C’est à Sainte Marie, le 4 juillet 2015, en marge d'une morne ouverture du festival des baleines, que le président Hery Rajaonarimampianina est sorti de sa léthargie -après ses déclarations pompeuses sur l'échec de sa mise en déchéance- pour donner son appréciation de la situation qui prévaut actuellement à Madagascar.
C'était début avril 2015: coup d'essai raté mais... coût sinon surcoût quand même pour la compagnie aérienne nationale
« L’humilité et l’attitude conciliante, au nom de l’esprit de réconciliation, ne sont aucunement un signe de faiblesse », a-t-il déclaré d’emblée. Mais, monsieur, seul est faible celui qui le dit et le répète.
Où se situe le fameux esprit de réconciliation lorsque les droits syndicaux sont bafoués, que l’humilité et l’attitude conciliante ne sont pas les points forts de son entourage? Ce qui a des retombées néfastes directes sur sa propre personne.
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Voici une preuve « d’humilité » de son ami et fidèle Henry Rabary-Njaka (directeur de Cabinet de la présidence, président du Conseil d'administration d'Air Madagascar, secrétaire général du parti présidentiel Hvm, c'est pas un peu trop tout çà ?), à propos du festival des baleines et suite à « l’achat » d’ATR: « Ces appareils feront office de « pont aérien » entre Paris-Tana-Toamasina parce que de très nombreux touristes viendront pour le festival des baleines 2015, parrainé par Julien Lepers ». Est-ce que cet avocat du barreau de Paris sait ce que signifie réellement un pont aérien ?
Résultat de sa minimisation -sinon de son mépris impérial- des doléances initiales (plus bas) du personnel d'Air Madagascar: pas de Julien Lepers -officiellement parrain de l'évènement- à l'ouverture du festival des baleines 2015 et peu de "nombreux" touristes venus.
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A ce moment (29 mai 2015), la situation à Air Madagascar n'était pas stabilisée mais ses dirigeants ont préféré aller de l'avant, sans se rappeler que diriger c'est prévoir. Tout prévoir
Un proverbe malgache dit : « Ny vy tsy mikitrana irery » (le métal ne résonne pas tout seul). Aussi, Me Henry Rabary-Njaka l’a-t-il mis au courant du fait que les doléances ci-dessous remonte en mai 2015 mais que ce PCA d’Air Madagascar a fait comme si de rien n’était ?
C'était en mai 2015 et les doléances portaient sur des questions vitales d'ordre strictement liées à l'environnement de leur travail. Pas autre chose
Où se situent, dès lors, « l’humilité et l’attitude conciliante » ? Bien au contraire, il semble que le DG et ce PCA d’Air Madagascar n’en ont fait qu’à leur tête. Si bien qu’ils ont forcé le Chef de l’Etat a déclaré gratuitement : « C’est de l’intérieur que l’on brise l’élan, à coups de grèves ».
Le président Rajaonarimampianina, ancien PCA d’Air Madagascar, était-il au courant que les Boeing que Rabary-Njaka et Rahelison comptent « acheter », avec la bénédiction du ministre de tutelle, ne seront que des occasions trouvées en Turquie mais facturées au prix fort? Il est évident qu’il ne sait pas tout car on ne lui dit pas tout… Mais en juin 2015, les revendications syndicales ayant été politisées à outrance par ces dirigeants et la suite a amené au résultat actuel.
Pourquoi aucun des dirigeants d'Air Madagascar n'a fait de démenti officiel face aux dites "accusations"? Et ce sont eux qui osent parler de "mépris du respect du droit à la défense". Qui est aussi cet inspecteur du travail qui ignore les droits syndicaux universels?
Pourquoi le président de la république s’étonne-t-il subitement et ne pouvait que constater que : « Ce qui se passe à Sainte Marie illustre les pertes que le pays subit, en termes d’affluence au Festival des baleines, ou tout simplement sur la venue des vacanciers » (conférence de presse du 4 juillet 2015). A qui la faute, en toute humilité ? En tout cas, lors de cette conférence de presse à Sainte Marie, le président Rajaonarimampianina a déclaré « avoir donné des directives sans le sens d’un règlement » de cette affaire Air Madagascar.
Avec un tel nombre de "non", le gouvernement Jean Ravelonarivo n'est à l'abri de rien du tout. Bien au contraire... C'est la preuve flagrante de sa totale et profonde minorité vis-à -vis du pouvoir législatif
Fallait-il donc attendre son intervention, comme dans le cas de l’emprisonnement des deux journalistes du quotidien « Matin » ? Mais ses collaborateurs qui le sabordent sont toujours à leur poste. En passant, il ne faut pas qu’il croie et qu’on lui fasse croire également que le rejet de la motion de censure contre le gouvernement Jean Ravelonarivo arrangera une situation déjà très dangereuse pour sa propre survie politique. Seuls 17 députés sur 151 ont dit voté non. Cela signifie, en clair, que cette équipe a les pieds et poings liés et sont à la merci de l’ensemble de l’Assemblée nationale. Ne serait-ce que pour le vote de la loi des Finances rectificatives 2015. Ainsi, l’avenir proche nous dira si oui ou non « l’humilité et l’attitude conciliante » n’est qu’un simple slogan comme l’Etat de droit et la bonne gouvernance annoncés à longueur de discours mais inexistant dans la pratique et la réalité.
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Absent sur cette photo officielle, Gervais Rakotoarimanana, l'ami d'université (Trois-Rivières, Québec), nommé ministre des Finances, qui doit se mordre les doigts d'avoir accepté ce poste, véritable cadeau empoisonné. Il ne le dira jamais en public, mais sa façon de fuir les photographes est significative
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Et le monde entier trouvera fort à propos le titre de cet article. Face à ce manque de transparence, de mauvaise foi et de délits d’initié, Madagascar est vraiment le pays de l’ingouvernabilité souveraine de l’Etat de non-droit. Ce, à partir du moment aussi où tous les membres de la Communauté se cantonnent dans les déclarations du style: « Ce sont des affaires internes qui ne concernent que les Malgaches ». Malheureusement, ils ne peuvent s’empêcher de « recommander » pacte et dialogue sachant pertinemment que peu de politiciens dirigeants et décideurs malgaches tiennent vraiment parole. Se cherchant toujours des excuses, accusant et s’accusant les uns les autres, en parlant de « stratégies »… Sans parler de l'appel irrésistible des sirènes des mallettes. Pour dire vrai, ils sont une vingtaine de députés qui font joujou avec l'avenir de leur propre pays.
Jeannot Ramambazafy – 5 juillet 2015