23 mars 2009. Passation officielle entre le ministre des Affaires étrangères, Marcel Ranjeva, et son successeur de la HAT, Ny Hasina Andriamanjato.
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Simple, rapide et fraternelle. Ainsi peut-on résumer l’ambiance qui prévalait dans la grande salle de conférence du ministère des Affaires étrangères à Anosy. Comme prévu, c’est ce lundi 23 mars 2009 qu’a eu lieu la passation entre le Général de corps d’armée, Marcel Ranjeva, ministre sortant du gouvernement Charles Rabemananjara et le ministre de la Haute Autorité de la Transition, Ny Hasina Andriamanjato.
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Après la signature des documents qui sont passés des mains du premier à celui du second, c’est le Général Ranjeva qui a pris la parole en premier. Il était 10h30mn :
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« Aujourd’hui est un jour à marquer d’une pierre blanche. Car toute chose à une fin (« misy farany ny zava-drehetra »). Le ministre Ny Hasina Andriamanjato est un confrère de longue date. En effet, nous nous connaissons depuis fort longtemps. Néanmoins, cette passation est un passage de flambeau entre un aîné et un cadet. Je pense qu’il fera tout son possible pour que Madagascar soit un pays dont nous serons toujours fiers. Il agira certainement en regardant le passé pour mieux appréhender le futur (« Hibanjina ny lasa ary hijery no hoavy »). Pour ma part, je vais partir à la retraite (« hisotro ronono fa tsy zavatra afa ». Jeu de mots que seuls les Malgaches comprendront). Au personnel du MAE, j’adresse mes vifs remerciements pour leur volonté d’avoir œuvré pour faire connaître encore plus la Grande île, dans un seul battement de cœur (« fo miara-mitempo »). Quant aux agents de la communication, un grand merci pour vos efforts à informer toujours les actions menées par le MAE ».
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Puis, ce fut au tour du nouveau ministre Ny Hasina Andriamanjato de prendre la parole :
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« Comme l’a dit M. Ranjeva, c’est une passation entre un aîné et un cadet. Monsieur le ministre, je ne saurais taire tous les efforts que vous avez accomplis pour notre Nation, au sein de l’armée, puis du gouvernement malgache. Nous avons, en effet, été de proches collaborateurs (Ndlr : Ny Hasina Andriamanjato a longtemps été ministre des Postes et Télécommunication, jusqu’en 2002 et Marcel Ranjeva était déjà ministre à l’époque). Je puis vous assurer que le ministère des Affaires étrangères malgache sera une authentique vitrine de Madagascar sur la scène internationale. Cela, à travers les desiderata du peuple qui a sont : un changement réel de gestion des affaires de l’Etat ; l’application de la vraie démocratie ; la liberté dans toute son entité (droits fondamentaux de l’homme) ; la paix sociale. Nous avons 24 mois devant nous mais les objectifs sont donc déjà tracés. Le grand défi pour l’avenir est que Madagascar ne fasse plus partie des pays dits pauvres. Le pays regorge de richesses qui font l’envie des étrangers. Que cela soit clair et net (« aleho hazava ny resaka »). Les partenariats, à compter d’aujourd’hui, seront axés sur le principe de Madagascar aux Malgaches et des Malgaches pour Madagascar (« Madagasikara ho an’ny Malagasy ary ny Malagasy ho an’ny Madagasikara »). Dans ce contexte très loin de la xénophobie que ne tarderont pas à mettre en exergue certaines personnes à l’esprit assez confus, la diplomatie sera au service de l’économie, en respectant tous les accords déjà passés. Nous ne sommes pas là pour détruire mais pour construire. Certes, il ne sera pas aisé de trouver de nouveaux marchés et que la confiance revienne. Mais gardons l’espoir que tous les citoyens de ce pays se donneront la main pour atteindre les objectifs édictés par le peuple lui-même. Peuple souverain selon la Constitution malgache. Que Dieu nous garde ».
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Après le départ du Général Marcel Ranjeva, une séance a huis clos s’est tenue entre le nouveau ministre et tout le personnel du MAE. Puis, un quart d’heure plus tard, la porte a été ouverte aux journalistes. Quatre questions ont alors été posées à M. Andriamanjato :
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Quid de la reconnaissance internationale ?
Quid des ambassadeurs en poste à l’extérieur ?
Quid d’une mission d’une délégation malgache en Afrique ?
Quid des manifestations sur la place de la démocratie à Ambohijatovo ?
Réponses :
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« Concernant la première question, j’en suis à mon premier jour de prise de fonction, et je n’ai pas encore vu la moindre notification officielle. En tout cas, sachez que nous n’avons pas d’ennemi et que nous sommes ouverts à toutes les nations. Nous respecterons tous les contrats passés selon le principe de la continuité de l’Etat. On nous reproche un changement sans être passé par des élections et que les ordonnances concernant les pleins pouvoirs transmis à un directoire qui les ont transmis à l’actuel Président de la HAT sont extra constitutionnelles. C’est faire peu de cas de notre Haute Cour Constitutionnelle. Or, ce n’est pas la première, dans tout le continent qu’une lutte populaire légitime a été légalisée par les hautes instances judiciaires d’un pays. La première phrase de la Constitution malgache est : le peuple souverain. Il nous importe alors de démontrer cela sur le plan international.
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Pour ce qui est des ambassadeurs, aucune décision n’a encore été prise à leur sujet. En tout cas, s’ils se mettent à ne voir que leurs intérêts personnels et/ou à dénigrer l’actuel pouvoir de transition, le mieux qu’ils aient à faire est de démissionner. En 2002, j’ai été le premier démissionnaire du gouvernement de Tantely Andrianarivo car je n’étais pas d’accord pour les répressions sanglantes qui ont eu lieu sur la place du 13 mai à l’époque. Cela dit, certes, il est prévu prochainement une mission d’une délégation en Afrique. Il s’agira d’expliquer exactement les réalités vraies qui prévalent à Madagascar. Les tenants et aboutissants de cette période de transition. Qui fera partie de cette délégation ? Vous le saurez en tant opportun…
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Enfin, pour ce qui est de la place de la démocratie, c’est nous qui l’avions inauguré. Elle appartient à tout citoyen qui veut s’exprimer selon le principe de la liberté d’expression, d’opinion et de réunion. Toutefois, il ne faudrait pas que ce soit une plateforme pour apprendre aux gens de fabriquer des cocktails molotov, d’attiser la haine entre les Malgaches. Cela est interdit par toutes les lois du monde. Sinon, tous Les Malgaches sont libres dans leurs opinions (« Malalaka ny fanehoan-kevitra »). Il s’agit de débattre sur des idées et non sur des personnes (« adihevitra no tokony atao fa tsy ady aman’olona »).
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Textes : Jeannot RAMAMBAZAFY
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Photos : Andry RAKOTONIRAINY
Pour Madagate.com, Antananarivo, le 23 mars 2009