Nommé par le Président Andry Rajoelina, le 9 octobre 2009, on n’a pas tellement entendu le Premier ministre Eugène Régis Mangalaza depuis. Même lors du sommet d’Addis-Abeba (3-7 novembre 2009), il a brillé par son absence… de paroles. Cependant, ce 9 novembre, il a bien voulu répondre aux questions de notre consoeur Onitiana Realy, dans une interview sur TvPlus Madagascar.
Afin d’avoir un aperçu des intentions de ce second Premier ministre de transition, après Monja Roindefo, madagate.com vous offre non seulement la vidéo de cette interview exclusive mais également sa transcription en noir sur blanc. Avant d’aller plus loin, qui est le nouveau Premier ministre malgache ?
Agé de 59 ans et père de trois enfants, Eugène Régis Mangalaza est originaire de Toamasina. Il y a fréquent le lycée et a poursuivi ses études à l’université de Bordeaux III où il a obtenu un diplôme de 3e cycle. Ancien inspecteur de l’enseignement supérieur, dans les années 70-80, il devint directeur des ressources humaines du Port de Toamasina en 1989, avant d’être élu second recteur de l’université de Toamasina 1989 et 2002. Impliqué dans la crise politique de l’époque, il avait été arrêté avant d’être relâché après une enquête à la Dgidie à Ambohibao. Il quitte alors le pays pour aller enseigner en Suisse et en France (Université de Bordeaux III). Avant sa nomination par le président Andry Rajoelina, M. Mangalaza résidait dans l'île La Réunion tout en faisant quelques crochets à Toamasina où il enseignait la philosophie.
*A quand la formation du nouveau gouvernement ?
« La formation du nouveau gouvernement se fera, normalement dans un délai très très court ; cela a été entendu par les chefs de mouvance, ici. Je pense sincèrement, mais je n’ai pas la mainmise sur cette question, qu’au moins au cours de la semaine prochaine, le gouvernement devrait être mis en place ».
*Pour la composition du gouvernement, avez-vous votre mot à dire sur le choix des futurs ministres ?
« Le choix peut-être pas. Mais, au moins, peut-être que l’on va me demander mon avis. Mais l’essentiel, pour moi, n’est pas là . L’essentiel pour moi c’est d’amener cette équipe qui est vraiment disparate au départ, pour en faire une véritable équipe ; qu’il y ait vraiment un esprit d’ensemble qui anime cette équipe. Et cet esprit d’ensemble ne peut se mettre en place qu’à partir du moment où on définit un programme clair avec les moyens, les méthodes et les objectifs à atteindre ».
*Pour ce qui est de votre cas, vous avez trois chefs hiérarchiques, mais vous avez été proposé par Didier Ratsiraka. De qui allez-vous recevoir des ordres ?
« Déjà je refuse cette idée d’ordres. Des suggestions, des orientations oui. Parce que la mission est claire et précise : c’est emmener le pays d’une république à l’autre avec des élections successives précises. Le texte de Maputo servant de cadre. C’est le premier point. Deuxième point, c’est que je regarde et j’accepte tout acte légal comme le disent les philosophes car, finalement, les quatre mouvances se trouvent au même niveau pour moi. Bien sûr j’ai été proposé par une mouvance, mais j’appartiens à toutes les mouvances. Quant au triumvirat, si on peut appeler çà comme çà , le texte est clair, il y a une hiérarchie, c’est évident. Il suffit de lire le texte : il y a un président et deux co-présidents qui doivent travailler ensemble. La preuve en est qu’ils doivent se réunir toutes les semaines. Ce n’est pas pour rien çà . Et que certains textes doivent être co-signés. Ce n’est pas pour rien çà . Au contraire, çà me rassure parce qu’au moins il y a une collégialité qui doit se mettre en place et qui va, normalement, dans le sens du partage ».
*Donc, vous assurez la réussite, le succès de ce gouvernement ?
« Je n’assure pas ! J’assure avec les autres, j’assure avec les Malgaches. Comme dit le proverbe : un seul arbre ne fait pas la forêt. Et avec un seul pouce vous ne pouvez rien faire d’autres. Il faut deux mains pour applaudir. Et donc, il faut et le pouvoir et la population. Dans son ensemble, mais pas seulement dans la capitale ; pas seulement dans les grandes villes mais aussi dans les campagnes les plus reculées de Madagascar ».
Montage vidéo, texte biographique et transcription : Jeannot RAMAMBAZAFY