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Madagascar. Le régime Rajaonarimampianina tue la démocratie à petit feu

Narration sur France 24 Les Observateurs

Un an et huit mois séparent les deux photos ci-dessus. Oubliées les belles promesses sans lendemain du 25 janvier 2014. Ayant revendiqué le droit d’étudier, non seulement l’étudiant Jean-Pierre Randrianamboarina a été passé à tabac d’une manière inhumaine mais, en prime, il a été condamné à six mois de prison avec sursis pour « non autorisation de manifester », « troubles à l’ordre public » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Or, le gros des tortures s’est passé à l’intérieur du campus. Côté ONU, silence complice… A chacun sa démocratie alors.

C’est en 2007, que l'Assemblée générale des Nations Unies a décidé, dans sa résolution 62/7, de faire du 15 septembre la Journée internationale de la démocratie. Depuis, des centaines de manifestations sont été organisées à l'occasion de la Journée internationale de la démocratie et, ce, dans plus de 100 pays. Pour l’Organisation des Nations Unies, la démocratie est une valeur universelle qui suppose que les peuples choisissent leur propre système politique, économique, social et culturel, en exprimant librement leur volonté, et qu’ils aient voix au chapitre en ce qui concerne tous les aspects de leur existence.

Pour cette année 2015, le thème de cette Journée internationale de la Démocratie est : « Un espace pour la société civile ». ICI ce que pense la société civile malgache du régime Rajaonarimampianina qui s’en balance comme de son premier viol constitutionnel.

 


Message du Secrétaire général de l'ONU

15 septembre 2015

La société civile est l’oxygène de la démocratie


En témoignent à l’évidence les démocraties les plus dynamiques et les plus stables du monde, où l’État et la société civile travaillent ensemble en faveur d’objectifs communs.

La société civile est le moteur du progrès social et de la croissance économique.

Elle contribue de façon déterminante à obliger l’État à rendre des comptes et représente les intérêts pluriels de la population, notamment ses groupes les plus vulnérables.

La société civile n’a jamais joué un rôle aussi important.

Bientôt, nous commencerons à mettre en œuvre un nouveau programme de développement mobilisateur, qui a été convenu par tous les gouvernements.

Pourtant la liberté d’action de la société civile s’amenuise – voire disparaît.

Un nombre alarmant de gouvernements ont adopté des mesures restrictives qui limitent la possibilité pour les ONG de travailler ou de recevoir des fonds, ou les deux.

C’est pourquoi le thème choisi pour la Journée internationale de la démocratie de cette année est la marge de manœuvre de la société civile.

À l’occasion de cette journée, il est bon de rappeler que progrès et participation civique vont de pair.

Une nation sûre d’elle-même permet à ses citoyens d’avoir voix au chapitre et de jouer un rôle dans le développement de leur pays.

Alors que l’Organisation des Nations Unies continue d’œuvrer en faveur d’un avenir démocratique et pluraliste pour tous, l’État et la société civile peuvent et doivent s’associer pour construire le futur que nous appelons tous de nos vœux.



Pour en revenir à Madagascar, hélas, mille fois hélas, Hery Rajaonarimampianina, une fois élu président de la république a totalement « oublié » qu’il sert le peuple qui l’a élu ; qu’il doit lui faire un rapport et décider en étroite collaboration avec les députés, élus en même temps que lui, qui représentent son peuple. Que dit la Constitution de la IVème république de Madagascar, en matière de démocratie ?

Dans le Préambule, déjà, ont peut lire que « la séparation et l'équilibre des pouvoirs exercés à travers des procédés démocratiques ».

Dans l’Article premier, il est stipulé : La démocratie et le principe de l'état de droit constituent le fondement de la République. Sa souveraineté s'exerce dans les limites de son territoire. Nul ne peut porter atteinte à l'intégrité territoriale de la République. Le territoire national est inaliénable. Les modalités et les conditions relatives à la vente de terrain et au bail emphytéotique au profit des étrangers sont déterminées par la loi.

Article 5. La souveraineté appartient au peuple, source de tout pouvoir, qui l'exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect, ou par la voie du référendum. Aucune fraction du peuple, ni aucun individu ne peut s'attribuer l'exercice de la souveraineté.

Article 9.

Toute personne a droit à la liberté et ne peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraire.

Nul ne peut être poursuivi, arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu'elle a prescrites.

Tout individu victime d'arrestation ou de détention illégale a droit à réparation.

Article 10.

Les libertés d'opinion et d'expression, de communication, de presse, d'association, de réunion, de circulation, de conscience et de religion sont garanties à tous et ne peuvent être limitées que par le respect des libertés et droits d'autrui et par l'impératif de sauvegarde de l'ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité de l'État.

Article 11.

Tout individu a droit à l'information. L'information sous toutes ses formes n'est soumise à aucune contrainte préalable, sauf celle portant atteinte à l'ordre public et aux bonnes mœurs.

La liberté d'information, quel que soit le support, est un droit. L'exercice de ce droit comporte des devoirs et des responsabilités, et est soumis à certaines formalités, conditions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires dans une société démocratique.

Toute forme de censure est interdite.

L'exercice de la profession de journaliste est organisé par la loi.


L'Etat de droit selon Rajaonarimampianina: pas un principe immuable du respect de la loi stricto sensu mais un "ensemble de démarches et de structures à mettre en place..."

Il est clair que tout est prévu dans cette loi fondamentale. Mais dans la pratique, depuis l’accession de Rajaonarimampianina au pouvoir, rien de cela n’est respecté. Il ne suffirait pas de 100 pages pour rappeler dans cet article toutes les dérives depuis janvier 2014 à ce 15 septembre 2015. La loi c’est lui et son parti Hvm créé de toutes pièces, point barre ! Il n’aura même plus aucune honte à aller à la tribune de l’ONU à New York dans les jours prochains, pour débiter un texte déjà entendu quelque part… Cependant, toutes ses dérives sont consignées dans les archives de MADAGATE. Elles serviront de preuves et de pièces à conviction devant le tribunal de l’Histoire. Si tout se déroule bien pour lui, il ne lui reste plus que deux ans et quelques mois de pouvoir, selon la même Constitution dont plusieurs articles sont corrompus et piétinés sans frein grâce à un « spécialiste » en la matière…


L'exception démocratique malgache. A Madagascar, la Haute Cour Constitutionnelle, présidée par Jean-Eric Rakotoarisoa, a institué un "pacte" (donc une loi en quelque sorte) hors Constitution, qui doit être appliqué ensemble par les deux autres pouvoirs. Et ce pacte a été transformé en "memorandum" par le président de la république. Du coup, le pays commence à être ingouvernable. Sauf à coups de milices officialisées...

Mais il ne faut jurer de rien car tout est possible ici-bas. Même l’impossible, l’inimaginable comme à Madagascar où, dans le domaine des dernières élections communales, une "délibération anti-datée" font force loi et où, donc, la Haute Cour Constitutionnelle fait office « d’uniformisateur » de la séparation des trois pouvoirs, en créant un pacte de je-ne-sais-quelle autres responsabilité alors la responsabilité (droits et devoirs) de chaque citoyen malgache est déjà consignée noir sur blanc dans la Constitution qui s'appelle Loi Fondamentale à juste titre… Mais sous Rajaonarimampianina, de nos jours, non seulement -et officiellement- l’opposition n’existe pas mais il est formellement interdit de critiquer. Courage, compatriotes malgaches, aujourd’hui est déjà demain qui sera un autre jour. Qu’est-ce que deux années et quelques dans la vie d’une Nation ? Le régime Rajaonarimampianina tue à petit feu -et impunément- la démocratie mais elle finira bien par renaître de ses cendres et finira par s’ancrer pour de bon. Avec ou sans tragédie.

Jeannot Ramambazafy – 15 septembre 2015

Mis à jour ( Mardi, 15 Septembre 2015 13:58 )  
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