C’est mal parti pour les oiseaux de mauvais augure qui ne tiennent pas comptes des leçons de l’Histoire…
L’ambassadeur Jean Marie Chataigner et le Premier ministre Monja Roindefo (image extraite de la Une du quotidien « La Vérité » du 03/04/2009
Le vendredi 3 avril 2009, le nouvel ambassadeur de France à Madagascar, Jean-Marc Châtaigner, s’est entretenu avec le Premier ministre de la HAT, Monja Roinfedo. Et, selon l’Accord de Cotonou, signé en 2000 entre la Communauté européenne et les pays membres de l’ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), un dialogue politique est prévu sous une dizaine de jours, entre l’Union européenne et les autorités malgaches. Cet accord prévoit que des consultations entre l'UE et un pays Acp peuvent se tenir lorsque ce pays est sorti des principes démocratiques. Porte-parole de la France, l’ambassadeur Jean-Marc Châtaigner est venu informer le Premier ministre de transition de l’enclenchement de ce processus stipulé dans cet accord et en vue d'un retour à la "constitutionnalité". Si l’absence de retour à un ordre constitutionnel est constatée, une suspension de l'aide de l'UE ou d’autres sanctions pourraient être envisagées. Pour l’Union européenne, importent le respect de l'Etat de droit et des libertés, et l'organisation rapide d'élections. Pour sa part, Monja Roindefo a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat mais d’un « processus de changement ». En tout cas, a-t-il enchaîné, l’important est que la Communauté internationale soit à notre écoute et je puis vous assurer que le régime de transition n'entend pas s'éterniser…».
Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, et Alain Joyandet
Dans un communiqué de presse, Alain Joyandet, Secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie, indique que les programmes d’aide en direction de Madagascar n’ont pas été interrompus, contrairement à ce qui a pu être dit. En effet, le changement de pouvoir qui s'est produit à Madagascar il y a deux semaines n’a pas provoqué l’interruption des programmes en cours entre la Grande île et la France, cette dernière ne souhaitant pas pénaliser plus encore la population malgache.
Alain Joyandet rappelle que la France est le premier bailleur bilatéral de Madagascar et qu’elle entend poursuivre son aide à la population, à travers ses nombreux programmes de coopération, en particulier son aide humanitaire et alimentaire, ou tout projet pouvant permettre le rétablissement de la démocratie. Sur le plan politique, la France souhaite un retour prompt à une vie constitutionnelle normale, sur la base d'un dialogue national et selon un calendrier électoral qui doit être accéléré, dans l'intérêt du peuple malgache. La crise des derniers mois a révélé un profond malaise. La France, avec la communauté internationale, est disponible pour aider Madagascar à surmonter cette crise.
Mais alors que tout le monde était sceptique, quant à la durée de 24 mois de cette Haute Autorité de la Transition, le 3 avril 2009, tout a été dévoilé pour qu’elle ne dure que 19 mois. Ce vendredi 2 avril, date de la clôture de ses Assises Nationales qui se sont tenues au centre international de conférence à Ivato, 1.274 étaient effectivement présents. Au terme des débats, ces Assises ont émis huit recommandations et, surtout révélé le calendrier électoral.
Le Président de la HAT, le 3 avril 2009
Extraits du discours de clôture, du Président de la HAT, Andry Nirina Rajoelina : « La durée de la transition sera de 19 mois au lieu de 24 mois. Il y a lieu de se féliciter car ces Assises Nationales ont tenu leurs promesses, d’abord sur le nombre des participants mais également leur contribution pour notre nouvelle démocratie (…) Ces Assises Nationales ont su être fédératrices ».
Les Huit recommandations issues de ces Assises Nationales
Mise en place d’un comité de suivi des résolutions de ces assises ;
Mise en place d’une commission ad hoc chargée d’élaborer le document cadre servant à la préparation des conférences régionales ;
Mise en place d’un comité pour la préparation des conférences régionales ;
Mise en place des comités régionaux ;
Mise en place d’un comité d’experts ;
Mise en place d’une commission nationale électorale indépendante ;
Mise en place d’un comité économique et socio-culturel ;
Mise en place d’un comité pour la réconciliation nationale.
De gauche à droite : l’Emissaire de l’Union africaine, les Ambassadeurs de Maroc, d’Algérie et de Sénégal à Madagascar, présents lors de cette séance de clôture du 3 avril 2009
Le Calendrier électoral de la HAT
Elaboration des avant-projets de lois : Avril 2009
Conférences régionales dans les 22 régions : Mai 2009
Conférence nationale à Antananarivo : Avant le 26 juin 2009 (fête de l’Indépendance malgache)
Adoption du code électoral : Juillet 2009
Référendum : Septembre 2009
Mise en place de la commission nationale électorale indépendante : Octobre 2009
Election des présidents de « Fokontany » (Quartiers) : Décembre 2009
Elections législatives : Mars 2010
Elections présidentielles : Octobre 2010
Elections communales et régionales : Février 2011
Elections sénatoriales : Mars 2011
De leur côté, les membres du parti Tim et affiliés qui se sont réunis (« Fihaonambe »), le 2 avril 2009 à l’hôtel Carlton, ont émis cinq propositions de sortie de crise. Ce, en présence de 600 personnes dont l’ambassade de la République d’Afrique du Sud et l’émissaire de l’Union africaine.
Extrême gauche : Mamy Rakotoarivelo (TIM) ; extrême droite, Hanta Andriamandranto (TEZA) et Harinaivo Randrianantoandro (TIM). Au centre, deux émissaires étrangers (NEUTRES)
Les cinq propositions du TIM
Clarification de la position de la communauté internationale ;
Intervention des forces internationales dont celles de la SADC ;
Dialogue entre les différences tendances politiques sous l’égide des forces internationales ;
Maintien des Institutions de la République et retour à l’ordre constitutionnel ;
Réconciliation nationale avec l’organisation d’Assises Nationales après la crise.
N’est-ce pas un peu trop tard, dans la mesure où lentement mais inexorablement la HAT a pris les devants en sortant un calendrier électoral établi sur 19 mois et en rallier à sa cause la grande majorité des Malgaches dans toute l’île, à travers des tournées noires de monde ? Les pro-Ravalomanana vont-ils recourir à l’extrême prôné par quelques inconscients anonymes qui usent de l’Internet en allant sur les traces de radio Mille Collines, en 1994 au Rwanda ? N’y-a-t-il pas une législation internationale pouvant sanctionner ces véritables appels aux meurtres de propres compatriotes ? Je parle du forum de sobika.com qui confond liberté d’expression et liberté d’écrire des insanités envers une nation dont sont issus ses propres aïeux.
Pour revenir à Alain Joyandet, le Secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie, s’est rendu à Moroni (Comores) ce samedi 4 avril pour participer à la 25ème session ministérielle de la Commission de l’Océan Indien (COI). A l'issue de cette session ministérielle, et après une année de présidence comorienne, la France assurera la présidence de la COI pour une année. La présidence tournante de la COI a été assurée par l'Ile Maurice en 2006, puis par les Seychelles, elle a été transmise aux Comores à l’occasion du Conseil tenu à Victoria en mars 2008. C'est maintenant au tour de la France d'assurer la présidence de l'institution pour l'année à venir puisqu'elle est présente sur la zone avec La Réunion et Mayotte. La COI est composée de cinq Etats : Seychelles, Maurice, Comores, Madagascar et France. Depuis sa création en 1984, la COI réalise des projets de coopération concrets, notamment dans les domaines de l’environnement, de la coopération maritime et de la santé.
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Jeannot RAMAMBAZAFY – Journaliste
Antananarivo, le 3 avril 2009