Hôtel « Le Louvre », en août 2014. A des députés « indépendants », Frédéric Rabesahala explique les objectifs de l’ARD, qui sont : lutte contre la pauvreté et la corruption, mise en place d’une décentralisation effective. Mais, à Madagascar, tout est priorité et tout doit passer par un plan de redressement d’abord ! Le reste n’est que pure phraséologie démagogique ? Dura lex sed lex : « Rehefa tsy manara-dalà na dia tsy manara-dalà na toa ny fanendrena an’Ingahy Ravelonarivo e ! ». Mais bien évidemment, il a voté Rajaonarimampianina. Comme moi. Et alors ? Je suis Charlie !
Etonnant ! Sidérant même que la manière de faire de la politique dans la Grande île de l’océan Indien. Tout n’est plus qu’intérêts vilement personnels. On ne voit plus, en Jean Ravelonarivo -nommé de manière anticonstitutionnelle, Premier ministre-, que le grand ami du parti Rotary, entrepreneur tous azimuts doublé d’un Général de brigade, triplé d’une accointance sans pareil avec le « Filoha », et qui va sauver miraculeusement la Nation malgache. Un Moïse « sauvé » par un décret présidentiel et providentiel en quelque sorte.
Et voilà que même des personnalités, qui n’avaient jamais fait de la politique auparavant, montent au créneau. A l’instar de l’ami Frédéric Rabesahala, plus connu comme Consul du Portugal qu’autre chose. Il est intervenu dans un quotidien en tant que président national d’une ARD (Alliance pour la restauration de la démocratie), sortie à un moment opportun, pour se détacher de l’AVANA de Jean-Louis Robinson et se détacher aussi, par synergie, du groupe d’Ambodivona, confondant la personne et le principe du respect du prescrit constitutionnel. Mais que voulez-vous : dans des pays comme Madagascar, un président « élu démocratiquement », avec la bénédiction de la Communauté internationale croit dur comme fer qu’il peut tout se permettre. Mais alors TOUT ! Merci souveraineté nationale, une affaire malgacho-malgache en fait. Car pour les îles éparses -reconnues malgaches par l’Onu-, par exemple, cette souveraineté n’a aucune existence, avec un président pantin.
Cette démarche de Frédéric Rabesahala a un nom : la politique des intérêts particuliers. Effectivement, après cinq ans de transition, il faut que les affaires reprennent. Etant donné son poste, le carnet d’adresses de M. Rabesahala doit certainement être extraordinaire. La grande question est : quelle sera la contrepartie (« inona ny tambiny ? ») de la mise à disposition de ses adresses ? Pour eux, là -haut et non pour le peuple. Car je n’ai jamais vu Frédéric Rabehasala autrement que dans des endroits luxueux et huppés. Mis à part lors d’enterrements, comme celui de Gisèle Rabesahala. Et çà fait trente ans que je suis journaliste. Il le sait pertinemment. Œuvre-t-il pour Madagascar ou pour le Portugal dont il est un représentant diplomatique ? Ami, Tu t’es mis à découvert, supporte la critique, c’est la règle absolue dans toute démocratie digne de ce nom. Mais Madagascar est-il un pays démocrate ? J’en doute fort. Tant pis pour moi alors (phrases très poétiques, car rimant. Non ?).
Je n’ai rien de personnel contre M. Rabesahala (à ne pas confondre avec Gaby Rabesahala, hein !) mais je déplore son comportement de vulgus humanum qui se rend complice de l’Etat de non-droit à Madagascar. En passant, qu’il sache que José Randrianary, autre dirigeant de l’ARD, est un ami de très longue date... Lui, au moins, il a un plan d’action, très réaliste et réalisable, axé sur le « Fokonolona », étant homme de terrain et non politicard. A son niveau, le Consul du Portugal n’est pas censé ignorer les articles 54 et 72 de la Constitution de la IVème république malgache. Et, personnellement, je lutte contre la corruption flagrante de la loi fondamentale. Frédéric Rabesahala est-il un cheval de Troie ou une tête de pont d’un déferlement sans égal d’autres vautours qui attendaient leur tout ? A mon avis, il devrait se débarrasser de son costume de Consul de Portugal. On verra jusqu’où va sa crédibilité en matière de politique politicienne… La droiture et l’honneur commencent par le respect des lois en vigueur et non par un serment d’allégeance qui sonne aussi creux que faux. Car à malin, malin et demi. Il devra aussi compter sur les coups bas de la cour des miraculés présidentiels…
Mais il n’est pas le seul dans ce cas précis de chevaux de Troie et de têtes de pont, pour espérer avoir des marchés publics. Vautours, chevaux…le monde politique malgache est devenu une ménagerie de cirque, ma parole ! « The HVM Circus ». Cependant, tous les opérateurs économiques malgaches ne sont pas du même côté que ce PM Général Entrepreneur. Reportez-vous à l’album photos de la passation entre le bon vieux docteur Kolo Roger et le Rotarien Ami de Hery. Un clivage est né, quoi qu’ils disent. Même si tous ont le même alibi : la pauvreté des Malgaches. Ah bon ? Qu’est-ce qu’ils connaissent sur ce sujet ? Font-ils la queue pour prendre le bus ? Sont-ils confrontés aux marchandages du à la cherté de la vie ? Manquent-ils d’eau, d’électricité et même de W.C. car il s’agit d’un territoire de 590.000 km² et non seulement le village qu’est Antananarivo, déjà difficilement maîtrisable.
Tous oublient l’essentiel : l’avis de la Communauté internationale sur l’ensemble de ce régime Rajaonarimampianina. Et je reprends des extraits percutants et réalistes (conformes à ce qui se passent réellement) d’un article de Philippe Divay qui combat les injustices à sa manière :
« Le Général Ravelonarivo, remplace Kolo Roger, l'opposition désormais a décidé de ne plus se laisser faire. Il y a fort à parier que nous allons connaître une année 2015 mouvementée, d'autant plus que nous commençons à percevoir dans les milieux diplomatiques que Rajaonarimampianina indispose de plus en plus l’occident (…). Excellence, Monsieur Le Président de la République, on ne nomme pas un Premier Ministre, avant d'avoir achevé cette première action : la Réconciliation. Posez-vous, s'il vous plait une seule question: a qui profite cette nouvelle situation chaotique ? (…) ».
Nous voilà tous prévenus. Que les vautours politicards se manifestent tous. Frédéric Rabesahala n’est pas le seul. Tous ont un joli CV à déposer à la Primature, en invoquant patriotisme, démocratie, droits de l’homme etc. Mais aucun n’a un cursus concernant la res publica et la gestion d’une Nation. Ils croient que leur heure de gloriole est arrivée. On verra, mais de 1972 à 2009 les mêmes causes ont toujours produits les mêmes effets. Vu la tournure des choses politiques malgaches, le régime Rajaonarimampianina ne sera pas une exception dans cette volonté manifeste d’emmêler les pinceaux du redressement et du développement pour cacher un capitalisme d’Etat qui ne dit pas son nom. Je demeure le témoin infatigable de la décomposition totale de la Nation malgache. Tant que Dieu le prêtera vie, évidemment.
Jeannot Ramambazafy – 20 janvier 2015
Â