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Les évènements se précipitent tellement que tout le monde a faux dans leurs supputations irréelles ou sérieuses sur la crise qui mine Madagascar. Qu’en est-il exactement, après trois jours de recul ? Un dossier de Jeannot Ramambazafy.
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VIVA MIS A SAC PAR DES ELEMENTS EN UNIFORME
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Affreux. C’est l’adjectif qui convient à la fin de la semaine passée dans la ville d’Antananarivo. Surtout la nuit du samedi et la journée du dimanche. Lors de l’émission « Paroles du président » à la Rnm et à la Tvm, Marc Ravalomanana a parlé de sérénité, de paix sociale et concorde nationale. Or, la veille des éléments en uniforme commandés par un homme en tenue civile sont venus en force pour démanteler le matériel de la radio Viva à Ambodivona. Tous les téléspectateurs de la TvPlus ont vu trois fois cette scène nocturne digne d’un cambriolage et d’une mise à sac en règle. Manque de bol pour le régime, l’essentiel avait déjà été déménagé ailleurs. Ce qui fait que, peu de temps après, radio Viva émettait en d’autres lieux même si le brouillage persistait. Ce lundi 9 mars 2009, radio Antsiva a également été brouillée et le siège de TvPlus a failli être la proie d’une mise à sac, sans l’arrivée rapide d’une nouvelle entité : la FIGN pour Force d’intervention de la gendarmerie nationale.
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Policia n’est pas malgache. On dit Polisy à Madagascar… ET Jing Cha ? Donnons notre langue au chat
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DIVISION REELLE AU SEIN DE L’ARMEE MALGACHE
En parlant de forces de l’ordre, justement, elles sont bel et bien divisées et les jours prochains ne s’annoncent pas sereins. D’un côté, le colonel Rakotonandrasana Noël qui a, avec lui, les sous-officiers ; de l’autre côté le général Rasolomahandry Edmond, chef de l’Etat-major général des armées malgaches ou Cemgam et quelques les étoilés en active du moment. Le premier au Capsat de Soanierana a parlé vrai. C’est-à -dire que l’armée a pour mission de veiller à la sécurité et de protéger les personnes et leurs biens et non de servir une entité seule en faisant des actes de barbarie en utilisant des mercenaires. Le colonel Rakotonandrasana donne 48h aux militaires travaillant à la présidence, à la primature, à l’assemblée nationale et au sénat de rentrer dans leur corps d’origine. Par ailleurs, ce colonel qui n’a pas froid aux yeux demande que la Rnm et la Tvm soient ouvertes à tous et que cessent ces brouillages des stations privées. Le second, parlant comme le chef suprême des armées, a minimisé la gangrène qui ronge la Grande muette, en parlant de lieux communs. Bref, en parlant pour ne rien dire. De son côté, Talbot Antonin, le directeur général de la police nationale n’a pas été en reste pour énoncer la même tirade, la même récitation. Il est détestable d’entendre et de voir des gens qui se prennent brusquement au sérieux alors que tout ce qui s’est passé aurait très bien pu être évité si chacun avait pris ses vraies responsabilités. Mais…
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Un sportif reconnu par de nombreuses personnes
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Poursuite jusque dans les moindres recoins de la ville
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NERF DE LA GUERRE ET TUERIE AVEUGLEÂ
En fait, cette division larvée repose sur une question de nerf de la guerre et d’avancement. Les murs qui ont des oreilles, que les six qui ont rencontré Marc Ravalomanana en tenue « bordel », l’autre jour, auraient reçu 2 milliards. Quant aux éléments de la garde présidentielle, ce serait deux millions par semaine que leurs femmes auraient été allées chercher du côté de Miarinarivo (à 80 km d’Antananarivo dans le moyen ouest) et transporter dans des fûts à lait. Enfin, en très peu de temps, certains capitaines sont rapidement devenus colonels plein. Trop rapidement même pour avoir respecter le tableau d’avancement. Sans compter ces éléments en tennis et ces miliciens enrôlés pour aller jusque dans les ruelles et même à l’université d’Antananarivo pour tuer les gens, sans discernement, aveuglément. Car rappelons qu’une jeune étudiante de la région de la Sofia (Mahajanga) a été atteinte d’une balle en plein cœur dans sa chambre d’étudiante. Enfin, des cadavres ont été déterrés par des chiens errants du côté, où d’Ambatolampy, RN7 où des gens avaient été amenés puis relâchés…
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Le chef des « touristes « de la place du 13 mai. Un sud africain « Afrikaner » pur sang
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ENCORE DES « TOURISTES » EN VUEÂ
Quoi qu’il en soit, place du 13 mai s’est vidée de toutes présences militaires et les révolutionnaires orange ont pu tenir un meeting en toute tranquillité durant la matinée de ce lundi 9 mars. De son côté, le parti Tim a rameuté ses partisans devant le stade de Mahamasina pour exhorter à ne pas se laisser faire pour préserver la paix. Cela ne présage vraiment rien de bon. Entre ces deux meetings, des gens sont allés piller systématiquement deux grandes surfaces du côté de Tanjombato où la cavalerie, en l’occurrence la FIGN, est arrivée trop tard. Quid de l’Emmo/nat à présent ? On n’en parle plus et c’est devenu un nom générique lourd à porter. Où sont passés les six « touristes » de nationalités israëlienne, sud-africaine et africaine ? Mystère. Mais aux dernières nouvelles transmises par Monja Roindefo, d’autres « touristes » auraient débarqué du côté de Morondava (côte sud-ouest de la Grande île passoire). Voilà en ce qui concerne le déroulement malgacho-malgache. Et du côté des négociateurs et autres médiateurs ?
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UN APPEL A UNE TREVE LU PAR MGR ODON RAZANAKOLONA « Le Ffkm et l’Organisation des Nations Unies appellent les parties malgaches à œuvrer à l’installation d’un climat apaisé en vue de la tenue, dans de bonnes conditions, d’un dialogue élargi pour sortir de la crise actuelle. Le ffkm et l’Onu invitent tous les acteurs publics malgaches à observer une trêve pour donner toutes les chances de succès aux prochaines assises qui vont se dérouler du 12 au 14 mars 2009 et créer l’environnement pour préserver la stabilité et le prestige de Madagascar ainsi que la relance de l’économie malgache et l’approfondissement de la démocratie ».
Ambohimanambola, le 9 mars 2009
DECLARATION DE M. TIEBILE DRAME EMISSAIRE PERMANENT DES NATIONS UNIES DANS LA CRISE MALGACHE
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« Après deux entrevue avec le président Marc Ravalomanana, le samedi 7 et le lundi 9 mars. Il a été question de faire un bilan des négociations effectuées depuis et de l’organisation des assises pour trouver une solution à la crise. Durant la dernière entrevue, M. Ravalomanana a promis qu’il garantirait la sécurité de M. Andry Rajoelina et de ses proches collaborateurs. Le président a déclaré qu’ils pouvaient circuler librement et qu’il n’y aurait aucune arrestation à leur encontre.
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Pour sa part, M. Rajoelina a informé les ambassadeurs venus le voir le vendredi 6 mars 2009 de sa crainte concernant sa propre personne. Ainsi, a-t-il décidé de mettre Andry Rajoelina sous protection de l’Onu dans une résidence diplomatique à Antananarivo ».
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Ambohimanambola, le 9 mars 2009 Â
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DECLARATIONS DE MGR AUGUSTIN KASUJJA, DOYEN DU CORPS DIPLOMATIQUE
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« Les représentants de la communauté internationale à Madagascar le soutien et l’appel en faveur de la conférence consultative nationale de Madagascar que viennent de lancer conjointement le Ffkm, les émissaires du président de la république de Madagascar et de M. Andry Rajoelina. Cette avancée significative autorise l’espoir de l’émergence d’une solution de consensus à la crise politique qui secoue Madagascar depuis le mois de janvier. Les représentants de la communauté internationale à Madagascar saluent cet effort constructif et essentiel à la poursuite du dialogue en vue de rétablie la stabilité dans un esprit de réconciliation et dans un cadre constitutionnel élargi et démocratique. Les représentants de la communauté internationale à Madagascar sont convaincus que la participation d’éléments représentatifs de la société malgache est essentielle pour résoudre les problèmes de fonds qui sous-tendent la crise politique actuelle. Elle reste disposée à accompagner le peuple malgache dans ses efforts à transcender les divergences et à trouver une paix durable dans le progrès et le fihavanana ».
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Antananarivo, le 9 mars 2009Â
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Est-ce le même homme, sept ans après ?
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Le samedi 7 février 2009 : à ne jamais oublier pour punir les responsables
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PACTE AVEC LE DIABLEÂ
Tout cela est formidable mais trop beau pour être respecté. Comment accompagner le peuple malgache en restant les bras croisés et en s’interdisant toute immixtion alors qu’énormément de promesses n’ont pas été tenues de la part de Marc Ravalomanana. Qui n’a pas respecté les termes à l’issue de la première entrevue à Antanimena ? Qui a fait défection le premier, minimisant cette crise, en allant à Toamasina puis à Mahajanga parler d’armes de guerre ? Tous ces ambassadeurs le savent mais il est dit que diplomatie est synonyme d’hypocrisie. Il ne faudrait pas finir par être, en deux mots, cons vaincus. Car le doute n’est pas permis : Marc Ravalomanana cherche à gagner du temps pour sauver SON sommet car trop d’argent est en jeu. Or, il ne faut pas perdre de vue aussi que, depuis le début de la crise, près de 150 personnes ont perdu la vie, des dizaines sont portées disparues corps et âmes et des centaines ont été blessées. Le culte de l’impunité demeure vivace. Mais la mentalité des Malgaches a changé et c’est cela qui va compliquer les choses. Au fil de ces trois mois de crise, Marc Ravalomanana s’est conduit comme un pompier venu éteindre un feu avec de l’essence. A-t-il sincèrement la conscience tranquille, lui qui ne parle plus de foi et de croyance ces derniers temps ? Aussi, quoi que disent les têtes pensantes et les faiseurs de rumeurs qui ne vivront jamais ce que vivent le peuple, le danger est permanent et demain, tout risque de basculer d’un coup. Car pour la majorité, les promesses de Marc Ravalomanana n’ont jamais été tenues durant ce premier trimestre de cette année 2009. Et de trop belles déclarations masquent des coups bas, viles soupaudrés de grod sous et de gros bras. A Antananarivo, par exemple, les citadins attendent toujours la suppression de cette décision anticonstitutionnelle qu’a été la nomination d’un Président de délégation spéciale. Ils attendent encore que la Rnm et la Tvm parlent d’autre chose que de reportages soporifiques de développement de façade et donnent la parole aux autres. Les 4 tonnes de riz par fokontany à 3.500 fmg le kilo n’ont duré que deux jours. Et l’Himo (Haute intensité de main-d’œuvre) ne sera jamais pérennes. Les gens sont pauvres monétairement et jouent le jeu mais cela ne signifie pas qu’il porte ce président devenu dictateur dans leur cœur. Tôt ou tard, il aura des comptes à rendre et tout ce qu’il a fait subir à un peuple trop confiant ou inconscient, il le paiera au prix fort. Cela, c’est la rançon de tout pacte avec le diable. Le peuple est versatile mais il n’oublie jamais le mal qu’on lui fait. Pour l’heure, le danger est permanent et les journalistes malgaches eux-mêmes sont vraiment dans le rouge.
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Jeannot Ramambazafy - Journaliste
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