Vendredi 26 septembre 2008
Ancien Maire de la ville de Toamasina, président fondateur de l’Association MTS (Malagasy Tonga Saina). Le mardi 24 septembre, une perquisition a eu lieu dans les bureaux de sa société Jiro. Tenants et aboutissements. En réaction, il a été l’invité de Tv Plus, pour l’émission « L’Invité du Zoma », du vendredi 26 décembre 2008. Très larges extraits de son intervention.
Onitiana Realy :
D’avril à octobre 2007, vous avez été incarcéré à la prison d’Ambalatavoahangy, à Toamasina. Depuis votre sortie de prison, vous avez gardé un mutisme total. Y-a-t-il eu un accord avec le pouvoir ?
Croyez-vous que c’est chose aisée que de passer un accord, de négocier avec ce pouvoir ? Est-ce possible ? En réalité, c’est une épreuve très pénible que d’être emprisonné : pour ma famille, pour moi personnellement, pour mes compagnons de lutte. C’est très malheureux que certaines personnes qui ne font même pas partie de mes compagnons ont été aussi incarcérées. De voir leur famille leur rendre visite pleurant toutes les larmes de leur corps, est quelque chose d’affreux. Face à cela, j’ai préféré être prudent. Parce qu’au moindre mouvement que je fais, à la moindre parole que je prononce, les impacts ne me concernent pas uniquement mais atteignent aussi d’autres personnes. Aussi, une fois sorti de prison, je suis allé en France où je suis resté durant quatre mois. Puis je suis rentré au pays bien que ma présence semble incommoder certains. Mais je suis Malagasy et je ne vois pas pourquoi j’irai m’exiler à l’extérieur. En plus beaucoup de gens veulent travailler avec moi, ici. Par conséquent, j’affirme que je n’ai passé aucun accord, aucune compromission avec l’actuel pouvoir. Mais je savais que, tôt ou tard, j’aurai mon mot à dire quant à la situation qui prévaut, mais le pouvoir vient de me forcer à sortir de mon mutisme. C’est lui qui m’incite à (re()faire de la politique, à mon corps défendant.
Onitiana Realy :
Quelles leçons avez-vous tiré de cet emprisonnement ?
Roland Ratsiraka :
Premièrement, une chose assez risible : une fois dans la prison, j’ai dormi par terre. C’est la première fois de ma vie que je l’ai fait. Et là , des rats énormes m’ont mordu ! D’une énormité que je ne soupçonnais même pas qu’il en existait ! Devant ce genre de situation, certains se seraient mis à pleurer car ces rats ne voulaient pas partir. Je les chassais mais ils revenaient encore et toujours. Et je me suis demandé : mais que m’arrive-t-il, moi qui ai l’habitude de diriger des gens ? Le plus malheureux est que d’autres personnes ont été impliquées, à commencer par des membres de ma famille. Ainsi, le premier reflexe aurait été de signer un papier comme quoi, je renoncerais à faire de la politique. Même sachant pertinemment que je ne suis coupable d’aucun délit. Avec l’accord de ma famille, j’ai préféré resté moi-même, c’est-à -dire faire preuve de prudence et de sagesse, parce que l’on m’a éduqué pour cela. Certains n’imaginerait même pas que je ne suis pas là pour leur chercher des crosses ni pour acquérir un poste de pouvoir. Ce n’est pas mon problème. J’aspire tout simplement à engager des actions pour le développement de Madagascar. Donc d’y vivre.
Deuxièmement, la prison m’a aidé à réfléchir sur l’avenir du pays. Là -bas, je me suis mis à écrire, parce qu’au moins j’en ai eu le droit. J’ai ainsi rédigé des propositions et des idées que je dévoilerai au moment opportun mais pas maintenant… Mais les thèmes sont axés sur le chômage, le problème de l’insécurité, bref l’avenir de mon pays mais aussi celui de ma famille.
Onitiana Realy :
Une fois qu’elle a su qu’on allait vous jeter en prison, la population de Toamasina s’est mise en mouvement, mais seulement durant trois jours. Ce mouvement a été, certes, sévèrement réprimé, mais ne vous êtes-vous pas senti délaissé, abandonné par cette même population par la suite ? C’est-à -dire une fois emprisonné vraiment, elle vous a laissé livré à vous-même, avec pour seul et unique appui celui de votre famille ?
Roland Ratsiraka :
Une fois en prison, il y a eu effectivement un vaste mouvement de contestation ponctué de bruits d’armes à feu et de jets de gaz lacrymogène. A ce moment, le gardien chef de la prison m’a intimé à rédiger un communiqué adressé à cette population afin qu’elle cesse tout mouvement, sinon on allait m’envoyer à la maison de force de Tsiafahy (aux environs d’Antananarivo) ce soir même, et qu’un véhicule attendait déjà pour le transfert. Je lui ai répondu ceci : Je n’ai jamais demandé aux Tamataviens d’entamer cette manifestation protestataire. De toute ma vie, je n’ai jamais préparé un meeting de contestation. Je préfère le dialogue à la force. Il s’agit, là , d’une manifestation spontanée. Si je leur demande de l’arrêter, cela signifierait que j’en suis le commanditaire. Aussi, faites ce que bon vous semble. Dès lors, le pouvoir s’en est pris aux élus qui se trouvaient au centre de la manifestation comme quoi ils étaient les meneurs de cette manifestation et qu’ils allaient être jetés en prison. Un de ces élus a rencontré mon épouse à qui j’ai transmis ce message : il faut me laisser là où je suis car je n’ai rien fait de répréhensible. Je souhaite seulement qu’un procès ait lieu pour jeter la lumière et la vérité sur ces accusations faites à mon encontre. Un procès équitable demeure mon unique espoir.
Onitiana Realy :
Pour vous, vous jugez équitable la sentence qui vous a condamné à trois mois d’emprisonnement avec sursis alors que vous êtes resté six mois en prison durant ?
Roland Ratsiraka :
En fait de quoi m’avait-on accusé ? D’abord de détournement. Il faut alors savoir que cela consiste à prendre une somme d’argent pour le mettre dans votre compte bancaire, ou le donner à votre famille. Or, il n’y a jamais eu preuve d’une quelconque somme d’argent détourné. Cet argent a été trouvé et enregistré dans les caisses du Trésor public. Dès lors, où se situe le détournement ? Où ? C’était là le premier problème, la première inculpation. Ensuite, ils ont mis sur le tapis une histoire de passation de marché. Mais je ne fais aucune passation de marché, personnellement, en matière de passation de marché ! Non ! Je ne suis même pas membre de la commission. C’est l’inspecteur d’Etat qui est le premier responsable et qui devrait être accusé de délit d’initié car il est membre de la commission de marchés publics. Bon, je ne vais pas m’étendre sur ce sujet, mais être mordu par les rats, c’est chose… difficile.
Onitiana Realy :
Vous êtes sorti de prison le 5 octobre 2007. Le 12 décembre a eu lieu les élections communale et municipale et la ville de Toamasina est passée aux mains du Tim, le parti au pouvoir. Cela signifie-t-il que la population vous a rejeté ?
Roland Ratsiraka :
Ecoutez, je suis persuadé que certains membres de mon association Mts ont retourné leur veste. Pourquoi leur en vouloir ? Ils ont certainement des problèmes…, ils veulent accéder à un poste de pouvoir… C’est un schéma qui existe aussi ailleurs qu’à Madagascar. Mais il faut se rappeler que le Mts a eu 47% des voix exprimées contre 52% et quelques pour le Tim. Curieusement, certains délégués de vote du Mts avaient disparus durant ces élections. On leur aurait donné de l’argent pour qu’ils quittent les bureaux de vote. J’ignore le degré de véracité de cela. Toujours est-il que j’ai demandé à mes compagnons de ne pas s’entêter à se battre pour un fauteuil : nous allons démontrer à la population que nous sommes plus proches d’elle, même sans être des élus. Parce que bien avant d’avoir été élu député puis maire, je faisais déjà des actions de bienfaisance à caractère social dans la ville de Toamasina. Depuis 1997. Ce qui nous amène à cette histoire de dons remontant à 1998 sur laquelle nous reviendrons plus loin. J’ai donc dit à mes compagnons de route de ne pas s’entêter à se battre pour un fauteuil car la situation était claire : le Tim venait de prendre le pouvoir par la force. Il est préférable de s’abstenir car nous n’avons aucune arme mais nous possédons la foi incompatible avec les armes à feu, pour nous qui croyons en Dieu. Aussi, je refuse tout genre de manifestation sinon je serai obligé de vous désavouer à travers un communiqué. Par la suite, il faut se rappeler qu’à l’issue des élections régionales, le Mts a pu placer des conseillers régionaux. Cela sans aucune campagne, aucune propagande ! Donc, cela signifie que la population ne s’est jamais détournée entièrement de nous.
Onitiana Realy :
Mardi 14 septembre dernier, une perquisition a eu lieu chez vous et dans les locaux de votre société. Est-ce parce que vous vous êtes encore entêté à participer à ces élections, que vous faites encore de la politique ? Serait-ce la raison de cette perquisition ?
Roland Ratsiraka :
Peut-on laisser notre Nation dans l’état lamentable où elle se trouve actuellement ? Notre pays mérite-t-il la pensée unique qui prévaut et non la voix du peuple ? Car, en parlant de démocratie, il s’agit du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Je suis persuadé que le peuple malagasy possède une tradition républicaine (« soatoavina repoblikana ») fortement ancrée en eux, bien qu’il en existe certains qui n’en font qu’à leur tête. Lors des élections de décembre 2007, la population de la ville d’Antananarivo a laissé un message au pouvoir actuel qui n’a pas gagné ces élections communale et municipale. Certes, il y a eu des choses de faites : les routes et tout et tout. Mais ce n’est pas cela seulement qu’espérait la population. Non, elle aspirait à autre chose. C’est ce genre de message que je porte dans mon cœur, que j’entendais démontrer à mes compagnons de lutte : ne vous obnubilez pas sur un fauteuil, sur une élection. Ce ne sont que des choses passagères. Je sais qu’un jour ou l’autre, je ne serai plus maire. C’est pour cela que je n’ai jamais habité dans la villa liée à cette fonction mais je suis resté chez moi. Car je ne voulais pas changer de style, de rythme de vie. Vous connaissez la réaction populaire universelle. Elle dira toujours : regardez, il n’est plus maire ! Il ne roule plus en auto ! Non ! Ce ne sont que des choses passagères. C’est comme le pouvoir du moment : qu’il reste 50 ans, 5 ans, 10 ans, ce ne sera que de manière passagère, il ne faut jamais perdre cela de vue. Par conséquent, il est inutile de dire qu’il faut s’arrêter, pour nous, de mener des actions en faveur du développement. Ainsi, très récemment de nombreux gens sont devenus sinistrés et sans-abri à la suite d’un incendie. Un téléthon a été organisé, destiné à tous, sans exception aucune. On m’a alors sollicité par téléphone pour que je vienne apporter ma part de dons. Mais j’ai refusé en disant que je ne tenais pas à me montrer, qu’il fallait me laisser tranquille. Mais c’était tellement mal organisé que de nombreuses personnes sont venues me voir à mon bureau pour se plaindre, me demander de venir, ne serait-ce que pour regarder… Je leur ai donc dit que j’allais venir pour les soutenir moralement sans rien apporter d’autre. J’y suis donc allé et suis resté une dizaine de minutes pour apporter un réconfort moral à ces sinistrés. Tout de suite, des clameurs : nous avons besoin, de vous ! La gestion de la ville n’est pas la même que lorsque vous étiez maire… J’ai répondu que je n’étais pas venu pour discuter de cela mais que j’étais venu apporter mon soutien moral, le cœur animé par l’amour pour autrui. J’ai été très malheureux pour ces 400 sans-abri qui dormaient dans les rues, sous les vérandas des autres. Alors je leur ai demandé ce que je pourrais vraiment faire pour soulager leur malheur. Ils voulaient de l’huile, du riz. Ma réponse a été claire : l’huile, le riz, vous allez le consommer demain et pour les jours d’après ? On devrait vous donner des matériaux, comme je l’ai toujours fait lorsque j’étais maire : des tôles, des bois de construction, du ciment… Je leur ai donc dit que j’allais voir si, chez moi, il n’y avait pas de lits ou encore des restes d’anciens dons recueillis au nom de mon association Tts (Toamasina tonga saina devenue Mts) mais qui doivent déjà être rouillés après tant d’années passées. Durant la fameuse perquisition, des sinistrés étaient présents. Je leur ai dit d’attendre parce qu’il fallait, à présent, gérer cette perquisition.
Onitiana Realy :
Vous croyez que votre descente chez les sinistrés a un lien avec cette perquisition, étant donné que le communiqué du Mts le précise ?
Roland Ratsiraka :
Il serait difficile pour moi de ne pas faire un lien. A Madagascar, il suffit donc d’une lettre anonyme pour mettre en branle, immédiatement, la machine judiciaire ? Demain matin, il suffira simplement qu’une lettre anonyme dise qu’il y a du chanvre dans les entrepôts de Roland Ratsiraka pour qu’une autre perquisition ait lieu chez moi ? Après-demain, on parlera d’armes à feu planquées chez moi, etc… Tous les jours donc, le même manège. C’est simple : qu’ils me disent à l’avance qu’une perquisition mensuelle aura lieu chez moi ! Je dirais OK, faites. Mais moi je ne quitterai pas ma ville, j’y resterai. Cependant, s’il y a des gens qui viennent pour me demander de faire quelque chose pour eux, sans rien leur donner (ni argent, ni biens matériels) mais des suggestions, comment pourrais-je ne pas les recevoir ?
Onitiana Realy :
Quels sont les vrais tenants et aboutissants à propos de ces dons ?
Roland Ratsiraka :
C’est simple. En 1998, j’ai créé l’association Mts qui a, depuis, reçu de nombreux dons de l’extérieur ! matériels médicaux, tables-bancs, des livres pour monter une bibliothèque… bref des dons en tous genres. Et nous avons effectué des actions sociales. Par exemple, nous avons offert à l’hôpital une couveuse prénatale ainsi que de nombreux équipements. Nous avons fait des actions pour l’Association libre des médecins de Tamatave. Tous ces dons ont été fait au nom de l’association Mts. J’ai déjà distribué les preuves aux journalistes ce matin (le vendredi 26 septembre, Roland Ratsiraka a organisé un point de presse à l’hôtel Colbert). Il n’y a jamais eu aucun appareil médical enregistré dans les livres de la Commune urbaine de Toamasina ! Cela depuis que j’ai, été maire jusqu’à aujourd’hui. Ce qui s’est passé, c’est que je distribuais ces dons jusqu’à Maroantsetra (une vingtaine de lits, ici) en supportant personnellement les frais de transport, et non pas au nom de la mairie. Heureusement que tous les papiers concernant ces dons ont été soigneusement gardés. Il n’y a aucun mystère à propos de ces dons. Mais le pouvoir ne cherche pas à comprendre et ne veut rien savoir.
Onitiana Realy :
Mais ces dons, selon la lettre anonyme, sont bien chez vous ?
Roland Ratsiraka :
Ce sont des dons offerts à l’association Mts et non pas à la Commune urbaine. A présent, ils sont tous rouillés car leurs destinataires ne sont pas venus les chercher. Surtout des lits. Il n’y a pas de problème à ce sujet. Que l’on me fasse un procès à ce sujet, les preuves existent et sont sans équivoque.
Onitiana Realy :
Avez-vous une idée de qui pourrait avoir envoyé cette lettre anonyme au Bianco ?
Roland Ratsiraka :
Elle a précisé des matériels médicaux. Nombreuses sont les personnes qui savent que j’ai beaucoup œuvré dans le domaine de la santé publique à Toamasina. J’ai joué le rôle d’interface entre des médecins de France de ma connaissance et des médecins malagasy de Toamasina pour un partenariat d’ordre technique. Par exemple, des dons sont envoyés à vous, cabinet dentaire. Tous les lots du don sont listés avec le nom de tous les docteurs bénéficiaires. Une fois sur place, ce n’est pas moi, Roland Ratsiraka, qui vais m’occuper de leur distribution. Ils vont directement chez les docteurs bénéficiaires qui vont se charger de leur répartition. Je travaille également avec les sapeurs pompiers de Toamasina. Etant donné que certains des matériels sont de la même catégorie, ces pompiers ont trouvé logique de les regrouper dans un même conteneur. A l’arrivée donc, le conteneur contient et des équipements pour les pompiers de la mairie et des appareils médicaux. Je ne cherche pas à savoir leur nombre ni leurs spécificités puisque qu’il ne me revient pas d’aller les distribuer. Mais notre association n’a fait aucun clivage d’ordre politique. Que les gens soient membres du Tim ou autres partis, chacun a eu sa part. Et puis, pourquoi déballer aux étrangers que nous avons des problèmes politiques ? Un Sénateur Tim a eu sa part de dons, comme des médecins libres qui ne font pas de politique… Mais il y en a qui n’ont rien reçu. Or, je répète que ce n’est pas moi qui m’occupais de la répartition. C’est peut être parmi ces déçus qu’émane la lettre anonyme envoyée. Mais qui, exactement, le mystère reste entier.
Onitiana Realy :
Vous avez dit que vous êtes prêt à affronter un procès car vous avez toutes les preuves nécessaires à propos de ces dons. Or, l’an dernier, vous avez été sûr de n’avoir rien fait pourtant vous avez quand même passé sept mois en prison. Avec le même schéma ne risquez-vous pas d’aller vous faire mordre par les rats ?
Roland Ratsiraka :
J’aurai pu rester à l’extérieur. Même ma famille m’avait conseillé de ne plus rentrer. Mais là -bas ce n’est pas ma patrie. Je n’y ai aucune attache. Mes attaches sont ici.
Onitiana Realy :
Mais la majorité des membres de votre famille sont à l’extérieur ?
Roland Ratsiraka :
Ils ont été obligés d’aller s’exiler pour des raisons politiques. Moi, je ne peux du tout accepter cela et je ne l’accepterai jamais, au grand jamais. Ce n’est pas normal que notre pays soit dirigé de cette façon. Tout à l’heure, j’aurai un message important à faire passer, à propos des femmes à Madagascar…
Onitiana Realy :
Justement qu’en pense votre propre épouse ?
Roland Ratsiraka :
Il est clair qu’elle se sent malheureuse. Lors de la récente perquisition, elle a eu peur. Mais je lui ai expliqué qu’il n’y avait pas de quoi, en lui montrant les preuves qu’il n’y a aucun lien avec les dons de Mts et la Mairie de Toamasina. De son côté, ma famille à l’extérieur a été sidérée ! Lorsque j’allai me marier, j’avais dit à ma future épouse qu’elle allait s’unir avec un homme détesté par le pouvoir actuel. Cela risque d’avoir des conséquences néfastes sur notre vie commune et que j’ai préféré la préparé psychologiquement au cas où. Car je suis l’objet de harcèlements sans fin. En 2002, je me souviens et c’était un secret : l’ancien Premier ministre Jacques Sylla m’avait dit au téléphone : « L’ancien président est parti, pourquoi n’êtes-vous pas parti ? ». J’ai tremblé en lui demandant pourquoi. C’est lui, le Premier ministre qui m’a demandé cela ! J’ai répondu que j’étais le maire de la ville, que je reste poursuivre mon mandat et vous vous êtes au pouvoir. Que chacun soir à sa place. En octobre 2007, on m’emprisonne. Puis viennent les inspections n°1, n°2… jusqu’à 11 inspections ! A présent, c’est la perquisition n°1. Et il y a eu combien de chefs d’inculpations la dernière fois ? Non, vraiment, j’ai l’intime conviction que ce n’est pas à cela qu’aspire la population malgache. Ce qu’elle veut, c’est ce message que les électeurs de la ville d’Antananarivo a passé : écoutez, vous avez abattu beaucoup de travail en matière de construction de routes et de bâtiments mais nous voulons des dirigeants qui voient plus loin, qui s’inquiètent réellement de l’avenir de Madagascar ; celui des enfants en matière d’enseignement. Est-il normal que les enfants malagasy ne doivent apprendre et connaître que la langue malagasy ? Je m’excuse mais mon enfant de deux ans sait déjà la signification du riz en malagasy et en français. J’en suis ravi et c’est une bonne chose. C’est sa maman qui lui a inculqué ce bilinguisme malgache-français, dès son âge. Etes-vous convaincue que les enfants des dirigeants actuels font partie de cette malgachisation obligatoire ? Approfondissez ce sujet. Ne me faites pas faire ce que vous ne voulez pas que l’on vous fasse ! C’est le non respect d’autrui et du peuple qui domine. Heureusement qu’il y a tout de même des dirigeants avec qui on peut dialoguer, à ma connaissance.
Onitiana Realy :
Oui, mais votre entêtement à rester au pays, malgré cet emprisonnement et toute cette série de harcèlements, n’est-il pas dicté par une certaine volonté de revenir aux affaires en gérant votre future carrière (politique) ? Vous vous êtes bien porté candidat aux présidentielles de 2006. Et vous projetez de faire de même en 2011, au vu de votre score ?
Roland Ratsiraka :
Non, Mme Onitiana. Nous, nous avons été éduqués pour vivre en harmonie avec nos semblables dans l’appui et l’entraide mutuelle. C’est par hasard que je me suis présenté candidat député. Actuellement je ne suis pas un élu mais cela ne me tracasse aucunement. Je peux faire des actions, aider ceux qui en on besoin, apporter ma part de briques, que ce soit dans le domaine sportif que dans le domaine culturel. J’aime aider les autres. Même si je ne suis pas un élu, même si leur problème est d’ordre politique et qu’ils restent là , 50 ans durant, je m’en contre-balance ! Vous savez, j’aurai pu travailler avec Ravalomanana qui, d’ailleurs, me l’avait demandé. Mais c’aurait été contraire à mes convictions. Car il y a quelque chose d’énorme dont il ne semble pas conscient : c’est le non respect des notions de bienséances (« soatoavina ») malagasy et républicaines. Si j’avais travaillé avec lui, il est certain que toutes les routes de Toamasina auraient été réhabilitées et/ou rénovées. Tous ces sabotages sans fin, c’était certainement pour m’inciter à travailler avec lui. Non, non, non, non, non ! Tant pis pour moi. Les automobilistes et les piétons vivaient difficilement avec ces nid-de-poule mais tant pis pour moi. Mais je n’ai aucune envie d’être jugé par le tribunal de l’histoire. Je n’irai pas perdre ma moralité et mon âme pour une question de construction de ruelles. Non ! Je préfère qu’on dise que Roland Ratsiraka n’a pas fait son travail, qu’il n’a pas ramassé les ordures ménagères ? Cela m’est égal mais, au moins, j’ai la conscience tranquille. Cela traduit le niveau plus que bas de la culture politique à Madagascar. Lorsque je m’étais présenté aux présidentielles de 2006, des séquences avaient montré le Premier ministre devant les amoncellements d’ordures de Toamasina et tout de suite après, on me voyait déposer ma candidature. C’est risible car la population tamatavienne a quand même voté pour moi. Ce qui veut dire qu’elle a reçu mon message malgré toutes ces manœuvres de sabotage. Elle a senti que j’étais là pour la protéger, protéger ses biens, des idées, la démocratie, la liberté de pensée, l’unité… Pour moi, c’est l’âme qui est le plus important ici-bas. Viennent ensuite l’unité, la fraternité, la démocratie et la sécurité. Si tout cela n’est pas respecté, il m’est difficile de travailler avec certains… L’aspect matériel, les routes, c’est pour améliorer la vie de la population. C’est bien. J’ai moi-même construit et rénové des routes avec canalisation et tout pour une valeur d’au moins 20 milliards. Mais le problème n’est pas de procéder à des inaugurations et faire venir des journalistes de Tananarive pour les médiatiser à outrance. Le problème c’est de considérer les gens comme des moins que rien. On les exproprie de force par qu’on a besoin des terrains. Il y a une manière, une procédure logique pour ce faire. Pour construire le boulevard de l’Ivondro, j’avais procédé à une expropriation. Mais il n’y a eu de récriminations parce qu’il y a eu un dialogue et des solutions immédiates : nous les avons rencontré pour leur dire qu’on leur avait octroyé un endroit sur lequel ils pourront bâtir avec une indemnité. Mais dans le cas de l’incendie présent, rien de cela : il leur a même été interdit à ces sinistrés de revenir sur les lieux sinon ils seraient emprisonnés. Voilà le problème et je ne suis pas d’accord avec çà . Cela ne fait rien s’il y a certaines personnes qui ne peuvent pas comprendre ce que je veux dénoncer. L’histoire nous jugera. Mais pourquoi les électeurs de Toamasina ont-ils encore élu des membres de l’association Mts ? Dans cette logique d’accaparement, nous n’aurions même pas récolté le moindre pourcentage lors des élections régionales. Il y a donc anguille sous roche…
Onitiana Realy :
Vous avez été maire de la ville de Toamasina. On sait ce qu’il se passe à Antananarivo, Capitale de Madagascar. Je me rappelle e qu’a déclaré le maire Andry Rajoelina, sur ce même plateau : « Actuellement, c’est le Tim qui fait figure d’opposant à Antananarivo parce que c’est l’association Tgv qui dirige la ville ». Lorsque vous dirigiez la ville de Toamasina, on pourrait aussi dire, qu’à l’époque, le Tim y était l’opposant ? Vu donc ce qui se passe à Antananarivo beaucoup font un parallèle entre ce que vous avez vécu et ce que vit le maire Andry Rajoelina. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
Roland Ratsiraka :
J’aborderai ce sujet dans le volet sentimental. Mon épouse était désemparée lorsque j’étais maire. Je suis certain que l’épouse du maire Andry Rajoelina l’est aussi actuellement. Je les soutiens, elle et son mari, en ce qui concerne les responsabilités que la population de Tananarive leur a confié et les actions que le maire entreprend font désormais partie de l’histoire de Madagascar. Effectivement, il vit les mêmes affres que j’ai vécu, mais il possède un avantage : le pouvoir n’osera pas le jeter en prison.
Onitiana Realy :
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Roland Ratsiraka :
Nous sommes à Antananarivo. Le pouvoir actuel sait pertinemment que l’opinion publique d’Antananarivo détient l’avenir de Madagascar. C’est-à -dire qu’il faut respecter l’opinion du plus grand nombre parce que la Capitale de Madagascar possède un poids non négligeable. Face à cela, le pouvoir devra faire très attention. Mais il y aura encore et toujours des coups bas ! Le comble c’est que le premier dirigeant du pays est un ancien maire de la ville d’Antananarivo. A cette époque le Président était Didier Ratsiraka. Il n’y avait aucun blocage des subventions, aucun bocage de ceci et de cela. J’ai envie de leur apprendre qu’il fallait respecter et accepter mon existence du temps que j’étais dans l’exercice de mes fonctions de maire : vous êtes Premier ministre, ministre, Président de la République. J’ai le droit de dire bonjour même si l’on ne mange pas à la même table, même si l’on n’est pas sur la même longueur d’onde. Mais devant la population et vis-à -vis du reste du monde, il devait y avoir un minimum de respect mutuel. Un pays développé a pour base une bonne mentalité et le développement n’y est pas un outil. Madagascar existe sur l’Internet ! En l’an 2000, j’étais aux Etats-Unis. J’avais voulu acheter une puce car je voulais téléphoner. On m’a répondu que ce n’était pas possible. A cette époque donc, les Etats-Unis étaient en retard dans ce domaine, par rapport à Madagascar où l‘on pouvait déjà acheter des puces pour téléphone portable. Le développement n’est pas une question d’outils, une question de posséder des appareils, d’immenses buildings mais c’est une question de mentalité, de manière de travailler, de bonne gouvernance.
Onitiana Realy :
Vous avez dit tout à l’heure que vous soutenez le maire d’Antananarivo. Vous, vous n’avez pas achevé votre mandat parce que vous avez été jeté en prison. Vous avez été remplacé par un Pds (Président de délégation spéciale). En tant que simple observateur de la vie de la Nation, puisqu’à l’heure actuelle vous n’êtes ni élu, ni député, ni maire, pensez-vous que le Maire Andry Rajoleina terminera son mandat ? Il a d’ailleurs clamé orbi et urbi qu’il achèvera son mandat coûte que coûte. Vous avez dit la même chose mais vous avez fini par être emprisonné. Le Maire Andry Rajoelina achèvera-t-il son mandat jusqu’au bout ?
Roland Ratsiraka :
Je rappelle que le message adressé au pouvoir actuel par la population d’Antananarivo est claire et limpide : « nous ne sommes pas d’accord sur ce que vous faites ». A part cela, elle approuve déjà toutes les actions de développement de son maire qui n’a pas encore vraiment commencé car c’est son premier mandat. Mais avant d’avoir été élu maire, il avait déjà fait de nombreuses actions d’œuvres sociales. Pourquoi n’achèverait-il pas son mandat ? Soit le pouvoir trouvera une suspension bidon comme il l’a fait à mon encontre, soit il invoquera des motifs quelconques sans fondement en finalité. C’est tout ce que le pouvoir pourrait faire. Mais la France, les Etats-Unis, l’Union européenne… présent sur place sont conscients et au courant que tous ceux qui font partie de l’opposition à Madagascar sont muselés d’une manière ou d’une autre, qu’on les empêche de jouer pleinement leur rôle et d’exercer pleinement leurs attributions au sein d’une soi-disant démocratie. De même que tous ceux qui ne sont pas d’accord avec la politique de gouvernement dans de nombreux domaines. Je suis donc persuadé qu’en connaissance de cause, le pouvoir y réfléchira à deux fois avant de commettre l’irréparable… Sincèrement donc, je pense que le maire Andry Rajoelina achèvera son mandat.
Onitiana Realy :
Que signifie suspension bidon ?
Roland Ratsiraka :
Je ne connais pas la structure du conseil municipale de la ville d’Antananarivo. J’ignore la proportion des conseillers Tgv et Tim, ces derniers représentant le pouvoir. Chacun devraient respecter l’éthique et ne pas retourner leur veste. Une fois la suspension en branle, elle est validée en conseil des ministres mai seulement si le plus grande nombre de conseillers municipaux l’a approuvée et sur la base de motifs valables en regard de la loi. Mais attention, cette suspension ne doit pas dépasser les trois mois. Passé ce délai, le pouvoir doit remettre en fonction le maire suspendu. Pour moi, la suspension a duré pour toujours !... Lorsque j’étais en prison, le Chef de district est venu pour me faire signer une prolongation de suspension. J’ai répondu : vous osez faire signer au Premier ministre une suspension sans motif valable et illégale ? Or il faut savoir que mon grand-père maternel était ministre de la Justice, durant six ans, sous Philibert Tsiranana. Il doit se retourner dans sa tombe et se dire qu’il y a quelque chose de pourri au sein de l’administration à Madagascar. En fait, j’aurai du être condamné avant d’avoir été jeté en prison. Mais non : suspension, suspension, suspension… Faites ce bon vous semble de moi mais je persiste et signe pour dire que je me porte un défenseur pour ce à quoi aspire vraiment la population malagasy. Et je ne suis pas le seul. Il y en a beaucoup et je ne me renierai jamais quoi qu’il arrive.
Onitiana Realy :
Vous avez dit tout à l’heure que même si ce pouvoir est là pour 50 ans, il ne restera pas éternellement. Nous connaissons tous ce qui s’est passé pour votre oncle (Le Président Didier Ratsiraka). Vous semblez faire comprendre que vous faites une croix sur votre carrière politique alors que vous avez engrangé un bon score lors des présidentielles de décembre 2006.
Roland Ratsiraka :
Lors d’une récente émission radio en direct, j’entendu des gens déclarer qu’ils avaient besoin de moi. Que je devrais travailler avec le maire d’Antananarivo… Je me peux prédire l’avenir. Ce que je sais, c’est qu’actuellement la nation malagasy est malade. Les membres de ma famille exilés vivent le martyr. Lors du décès de mon père (Etienne Ratsiraka), l’ancien président n’a pu assister à son enterrement, même chose lors du décès des deux sœurs de Céline Ratsiraka et aussi lors du décès du père de l’ancien Premier ministre Tantely Andrianarivo. Toux n’ont pu enterrer leurs parents. Lorsque feu Herizo Razafimahaleo est décédé, le pouvoir est accouru brides abattues pour présenter ses condoléances. Mais pourquoi ne pas l’avoir respecté de son vivant ? Présenter des condoléances à la famille est tout à fait normal pour montrer que nous sommes unis mais lorsqu’il était vivant le pouvoir a-t-il respecté cette solidarité ? Je trouve cela inadmissible ! A ce propos, il faudrait que tous les opposants trouvent un terrain d’entente. Je respecte leur lutte commune, qu’elle émane du Crn ou de la plate-forme de l’opposition. Peut-être qu’ils sont confronté à un problème de Leadership ? Dans le doute je m’abstiens mais je suis solidaire avec eux. Mais je peux avancer une action directe. Pour l’extraction de l’ilménite à Fort-Dauphin par Qmm : pourquoi ne pas demander à cette grande société, la possibilité que la population malagasy y soit actionnaire ? C’est tout à fait faisable. En Europe, pour le tunnel sous la Manche et la Sncf, les Français y sont actionnaires. En fait, les simples citoyens français sont actionnaires dans de nombreuses grandes sociétés. C’est-à -dire qu’ils peuvent y acheter des actions. On peut faire des actions directes communes de ce genre, dans les domaines économie et social mais pas uniquement politique. Quoi que l’on dise, le pouvoir actuel s’effondrera. Je souhaite encore être vivant lorsque ce moment viendra pour apporter mes suggestions, mes idées au pouvoir qui lui succèdera. Comme octroyer des subventions aux candidats qui ont engrangé un minumum de score. Par exemple, en France, dès que vous avez eu 5% des scores, votre parti politique a droit à une subvention. Ainsi, il existera très longtemps. On ne pourra pas vous accuser de détournement qu’un fonds quelconque. Dès à présent aussi, nous devons faire une projection du futur dans le domaine politique. Il faut savoir qu’accepter la démocratie c’est aussi accepter l’existence d’autrui (…).
Et j’ai un message important à ce sujet, pour nous tous à faire passer. Mesdames et Messieurs, il y a sûrement une autre manière de dialoguer avec le pouvoir actuel. Depuis 2002, j’étais maire. J’ai pu constater que le mot « Firenena » vient du mot « Reny » ou mère. Toutes les mères ont un cœur et une profonde sagesse. Aussi, je me tourne spécialement vers Madame Lalao Ravalomanana parce qu’elle est la première Dame de Madagascar et mère de famille pleine de sagesse. Je me tourne vers elle parce que je ne lui ai trouvé aucun défaut à lui reprocher. Certains pourront ne pas être d’accord avec moi mais, pour ma part, je n’ai rien à lui reprocher. Aussi, je lui demande humblement d’apporter sa part de brique dans les domaines qui ne vont pas bien actuellement au sein de la Nation. Je lui demanderai de faire une déclaration pour apaiser la population malagasy qui se paupérise de jour en jour. En 2000-2001, le prix du riz était de 1.800 fmg. Actuellement, il est de 5.000-6000 fmg. Les prix des carburants ne cessent d’augmenter, qui ont des conséquences graves sur nous tous, que l’on soit patron ou simple ouvrier. La population est miséreuse et les droits de l’homme sont bafoués. Dans le domaine de l’enseignement, rien n’est plus normal. Il y a beaucoup de femmes au sein du pouvoir, et je pense qu’elles ont toutes du cœur. J’ai vu et constaté, même si c’est un secret, que beaucoup de ces femmes sont anxieuses à propos de leur emploi. Ce qui signifie que vous avez des sentiments. En regard de cela, et face à la conjoncture actuelle peu reluisante, vous avez une grande responsabilité face à nous, hommes politiques, que, dans ce contexte, je qualifierai d’insensés. Mais vous, les femmes, avec votre sagesse, vous pouvez être solidaires pour unir tous les Malagasy. Vous pouvez le faire. Il n’est nul besoin d’argent des bailleurs de fonds pour le faire. C’est une question de sagesse, de solidarité, d’amour mutuel et c’est pour mieux appréhender notre meilleur avenir commun. Le plus grave, c’est l’extrémisme qui prévaut de nos jours. L’extrémisme religieux, l’extrémisme politique… Toute forme d’extrémisme est condamnable. Si, par exemple, que vous buvez trop d’eau, vous en tomberez malade. La nature requiert de la stabilité, que ce soit la faune, la flore et l’humanité. A Madagascar, l’implication de l’Eglise dans le domaine de la gestion de l’Etat est trop forte. Ce n’est pas normal. C’est le fait des hommes car je n’ai jamais vu de femmes s’impliquer dans ce domaine, à moins que je ne me trompe… Actuellement, il y a des sinistrés à Toamasina. Je demande donc à Madame Ravalomanana de venir sur place pour trouver des solutions à leur problème. En second lieu, je me tourne vers toutes les femmes de toutes les associations, vers toutes les mères, les mères de tous les ministres. Prenez un instant pour discuter sur le sujet suivant, sans m’y impliquer : la Nation est en danger, la mentalité des gens a changé de manière négative, la politique politicienne domine trop car elle s’insinue dans tous les domaines de la vie. Ainsi, même si le pouvoir a changé (depuis 2002), la chasse aux sorcières bat toujours son plein. Moi qui vous parle, je n’ai aucun rancœur envers quiconque. Certes, je rage d’avoir été emprisonné injustement mais c’est fait et c’est du passé. Actuellement, je suis parmi ceux qui désirent la sérénité, la solidarité, la paix civile qui sont les bases même de l’avenir de Madagascar. Pour moi, les deux fondations de la République malagasy, à mon sens, sont : la mentalité des dirigeants et la Justice. S’il existe des dysfonctionnements au sein des deux, nous n’irons nulle part.
Onitiana Realy :
Vous parlez en tant que Roland Ratsiraka ou bien il y a, quelque part, des suggestions émanant de Didier Ratsiraka ?
Roland Ratsiraka :
Ecoutez, avec l’ancien président, les échanges d’idées sont fréquents mais je ne suis pas son porte-parole. Il n’y a même pas quatre jours, il m’avait dit : « l’actuel pouvoir prétend qu’il a effectué, à lui seul, beaucoup de choses. Mais, en 1977, j’avais déjà dit qu’il y avait du pétrole à Bemolanga, à Tsimiroro . Mais il fallait attendre que le prix du baril soit assez conséquent pour pouvoir l’exploiter. Actuellement, on parle de Sherrit et de Dynatec. Mais à mon époque c’était Phelps Dodge. Les études avaient déjà été faites au préalable. Il ne restait plus que l’exploitation. Le pouvoir actuel a eu beaucoup de chance. A Fort-Dauphin, à propos de Qmm ou Rio Tinto, je ne sais plus : les études avaient aussi déjà été faites au préalable. Il ne restait plus que l’exploitation. Le pouvoir actuel a encore eu beaucoup de chance. Il ne devrait donc pas se targuer d’être les maîtres d’œuvre de ces réalisations ». C’est ce qu’il m’a dit mais qu’il ne m’a jamais obligé de transmettre ici. Je le fais pour démontrer qu’il m’a dit autre chose que je garde pour moi.
Recueillis et traduits par Jeannot Ramambazafy