C’est dans l’émission dominicale « Ny tenin’ny filoham-pirenena »du 22 février 2009 sur Tvm, que Marc Ravalomanana s’est exprimé sur sa vision de la crise qui prévaut actuellement à Madagascar. Il a mis un accent sur le rôle des médias et sur la notion de conscience… Extraits.
Il y a 7 ans, le 22 février 2002, le candidat Marc Ravalomanana avait prété serment sur la Bible, au stade municipal de Mahamasina, pour transformer un président de rue légitime en président de palais légal. Quel est son discours, le 22 février 2009 à la Tvm, Rnm et Mbs ? « (…) Parmi les points écrits dans la déclaration du Ffkm (lire article, par ailleurs), figure la nécessité de cesser les provocations entrainant la haine, au sein des médias. Surtout aussi l’annonce d’informations erronées. Ici, je lance un appel urbi et orbi à vous, journalistes tous supports confondus : rappelez-vous que vous avez la voix de votre conscience. Personne n’a intérêt dans la propagation de fausses nouvelles et de provocations qui peuvent entraîner notre pays dans le chaos total. Vous êtes des gens sages, j’ai confiance en vous. Rectifiez le tir et faites des efforts pour changer votre vision [des choses] et votre manière de parler [et d’écrire]. Je vous remercie [déjà ] pour cela ».
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Lettre ouverte d’Emile Zola adressée au président français Félix Faure. Parue dans l’Aurore du 3 janvier 1898
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Merci, Monsieur Ravalomanana, j’en prendrai personnellement note. Cependant, parmi mes maîtres à penser figure Emile Zola et je vous invite instamment à lire et relire son article « J’accuse » datant de plus de deux siècles. Vous voulez des informations vraies ? Je vais en donner au monde entier, en ce qui concerne le monde des médias malgaches et je ne pense pas que cela va apporter un quelconque chaos mais qu’au contraire, tous les dirigeants présents et à venir tiendront compte de ces lacunes qui, ELLES, entraineront toujours ce dont quoi vous avez la frousse. A savoir la vérité qui sort nue pour cause de dédain. Dès votre réélection au poste (car c’en est un) de président de tous les Malgaches, le verrouillage des médias publics a été total. Les « informations » distillées par la Tvm et la Rnm -et reprises à profusion par votre groupe Mbs- étaient (et sont toujours) de la propagande style nord-coréen de feu Kim Il Sung. Certes, les medias publics de tous les pays sont là pour servir le programme du régime en place. Mais à force d’entendre du Tim par-çi, du Tim par-là , vous avez fait en sorte que le pays revienne au temps de la révolution socialiste Arema. Il ne manquait plus que les « Filoha hajaina » (président respecté) et les « oyé oyé ». Aller chercher des informations au sein des institutions publiques et même privées (ministères, forces de l’ordre, Ong…) était (et est toujours) buter contre un mur de mutisme complet. Le moindre petit fonctionnaire doit référer au chef de service qui soit référer au directeur, qui doit référer au ministre qui doit référer au Premier ministre qui doit référer à … vous !
Vos deux journaux, « Le Quotidien » et « Ny Vaovaontsika », dans lesquels écrivent de vrais journalistes qui ont travaillé avec moi à Madagascar Tribune, sont devenus des supports du parti Tim avec le Map comme fer de lance. Comme du temps de l’Arema avec le petit livre rouge comme Bible. Vous voulez faire appel à ma conscience de journaliste ? Prenez donc le temps de lire et relire vos deux quotidiens depuis l’élection d’Andry Rajoelina à la mairie d’Antananarivo et comparez avec les réalités vécues. Personnellement, je n’ai jamais émargé au budget d’un parti politique. Je répète que je suis descendant des « Menalamba » (Toges rouges), ces Malgaches qui ont déjà combattu les Français et toutes les formes d’aliénation -surtout la vente du « Tanindrazana » ou Terre-des-Ancêtres depuis trois siècles. Mon père, médecin, a été affecté à Marolambo parce qu’il n’a pas voulu adhérer au parti Psd de Tsiranana. Dans les années 1980, je n’ai pas eu de bourses car je n’étais pas membre du partir Arema de Ratsiraka. Je n’ai rien à attendre du parti Tim. Mes enfants et petits-enfants n’adhèreront jamais dans un parti politique ou association assimilée. C’est un vœu légué par nos aïeux et que l’on perpétue. J’ai donc dans les gènes l’instinct de défendre les droits bafoués à outrance de mes compatriotes ignorants car livrés à eux-mêmes dans une démocratie de façade qui existe depuis 1960. Vous avez parlez aussi de légalité et de légitimité dans votre émission dominicale du 23 février dernier. Parlons-en alors ! Ayant voté deux fois pour vous, en 2002 et 2006, je fais partie, en tant que citoyen, de la majorité actuelle des Malgaches qui n’ont plus confiance en vous.
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Je n’aborderai pas, ici, votre manière de répondre dédaigneusement à tous ceux qui ne pensent pas comme vous, mais je vous rappellerai que l’exemple vient d’en haut. Vous avez mis en place le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) mais vous êtes le premier personnage de la Grande île à ne plus avoir fait votre déclaration concernant vos bien et avoirs en tant qu’élu. Cela c’est illégal. De mémoire d’électeur, je n’ai jamais vu un régime faire autant de dépenses sans préalable et respect de l’orthodoxie financière. A se demander à quoi ont servi les lois des finances depuis trois ans exactement. Dernière
« action » en date, l’achat de ce Boeing-700-737 de 60 millions de dollars dont la provenance, au moment où vous parlez de conscience, n’a toujours pas été élucidés mais éludée par des déclarations à l’emporte-pièce. Quels genres d’informations voulez-vous lire et entendre au nom du Map ? Des odes à votre magnificence et votre bienveillance, alors que les Malgaches sont devenus de plus en plus pauvres jusqu’à ne plus songer à ce qu’ils vont manger au jour d’aujourd’hui? Dans votre style de président manager, vous avez engendré toute une génération de Malgaches qui n’ont que deux voies : vous suivre comme les moutons de Panurge ou se révolter dès qu’ils auront trouver un leader.
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Un journaliste in… TIMidé
Ainsi, la cause première de la crise actuelle qui mine le pays, c’est vous. Mais à vous entendre, il apparaît que vous n’en êtes même pas conscient. Et vous voulez faire appel à ma conscience de journaliste ? Ma mission première n’est pas de faire de vous faire plaisir. Cela fait plus de deux ans que je vous ai averti de vos dérives mais qui, dans votre entourage, aurait osé vous conseiller réellement ? Je ne suis pas le premier à écrire que vous dirigez tout seul le pays. C’est même écrit noir sur blanc dans le dictionnaire Larousse universel. Si vous cherchez des boucs émissaires, voyez plutôt dans votre entourage immédiat. A présent, c’est un peu trop tard car il est toujours difficile de rattraper le temps perdu à tromper son propre peuple. Vous parlez de propagations de fausses nouvelles ? Lorsque la pensée est unique dans un pays, les rumeurs et radio trottoir deviennent des informations. Pour pallier à cela, car gouverner c’est prévoir, il fallait songer à officialiser le fameux code de la communication qui git dans le tiroir du ministre de la Communication Bruno Andriantavison -préposé aux communiqués payants du régime Ravalomanana- depuis plus d’une décennie. C’est un peu comme la Haute Cour de Justice. Il est donc tout à fait normal que, si légalement, vous êtes au-dessus de toute poursuite à cause de cette carence voulue -signe de mauvaise gouvernance-, le peuple souverain (première phrase de la constitution) cherche à reprendre leur pouvoir légitime.
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Pourquoi un lance-roquettes ?
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Il vous a donc fallu des morts pour prendre conscience que l’actuel mouvement populaire n’était pas une jacquerie (terme utilisé par les medias français pour le soulèvement des gens dans le Sud, en 1971, et sévèrement réprimé par le régime d’alors) ? Comme votre prédécesseur, vous avez encore sous-estimé, voire considéré comme quantité négligeable, la volonté d’un peuple brimé conduit par le jeune homme élu à qui vous aviez fait toutes les misères du monde, durant une année, parce que ce n’était pas un maire Tim. Monsieur Ravalomanana, l’information vraie est que vous êtes actuellement le problème de ce pays. Ne comptez pas trop sur vos pairs africains qui sont conscients de votre démocratie de façade. Mais le langage et l’orthodoxie diplomatique les empêchent de le reconnaître publiquement. Il en est de même des bailleurs de fonds et des pays « amis » brusquement réveillés par les réalités vraies. Au terme de vos futures rencontres avec Andry Rajoelina, acceptez les termes pour que vous ayez une sortie de scène honorable mais ne persistez plus à vouloir encore avoir le beau rôle. C’est trop tard et vous ne devez vous en prendre qu’à vous-mêmes. Des marchandages de tapissiers ne feront que retarder le vrai développement du pays, avec ce que cela va comporter de démonstration de « force ». Nous, les journalistes, avons été stupéfaits de votre arrivée à l’épiscopat Bucas Antanimena, samedi dernier. Que cherchiez-vous à prouver en venant avec des gardes armés de lance-roquettes ? Que pour faire la paix il faut faire la guerre ? Au final, qui aura encore des morts sur la conscience, pour une question de fin de pouvoir inattendu pour vous mais à cause de vous ? Ce n’est pas en me mettant sur une certaine liste noire que vous empêcherez la vérité d’éclater au grand jour.
Louis XIV, le Roi Soleil
Personne n’a jamais pu tuer des idéaux. Et la lutte pour les libertés en fait partie à Madagascar depuis les « Menalamba » donc. Car il n’y a jamais eu de mouvements spontanés. Le réveil du peuple émane de vos propres contradictions, de vos propres paroles. Le peuple est, certes versatile, mais il n’oublie jamais. Et c’est à mon tour de faire appel à votre conscience : nul n’est éternel au poste de président de la république. « Aleo halan’Andriana toa izay halam-bahoaka ». Ne vous faites plus d’illusion et pensez sincèrement à l’intérêt supérieur de la Nation. Qui ne sera jamais votre maintien au pouvoir. Oser prétendre le contraire nous fera plonger dans la France de Louis XIV qui a dit : « Après moi le déluge ». Quant à vous, futurs dirigeants d’une nouvelle gouvernance, je vous ai à l’œil : aucune élection présidentielle -surtout pas anticipée-sans refonte complète de la Constitution avec la participation de tous les citoyens malgaches, refonte du code électoral avec l’usage du bulletin unique et mise en pace d’une commission réellement indépendante du pouvoir, mise en application effective du code de la communication. Les bailleurs de fonds devront concentrer leurs appuis financiers pour cette entrée dans la IVème république. Cela prendra du temps mais ce n’est que dans ces conditions que l’on pourra parler développement. Pas avant. Mieux vaut un développement bien préparé et vraiment participatif qu’un développement à base de petit livre rouge et de Map qui ont démontré leurs limites démagogiques.
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Ah ! Récentes informations à connaître et à ne pas minimiser
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Madagascar : Quatre Français expulsés par Ravalomanana
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Le 17/02/2009 –
« Avec l'aval du président Marc Ravalomanana, le ministère malgache de l'intérieur a pris le 3 février, sous la référence n°022/MI/SG/DCE/SCE, un arrêté d'expulsion concernant quatre hommes d'affaires français, officiellement accusés d'atteinte à la sûreté de l'Etat et de trouble à l'ordre public. Les quatre personnes ont été cueillies à leur domicile et mises dans un avion en direction de Paris, le 6 février. Il s'agit du dirigeant de la société Assist Développement, Alain Moyon, et de son père ; de Patrice Neveu, qui est le gendre de Pascal Rakotomavo, un ancien premier ministre malgache et actuellement l’une des éminences grises du maire destitué d'Antananarivo, Andry Rajoelina ; et de Patrick Leloup, qui est un proche d'Alain Ramaroson, lequel est un ancien conseiller de Ravalomanana passé dans le camp de Rajoelina.Alain Moyon était en conflit judiciaire avec Maminiaina Rasolondraibe, le patron de Funreco (cf : Lettre de l’Océan Indien ou LOI n°1248) et avait des ennuis avec des Malgaches à propos de sa demande de concession sur l'île Nosy Hara et l'archipel des Mitsio. Par contre, il bénéficiait du soutien d'Heriniaina Rabemananjara, le fils de l'actuel premier ministre malgache. Neveu est un promoteur immobilier qui était intervenu récemment dans une émission de télévision de la chaîne française TF1, pour vanter le bas coût du m² de terrain à Nosy Be. Il a déjà été expulsé de Madagascar en 2002, alors qu'il résidait à Mahajanga avec son épouse de l'époque, Nathalie Barday. Quant à Patrick Leloup, c'est un ancien conseiller d'Alain Ramaroson.
Le ministère français des affaires étrangères semble vouloir minimiser ces expulsions en estimant qu'elles n'ont rien à voir avec le contexte politique actuel et qu'elles répondent simplement à des faits délictueux. Circulez, il n'y a rien à voir !
(in : LA LETTRE DE L'OCEAN INDIEN N°1255). Il n’est jamais trop tard pour informer. A vous de trouver l’importance ou non de ces dernières informations de LOI, dans la crise actuelle à Madagascar.
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Enfin, pour les inconditionnels qui veulent se prouver qu’un président est éternel, voici la photo de tous les Chefs d’Etat malgaches réunis et leur durée de vie à la tête du pays.
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Philibert Tsiranana (12 ans, a donné les pleins pouvoir à Ramanantsoa après avoir fait tirer sur les étudiants le 13 mai 1972) ; Général Gabriel Ramanantsoa (2 ans, a donné les pleins pouvoirs à Ratsimandrava), Colonel Richard Ratsimandrava (2 jours, a été assassiné le 11 février 1975), Didier Ratsiraka (1975-1993 -le 10 août 1991, il a fait tirer sur la foule aux environs du palais d’Iavoloha. D’octobre 1991 aux élections de 1995, il a été président à titre honirifique, le Pr Zafy Albert s’étant occupé des affaires de la nation en tant que Président de la Haute Autorité de l’Etat transitoire- et 1996-2001 –il a divisé le pays en états indépendants-, est parti deux fois en exil en France où il se trouve toujours) ; Zafy Albert (3 ans, a été empêché par les députés « amis)), Norbert Lala Ratsirahonana (1 an et demi, nommé il n’a jamais été élu) ; Marc Ravalomanana (En 2002, s’est proclamé légitimement président le 22 février 2002 et a été reconnu légal en mai 2002. En décembre 2006, a été réélu car sans adversaire valable. Le 7 février 2009, il a fait tirer sur la foule devant le palais d’Ambohitsorohitra. - ?) Aucun n’a été ni ne sera éternel à ce poste.
Jeannot Ramambazafy –Journaliste
Antananarivo, le 23 février 2009
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