Comme à son habitude, avec son manque total de respect pour autrui, à part les bailleurs de fonds et autres partenaires financiers, Marc Ravalomanana a « lancé » , le 29 janvier 2009, un mandat d’arrêt contre l’actuel directeur de cabinet de la mairie d’Antananarivo, le Général Rasolosoa Dolin et l’ancien maire de la ville de Toamasina, Roland Ratsiraka. Son « ordre » n’a pas été suivi car ces deux personnalités ont pu s’exprimer en public. Madagate.com vous livre de très larges extraits de leur intervention respective
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« Pourquoi est-ce que je prends la parole aujourd’hui ?
Parce que mon nom a été sali ! Mon honneur a été sali ! Jusqu’à me donner le sobriquet de « Le Dolin ». Je m’excuse mais moi je vous respecte encore Monsieur le Président. Je ne me suis pas manifesté durant 6 ans parce que je faisais partie de ceux qui vous ont permis d’accéder à votre poste. A l’époque, je faisais partie du peuple tout entier qui vous a installé là où vous êtes mais qui, actuellement, entend vous y dégager. Pourquoi ? Parce qu’ils sont déçus. Ils espéraient autre chose (je ne parle pas ici des Renault 4 L). A présent, nombreux sont ceux qui se trouvent en prison mais qui étaient à vos côtés à l’époque. Mais pour ce qui est de Dolin, « Le Dolin » comme vous dites, non, face à tout ce peuple devant moi, je me demande qui ira vraiment en prison… Premièrement, je ne suis pas « Le Dolin » mais le Général Dolin. Il est étrange qu’un président de la république ignore qu’un Général est une personnalité qui a un honneur. Si celui-ci est remis en cause, cela est inacceptable pour tout le corps de l’armée car c’est comme si on marchait sur sa tête. Pour nous militaire, l’honneur prime avant tout et c’est donc le Général Dolin qui monte au créneau !
Ensuite, Monsieur le président, nos valeurs ancestrales reposent sur le respect de l’aîné. Vous êtes mon cadet, si tant est que vous êtes toujours Malgache. Je ne connais pas votre âge exact mais si vous avez dit que vous n’étiez pas encore né durant les évènements de 1947, déclarations que vous avez faites, un 29 mars durant votre premier mandat, cela signifie que vous êtes effectivement mon cadet et moi votre aîné (« Zoky »). Permettez-moi de me présenter, étant donné que mon nom et mon honneur ont été traînés dans la boue car vous m’accusez, avec Monsieur Roland Ratsiraka, d’avoir été l’instigateur des mises à sac et pillage de magasins ayant entrainé mort d’hommes. « C’est « Le Dolin » le responsable ! », avez-vous dit (le 30 janvier et entendu à la Tvm). Permettez-moi, ai-je dit, de me présenter succinctement. « Le Dolin », à Tamatave. A une époque lorsque des étudiants de Tamatave s’étaient mis en grève, mené par l’ancien député Abdillah, il y eut un moment où ces étudiants et les forces de l’ordre se sont trouvés confrontés, au bord de l’affrontement. « Le Dolin » s’étant interposé en tant que médiateur, il n’y a pas eu de bain de sang. Monsieur Abdillah est prêt à témoigner de cela. « Le Dolin » à Toliara. A une certaine époque, la grève s’y était généralisée. Mais c’est encore « Le Dolin » que vous accusez de semeur de troubles qui est monté au créneau pour empêcher et même stopper les mouvements de grève ayant pu entrainer des dégâts matériels voire corporels. Toujours à Toliara, lorsque les « Hery Velona » (Forces Vives) et les fédéralistes se sont affrontés, si « Le Dolin » n’avait pas été là , il y aurait eu un bain de sang épouvantable. Je n’ai pas la prétention de me montrer, ici, comme une sorte de héros, mais des milliers de Tuléariens en ont été témoins dont l’ancien ministre Jean Jacques Rabenirina, alors meneur de la grève estudiantine.
Il n’y a pas longtemps de cela, lorsque cette lutte a débuté, peu après l’ultimatum posé par Monsieur le Maire, « Le Dolin » est monté au créneau pour aller demander à Mme Perle (Rasoloarijao), adjointe du maire pour les affaires cultuelles, d’organiser une entrevue entre le Maire et le Ffkm (Conseil œucuménique de églises chrétiennes à Madagascar) car j’ai senti qu’une spirale de violence allait commencer, que du sang serait versé. Il fallait empêcher cela. C’est « Le Dolin » semeur de troubles qui a entamé cette démarche. Madame Perle, ici, à mes côtés, peut en témoigner (Mme Perle : vous l’avez dit, c’est tout à fait exact). Il n’y a pas si longtemps, alors que j’allais participais à une réunion au siège de Viva, des personnalités ont arrêté « Le Dolin » en cours de chemin pour l’informer que des militaires et la population étaient au bord de l’affrontement à l’instant même. Je prends à témoin, ici, Monsieur Ny Hasina Andriamanjato (Coordonateur général à la mairie d’Antananarivo qui a témoigné). « Le Dolin » est allé sur les lieux pour stopper cela. La Tv Plus a une cassette de cette médiation. Je vous demanderais d’envoyer une copie au président de la république car il n’a pas du la voir. Enfin, je vais résumer car je ne suis venu raconter ma vie. Le président devrait d’abord bien connaître les personnes qu’il accuse au lieu de lancer des mensonges, de les trainer dans la boue. Mais pour cela, je le remercie tout au contraire, car maintenant je suis célèbre au-delà de Madagascar, sur Internet, tout le monde veut m’interviewer comme Rfo. « Le Dolin » le remercie pour tout cela. Dernière chose. Lorsque nous sommes descendus, l’autre samedi, de la Place de la démocratie à la place du 13 mai, j’étais dans les derniers rangs. J’ai aperçu les militaires cantonnés dans la caserne du RM1 (Analakely) hués par la foule. Je suis monté sur un muret, moi le Général Dolin, pour demander à la foule de les laisser tranquilles et de suivre le chemin vers la place du 13 mai. Elle a accepté. Lorsque le maire à fait son discours, une fois sur la place du 13 mai, il a annoncé que des militaires allaient arriver. Je luis ai dit, en aparté d’aller en éclaireur. Effectivement, il y avait des militaires sur la place de Soarano qui allaient se retrouver face à une immense foule en délire. « Le Dolin » a pris ses responsabilités en calmant les esprits et demander aux militaires de dégager. Ils ont accepté et il n’y a eu aucun affrontement. Aussi, je me demande qui est le vrai semeur de troubles ? A vous, peuple malgache de juger. Ici, je lance un appel à toutes les forces de l’ordre issues du peuple : je suis conscient des devoirs que vous devez effectuer. Personnellement, j’ai toujours été à des postes de commandement à avec toutes sortes de dilemmes dans ce genre de situation. Ce que j’ai fait primer avant tout, c’est le respect de la loi. Que dit-elle dans la Constitution ? Notre Constitution fondamentale ? Les forces de l’ordre ont pour mission de protéger la population et leurs biens. Les milliers de gens présents ici ne forment-ils pas le peuple ? Qui, dès lors, protéger ? Aussi, prenez vos responsabilités qui consistent au maintien de l’ordre. Cela signifie d’assurer le maintien de la paix. Si ces milliers de gens sont pacifiques, laissez-les tranquilles. S vous êtes conscients que des éléments perturbateurs viennent de l’extérieur à eux, prenez aussi vos responsabilités. Nous, militaires, sommes là pour ce faire, en premier lieu. Monsieur le Maire, si ces milliers de gens sont réunis ici, c’est parce que vous avez réussi les mobiliser pour répondre à leur soif de liberté, de vie meilleure. Vous êtes leur porte-parole. Aussi, je vous dis : prenez vos responsabilités car le peuple sera toujours derrière vous. Mesdames et Messieurs, merci ! ».
« (…) Tous les gens qui viennent sur la place du 13 mai n’ont pas reçu une quelconque somme d’argent. Qu’importe la loi, ici, c’est le légitime qui prime actuellement. Mais vous savez, comme ont dit : « Vola adala tompo io » (c’est de l’argent dont la provenance n’est pas claire). Lorsque je me suis présente candidat à la mairie de Toamasina, en 2003, ces membres du Tim ont déversé des sommes d’argent incroyables. Moi, j’étais vraiment pauvre en comparaison. Et puis l’on sait que l’argent dépensé dans ce genre de consultation passe dans le domaine des profits et pertes. Or, le parti au pouvoir a été battu par moi. Dans l’actuelle lutte, je suis persuadé qu’ils vont utiliser les mêmes sommes énormes d’argent qui, tout compte fait, appartient à l’Etat donc au peuple. Mais n’en faisons pas un problème. Notre lutte ne repose pas sur des questions d’argent. Actuellement, dites-leur de faire un meeting dans le stade de Toamasina. On verra bien s’ils arriveront à le remplir. Laissons cela de côté et tournons-nous vers l’avenir. Cette période de transition est destinée à une refonte complète de l’actuelle constitution pour en rédiger une nouvelle, avec la participation et l’accord de tous les Malgaches. ET elle devra être acceptée et surtout respecter (donc sans toilettage) par tous les présidents qui se succèderont pour une période minimale d’au moins 50 ans. Cette période de transition sera aussi destinée à la refonte de code électoral avec la mise en place d’une commission électorale indépendante. Une sorte d’arbitre qui organisera les futures élections. Ainsi, ce ne sera plus le rôle du ministère de l’Intérieur trop souvent accusé de détournements des voix. Dans cette commission électorale indépendante, il y aura des membres étrangers pour être moins partiale et pour qu’il y ait plus de transparence. Enfin, cette période de transition sera dévolue aussi à l’organisation des prochaines élections présidentielles et législatives. Aussi, la période de transition durera au moins deux ans dans une totale unité nationale. Personnellement, je demanderai à M. Andry Rajoelina, président de l’autorité de transition, de laisser une place aux membres du Tim qui ont respecté les droits fondamentaux de l’homme, qui ne se sont pas rendus complices d’exactions en tous genres. Certes, ils ne sont pas nombreux, trois ou quatre, mais il faut démontrer au monde entier que nous n’avons pas l’esprit revanchard, que nous n’avons aucune rancune envers quiconque que nous avons ancré en nous l’esprit de l’unité nationale. Pour moi, il importer de pratiquer une autre manière de diriger les affaires, d’avoir une approche innovante dans le domaine de la politique. Il ne s’agit pas d’une bataille de siège. Au grand maximum, le gouvernement de transition ne sera composé que d’une vingtaine de membres alors que les politiciens (chefs de parti) sont 50, 60. Personnellement, je lutte depuis 7 ans non pas pour moi mais pour nous tous, le peuple. J’aurai pu, dès le départ, travailler avec le président Marc Ravalomanana. Mais pour moi, fauteuil et honneur ne sont pas des priorités. Pour moi, ce qui prime, c’est que nous, Malgaches, soyons bien dirigés. En ce qui concerne les exilés politiques ? Une explication s’impose auparavant. Il existe beaucoup de prisonniers politiques actuellement. Et M. Andry Rajoelina a déjà annoncé qu’il comptait tous les relaxés, sauf ceux qui ont commis des crimes de sang. Il appartient alors au pouvoir transitoire, de trouver un mode d’indemnisations pour ces prisonniers politiques emprisonnés sur une base qui ne tient pas la route. Je ne suis pas un devin et je ne peux donc rien prévoir en ce qui concerne les exilés politiques, sinon je serai juge et partie parce que Didier Ratsiraka est mon oncle. En matière d’affaires nationales, je ne tiens jamais compte du volet relationnel familial. Aussi, ce n’est pas mon rôle d’en parler et je ne peux pas en prendre les responsabilités pour éviter tous débats. Et puis, ce n’est pas moi qui présiderais la transition mais M. Andry Rajoelina. Il lui appartient de prendre les mesures et décision à propos de ces exilés. Pour ma part, je souhaite que ces exilés politiques soient indemnisés selon ce que le régime Ravalomanana leur a fait (« Nataon’ny fitondrana mahamay »). Dans le domaine de la politique « pure », Roland Ratsiraka n’a jamais fait partie d’un parti politique jusqu’à aujourd’hui. Et je répète que dans ce domaine, je ne tiens pas compte des relations familiales. Mais il en est autre chose du point de vue relations humaines. Que l’ancien président revienne dans un, deux ou cinq ans, nous le saurons au moment opportun. A propos précisément de mon oncle Didier Ratsiraka ? Ecoutez, en 2006 je me suis porté candidat à l’élection présidentielle alors qu’il n’était pas d’accord car pour lui, c’était porté du crédit au régime de Marc Ravalomanana. Même chose lorsque je me suis porté candidat à la mairie de Toamasina où j’ai été élu… Mais j’aime ma famille. Et je peux même dire que sans elle, je n’aurai pas eu un nombre important de voix à Nosy Be. Pour le moment, nous, tous les Malgaches, avons besoin, d’un nouveau leader, d’un changement d’atmosphère politique innovant et innovateur (…)».
Transcription et traduction : Jeannot Ramambazafy - Journaliste