François Goldblatt, l'ambassadeur français qui s'accuse profondément à force de s'excuser hypocritement
Décidément, l’ambassadeur de France, droit venu du Burkina Faso (chez celui qui a assassiné son ami Thomas Sankara, le 15 octobre 1987 -source émanant de la CIA-, et qui est devenu un « bon élève » de la France qui jouit actuellement impunément des richesses nationales de cette ancienne Haute Volta colonisée par cette même France) prend toutes ses aises pour user d’un discours pseudo-légalitaire pour se défendre, devant des judas malgaches qui n’ont plus aucune honte à chanter plus « La Marseillaise » que « Ry Tanindrazanay malala ôl ». Et en réalité, c’est sur la mentalité de ces créatures immondes que reposait -et repose encore et toujours- la « force » d’un pays comme la France.
Car, quoi qu’il dise, François Goldblatt se défend -tout en défendant la politique de François Hollande le mal-aimé-, lui le nouveau venu qui ignore tout de la révolution orange -et des révolutions précédentes-, qui ignore tout de l’identité culturelle Malagasy, jusqu'à parler d"'énigme malgache", qui feint d’oublier la mesquinerie de la Communauté internationale dont il fait partie.
Dans son discours du 14 juillet 2013, il met en exergue la date du 3 mai 2013.
Extraits :
« (…) Car il y a un avant 3 mai, et un après 3 mai. Ceux qui font mine d’être surpris par la réaction de la France aux épisodes politico-juridiques rocambolesques qui ont suivi le 3 mai ne savent pas, ou feignent de ne pas savoir que l’on ne peut rien construire sans règles et sans principes (…).
Siège de la CENI-T à Alarobia, le 8 mai 2013, tirage au sort des numéros à mettre sur le bulletin unique. Que foutaient-ils là ces représentants de la Communauté internationale et pourquoi n'avoir pas réagi en s'abstenant de venir, par exemple ?
C’est formidable tout çà . Mais rappelons les faits. Ce 3 mai 2013, la Cour Electorale Spéciale (CES) a publié officiellement la liste des candidats à la prochaine élection présidentielle à Madagascar. La Communauté internationale n’a rien dit à ce moment-là . Mieux, elle a assisté au tirage au sort des numéros qui figureront sur le bulletin unique, le 8 mai 2013, au siège de la CENI-T à Alarobia. Pourquoi ne pas avoir réagi à ce moment-là , en s’abstenant, par exemple, de cautionner ce tirage sort et d’en être même témoin ? (lire et voir ici)
Mais Monsieur l’ambassadeur de France n’était pas présent. En fait, pour être direct, c’est lui qui a cafté à la Sadc de faire un revirement, car avec Andry Rajoelina, les intérêts économiques de la France paraissent en péril réel. Effectivement « l’on ne peut pas feindre de ne pas savoir que l’on ne peut rien construire sans règles et sans principes ». Ce diplomate doit-il encore apprendre que toute règle à ses exceptions ? La CES a pris une décision politique pour régler une crise, un problème politique. Ce, en se basant sur l’article 2 de la Feuille de route :
2. Le processus de transition neutre, inclusif et consensuel devra aboutir à la tenue d’élections crédibles, libres et transparentes à Madagascar.
Article repris texto par M. Goldblatt dans son discours.
Le Président de la Transition a déposé son dossier avec un retard ? Et alors ? La CES a bien fermé les yeux sur ces candidats qui ne résidaient pas depuis 6 mois au pays et même ceux qui ne sont toujours pas règle vis-à -vis du document de quitus de leurs impôts. Et alors ? Voilà les exceptions à une foutue règle pour permettre à tous, sans exception, d’être candidat. Et c’est ce que le peuple Malagasy attend. Et ce Goldblatt a le culot de déblatérer ceci : « coup potentiellement fatal porté le 3 mai dernier à l’avenir de Madagascar ». L’annexion du 6 août 1896, ce n’était pas un coup fatal porté à une nation souveraine, peut-être ?
Il était toujours dit et écrit, que la Communauté internationale s’alignera sur les décisions de la Sadc. Et boum ! La France suspend les visas Schengen de trois candidats et leur famille. Pire, c’est à présent la France qui dicte la marche à suivre par la Sadc. Et Joachim Chissano est un excellent avocat pour ce faire. La Sadc va sanctionner. Ahahahahaha ! Je suis déjà mort… de rire.
Pour en revenir à François Goldblatt, il n’a fait qu’empirer son cas, avec cette phrase pitoyable : « Loin des calculs que d’aucuns lui prêtent, la France a trop d’amour et de passion pour Madagascar, pour laisser la Grande Ile s’enfoncer inexorablement dans une impasse potentiellement tragique ». Jusqu’où ira l’hypocrisie de la France qui a surtout une passion pour Madagascar parce qu’elle prend les Malagasy pour des imbéciles, des demeurés, des éternels assistés après avoir été colonisés. Par ailleurs, il doit réviser la vraie histoire de Madagascar. La plus grande tragédie jamais élucidée dans la Grande île, est la nuit du 28 au 29 mars 1947, suivie d’une répression atroce, grâce au régime socialiste français de l’époque. Et, malgré le délai de prescription de 50 ans largement dépassé depuis 2010, cette chère France n’a ouvert aucune archive sur ce drame tragique, au public.
Il ose déclarer également que : « Le peuple malgache ne pourra pas durablement comprendre ou accepter qu’après 53 ans de souveraineté, le revenu par tête ne soit que le centième de ce qu’il est au Nord de la Méditerranée ». Il parle de souveraineté à présent ? Alors que la France rende à Madagascar ses îles éparses dans l’océan Indien. On parlera de souveraineté après et le peuple malgache comprendra mieux dans la même foulée ce qu’est la souveraineté à laquelle il fait allusion.
« Au total, de manière proprement ahurissante, pour un pays qui était pourtant promis à un bel avenir sur la base de son capital humain et naturel, Madagascar est aujourd’hui le pays le moins performant parmi les nations du monde qui ne sont pas exposées à un conflit armé ». Il parle déjà au passé ?! Il est clair alors qu’un colon restera un colon et que les colonisés qui ont assisté à son discours -« nombreux aujourd’hui, en cette célébration du 14 juillet »- resteront colonisés.
Dans le volet « qui s’excuse s’accuse », l’ambassadeur Goldblatt mérite la coupe d’Afrique de l’hypocrisie diplomatique (ce qui est un non sens car tout diplomate est hypocrite et menteur par vocation). Lisez ou relisez :
« Mais mon propos n’est pas d’accabler ce pays si cher à la France et aux Français, des Français attachés à consacrer à Madagascar le meilleur de leur énergie et de leurs talents, et que je vois nombreux aujourd’hui, en cette célébration du 14 juillet. La seule ambition de la France, tant depuis Paris que depuis l’ambassade que j’ai l’honneur de diriger, est d’aider Madagascar à retrouver le chemin de la démocratie et de la prospérité. Loin de nous substituer à ce que le peuple malgache peut, lui seul, accomplir au bénéfice de sa propre destinée, notre unique ambition est de l’appuyer, dans la démarche salvatrice qu’il doit assumer, une démarche devenue aussi urgente qu’indispensable.
Cette démarche passe bien entendu, et je n’ai pas besoin d’y insister, par l’organisation des élections libres, sincères, transparentes, et conformes au droit, que tous les Malgaches attendent depuis trop longtemps, et qui, seules, rendront possible la pleine réinsertion de Madagascar dans l’ordre international, tout en autorisant le retour massif de bailleurs de fonds aujourd’hui tétanisés par l’impasse politique. Cette démarche passe par la restauration de la crédibilité d’institutions qui, au mieux, ont sous-performé, et, au pire, ont dévoyé le sens même de leur mission ».
Ah bon ? Pourquoi parler d’accablement si ce n’est pas le cas ? Personne ne lui a demandé d’en parler si ce n’est qu’il a été poussé par sa mauvaise conscience. Où la majorité des dirigeants qui ont paupérisé le pays ont-ils été formés sinon en France ? Ils ont été à bonne école alors, en matière de mauvaise gouvernance, de sous-performance ! Par ailleurs, pourquoi les bailleurs de fonds sont-ils tétanisés ? Par un manque à gagner ou parce qu’ils ne peuvent plus endetter le peuple malgache ? Depuis décembre 2008, les bailleurs de fonds « tétanisés » ont suspendus leurs « aides » financières. Mais il y a toujours plus de 20 millions de Malagasy, que je sache. Le standard de vie européen n’est pas le même que celui des authentiques Malagasy. Eux, ils savent ce que survivre veut dire depuis 1896. Certains « vazahas » les traitent de pauvres parce que beaucoup marchent pieds nus. Ce n’est pas un critère, c’est de l’imbécilité. Allez demander à n’importe quel médecin, il vous dira qu’on vit plus longtemps en marchant pieds nus qu’avec des chaussures à la mode. Et eux, ils mangent bio, malgré des rapports de 9/10 de pauvres. Et puis pauvres par rapport à qui ? A quoi ? Les Malagasy étaient-ils plus heureux sous la colonisation avec le Smotig (Service -gratuit évidemment- de main d’œuvre d’intérêt général) pour enrichir la France, avec le fameux « capital humain et naturel » du discours, et les brimades qui ne cessent toujours pas en cette année 2013 ? En matière d’institutions crédibles, monsieur l’ambassadeur Goldblatt n’est-il pas au courant que le Sénat français, après avoir élaboré un projet sur le patrimoine des élus -dans le cadre du projet de loi sur la transparence-, l’a rejeté le 12 juillet 2013 ? C’est bien de donner des leçons aux autres, mais il faut balayer devant et chez soi auparavant. N’est-ce pas ?
La vérité vraie dans tout çà , c’est que la France, et tous ses pions locaux obséquieux, ne peuvent pas piffer le Président de la Transition Andry Rajoelina. François Goldblatt ne fait aucune allusion à lui mais c’est bien lui la cible de toute cette diatribe. Car s’il est élu, adieu la suprématie sur les richesses de la Grande île. La France ira-t-elle jusqu’au crime politique pour défendre ses intérêts ? C’est possible. Tout est possible en ce bas monde. Comme ce discours truffé de paradoxes et de mépris déguisés.
Monsieur l’émissaire de l’autre François : allez donc prêcher votre « démarche salvatrice » comme l’annexion de 1896, ailleurs. Y’a bon banania et le temps béni des colonies, c’est fini et la jeunesse Malagasy actuelle en est bien consciente. Madagascar n’a pas besoin d’hypocrite professionnel qui vient de jeter son masque… de fer. Pour les incultes, le masque de fer est une des intrigues les plus romanesques de l'histoire de France : celle d'un prisonnier masqué, caché, à laquelle il fut interdit de révéler son identité, sous peine de mort. Pendant trois siècles, toutes les hypothèses ont été formulées sur le compte de cet homme.
Dans le cas de l’ambassadeur Glodblatt, c’est son caractère inné de colonialiste digne héritier de Joseph Gallieni qui vient d’être découvert. Il pourra toujours plaider qu’il n’est rien d’autre qu’un simple fonctionnaire, mais il est la voix de son maître. Il n’a pas le même prénom pour rien. Et bravo à toutes celles et tous ceux qui ont applaudi à cette prose, sans savoir lire entre les lignes. Ils auront droit à une carte de séjour perpétuelle en France, le paradis sur terre où ils espéraient vivre depuis longtemps…
« Ne laissons pas Madagascar, ce pays si beau, si attachant, si talentueux, si prometteur, si bien doté par la nature, si profondément humain, ne laissons pas Madagascar devenir une cause perdue. Il est encore temps ». Il est surtout temps pour vous de cesser de vous focaliser sur de faux problèmes pour défendre la cause d’un François Hollande qui déçoit lui-même les Français. Malgré la complicité de vos séides locaux, les Malagasy de 2013 ne sont pas les Malagasy de 1896 ni de 1947. "Madagascar, cause perdue" pour qui, au fait ? Il faut aller jusqu’au bout de vos idées, Monsieur l’ambassadeur François Goldblatt !
Je garde le meilleur pour la fin:"les atteintes portées à la pluralité des médias et à la neutralité du service public de l’information". François Goldblatt semble faire l'impasse sur l'impact de la radio des mille collines sur le génocide rwandais. Il faudrait que quelqu'un lui fasse écouter les enregistrements de l'évangélique radio Fahazavana où on apprenait à fabriquer des bombes artisanales, où on donnait l'adresse des "adversaires à traiter". Et puis, au fait, pourquoi avoir tenter de museler madagate.com et La Gazette de la Grande île pour ce 14 juillet 2013 à Ivandry ? Fait sans précédent depuis 20 ambassadeurs de France qui se sont succédé à Madagascar. Malgré tout ce qu'on a écrit sur eux, ils nous avaient toujours envoyé une invitation pour couvrir l'évènement et non pas pour s'empiffrer comme des affamés ni pour jouer aux pique-assiettes. Le respect, Monsieur Goldblatt, çà se mérite.
Jeannot Ramambazafy – 14 juillet 2013