Mais à quoi joue la communauté internationale représentée par des ambassadeurs à Madagascar ? A vouloir régenter le pays en mettant paradoxalement en exergue que c’est une affaire malgacho-malgache. Argumentations qui ne tiennent pas la route.
Ce mercredi 11 mars 2009, en début de soirée, des ambassadeurs dirigés par Mrg Augustin Kasujja, doyen, a donné un point de presse, à Ivandry. Ce qui faut retenir de ses déclarations, s’apparente à du chantage. Ni plus ni moins. Certes, cette communauté internationale finance ces fameuses « Assises » qualifiées de « l’unique et dernière chance ». Mais pourquoi diantre tout cet empressement ? On sait que la situation est « extrêmement dangereuse » mais de quelles « manœuvres dilatoires » parle Mgr Kasujja ? L’on sait que ce sont 90 personnes qui prendront part à ses Assises qui doivent se tenir du 12 au 14 mars 2009 à l’hôtel « Le Hintsy » à Ambohimanambola. Mais il ne restera pas grand’monde à partir du moment où les membres de la plateforme de l’opposition et ceux de la Haute Autorité de la Transition présidée par Andry Rajoelina ne viendront pas. Selon Mgr Odon Razanakolona, la répartition se fera comme suit : 1/3 = représentants de Marc Ravalomanana ; 1/3 = Andry Tgv et plateforme de l’opposition, invité individuellement ; Tgv 1/3 = société civile, syndicat, opérateurs économiques. Mais sous quels critères ?
Mgr Augustin Kasujja
Dans ses déclarations, le doyen des diplomates accrédités dans la Grande île « convaincus que ce forum national d’échanges ray aman-dreny constitue l’unique et dernière seule chance pour sortir de cette crise, a parlé de « graves conséquences négatives entre Madagascar et le reste du monde » et que la communauté internationale refuse « toutes alternatives non démocratiques : coup d’état, directoire militaire, toutes manœuvres dilatoires… ». Mais d’un côté, il a assuré un « appui partout où cela est possible » en notant un « atermoiement et manquement récurrent des parties en cause ». Enfin, la communauté internationale s’est dite « profondément préoccupée par les actes intimidation, de menaces, les désordres qui doivent cesser ». Que les amis de Madagascar, « nous déplorons la situation extrêmement dangereuse ». Il a lancé un appel à « y prendre part dans un esprit propice à rétablir le Fihavanana ». Tout en précisant que « la solution n’est pas entre nos mains mais entre ceux des malgaches eux-mêmes ».
Des sous, encore des sous. Mais le vrai développement sera pour quand exactement ?
La menace est à peine voilée de la part de cette communauté internationale : si c’est un échec, toutes les aides et les appuis financiers seront gelés. Et alors ? Depuis que je suis journaliste, plus d’un quart de siècle, s’il fallait transcrire le nombre des milliards de dollars déversés à Madagascar, un tableau noir ne suffirait pas. Est-ce que la population malgache s’est pour autant développée ? Non ! Il fut un temps où les relations avec le Fmi et la Banque mondiale avaient cessé. Tous les Malgaches en sont-ils morts ? Non ! Croyez-vous sincèrement à ce que vous dites et qui menacez-vous exactement ? Votre comportement ouvre grande la porte à d’autres bailleurs de l’hémisphère sud. Allez-vous prendre ce risque alors que cette fameuse crise financière « mondiale » touche surtout les pays capitalistes ? Restez neutres à 100% ou engagez-vous à 100%. Ce n’est pas en soutenant un dictateur en fin de parcours que vous allez participer au développement de la Grande île. Mieux vaut un nouveau départ sur de nouvelles bases qu’une suite larvée de promesses illusoires. En cette année 2009, le peuple malgache entend faire leur histoire et ne plus subir celle des autres. En plus, en parlant de « ray aman-dreny », vous prenez encore les Malgaches pour des enfants attardés. Mais vous tous qui étaient présents à Ivandry, qui ne faites que passer, après tous, sachez que Madagascar ne peut plus être confiné à un dossier qu’on se passe de mains en mains, avec des chiffres aux antipodes du vécu.
Constitution Ravalomanana : permis de tuer sans sommation. Sous couvert de la communauté internationale alors ?
Dans un précédent dossier, j’ai parlé de notion d’autodétermination. Aussi, coupez toutes les vivres, tant mieux. Cela aidera à réveiller le génie malgache qui saura utiliser ses richesses directement, sans intermédiaires et sans pourcentage, au profit de la population malgache qui saura faire face comme les Indonésiens dans les années 70 qui n’ont jamais voulu de l’Aide internationale publique mais qui s’en sont sortis. Sous une junte militaire en plus. Certes, il y aura beaucoup de souffrances, de privations et de sacrifices en perspective. Mais c’est le prix à payer pour que ce genre de situation ne se reproduise plus à partir de la IVè république malgache qui doit mise en place extra constitutionnellement (Veuillez lire attentivement le dossier Madagascar : La loi fondamentale, fondement de tous les maux, par ailleurs). Par ailleurs, en parlant de « coup d’état », je ne sais pas si vos traducteurs maîtrisent le malgache, mais le nouveau CEMGAM, le colonel Ndrianarijaona André -qui a fait une passation avec le général Rasolomahandry Edmond- n’a jamais parlé de prise de pouvoir ni de directoire militaire. Vous savez tous pertinemment que Madagascar ce n’est pas l’Afrique. Vous aimez accommoder le terme « Fihavanana » à tout bout de champ. Mais c’est une notion qui semble vous échapper réellement.
SEM Niels Marquardt, ambassadeur des Etats Unis
Et encore une méconnaissance de la culture malgache : « Un discours de ray aman-dreny » a encore déclaré SEM Niels Marquardt en commentant le mea culpa de Marc Ravalomanana la veille sur la Tvm, vers 21h, ce mercredi 11 mars 2009. Non, Monsieur, le peuple malgache, actuellement, refuse à être ses enfants. Est-il convaincu de « la bonne foi » de Marc Ravalomanana, dont il a aussi fait allusion ? Mais c’est encore lui dont parle la Bible où on lit : « Malheur à celui par qui le scandale arrive ! ». Si c’est cela être diplomate, je ne le serais assurément jamais. Il est grand temps que vous expliquiez au monde entier la situation exacte et sans fard de Madagascar, depuis l’avènement de Marc Ravalomanana en février 2002 au mois de janvier 2009. N’attendez pas de quitter le pays où d’être à la retraite car c’est à ce moment qu’il sera trop tard pour votre conscience. Il est temps d’arrêter le chantage, toujours basé sur des sous, des millions de dollars dont les générations futures porteront le fardeau de la dette. Lorsque j’étais étudiant, je me suis toujours souvenu que les aides des bailleurs de fonds et autres « pays amis » partenaires financiers n’avait jamais rien de philanthropiques. Laissez-nous nous débrouiller tout seul. M. L’ambassadeur Niels Marquardt, homme intègre et authentique -et cela se lit sur son visage- doit savoir que moi aussi je reçois des menaces. Mais ce ne sera jamais la première ni la dernière en tant que journaliste. Si j’ai suvécu à une prise d’otage en 1991 à Diego Suarez, c’est pour avoir le temps de connaître tous mes petits-enfants et de leur transmettre ma vision de Malgache pour Malgaches. Ce sont eux les vrais bâtisseurs d’un pays riche et prospère qu’on aurait du être si les dirigeants passés et présent n’étaient pas assurés d’impunité totale et de protection comme vous le faites. L’unique er seule solution à cette crise et de commencer par dégager les dirigeants parjures, menteurs et assassins. Et non les protéger au nom d’une constitution pourrie et de la légalité qui n’a plus sa raison d’être sans légitimité. Moralité : vous voulez vraiment aider Madagascar ? Engagez-vous à préparer le texte d’une nouvelle constitution basée sur le « Teny nierana » bien malgache ou bien taisez-vous ! Car de richesses, Madagascar en regorge. Coupez les vivres et vous vous en mordrez les doigts.
Jeannot RAMAMBAZAFY –Jeannot Antananarivo, le 11 mars 2009