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Pouvoir Ravalomanana : de l’anticonstitutionnalité à outrance !

En marge de la clôture des « Dialogues présidentielles » au Palais d’Etat d’Iavoloha, où déjà l’ambassadeur de l’Union européenne, Jean-Claude Boidin, avait fait allusion à plus d’aide à la société civile et au secteur privé, le Conseil national économique et social (Conecs) a tenu une réunion du côté d’Andrefan’Ambohijanahary.

Plus de 800 personnes issues des 22 régions de la Grande île sont venus à l’appel d’André Ramaroson, P-dg de la Savonnerie Tropicale et non moins président du Conecs. Cette réunion a été couverte par de très nombreux journalistes également issus des quatre coins du pays. A l’issue de cette réunion qui, en fait, a été un grand déballage socio-économique, le Conecs a rédigé un texte de 20 articles dénommés « résolutions ». En fait, il s’agit d’une énumération de tous les actes anticonstitutionnels perpétrés par le régime Ravalomanana, sous une forme déguisée.

André Ramaroson, P-Dg de la Savonnerie Tropicale et Président du Conecs

Face à un pouvoir qui a tous les pouvoirs, même celui de vendre la terre des ancêtres au nom de la crise financière et alimentaire, cette démarche aura tout de même le mérite de faire connaître au monde entier que rien ne va plus à Madagascar. Que faire de plus ? Je ne vois pas, mais en attendant, je porte à votre connaissance la teneur de ces 20 résolutions du Conecs. Bonne lecture.

 

Jeannot Ramambazafy

 

 

 

Pas de misérabilisme de ma part mais voici une photo qui résume la situation de la majorité des Malgaches, en cette fin d’année 2008.

Le Conecs, le mercredi 26 novembre 2006, a exposé devant les citoyens de Madagascar, les pays amis et toute la communauté internationale, les résolutions adoptées et votées à l’unanimité suivantes :

1. Il est impératif pour tout un chacun de respecter scrupuleusement notre Constitution ainsi que les lois en vigueur au pays ;


2. Les fonctions au service des institutions de l’Etat ne doivent plus constituer une source d’enrichissement illicite ni un moyen de servir des intérêts privés ;


3. Il ne sera plus toléré de bâillonner tous ceux qui réclament l’application de leurs droits fondamentaux, tels qu’ils sont stipulés dans notre Constitution et dans la Charte Internationale des droits de l’Homme, ratifiée par l’ensemble des pays à travers le monde, dont Madagascar ;


4. Il ne sera plus toléré de considérer comme simple spectateur dans tout schéma de développement de Madagascar, son peuple, entraînant un sentiment de frustration durable de voir ses propres richesses pillées et spoliées ;


5. Tout plan de développement de Madagascar doit tenir compte des réalités vécues dans toute l’île, et que cesse le rôle de l’Etat en tant que planificateur central du développement ;
6. La protection des personnes et des biens est un devoir impérieux assigné au Gouvernement, il en est le seul et unique responsable ;


7. Les citoyens éprouvent un sentiment de méfiance envers la Justice : l’Etat doit ainsi déployer tous les moyens pour la rendre à nouveau crédible et garantir son indépendance ;


8. Acceptant que la démocratie constitue le fondement de notre République, nous exigeons l’effectivité des libertés d’opinion, d’expression, de communication, de presse, d’association, de réunion, de circulation, de conscience et de religion en tout lieu et en toute circonstance dans le respect des libertés et droits d’autrui et par l’impératif de sauvegarder l’ordre public ;


9. Acceptant le libéralisme économique humanisé comme étant le seul postulat de notre développement, nous exigeons le respect par tous les acteurs économiques des règles du jeu régissant ce concept dont, entre autres, la fin de toute forme de monopole. La Justice et l’Administration fiscale ne doivent pas être instrumentalisées en cas de divergences d’intérêts au détriment des opérateurs économiques ;


10. Face à la crise financière et économique internationale, nous réclamons la tenue, dans les plus brefs délais, d’une réunion nationale pour débattre de ce problème afin que chacun apporte sa contribution dans la recherche des solutions idoines ;


11. L’expropriation au profit de l’Etat, pur cause d’utilité publique, d’espaces, de terrains et/ou d’habitations occupés et mis en valeur depuis des décennies par la population ne sera plus tolérée qu’en cas de force majeure dûment prouvée. L’acte d’expropriation n’est effectif qu’accompagné du paiement des indemnités dont le montant est au moins égal au préjudice subi ;


12. Les lois et autres textes règlementant les activités économiques doivent être les mêmes pour tous, les avantages compétitifs et comparatifs octroyés doivent être les mêmes pour tous et ce, par l’uniformisation des lois et textes règlementaires ;


13. Constatant l’immense pauvreté de l’écrasante majorité de la population et reconnaissant que la participation de chaque citoyen aux dépenses publiques doit être progressive et calculée en fonction de sa capacité contributive il est demandé à l’Etat de diminuer drastiquement son train de vie. Cette diminution doit être perçue dans la loi des Finances 2009 qui demande à être rectifiée ;


14. Comme pour les banques primaires, il est demandé aux sociétés telles que la Jirama, air Madagascar, Kraomita Malagasy, etc. de publier dans les journaux leurs états financiers pour la bonne gouvernance et la transparence dans la conduite des affaires de ces sociétés appartenant à l’Etat ;


15. Un des critères retenu concernant la privatisation des activités de la Solima fut la transparence au niveau du prix appliqué ; il est alors exigé de faire connaître, au moins tous les mois aux consommateurs, la vérité des prix des carburants et lubrifiants affichés à la pompe ;


16. Il est si facile de signer des documents de prêts financiers internationaux, mais a contrario, il s’avère toujours difficile de les rembourser ; aussi est-il demandé au Gouvernement de ne pas engager le pays sur de nouveaux endettements non essentiels pour ne pas handicaper le futur de nos générations ;


17. Considérant les dispositions constitutionnelles qui stipulent la nécessité d’une gestion rationnelle et équitable des ressources naturelles pour les besoins du développement de l’être humain et reconnaissant que Madagascar ne tire que très peu de profits sur les deux activités d’exploitation minière connues sous le nom de QMM et Sherrit, il est demandé au Gouvernement de revisiter ces accords ;


18. Acceptant que ses richesses minières constituent pour Madagascar une réelle opportunité dans son défi de lutte contre la pauvreté, en collaboration avec la société civile, il est demandé au Gouvernement d’élaborer une autre politique minière tenant compte des intérêts supérieur du peuple malgache et qui préserve ses richesses pour les générations futures ;


19. La participation du plus grand nombre, et surtout notre compétence nationale, constitue un gage de réussite dans nos efforts pour faire reculer la pauvreté ; il est ainsi demandé au Gouvernement la mise en place dans délai du Conseil Economique et Social ou CSE ;


20. Le développement de Madagascar est l’affaire de tous ses fils et de toutes ses filles, sans exclusion aucune, aussi lançons-nous un vibrant appel pour que chacun puisse apporter sa contribution.

 

Le peuple malgache dans toute la splendeur de sa misère actuelle

Les chefs d’institutions malgaches, de gauche à droite : Jacques Sylla, Président de l’Assemblée nationale ; le Général Charles Rabemanajara, Premier ministre ; Marc Ravalomanana, Président de la République, Yvan Randriasandratriniony, Président du Sénat ; Jean Michel Rajaonarivony, Président de la Haute cour constitutionnelle

Eh ben dis-donc, si le Conecs est en arrivé à tous ces constats déguisés en résolutions, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au pays des lémuriens. Mais, il est écrit que la réponse est déjà toute faite : après nous le déluge ! Nous y sommes et nous entendons rester le plus longtemps possible. Ne serait-ce que pour remettre sur le tapis la construction de la RN 44 reliant Ambatondrazaka (grenier à riz de Madagascar) et Antananarivo. Une route complètement « oubliée » pour des raisons hautement très « tiko-esque ». Ah la la la, pour plagier René Dumont, il faut bien dire que : Madagascar est très mal barré ! Le pouvoir Ravalomanana ? C’est de l’anticonstitutionnalité à outrance…

 

Jeannot Ramambazafy - Journaliste

 

 

Mis à jour ( Samedi, 29 Novembre 2008 18:11 )  
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