N’ayant toujours pas accès aux médias officiels, Tvm et Rnm, c’est sur Viva Télévision et radio qu’Andry Rajoelina a donné un compte-rendu de sa seconde rencontre avec Marc Ravalomanana.
C’est donc à l’hötel « Le Hintsy », sis sur la route des feues Papeteries de Madagascar, à Ambohimanambola, qu’à eu lieu, le lundi 23 février 2009 en début d’après-midi, la rencontre de Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, sous l’égide du Ffkm (Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar). Un compte-rendu a donc été effectué par Andry Rajoelina sur Viva télévision étant donné que les medias publics restent la chasse gardée de l’administration Tim. Faits saillants.
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Andry Rajoelina sur le plateau de Viva télévision, le lundi 23 février 2009
Selon Andry Rajoelina qui n’a vraiment aucun intérêt à mentir, Marc Ravalomanana a complètement écarté les vrais problèmes du moment qui causent l’actuelle crise pour ressasser son programme habituel avec une sorte de mécanique dicté par le temps. En effet, même les quatre chefs d’église ont été étonnés de voir Marc Ravalomanana regarder constamment sa montre puis, après une heure de langue de bois, déclarer qu’il avait un rendez-vous. Cette seconde rencontre n’aura donc duré qu’une heure à peine, comme celle du samedi 21 février à l’épiscopat Bucas Antanimena.
Lors de cette seconde rencontre, chacune des deux parties avaient des thèmes à débattre. Pour M. Ravalomanana, c’était : la tenue du sommet de l’Union africaine ; le Madagascar Action Plan ou Map ; la gratuité des visas d’entrée à Madagascar. C’est tout simplement incroyable, irréaliste !
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Liana Herisoa, journaliste
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Du côté de M. Andry Rajoelina, qui avait porté de nombreux documents, il s’agissait plutôt de répondre aux revendications du peuple malgache dont il est le porte-parole. A savoir : quid des libertés d’expression, d’opinion et de parole ? Particulièrement sur les medias publics ; annulation de la nomination du Pds de la ville d’Antananarivo, Guy Rivo, contraire à la démocratie, Andry Rajoelina étant un élu à 63,72%, qui n’a commis aucune infraction sérieusement valable et condamnable devant une juridiction indépendante ; quid des personnes appréhendées dans le cadre de ce mouvement pour les libertés ? (Particulièrement Jean Théodore Ranjivason, ancien ministre de la Fonction publique de Marc Ravalomanana. Il a été enlevé par des hommes encagoulés devant son domicile le vendredi 20 février 2009, vers 21h, sans aucun mandat d’amener ou d’arrêt quelconque. Il a été conduit à la maison de force de Tsiafahy sans aucune forme de procès. Andry Rajoelina a demandé sa libération immédiate) ; limiter ces rencontres à trois jours.
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Les meetings sur la place du 13 mai ne sont que suspendus…
A dire vrai, c’est mal parti pour une sortie de crise rapide. En tout cas, Andry Rajoelina ne s’est pas opposé à la tenue du sommet de l’Union africaine si elle s’avère vraiment bénéfique pour l’intérêt du peuple malgache. Mais pour ce qui est d’aborder les thèmes qu’il a mis sur la table, Ravalomanana est resté de marbre comme si cela ne le concernait nullement. Aussi, pour la prochaine rencontre, s’il y en a une, M. Rajoelina exige un ordre du jour précis, un horaire clair et des solutions viables pour une sortie de crise effective dans l’intérêt supérieur de la nation, celui du peuple et des opérateurs économiques. « Si çà continue comme cela, nous serons encore là , à nous regarder en chiens de faïence, durant 5, 6 mois, une année ! », a déclaré Andry Rajoelina sur le plateau de Liana Herisoa.
En fait donc, Marc Ravalomanana cherche à gagner du temps, à pratiquer la guerre d’usure. Mais en sortira-t-il gagnant, lui qui s’est discrédité lui-même et qui n’agit plus en chef d’Etat mais en homme aux abois ? « La vie de la nation n’est pas un jeu », a rappelé Andry Rajoelina. « Il est primordial de se pencher sur les revendications actuelle du peuple, point par point et de long en large. Je rappelle que les meetings sur la place du 13 mai ont été suspendus pour éviter les confrontations durant ces rencontres. Mais si aucune solution n’est apportée aux problèmes actuels, le peuple qui m’a mandaté reprendra les manifestations et, cette fois-ci, à lui de prendre sa décision finale. Personnellement, j’ai assisté à ces rencontres avec une totale humilité, en laissant de côté tout orgueil pour l’intérêt de la nation. Ce qui ne veut pas dire que la lutte est terminée. Au contraire, elle est loin d’être achevée tant que des solutions ne seront pas dégagées de ses rencontres. Ainsi, une manifestation sera prévue sur la place du 13 mai avant la fin de la semaine. Et je me demande franchement si je vais encore assister aux futures rencontres ».
En matière de liberté de parole, Andry Rajoelina a fait allusion à feu Herizo Razafimahaleo, fondateur du parti Leader Fanilo : « Si nous voulons vraiment mettre en place la démocratie, il faut laisser le peuple malgache sans distinction dire ses opinions, dévoiler ses idées. Et jusqu’à présent, nous revendiquons le droit de nous exprimer à la Rnm et à la Tvm. Car jusqu’à présent, moi-même n’ai pas le droit même d’y pénétrer. Voyez le cas d’Herizo Razafimahaleo. Ce n’est que lors de son décès qu’il a pu apparaître à la Tvm. Or, je rappelle qu’en 2002, M. Ravalomanana avait lutté pour que cela. Il avait alors déclaré : « Tokony hisokatra izy ity » (ces medias devraient être ouverts -sous-entendu à tous sans exception-) ». A quoi joue alors Marc Ravalomanana ?
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Un regard de plus en plus lointain, sinon froid…
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Que nous réserve l’avenir ? Surtout que l’ambassadeur des Etats-Unis a bien précisé, le 23 février 2009 : « L’échec n’est pas une option ». En tout cas, la politique de la terre brûlée pointe à l’horizon. Personne n’en sortira indemne et il n’y aura ni gagnant ni perdant mais Marc Ravalomanana en sera tenu pour unique responsable devant le tribunal de l’histoire et dans les dictionnaires (c’était un des rêves -réalisé- de Didier Ratsiraka que de figurer dans ce genre d’ouvrage). Mais demain sera un autre jour, soyons optimistes et ayons foi en Dieu.
Jeannot Ramambazafy - Journaliste