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Madagascar. Hery vaovao, fer de lance d’une défection tous azimuts

La définition de défection est: Fait d'abandonner ce à quoi on était lié: parti, opinion, alliés, cause. Les synonymes sont: apostasie, lâchage, désertion, trahison, défaut, défaillance. L’adjectif de ce mot féminin est défectionnaire (in Centre national de ressources textuelles et lexicales). Avec ce qui se passe à Madagascar depuis janvier 2014, il est à se demander franchement qui a réellement initié le «mouvement» -qui n’est pourtant pas un scoop- fondé sur de l’argent à gogo et pour gogos…

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Comme je ne cesserai de le répéter, tout ici-bas repose sur la Culture incluant l’Histoire de l’Humanité même. D’où a débouché sur l’arène politique malgache, l’actuel président de la république? Du régime de la dernière transition de Madagascar, dirigé par Andry Rajoelina, pardi! Qui prétendrait oser dire le contraire? En septembre 2009, sous la suggestion de Hajo Andrianainarivelo qui avait refusé le poste, Hery Rajaonarimampianina succède à Benja Razafimalahelo en qualité de ministre des Finances et du Budget jusqu’au 20 août 2013, date à laquelle il annonce, sans crier gare, sa candidature à la place des docteurs Kolo Roger et Jules Etienne.

Ainsi durant 4 années successives (2009-2013), il a du «composer sans le soutien de la communauté internationale qui a été retiré au pays en raison de l'illégitimité de ce gouvernement» lit-on sur Wikipédia. Une réalité longtemps escamotée est que les bailleurs de fonds avaient déjà suspendu leurs aides depuis décembre 2008, suite à l’achat nébuleux d’un jet (pompeusement dénommé Air force One) par Marc Ravalomanana, président démissionnaire fuyard. Quoi qu’il en soit, cette longévité de l’actuel président à un poste-clé, durant cette transition, indique qu’il est un responsable de premier plan de ce qu’il ne cesse de critiquer avec une véhémence incompréhensible sinon tout aussi inexplicable qu’inexpliquée. Tout est la faute de tout le monde, sauf de lui.

Au lendemain de son élection, le 20 décembre 2013, voici ses propos qu’il ne pourra jamais nier, à moins de brûler toutes les archives se rapportant à lui: «Je remercie le Président de la Transition qui était à la tête de la lutte de 2009 qui a permis de mettre fin à la tyrannie de l’ancien régime afin de donner un nouveau souffle dans le pays. Ayez confiance que j’apporterai des forces nouvelles au pays». En malgache, «forces nouvelles» signifient «Hery vaovao». Tu parles !... Car une fois son serment prononcé, le 25 janvier 2014 au stade municipal de Mahamasina, ce fut le début d’une défection totale avec, pour base, la notion imbécile et impraticable de «rupture dans la continuité». Où a-t-on jamais vu une personne atteinte d’une rupture d’anévrisme recouvrir la santé? Ttsss. Par ailleurs, suite à son comportement après son plagiat d’un discours de Nicolas Sarkozy, il a été considéré comme un traître («mpamadika palitao») à la révolution orange -dont il aura été une pièce maîtresse quoi qu’il dise-, mais aussi comme un pauvre type qui repousse d’un pied la pirogue qui lui a permis d’atteindre la rive de la victoire («Nitsipa-doha ny laka-nitàna»).

Ainsi, le premier défectionnaire, le fer de lance de la défection de l’Histoire de la IVème république de Madagascar n’est autre que son premier président, Hery Martial Rajaonarimampianina Rakotoarimanana. Non pas les députés «indépendants» et autres Mapar 2 et 3 et puis quoi encore. Ils n’ont fait que suivre le mouvement... N’ayant jamais été destiné -ni même formé- à diriger une nation (il l’a même reconnu dans une interview pour TV5 Monde), cet expert-comptable -habitué donc à compter l’argent des autres-, a entrainé le pays tout entier dans une spirale de descente aux enfers de la paupérisation étatisée. 9ème pays le plus pauvre du monde en 2013, Madagascar s’est hissé au 5ème rang de ce palmarès peu glorieux en 2017. Après avoir fait défection à la tradition républicaine du message à la Nation, la veille du nouvel An, il a osé déclarer, le 5 janvier 2018 au palais d’Etat à Iavoloha, que le taux de pauvreté, dans la Grande île, a diminué, passant de 92% à 70% depuis son accession au pouvoir.

Dieu Zanahary s’est alors mis en colère et a fait tomber toutes les larmes du ciel sur l’île-continent au même moment où les membres du régime Hvm et leurs invités s’empiffraient sans retenue, après avoir gobé les inepties du défectionnaire en chef. Quatre jours durant (5-6-7-8 janvier 2018), des innocents ont payé -certains de leur vie- l’incapacité des dirigeants malgaches à prévenir ce qui avait été annoncé plusieurs jours auparavant: l’arrivée du cyclone AVA (prénom de l’actrice principale du film «Les 55 jours de Pékin», Ava Gardner, au côté de Charlton Heston et David Niven). Jusqu’au moment de l’impact venant de l’Est, ce fut encore l’éternel «mbola tsy misy atahorana» (il n’y a encore rien à craindre) bien malagasy de la part des responsables directs.

Mais 55 districts ont été touchés au niveau de 14 régions sur les 22 que compte la Grande île. Seul le grand Sud a été épargné. Au moment où je rédigeais cet article, le bilan, provisoire, mais vrai, était le suivant: 29 personne décédés, 22 portées disparues; 17.170 déplacées (10.964 rien que pour la ville d’Antananarivo et ses environs) et un total de 83.023 sinistrés. Ces chiffres augmenteront au fil des jours, cela ne fait aucun doute. Face à cela, la réaction du Hery vaovao est indigne de son rang de Chef d’Etat, Chef suprême des forces armées malgaches. Vraiment.


Ainsi, au lieu de se vêtir de sa tenue de combat de GI Jao, et de réunir tous les chefs d’Etat-major des trois armes (Terre-Air-Mer) pour dresser un vaste plan de mobilisation sur terrain du génie militaire (hommes et engins), digne d’un gouvernement de combat, Hery Rajaonarimampianina, flanqué de son épouse en jeans («mpampijaly jeans», selon la chanson de Gangstabab), s’est encore contenté de jouer le rôle d’un ministre, d’un sous-fifre donc, en allant offrir 1000 tôles et 10 tonnes de riz en leur nom personnel (Hery sy Voahangy Miliardera) à Toamasina, le 6 janvier. Ce, en dehors des aides apportées par le BNGRC (Bureau national de gestion des risques et catastrophes). Non content d’être défectionnaire dans son rôle de «raiamandreny» de tous les Malagasy sans exclusive -ils sont 25 millions, à présent, répartis dans 6 provinces-, le filoha a donc profité de ce malheur («manaraoraom-paty») quasi annuel, s’abattant dans cette région du Sud-Est de l’océan Indien, pour se faire sa propagande personnelle, 2018 étant aussi une année électorale.

Une démarche populiste style PSD (parti social démocrate) de la première république des années 1960-1970. En passant, il est bon pour vous de savoir que, de nos jours, les synonymes de populisme sont: démagogie, électoralisme, opportunisme. Il n’y a pas de hasard dans cette descente intéressée, voire calculée, à Toamasina des Rajaonarimampianina. Pourquoi? Tout simplement parce que la poignée de personnages qu’il daigne bien écouter, ne connaissent rien en politique de bonne gouvernance, de diplomatie et de stratégie de développement. Ils ne sont guidés que par leurs propres intérêts à faire perdurer au pouvoir un président haï de la majorité de son peuple mais pas naïf... C’est tout. Le reste, ils s’en lavent les mains et entrainent dans leur sillage des tas de défectionnaires dans tous les domaines de la société.

Pour la Friedrich Ebert Stiftung (FES) à Madagascar, la paupérisation généralisée des Malgaches est due au «règne d’une «économie de rapine», avec des rentes faciles à prélever sur les ressources naturelles, les aides extérieures, l’Etat… Cette rente de situation serait au profit d’une classe de «super élites», soit environ 10.000 personnes au détriment de 25 millions d’habitants». En ce moment même, leur stratégie est la suivante: retourner le maximum d’«opposants» (politiciens, opérateurs économiques, gens de la société civile, journalistes…) en les appâtant avec des millions d’ariary payés sans pièce comptable... Cela aussi c’est de la défection. Comme celle des agents du rideau de fer retournés, dans les films d’espionnage durant la guerre froide, avant la chute du mur de Berlin. Par les temps qui courent, ils sont nombreux à… courir après cet argent facile (qu’ils croient). Mais le prix de la défection est intangible et Judas en est l’éternel exemple-type: il s’est pendu poursuivi par le remord. Hery Rajaonarimampianina ne sera jamais éternel au pouvoir et le temps joue contre lui. Jamais pour lui, ah çà non! Par ailleurs, un traître sera toujours trahi à son tour. Tout est question de gros sous. Mais il y a des exceptions, heureusement…

Pour l’heure, et pour tous ces défectionnaires, c’est donc si facile de mentir que de dire la vérité; c’est donc si facile de trahir que de rester fidèle; c’est donc si facile de fuir que de faire face; c’est donc si facile d’oublier que de s’engager. Pour ceux-là, qui ont choisi cette «facilité» momentanée, on verra leur vie lorsque le Hery vaovao ne sera plus au pouvoir. Ce qui arrivera tôt ou tard. Et là, ils feront tous l’objet de… déjections tous azimuts. Encore une fois, pourquoi attendre que la maison crame pour espérer de sauver les meubles?

Jeannot Ramambazafy

Mis à jour ( Jeudi, 11 Janvier 2018 02:49 )  
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