Décidément, ce Hery vaovao aura, jusqu’au bout, été un président de la république pas comme les autres. Car, pour on-ne-sait-quelle raison -ou excuse- valable, il a tout simplement effacé le traditionnel message à la nation, adressé par tout homme d’État qui se respecte, à ses compatriotes où qu’ils soient, à l’occasion de l’arrivée d’une nouvel année. Qu’est-ce que c’est que çà ?
Par définition, un message est une communication de nature importante, généralement brève, transmettant à quelqu'un une information, des souhaits voire des directives. C’est aussi une communication émanant d’autorité, «visant à l'essentiel tout en pouvant revêtir un caractère officiel ou une certaine solennité, destinée à une collectivité, à un peuple», selon Wikipédia. Ainsi le message (télévisé) d’un président de la République à la nation; le message urbi et orbi du Pape lors d'une fête religieuse… En pleine seconde guerre mondiale, à partir de Londres, le Général de Gaulle avait adressé un message de Noël radiodiffusé au peuple français, le 24 décembre 1943. Depuis, il semble que ce genre de message à la Nation, à l’approche de la Nativité et d’une nouvelle année, est devenu une tradition républicaine bien ancrée à travers les cinq continents.
Pour cette année 2018, même le dictateur de la république populaire et démocratique de la Corée (RPDC), Kim Jong-un, a délivré un message de paix à ses compatriotes Nord-coréens. Ainsi, en ce qui concerne les prochaines J.O., Kim Jon-un a émis le souhait que  les Jeux olympiques d’hiver -qui se dérouleront à Pyeonchang,en République de Corée (Corée du Sud) du 9 au 25 février 2018-, soient un «succès». Puis, il a profité de l’occasion pour réitérer son appel au dialogue inter-coréen. Quoi qu’on dise donc, Kim Jong-un pense à l’intérêt général commun des Coréens divisés par la guerre en août 1945. Du coup, pour Park Soo-hyun, porte-parole de la présidence sud-coréenne, il s’agit-là d’un «message de paix, d'ouverture et de dialogue».
Pour en revenir à la Grande île -qui ne sera pas le grenier de l’océan Indien avant très longtemps-, Hery Rajaonarimampianina n’a fait aucun distinguo entre un message adressé à la nation et une intervention à tiroirs (pleins de promesses peu susceptibles d’être tenues), dans sa dernière émission «Le Rendez-vous» (monologue à sens unique) de 2017 sur sa chaine youtube. Considérée comme une «rencontre exclusive», sait-il, au moins, que 15% seulement des Malgaches ont accès à Internet? Ce n’est donc ni le lieu et encore moins le moment (29 décembre) pour s’adresser à son peuple. Seules les chaines audiovisuelles publiques Rnm et Tvm demeurent adéquates pour le message à la nation, en couvrant l’ensemble du pays. Certes, cette émission a été retransmise sur les deux chaines citées mais ce ne sera jamais un message à la nation. Tout juste un «qui s’excuse s’accuse» redondant et très lassant à la longue. Un lavage de cerveaux authentique. Etait-il obligé de le faire? Non, assurément.
Après 4 ans de pouvoir Hery Rajaonarimampianina pratique le populisme pour se donner bonne conscience. Il est loin le mois de mai 2016 où il avait demandé: "Prouvez-moi que les Malgaches se sont appauvris".
Ce grave manquement à un devoir, pourtant incontournable et simple, indique qu’en quatre ans de pouvoir, Hery Rajaonarimampianina n’a jamais été un rassembleur, un guide, un leader (celui qui mène). Il continue à se contenter et se complaire d’auto-satisfaction de reconnaissance internationale (après plusieurs sorties à l‘extérieur jamais annoncées à l’avance, 16 fois rien qu’en 2017) et d’énumération de crédits (donc à rembourser par les contribuables malgaches jusqu’en 2065) octroyés au compte-gouttes par des bailleurs de fonds dégoûtés mais diplomates... Mais plus grave encore, cette esquive démontre un mépris affiché pour la population malgache à travers l’île. Certes, il n’y a rien de mal à aller distribuer des vivres dans des endroits qu’il n’a jamais fréquenté de sa vie. Mais le résultat est devenu tragique. En effet, depuis que le couple présidentiel est passé voir ceux qui s’abritent sous les deux tunnels d’Antananarivo, leur nombre à dangereusement augmenté. Ces damnés de la terre se sont certainement dit que, désormais, ils sont sous la protection présidentielle. A l’approche des cyclones, il va être très difficile de les extirper de là alors.
Voilà le genre d’actions irréfléchies effectuées par le Hery vaovao à quelques mois de la fin de son mandat. Irréfléchies car personne autour de lui n’a pas pu ou n’a pas voulu (c’est la même chose) le rencarder sur le revers de toute médaille populiste… Que va-t-il alors servir, après-demain 5 janvier 2018 au palais d’État d’Iavoloha, comme palabres, en présence des ambassadeurs et autres personnalités socio-économiques accrédités à Madagascar? Du déjà entendu plus que certainement, et des promesses à n’en plus finir. Et jamais de mea culpa car c’est toujours la faute des autres depuis 50 ans…. Plus quelques cadeaux empoisonnés pour le peuple.
En attendant, j’ai retrouvé des extraits du message à la nation du premier président de la première république de Madagascar, Philibert Tsiranana. Il l’a émis le 1er janvier 1971, un an avant sa réélection suivie de sa chute:
«(…) Souhaitons que toutes les nations du monde puissent vivre comme la nôtre, dans la paix et le respect de l’individu et que notre chère patrie puisse vivre heureuse dans le triomphe des valeurs morales (…)». Eh ben en quatre ans, tout cela a été piétiné par le régime Hvm qui a fait de la corruption et du mensonge, deux piliers de la IVème république de Madagascar. 2018, selon la Constitution sur laquelle le candidat n°3 de décembre 2013 a prêté serment, est une année électorale. Franchement, on se fout éperdument des règnes de Ratsiraka, Zafy et Ravalomanana, c’est de l’histoire ancienne (mais qu’il ne faut pas oublier non plus). C’est Rajaonarimampianina qui est aux commandes, aujourd’hui et maintenant depuis janvier 2014. Point barre!
Et c’est plus que jamais le moment de citer, une énième fois, Georges Orwell (écrivain et journaliste anglais, décédé le 21 janvier 1950) qui a bien eu tout à fait raison d’avoir tranché ceci: «Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n'est pas victime! Il est complice».
Jeannot Ramambazafy - Cet article a aussi été publié dans «La Gazette de la Grande île» du 3 janvier 2018