Jean Lahiniriko, au milieu de ses "amis" de l'UDR-C, étudiant certainement le moyen de préfabriquer
des chaises en vibrociment...
Dans un prochain dossier, je vous parlerai de tous les candidats à la prochaine élection présidentielle à Madagascar. La liste n’étant pas close et si Dieu me prête vie. Mais, aujourd’hui, il importe de connaître Jean Lahiniriko qui vient officiellement de se déclarer comme tel, le samedi 26 janvier 2013. Pourquoi Lahiniriko ? Ben parce qu’il reflète l’ensemble des arguments proposés par tous les autres candidats. Mais surtout, il est l’exemple-type de toutes les tares des politocards malgaches. Vous aurez alors un large aperçu de la manière de gruger l’électorat malgache depuis plus d’un demi-siècle. Je rappelle et rappellerai sans cesse que je me base toujours sur la vérité historique en rédigeant tous mes dossiers et articles.
Qui est Jean Lahiniriko ? C.V. intégral actualisé sur madagate.com
ETAT-CIVIL
Jean Lahiniriko (nom signifiant littéralement « le garçon que j’ai désiré », en malgache) est né à Tongobory (près de Betioky, dans le Sud de Madagascar), le 1er avril 1953. Il est le fils de feu Jafeta Jonasy et de Madeleine Santé. Il est marié et père de trois enfants. Il vient de l’ethnie Mahafaly.
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FORMATION & DIPLOMES
1980 : Stage au centre de préfabrication des éléments structurels d’un bâtiment de type « Giron », à Miramar, La Havane, Cuba.
1981 : Diplôme d’ingénieur en génie civil de l’Institut supérieur polytechnique José Antonio Echevarra de La Havane (Cuba). Spécialités : calcul de structures en béton armé et de structures métalliques. Sujet de thèse : « Possibilité de préfabrication d’un bateau en vibrociment ».
1979 : Certificat de Mérite délivré par de l’Institut supérieur polytechnique José Antonio Echevarra de La Havane (Cuba).
1976 : Diplôme de langue espagnol délivré par l’Ecole de langues de Marianao.
1975 : Baccalauréat technique du lycée technique de Génie civil d’Ampefiloha, Antananarivo.
1974 : Brevet technique du lycée technique de Génie civil d’Ampefiloha, Antananarivo.
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EXPERIENCES PROFESSIONNELLES ET CURSUS POLITIQUE
26 janvier 2013 : Candidat officiellement (et unilatéralement sinon personnellement) déclaré à l’élection présidentielle de mai 2013.
Mars 2011 à nos jours : Membre du Conseil supérieur de la Transition (CST), Président du groupe parlementaire UDR-C
19 janvier 2010 : Vice-président de l’entité UDR-C (Union des démocrates et des Républicains pour le Changement) qui regroupe 24 partis.
15 avril 2009 : Nommé l’un des six Vice-présidents du Bureau permanent de la Haute autorité de la Transition dirigée par le Président Andry Rajoelina.
04 février 2007 : Président du parti PSDUM (Parti socialiste et démocratique pour l’union à Madagascar) qu’il venait de fonder.
03 décembre 2006 : Candidat à l’élection présidentielle, il finit second derrière le président sortant, Marc Ravalomanana
22 janvier 2003 : Elu Président de l’Assemblée nationale malgache puis remplacé par Samuel Mahafaritsy
10 janvier 2003 : Elu Député de Madagascar sous le label du parti présidentiel TIM fondé par Marc Ravalomanana, dans la circonscription de Betioky-Sud.
Entre 2002 et 2003 : Nommé Ministre des Travaux publics
Février 2002-09 janvier 2003 : Directeur du Fonds national pour la sauvegarde de la Culture malgache au Ministère de l'Information, de la Culture et de la Communication, depuis novembre 2000
1997-2000 : Ingénieur de contrôle et d’études pour les projets japonais de construction de bâtiments anticycloniques, phases I et II au Ministère de l'enseignement secondaire et de l'éducation de base (MINESEB).
1989-2000 : Inspecteur vérificateur au MINESEB, rattaché à la Direction de l’Inspection.
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AUTRES
Mai 1999-2000 : Président de la F.M.M.K (Association des anciens étudiants et stagiaires de Cuba à Madagascar).
A partir de 2003 : Président d’honneur de la F.M.M.K.
Depuis 1998 : Vice-président du Comité des chrétiens de l’Eglise luthérienne à Madagascar (FLM) du quartier des 67ha à Antananarivo
Auparavant : Trésorier national de la FLM.
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Voilà donc le parcours assez minable du « politicien » Jean Lahiniriko. A y regarder de près, sa présence au sein du monde politique malgache ne compte que neuf misérables années sur ses 60 ans d’âge. C’est très peu, extrêmement peu pour prétendre mener le pays vers un développement rapide, avec un slogan tiré de la Bible : « Inty aho, iraho » (Me voici, envoie-moi) - Esaïe 6 - 8. C’était au « Mon Goûter » Andrefan’Ambohijanahary devant une salle à moitié vide, le samedi 26 janvier 2013 donc. C’est déjà vouloir faire du neuf avec du vieux qui ne lui a déjà pas réussi. En effet, ce slogan, il l’avait déjà utilisé contre Ravalomanana, en décembre 2006. A l’époque, il a trouvé judicieux de démontrer qu’il a été formé à Cuba, en véhiculant également le message très révolutionnaire de Che Guevara : « Patria o muerte, venceremos », « La Patrie ou la mort, nous vaincrons ».
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Paris, 17 février 2005. Jean Lahiniriko du temps de sa splendeur de Président de l'Assemblée nationale. Ici, avec l'ancien Ambassadeur Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo (qui a complètement disparu du monde politique) et Jean-Louis Debré, alors Président de l'Assemblée nationale française
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Le résultat ? La Patrie est toujours là mais Lahiniriko a eu une petite mort cliniquement politique lorsque le fondateur du parti TIM l’a limogé de partout : de son poste de ministre des TP et de celui de président de l’Assemblée où il siégeait, pourtant, sous l’étiquette TIM ! Situation tragi-comique. La rupture a donc été brusque mais totale. Pourtant, je m’en souviens très bien, c’était à lui que Ravalomanana avait confié la réhabilitation de la fameuse RN44, dans le stade d’Ambatondrazaka, le 27 septembre 2002. Une autre histoire…
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L'un d'entre eux est décédé, Ravalomanana est out. Qui sera l'autre qui va encore se présenter en mai 2013?
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Pendant deux ans, 2007-2009, le pseudo-Che Guevara malgache a disparu des projecteurs, même s’il a fondé son parti PSDUM (Parti socialiste et démocrate pour l’union à Madagascar), pour se donner de l’importance, le samedi 4 février 2007. " Le pays est en danger ! Nous proposons un parti de gauche et prônons une économie tournée vers le social afin de contrer la monopolisation", avait-il alors déclaré à ce moment-là . N’oublions pas qu’il a tout de même raflé 11,68% des suffrages exprimés à la présidentielle du 3 décembre 2006. Il faut dire que le peuple en avait déjà marre de l’homme d’Imerikasinina, devenu hautain et impoli (il a osé tutoyer en public Mgr Armand Gaëtan Razafindratandra, archevêque d’Antananarivo !). Ravalomanana sera et fera pire dès sa réélection, en toilettant la constitution pour régner à coups d’ordonnances… L’opposition fut totalement muselée et le PSDUM, comme tous les autres partis hors du TIM, ne put que boycotter ce qu’il y avait à boycotter. En attendant des jours meilleurs, le spécialiste des bateaux en vibrociment ne cessait de remâcher : « Tsy resy tsy akory ny olo-mangina » (littéralement, le silence n’est pas signe de défaite).
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Jean Lahiniriko sur la place du 13-Mai, au début de la révolution orange.
Il est reconnaissable avec son T-shirt Che Guevara
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Vint alors la révolution orange -et non le coup d’état-. Qui a-t-on vu aux premières loges, lors du premier meeting d’Andry TGV sur la place du 13-mai, le 31 janvier 2009 ? Jean Lahiniriko revenu de sa petite mort politique, parmi les plus fans des fans d’Andry TGV. Il allait faire du rattrapage. Par une présence assidue, il fera partie des personnalités de cette Transition de 2009 à nos jours. Soit quatre années où il n’a rien foutu du tout pour faire avancer les choses, sauf pointer pour toucher un salaire qu’il n’a point mérité (comme tant d'autres d'ailleurs). Où était-il aux moments forts et pénibles qu’a traversé cette transition ? Quand l’a-t-on entendu vraiment hausser le ton face aux attaques des pro-Ravalomanana ? En vérité donc, il se comportait comme un chat attend une souris. Jouer les judas de 5è catégorie semble être sa spécialité. Le 19 janvier 2010, est créé l’UDR-C (Union des démocrates et des Républicains pour le Changement) qui regroupe 24 partis dont le PSDUM de Jean Lahiniriko qui devient le vice-président de cette énième entité. L’UDR-C roule entièrement pour Andry Rajoelina.
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Reboza Julien, Secrétaire national du PSDUM, très remonté, et qui a démenti Lahiniriko, à la TVM -VIDEO ICI-
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Que reprochait Jean Lahiniriko à Marc Ravalomanana, celui pour lequel il roulait toute voile dehors en 2002 ? A peu de choses près, les mêmes griefs qu’il reproche aujourd’hui à Andry Rajoelina. Au moment de présenter « solennellement » sa candidature, le 26 janvier 2013, Jean Lahiniriko avait assuré avoir reçu l’aval des autres partis membres de l’UDR-C. Au moment où je boucle ce dossier (mardi 29 janvier 2013, 19h15), voilà que je vois à la TVM, Julien Reboza -considéré comme le bras droit de Lahiniriko au sein du PSDUM-, accompagné d’autres membres de l’UDR-C, qui fustige Lahiniriko : « Aucun candidat ne peut représenter l’UDR-C sans l’aval du président Andry Rajoelina. S’il veut se présenter, ce sera en son nom personnel et non comme candidat de l’UDR-C et encore moins du PSDUM». Ben, çà c’est clair au moins. Mais à ce rythme, chacun des 24 partis risquent aussi de présenter un candidat à la future élection présidentielle. En matière de sabotage, on ne peut donc pas faire mieux que Lahiniriko. Intentionnellement ou non.
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Mais il est dit que l’anticipation et l’esprit d’analyse ne fait pas partie des modules de formation d’un ingénieur spécialiste en préfabrication de bateau en fibrociment. Il a pénétré dans un TGV pour ne pas disparaître à jamais du microcosme politique malgache. Quelle est son argumentation qui l’a poussé à se présenter ? Voici, voilà  : absence du changement promis il y a quatre ans (mais que foutait-il là alors ? ah c’est vrai, il ne pouvait plus retourner chez les enfants de Dada) et volonté personnelle de redresser la situation (Comment ? En restaurant la marine marchande malgache avec des navires en vibrociment ?). Par ailleurs, il avance les éternels chevaux de batailles démagogiques que sont la lutte contre l'insécurité, la corruption, la gabegie, l'emprisonnement des politiciens et les conflits politiques. Entre 2006 et 2013, 7 ans ont passés. S’il croit que les Malgaches mettent Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina dans le même sac, il se trompe lourdement. Cet apprenti politicien, donc politocard -grâce au parti TIM- aura tout le temps de comprendre sa douleur, çà ne fait pas un pli.
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Enfin, la question que devraient se poser tous les électeurs, reste : au lieu de se lancer dans la phraséologie et les envolées lyriques d’un autre continent, Lahiniriko est-il capable de prouver qu’il a laissé quelque chose d’impérissable, le temps de ses 9 ans de politique, et dans le domaine du social qu’il prône tant ? En tout cas, en prenant le TGV, Lahiniriko a mené tout son monde en bateau. Espérons pour lui que celui-ci sera en vibrociment et résistera à la tempête politique qu’il aura lui-même soulevée. Car au lieu de rassembler, il a dispersé à cause d'un égotisme qui se révèle au grand jour : sa volonté personnelle de redresser la situation.
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Voilà , vous avez un large aperçu des débuts et de la manière d’agir des « politiciens » malgaches ainsi que leur façon d’agir, depuis 1960. Comment voulez-vous que le pays avance ? Imaginez un tel politocard élu président de la république. Aucune éthique, aucun respect de la discipline d’un parti, aucune constance ni consistance, aucun projet de société réel et profiteur à souhait. Tsssss…. Mais attendez en ce qui concerne les autres candidats : c’est encore « plus pire » (même si çà ne se dit pas). Ah : « gasy » est une contraction de « Malagasy ». En argot, on dit " galasam ".
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Jeannot RAMAMBAZAFY - 29 janvier 2013
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DERNIERES INFOS DU 31 JANVIER 2013
Jean Lahiniriko a été évincé de la présidence de l’UDR-C suite à une décision adoptée au cours de la réunion des membres de ce groupement politique qui s’est tenue hier à l’hôtel Colbert d’Antaninarenina.
De l’avis de l’équipe de Julien Reboza, Jean Lahiniriko avait violé le statut du groupement, dans son article 3, en annonçant sa propre candidature aux Présidentielles.
Selon les précisions fournies par Julien Reboza, «l’article 3 de notre statut stipule que nous soutenons la candidature d’Andry Rajoelina dans les différentes instances d’élections. Devenir une plateforme politique incontournable, tel est notre leitmotiv. Nous estimons que l’union fait la force, et nous avons convenu depuis le début de rester unis tout au long du processus électoral dans le but de briguer la majorité des sièges. Mais, ce deal n’a pas été respecté. Par conséquent nous considérons que Jean Lahiniriko est démissionnaire de ses fonctions de président du groupement UDR-C».
Les nouveaux membres du bureau national de l’UDR-C ont ainsi été présentés officiellement à l’occasion de ce grand rassemblement du parti. La présidence est attribuée au ministre Julien Reboza, la vice-présidence à Lanto Rakotomavo, Marson Evariste, Johanita Ndahimananjara, Jean Jacques Rabenirina et à Jean Max Rakotomamonjy. Le Secrétaire Général de l’UDR-C, Benja Urbain Andriantsizehena, est maintenu à son poste, tandis que Naivo Raholdina, Pierre Ramaholimasy Houlder et Bernard Ravelonjato sont nommés pour le seconder. 25 partis politiques, ayant mandaté des représentants à cette réunion, adhèrent ainsi à ces nouvelles résolutions.
JEAN LAHINIRIKO RÉAGIT
Jean Lahiniriko a tôt fait de réagir à cette décision du parti UDR-C, dirigé par Julien Reboza, de le destituer de ses fonctions de président du parti. En réplique, il s’est contenté de faire allusion à un dicton malgache bien connu qui évoque l’ingratitude dont font parfois preuve les enfants à l’égard de leurs propres parents…
Cependant, toujours en sa qualité de président du parti UDR-C, Jean Lahiniriko a été reçu hier par la délégation de la SADC conduite par le Dr Leonardo Simao. Cet entretien, qui a duré environ une heure, tournait autour des étapes réalisées dans l’application de la feuille de route et de la réconciliation nationale, selon le rapport de Jean Lahiniriko. Il avait mis l’accent, d’après ses dires, sur le pardon national. Il a rappelé à cette occasion sa décision, irrévocable, de se porter candidat aux Présidentielles malgaches. Il est d’ailleurs en faveur du calendrier électoral préétabli par la CENIT et les Nations Unies qui prévoit les Présidentielles avant les Législatives.
Vola R. (Journal Ma-Laza n°2466 du 31.01.2013)