Alea jacta est ! Qui n’avance pas recule. Le monde entier sait pertinemment que la seule issue vers un retour à l’ordre constitutionnel pour Madagascar doit passer par des élections. En fait, qu’il vente, neige ou grêle, 2010 sera une année électorale pour le peuple malgache. Laissons politiciens à mémoire courte faire du sur-place pour rester en 2009 et voyons plutôt l’organisation des élections législatives de mars prochain. Pour Cécile Manorohanta, vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur : « On ne se réveille pas du jour au lendemain en devenant subitement démocrate. La perfection n’est pas de ce monde mais tout est perfectible ».
du vivant de Me Jacques Sylla
Ainsi, les préparatifs de ces élections battent leur plein. Quoi que l’on dise, plusieurs propositions sont parvenues au ministère de l’Intérieur. Afin de coordonner tout cela, la vice-Primature organise un atelier qui aura lieu les 6 et 7 janvier 2009, au Centre de conférence internationale d’Ivato. On y débattra des réformes incontournables de l’actuel Code électoral ; de la loi organique concernant l’organisation de ces élections législatives et, surtout, de la mise en place de la fameuse CENI ou Commission électorale nationale indépendante. Il n’y aura pas d’exclusivité. Toutes les composantes de la Nation malgache (politiques, société civile, militaires, Ong, secteur économique, domaines public et privé…) sont invitées à participer à cet atelier.
menée par Andry Rajoelina
« On ne devient pas démocrate au saut du lit », a donc déclaré Mme Maronohanta. Ainsi, dans cette première approche, la vice-Primature jouera son rôle de tuteur pour la CENI. Ce, à travers un document comprenant des études comparatives sur des structures similaires à la CENI dans des pays africains. D’aucuns crient déjà au loup comme quoi « la CENI n’aura pas les coudées franches ». Il faut savoir attendre. Cet atelier marquera le vrai début, le PK Zéro des perspectives entrant dans le cadre de ces élections de mars 2010. Qu’attend-on de cet atelier justement ?
Un document de synthèse réunissant toutes les (bonnes) propositions qui permettront d’organiser des élections libres et transparentes. L’Histoire ne pouvant s’oublier ni s’inventer, je rappelle aux amnésiques par trop fanatiques, donc manquant d’un discernement à cause d’un culte de la personnalité monnayé, qu’en 2002,  Marc Ravalomanana avait promis de mettre en place ce genre de structure électorale indépendante. Sept ans ont passé mais l’idée a toujours été repoussée aux calendes grecques. Ainsi, l’organisation de toute élection, à Madagascar, était le fait exclusif du gouvernement. Et l’on se rappelle cette historique panne d’électricité, durant toute une journée, du ministère de l’Intérieur, lors des élections de décembre 2006. Qui a bloqué toutes les machines informatiques. Comme si les groupes électrogènes n’existaient pas.
A l’époque, j’avais dénoncé l’utilisation de l’EPROM (Erasable Programmable Read Only Memory), mais personne n’a daigné m’entendre… De quoi s’agit-il ? En gros, la mémoire EPROM -effaçable et modifiable à souhait- peut être lue par l'électronique de l'équipement sur lequel elle est utilisée. Il est possible d'écrire la totalité de l’EPROM, indépendamment de certaines adresses mémoires mais il faut pour cela retirer l’EPROM de son support et la placer dans un programmateur spécial. La carte doit être reliée à un ordinateur pour recevoir les données à programmer dans la mémoire. Faut-il vous faire un dessin, quant à l’impact sur les résultats électoraux réels ? Marc Ravalomanana, comme en 2001 (fi de Dakar I et II), n’a jamais été élu au premier tour en décembre 2006. Et les explications du Premier ministre, le Général Charles Rabemananjara, ayant succédé à Me Jacques Sylla, ont été loin d’être convaincantes.
A quoi servent alors les urnes transparentes lorsque les résultats sont déjà préétablis de manière numérique ? Par ailleurs, et jusqu’au bout, c’est le même Code électoral boiteux et le même ministère de l’Intérieur qui lui aura permis de rester au pouvoir. Or, déjà l’opposition au régime Ravalomanana était sur le pied de guerre depuis… 2005 et à la recherche d’un leader « neuf et crédible ».. Sous le régime Ravalomanana, donc, le CNE ou Conseil national électoral n’était qu’une entité fantoche, le dernier mot revenant toujours au gouvernement TIM (parti au pouvoir). La CENI suivra-t-elle le même parcours ? Tout dépend de l’implication de tout un chacun. Et encore une fois, les absents auront toujours tort. Le monde est en marche, malheur à ceux par qui le scandale arrivera. Car il arrivera, soyez-en assurés.
Jeannot RAMAMBAZAFY