Le 1er avril 1971, la répression du régime Psd de Tsiranana dans le Sud fait 3.000 morts dont la majorité étaient des membres du parti MONIMA dirigé par Monja Jaona…
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Le hasard fait souvent bien les choses. Alors que, de part et d’autre, on s’évertue à tirer la couverture à soi, le plus dur étant passé, moi je préfère me référer à l’histoire de mon pays. Fortuite ou pas, la première tournée du président de la Haute Autorité de la Transition (HAT) Andry Rajoelina et ses proches collaborateurs, est certainement venue de la Providence, qui sait ? En effet, après la ville de Fianarantsoa, ces dirigeants de la HAT ont mis le cap sur Toliara. Là où le 1er avril 1971, la répression du régime Psd de Tsiranana dans le Sud fait 3.000 morts dont la majorité étaient des membres du parti MONIMA dirigé par Monja Jaona… Mais suivons l’ordre chronologique avec Fianarantsoa d’abord.
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Moment de répit pour le couple présidentiel Andry et Mialy Rajoelina
EXIT LA SADC
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Les Fianarois le long du parcours vers le stade d’Amasambazaha
Ialy ey Pety Rakotoniaina avec leur fille
Ce jour-là me rappelle étrangement le moment où Didier Ratsiraka, revenu aux affaires était venu mettre en place le gouverneur pour la province de Fianarantsoa. Et j’avais remarqué le prédécesseur de Jean Claude Boidin, Pierre Protar (Commission de l’Union Europénne) parce qu’il avait un chapeau que j’ai vu dans le film « Les visiteurs du soir » de Marcel Carné. Comme ce 1er avril 2009, le stade d’Ampasambazaha était archi-plein. Il faut savoir que la Capitale du pays Betsileo est, comme Antananarivo, très peuplée et aussi frondeuse. L’armée de Didier Ratsiraka l’a appris à ses dépens en 2002, avec le concours du turbulent Pety Rakotoniaina, alors très proche de Marc Ravalomanana. Et l’on se demande bien pourquoi ce dernier lui a fait des misères jusqu’à l’emprisonner. Ce qu’il faut retenir des déclarations du Président Andry Rajoelina à propos de la SADC : « Madagascar va quitter l’organisation à vocation commerciale SADC ». Il n’est jamais trop tard pour afficher une volonté politique mais il valait mieux démissionner qu’être… remercié. Avant. Cependant, cette décision n’est pas le fait d’un coup de tête irréfléchi. En effet, avant de l’annoncer publiquement, Andry Rajoelina avait rencontré les opérateurs économiques malgaches. Constat unanime : « Les Industries malgache ne sont pas encore prêtes à concourir avec les grandes firmes internationales ».Dans la réalité et la pratique, c’était plus que vrai car seul le groupe Tiko pouvait aligner des produits aux normes internationales. On sait comment, à présent, plus la peine d’en rajouter.
ROSSY
Rossy, grand rassembleur devant l’Eternel, à côté du Général Fidy
Le Colonel Balbine à gauche de Rossy
Rossy discutant avec Voninahitsy Jean Eugène
Dans cette logique, à propos des relations internationales, on attend vraiment la décision pour suspendre tous les ambassadeurs à l’extérieur pour les remplacer par des chargés d’affaires. Car leur capacité à défendre leur « Papa » n’a jamais été faible. J’apprends, par exemple, de source très bien informée, qu’une plainte contre la HAT aurait été déposée auprès d’Amnesty International. Décidément, il y a comme qui dirait, un problème de communication au sein même de cette HAT.
Seconde déclaration du jour, concernant surtout les affaires internes à la gestion du pays : la reconduction à son poste de maire de Fianarantsoa, de Pety Rakotoniaina, ancien détenu politique récemment gracié. « Il était encore le maire de la capitale du Betsileo avant son emprisonnement », avait rappelé le Président de la HAT. En regard des procédures légales, comment va être effectuée cette reconduction ? J’espère qu’on ne va plus encore entendre parler de PDS ou Président de délégation spéciale. Il faut que les conseillers juridiques de la HAT trouvent vite la parade.C’est fou ce qu’il y avait de colonels emprisonnés par Ravalomanana : Colonel Balbine, Colonel Alfred, Colonel Kassimo, Colonel Ralaikoa. Cette tournée à Fianarantsoa s’est achevée par un grand bal populaire animé par les groupes Andon’ny lanitra, Jims et Rossy que les Fianarois attendaient depuis fort longtemps.
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DANS LA CITE DU SOLEIL : DES MESURES TRES SOCIALES
Mialy Rajoelina en tenue traditionnelle locale dans cette Cité du Soleil
Le Président de la HAT et son épouse, le Premier ministre Monja Roindefo, fils de Monja Jaona
L’aprè-midi de ce 1er avril 2009, ne foule immense de Tuléariens sont venus accueillir le couple présidentiel Mialy et Andry Rajoelina ainsi que le Premier ministre Monja Roindefo, enfant du pays, à l'aéroport d'Ankilimarovahatsy. Direction : le stade d’Andaboly baptisé Maître Kira, un footballeur célèbre à Madagascar. Une foule estimée à 30.000 personnes était déjà présente. Après une messe dirigée par le pasteur Randrianony de la FLM (Eglise luthérienne à Madagascar), une série de discours a eu lieu. Il faut retenir celui du Premier ministre Monja Roindefo qui a rappelé que les souffrances du peuple du Sud face à la famine ont été réprimées sévèrement par le régime de Philibert Tsiranana, le 1er avril 1971. Ce que les medias à l’époque avaient qualifié de jacquerie a vu la mort de 3.000 personnes dont la majorité étaient membres du parti MONIMA (Madagasikaraka Otronin’ny Malagasy) du leader charismatique Monja Jaona qui n’était autre que le père du Premier ministre de la HAT. Ce carnage que les générations actuelles ignorent a été, en fait, le point de départ de la chute du régime PSD. Cela signifie qu’il n’y a jamais eu de mouvement populaire spontané dans la Grande île, face à al dictature. Concernant l’actuelle révolution orange, elle remonte au faible taux de participation aux élections de 2007. Le point d’orgue s’est situé après la défaite du candidat Tim à la Mairie de la ville d’Antananarivo. C’est là que Marc Ravalomanana a montré son vrai visage, ses intentions de mettre Madagascar sous sa coupe, voulant diriger l’île comme il a dirigé son entreprise. Mais Andry Rajoelina s’est levé. Voilà la vraie, l’authentique histoire que les générations futures malgaches doivent retenir. Le reste n’est que de la littérature pour forums vite jetés dans les oubliettes de l’Histoire même de Madagascar.
La foule au stade d’Ampasambazaha
En résumé, pour les villes de Fianarantsoa et de Toliara, le 1er avril 2009 n’a pas été un… poisson d’avril. Prochaines étapes : le Nord.
Jeannot Ramambazafy – Journaliste