers des Malgaches aura été approché. Or, paradoxalement, aujourd’hui, on doit faire appel à ces mêmes Malgaches déjà très peu au courant de leurs droits et devoirs.. Demandez donc à Monsieur Honoré Rakotomanana, l’un des co-présidents de l’actuel « Comité de préparation de la révision de la Consultation », le ridicule score obtenu concernant l’autonomie des provinces. Ce (50% et des particules de poussière), malgré quelques « boostages » des urnes. Il y eut un temps où l’on a même fait croire que 3 provinces étaient pour et trois contre…

 

Le peuple étant versatile, le Président Ravalomanana ne doit pas seulement croire que le « oui » à ce referendum dont nous ignorons les vrais tenants et aboutissants, passera comme lettre à la poste. L’aligner au MAP signifie parler pour ne rien dire. Et, pour la première fois, le « non » pourrait l’emporter. En 2005, j’étais en France lorsque, malgré la mobilisation générale -du président Chirac aux membres de son gouvernement-, le « Non » des Français à la Constitution européenne a été retentissant et a coûté sa place au Premier ministre Raffarin ! A mon humble avis, comme en 1991, c’est l’organisation d’un forum national à ce sujet qui est important avant d’être urgent. Dès lors, à quoi rime cette date du 14 février 2007 ? A collecter de la paperasserie pour mieux appâter les bailleurs de fonds, sûrement. Car, à Madagascar, les dirigeants sont aussi champions du revirement « au nom du peuple ». Après ratage, calculé ou non. Vous connaissez la détaxation ? Economiquement parlant, il coulera beaucoup d’eau sous les ponts du fleuve Ikopa, avant que Madagascar ait son destin en mains propres. Quoi qu‘il en soit, lecteurs du monde entier, Malgaches ou non, rien ne vous empêche d’envoyer vos suggestions aux coordonnées suivantes :

Fax : +261 22 319 80

e-mail : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

 

Cela le jour même de la Saint Valentin, au plus tard, don’t forget it !... Ce sera la fête des amoureux... transis. Sempiternelle question : les dirigeants d’aujourd’hui, comme ceux d’hier, connaissent-ils réellement la mentalité malgache ou s’entêteront-ils toujours à prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ? Conseil : pourquoi vouloir mettre de l’eau dans le moulin d’une bêtise flagrante, au risque de réveiller les vieux démons de l’opposition prête à sauter sur la moindre occasion pour débiter d’autres âneries ? Gouverner c’est prévoir, dit-on. Pour prévoir, il faut savoir tirer des leçons de l’Histoire de la Grande île. Ailleurs, faire table rase du passé, c’est effectivement essayer de ne plus mettre sur le tapis, sur la table les sujets qui fâchent. A Madagascar, faire table rase, c’est détruire systématiquement tous les meubles autour de la table, les chaises et les personnes assises dessus, les murs et tout le decorum en prime. Décidément, les débuts du second mandat du président Marc Ravalomanana risquent d’être un « remake » qui, au lieu de nous « maper », va le… saper.

En tout cas, sur ce site que vous apprécierez, je me ferai un devoir de vous décortiquer ce fameux MAP, avec, pour comparaison, la « Stratégie de l’an 2000 » de… Didier Ratsiraka. Cela nous accaparera des semaines à l’issue desquelles nous saurons où se situent le degré de démagogie, d'utopie, des choses toutes autant réalistes que réalisables dans la pratique et selon les divers paramètres sociaux, économiques et politiques qu'aucun devin. vrai ou faux, n'osera plus prédire, après le chaos et le sang coulant à flots ("rà mandriaka") annoncé par certains et tant souhaité par d'autres, concernant les élections présidentielles du 3 décembre 2006... Moralité : rien n'est jamais certain ici-bas. Surtout en pratiquant un bâclage endémique et les gesticulations théâtrales d'une girouette déglinguée. Cela vaut aussi bien pour les gens au pouvoir que pour les soi-disant opposants encore trop fanatiques des stratégies et pratiques moyen-âgeuses.

Jeannot Ramambazafy

Journaliste

www.madagate Madagascar

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Mis à jour ( Samedi, 16 Août 2008 16:52 )  
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