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Parjures, hommes d’horreur, désinformateurs et témoignages 20 février 2009, 3h du matin. 8 morts dont une femme, otages. Tel est le triste bilan de l’attaque de forces armées, blindés en tête, qui ont attaqués les réservistes qui avaient gardé les ministères investis la veille, à Anosy. Ravalomanana fait fi de toute parole donnée pour instaurer le chaos à Madagascar mais les journalistes « professionnels » étrangers, l’Afp et Rfi en tête, s’adonnent aussi à l’intox, au nom du scoop…
Agence France Presse Rfi
Les forces de l’ordre ont attendu la nuit. Entre 3h00 et 3h30 du matin, elles ont surgi dans le quartier des ministères, où quelques centaines de jeunes gens gardaient des bâtiments investis, hier, par les ministres de Andry Rajoelina. Quelques tirs de sommation, soutenus par la présence dissuasive de petits blindés, ont suffi à faire déguerpir les troupes.
Pour ce qui est de la vérité, la voici à travers la compilation de divers témoignages en langue malgache, recueillis durant cette journée du 20 février 2009. Il s’agit, pour la plupart, de réservistes, c’est-à -dire d’anciens militaires d’active en « stand by ». J’ai les enregistrements, au cas où.
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Un réserviste qui a témoigné en public sur la Place du 13 mai, ce vendredi 20 février 2009Premier témoin : « Vers 2h30, nous avons tous aperçu des véhicules du côté du lac Anosy qui faisaient des embarquements. Il devait y avoir 6 camions et 4 voitures légères. On pensait qu’il allait vers Iavoloha. En faites, ils tournaient autour de nous pour prendre position et encercler le ministère de l’aménagement du territoire que nous gardions. Il y avait plein de militaires (Ndlr : hommes en tenue). 3 minutes plus tard, nous étions complètement encerclés et ils ont commencé par faire des tirs par harcèlement et par rafales. C'est-à -dire qu’ils croisaient leur tir sur un rayon donné et tous ceux qui y passaient été touchés. Nous avons alors pris une position de camouflage, c’est-à -dire que nous avons rampé, nous nous sommes plaqués au sol. D’où mes blessures aux coudes. Chez les militaires, c’est le premier réflexe à faire au premier coup de feu. Il ne fallait surtout pas courir car ils tiraient au jugé. Je ne sais pas combien de mes compagnons sont morts mais nous verrons biens… ».
Témoin 2 : « Aux environs de 3h, nous étions deux à patrouiller. J’ai alors aperçu un tank BRDM en position de tir. C’était un véhicule blindé amphibie. Brusquement une grenade a été lancée vers nous. Nous nous sommes alors couchés au sol. Grâce au ciel nous n’avons pas été touchés et nous avons pu nous enfuir en longeant le lac Anosy ».
Témoin 3, un handicapé physique (poliomyélite) : « Je pense que nous, handicapés, nous faisons partie intégrante de la population. Nous sommes venus à l’appel du président Andry Rajoelina pour faire partie de ces comités de vigilance citoyenne. Je fais partie d’une association d’handicapés de mon quartier. Voyez mon état : croyez-vous que je pourrai porter une arme, une grenade ? Or, nous avons été attaqués avec des armes de guerre ! Et c’est comme çà (tous ces vêtements été souillés de boue) que j’ai quitté le ministère de l’aménagement du territoire que je gardais. Militaires : hier, vous m’avez personnellement donné espoir dans votre comportement logique de nous protéger. Or ce matin, votre comportement est tout simplement honteux ! ».
Témoin 4 : « Nous sommes arrivés vers 20h. Tout était tranquille, nous chantions en grattant sur une guitare. Vers 1h du matin, une Honda ou une Hyundaï blanche rôdait dans les parages. Elle avait les vitres fumées sauf le pare-brise où il était écrit Patrouille Emmo/nat. Les passagers avaient demandé de franchir nos barrages pour entre dans les bureaux sans nous dire lesquels. Nous leur avons interdit le passage, même s’ils étaient de l’Emmo/nat, en leur disant d’attendre qu’il fasse jour. La voiture a fait marche arrière pour s’en aller. Ensuite, une Mazda s’est pointée à vive allure mais a dérapé devant nos parages et s’est est allé aussi. Puis, venant d’Anosy, un camion s’est approché lentement. Je croyais que c’était l’Emmo/nat mais, j’ai alors compris que nous étions encerclés. Je précise que trois camions et deux blindés venaient du complexe scolaire ; trois camions venaient de l’hôpital HJRA. Puis un camion se pointa au niveau du Carlton et un homme au niveau du Palais de Justice. Enfin, deux camions et deux blindés bouclaient le côté vers Mahamasina. C’était donc l’encerclement total de tous les ministères à Anosy. Les militaires ont alors tiré sur tous ceux qui s’enfuyaient. Les autres, ils les ont capturés pour les emmener à Betongolo chez les gendarmes. Nous, nous étions du côté de l’immeuble Fiaro à Ampefiloha d’où sont sortis deux blindés, quatre camions, quatre 4X4 de couleur blanche dont les passagers de devant portaient des cagoules noirs et des tenues militaires noires aussi. Et ils ont tiré, tiré, les balles qui rebondissaient sur le bitume faisaient des étincelles. Je suis certain qu’ils avaient utilisé les mitrailleuses des blindés. Deux personnes s’étaient enfuies avec nous. Soudain, elles se sont agenouillées et sont tombées raides mortes. Nous avons réussi à atteindre l’escalier menant à Isoraka. Il y avait alors deux blindés : l’un tourné vers l’immeuble de la Cnaps, l’autre vers le quartier d’Amapatsakana. Nous étions couchés sur les marches. Chaque fois que nous voulons nous lever, les balles des mitrailleuses ont sifflé. Nous avons essuyé des tirs trois fois. Puis des hommes sont sortis des blindés. Nous avons préféré nous enfuir plutôt que d’être abattus par ces hommes qui approchaient. L’un de nous a été abattu en plein milieu des marches. Puis soudain, une porte d’une habitation de gens que nous ne connaissions même pas s’est ouverte. Nous y sommes alors entrés. Ces gens avaient entendu les coups de feu nourris. Ensuite, les blindés ont utilisé leurs projecteurs et des tirs ont été effectués sur toutes les fenêtres ouvertes. A mon avis, ces militaires voulaient liquider tous les témoins de cette tuerie sans nom ».
Témoin 5 : « Avec nous, il y avait une femme, blanche assez grande, tuée par balles. Elle s’appelait Lala. Sa famille la cherche mais son corps a été transporté par ces gendarmes et militaires. Je suis un ex-militaire du 1er RG. Ce matin, je dirigeai une équipe de dix gars. Nous ne sommes plus que deux car huit ont été arrêtés devant le portail de l’hôpital HJRA. Ils ont été mis dans un bac à ordures. Deux des militaires les ont surveillé tandis que les autres ont pourchassé tout le monde en tirant sans discernement ».
Témoin 6 : « Je suis un ex-militaire du Capsat. Je dirigeai un groupe de 20 gars, ce matin. Nous ne sommes plus que deux. Lors des tirs nourris, nous nous sommes tous enfuis mais plusieurs d’entre nous ont été capturés s’ils n’ont pas été tués. La poursuite s’est faite jusqu’aux 67ha avec une Mazda blanche. Ceux qui ont levé les bras ont été emmenés avec eux ».
Témoin 7 : « Nous n’avions que nos mains nues. Pourquoi avoir utilisé des lance-roquettes contre nous ? Oui, car un bac à ordures qui a été touché, a fait un bond en l’air de quelques mètres avant de retomber et toutes les ordures se sont éparpillées. Tous les morts ont été jetés dans des camions avec les captifs. J’étais le chef de 25 réservistes, ce matin. Nous ne sommes plus que combien ? Je ne sais pas mais je suis toujours décidé à poursuivre la lutter jusqu’au bout ».
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