Après le retrait de Mgr Odon Razanakolona qui a fait appel à l’Onu, son Secrétaire général a dépêché Hailé Menkerios qui était déjà dans la Grande île quelques jours auparavant.
Â
Â
Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban-Ki-moon et le Général Marcel Ranjeva à Johannesbourg
Â
Le Général Marcel Ranjeva, ministre des Affaires étrangères du régime Ravalomanana, en déplacement en Afrique du Sud pour représenter Madagascar au Sommet de la SADC qui se tient à Johannesburg, a rencontré, M. Ban-Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU, actuellement en déplacement en Afrique du Sud et de l’Est. Le Général Ranjeva a fait part de la déclaration du Président du FFKM, Mgr Odon Razanakolona qui, après son retrait en tant que médiateur dans ces rencontres qui font perdent du temps, avait souhaité la médiation de l’ONU dans la crise politique actuelle à Madagascar. Le Secrétaire général de l’ONU a immédiatement dépêché sur place Hailé Menkerios, prévu rester une semaine.
Â
Â
L’arrivée de la Mercédès de Marc Ravalomanana, vers 15h
Vers 16h, ce jeudi 26 février 2009, à l’hôtel « Le Hintsy » d’Ambohimanambola, après s’être réuni avec sa propre délégation, c’est Marc Ravalomanana en personne qui a donné sa version concernant sa défection de la veille :
Â
Version malgache originale
« Ny fihaonana dia tokony hitohy androany, amin’ny telo, araka ny fanarahana omaly. Omaly tsy nisy ny fihaonana satria nanao fitsidiana tany amin’ny faritra aho, ary tamin’izaho niainga tao Toamasina dia nisy nilaza tamiko, ny « Chef de délégation » avy aty, ny « Président » ny « Assemblée » Jacques Sylla hoe misy olona betsaka tonga aty, izay tsy nifanarahana ka sao dia mampiditra korontana na mahatonga savorivoronana ka tsara ianao tsy tonga androany fa aleo rahampitso ohatr’izao. Izay ny antony tsy nisian’ny omaly. Fa dia rahampitso indray misy. Izay no mahatonga ahy eto. Manaraka izay moa, ny Sekretera jeneralin’ny Firenena Mikambana, tao Johannesbourg, nihaona tamin’ny ministry ny raharaham-bahin-tsika dia nilaza izy hoe handefa azy ho aty (Hailé Menkerios), izay isaorako azy be dia be mihitsy, satria izy dia nanao izay azo atao hanampy antsika mba hamahana olana sy hampirindra tsara ny fifanakalozan-kevitra. Tsy dia naheno loatra ny fanambaran’ny Mgr Odon aho fa toa nilaza izy fa niala amin’ny anaran’ny tenany manokana. Fa na izany na tsy izany dia ao anatin’ny Ffkm foana izy. Mankahery azy aho satria na inona na inona ny zavatra misy, firenena ity ary isika Malagasy samy iray ihany. Fa izy telo mirahalahy eto no nitarika ny fivoriana androany (Fjkm, Flma, anglikana). Mikasika ny tsy fahatongavan’Andriamatoa Andry Rajoelina dia sarotra amiko ny momba izay. Izy ity anie fifanakalozan-kevitra sy fitadiavana vahaolana. Miankina amin’izay fahasahiana, « volonté », ary indrindra indrindra ilay « action » atao. Fa mino aho fa ho tonga izy amin’ny manaraka ».
TRADUCTIONÂ
Les rencontres devaient se poursuivre aujourd’hui, à 15h, comme il a été convenu hier. Il n’y a pas eu de rencontre hier parce qu’au moment où j’étais en visite dans les régions, au départ de Toamasina, notre chef de délégation le Président de l’assemblée nationale, Jacques Sylla m’a informé de la présence de nombreuses personnes en ces lieux, qui n’avaient pas été prévues. Ce qui aurait pu entrainer des troubles. Aussi, il était préférable que je ne vienne pas , mais que ce sera pour demain à la même heure. Voilà pourquoi il n’y a pas eu de rencontre, hier, mais qu’il y en aura pour aujourd’hui. C’est pour cela que je suis ici. Par ailleurs, notre ministre des Affaires étrangères a rencontré, à Johannesbourg, le Secrétaire général des Nations Unies qui a dépéché M. Haïlé Menkerios. Je tiens ici à le remercier chaleureusement car il a fait tout son possible pour nous aider à trouver une solution et à bien planifier les rencontres. Je n’ai pas bien entendu les déclarations de Mgr Odon mais je crois qu’il s’est mis en retrait en son nom propre. Mais il demeure toujours au sein du Ffkm. Ce sont les trois chefs d’église, ici présents, qui ont dirigé la réunion d’aujourd’hui. Concernant l’absence d’Andry Rajoelina ce jour, je ne sais pas quoi vous répondre. Mais nous sommes ici pour des échanges d’idées et pour trouver des solutions. Tout dépend du cran, de la volonté et surtout de l’action à entreprendre. Mais je crois qu’il viendra la prochaine fois ».
Â
Â
Â
M. Haïlé Menkerios avec le Secrétaire général des Nations Unies, Ban-Ki-moon
Concernant justement Haïlé Menkerios, arrivé ce jeudi 26 février, il a tout de suite rejoint l’hôtel « Le Hintsy » et a fait part de son étonnement de n’y voir qu’un seul des deux protagonistes, par interprète interposée, car il est anglophone :
Â
« Je suis venu à Madagascar en vue de marquer l’engagement du Secrétaire général des Nations Unies, pour appuyer les deux parties et atteindre une sorte de résolution. Je suis venu ici, dans cet hôtel car on m’avait dit qu’il y avait une rencontre entre les deux parties aujourd’hui, et j’ai été surpris qu’il n’y avait qu’une seule partie qui était présente. L’autre partie n’étant pas là , je ne vois pas pourquoi nous aurions des discussions ».
Â
Â
Andry RajoelinaÂ
Dans la soirée de ce même, Hailé Menkerios a rencontré Andry Rajoelina qui a fait un compte-rendu assez optimiste de leur discussion :
Â
Version malgache originaleÂ
« Ny Firenena Mikambana dia mahita ny fomba fijeriny ny afahana mamaha ny olana, amin’izao krizy iainan’i Madagasikara izao. Ka ry zareo angamba no afaka manambara hoe ahoana ny fahitany ny toe-draharaha. Fa dia avy nihaona tamin’Andriamatoa Ravalomanana moa izy. Mampatsihahy aho fa tsy kilalao ny fiainam-pirenena ka tsy te ho tonga aho dia tsy tonga, ho tonga ianao dia tonga. Omaly ianao tsy tonga dia androany indray tsy nisy nahafantatra mihitsy izahay ary efa nandefa fanambarana fa tsy ho avy any amin’ny Le Hintsy mihitsy androany. Ny fihaonana manaraka moa dia sarotra satria izaho dia efa nanapaka hevitra fa tsy handray anjara intsony amin’izany fihaonana izany. Fa raha ny fanambarana nataon’ny Firenena Mikambana dia rehefa nihaona tamin’Andriamatoa Ravalomanana izy, ary izay hevitra izay no tokony nentina hatramin’ny voalohany, dia ny hoe : afahana manao ny fitantanana tetezamita. Izay izany ny vahaolana hitan-dry zareo, ary fanaovana ihany koa « élections anticipées ». Dia izay no hitako vahaolana. Izay anie ny fitakiana e ! Izay anie ny zavatra tadiavana e ! Ary aleo izy no hitondra izany teny izany. Fa izay izany ny resaka natao tany amin’Andriamatoa Ravalomanana dia hitako hoe tokony izay mihitsy ny vahaolana tokona afahana mamoaka an’i Madagasikara ao anatin’ny krizy, mba tsy hisian’ny rà mandriaka eto amin’ny firenena. Isika dia tokony tsy ao anatina herisetra, tsy ao anatin’ny fampiasana hery no ahitana vahaolana ao anatin’izao krizy izao. Fa dia mampalahelo ny fihetsik’ireo olom-bitsy izay mampiasa ny hery eo anivon’ny vahoaka izay an-tanam-polo ary tsy famahana ny olana mihitsy izany. Ny hetsika eny amin’ny 13 mai amin’ny asabotsy dia hataon-tsika, ary fihaonambe mihitsy no atao eo. Fa atao ao anatina filaminana tanteraka. Ary manao antso avo aho amin’ireo miaramila, ny Emmo/nat, mba tsy hampiasa hery amin’ireo vahoaka ireo mba tsy hisian’ny rà mandriaka, sanatria, ao anatin’izao tolom-bahoaka izao ».
Â
TRADUCTIONÂ
Les Nations Unies ont leur propre vision pour proposer une solution, dans l’actuelle crise que nous vivons à Madagascar. C’est donc à eux de déclarer leur opinion concernant leur vision des choses. D’ailleurs, M. Menkerios vient d’avoir une entrevue avec M. Ravalomanana. Je rappelle que la vie de la Nation n’est pas un jeu où vous ne venez pas quand vous voulez et vous venez quand cela vous chante. Hier vous ne venez pas et aujourd’hui vous arrivez sans que nous ayons été avisés. De toute façon, j’avais déjà envoyé une lettre pour avertir que je ne viendrais pas à l’hôtel « Le Hintsy » aujourd’hui. Concernant la prochaine rencontre, il m’est difficile de répondre et, de toute manière, j’ai fermement décidé de ne plus venir assister à ce genre de rencontre. Mais si je m’en tiens à ce que l’émissaire des Nations Unies m’a dit, à propos de son entretien avec M. Ravalomanana, et c’est opar cela qu’il fallait débuter : la possibilité d’entrer dans un régime de transition. Il s’agit de leur proposition assortie d’élections anticipées. Je crois que c’est la seule et unique solution. ET c’est la base même des revendications populaires. Laissons-le amener sur la table de la rencontre cette solution formulée lors de sa rencontre avec M. Ravalomanana car je crois que c’est la seule solution pour sortir Madagascar de cette crise sans bain de sang. Nous devons trouver une solution à la crise, sans brutalité, sans utilisation de la force. Mais la manière d’agir d’une poignée de personne est déplorable, qui utilisent la force face à une population aux mains nues. Ce n’est pas ainsi que le problème sera réglé. Nous avons la ferme intention d’organiser un grand rassemblement ce samedi qui vient (28 février 2009). Nous le ferons dans une atmosphère de non violence totale. Aussi, je lance un appel aux militaires, à l’Emmo/nat : n’utilisez pas la force sur le peuple, pour éviter un autre de sang, dans cette lutte populaire ».
Â
Â
Les nouvelles armes annoncées par Ravalomanana à Mahajanga. Du matériel chinois pour terroriser les Malgaches, ce 26 février 2009, au nom du Sommet… africain !Â
Car il faut dire qu’en début d’après midi, le sitting organisé devant le stade de Mahamasina, totalement dérangé par des tirs de grenades assourdissantes et des bombes lacrymogènes, s’est terminé en une véritable chasse à l’homme sur un rayon de plusieurs centaine de mètres. Aux dernières nouvelles, il n’y a pas eu de morts, ni de blessés grave. Mais ce sont les patients des deux hôpitaux qui se trouvent à proximité, dont des enfants et des handicapés, qui ont fait les frais de cette attaque subite des forces de l’ordre, au moment où Haïlé Menkerios pénétrait à l’hôtel d’Ambohimanambola. Pour en revenir aux futures résolutions, le mot d’ordre sera simple : extrême vigilance ! Rappelons-nous les accords de Dakar I et Dakar II et le baiser de Judas entre Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana... Certes, ce n’est pas le même contexte et Marc Ravalomanana n’a plus la population derrière lui, depuis la tuerie du 7 février. Mais il na pas encore tari ses ressources. Il ne faudrait pas qu’Haïle Menkerios devienne un Amara Essy bis…
Â
Jeannot Ramambazafy – Journaliste