Hery Rajaonarimampianina: veni, vidi mais pas vici
Déclarations du président Hery Rajaonarimampianina, le 27 septembre 2014, au retour des Etats-Unis et de la France. Il y a un an.
Affaires nationales : « Après les élections, la crise économique sévit encore à Madagascar. Nous avons besoin de fonds nécessaires pour le développement et la mise en place des infrastructures. C’est pourquoi, nous faisons appel aux investisseurs étrangers et encourageons les investisseurs locaux. Pour ce mois de septembre, les projets ont débuté et débuteront avec les bailleurs de fonds, dont l’Union Européenne, la Banque mondiale, l’AFD, la Banque Africaine de Développement… Mais tout cela requiert une bonne organisation. Il faut convaincre, s’entraider, surmonter les défis et aussi savoir prendre du recul pour mieux avancer ». Un an après, septembre 2015, c’est une totale désorganisation à tous les niveaux qui voit le jour, une gestion au jour le jour, sans direction précise... La confiance ne règne pas et les bailleurs de fonds tant espérés comme des messies se posent des tas de questions sur l’Etat de droit, la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance du régime Rajaonarimampianina.
Iles Éparses : « L’idée de co-gestion a été évoquée par l’ancien président français, Jacques Chirac. Nous sommes en train de mettre en place une plate-forme au niveau des ministères des Affaires étrangères des deux pays pour étudier les cas afin de les soumettre au niveau des dirigeants ». Un après, septembre 2015, à l’approche de la 70ème Assemblée générale des Nations Unies qui avaient reconnues ces îles comme étant malgaches en 1979, la question est et sera évitée par la magie de 10 misérables millions d’euros récemment versés par le gouvernement français en guise d’aide budgétaire. Or, des compagnies pétrolières œuvrant sur Juan de Nova ont été freinées par le gouvernement français (ICI). Ne faut-il pas battre le fer tant qu’il est chaud?
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AUTRE FAIT CONSTERNANT POUR MADAGASCAR CONCERNANT LES ILES EPARSES MALGACHES
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Le Capitaine Rafalihery Andriatiana, 36 ans, tué à Betroka le 12 septembre 2015
Insécurité dans le Sud : « l’opération coup d’arrêt sera maintenue et poursuivie. Si nous envoyons des éléments armés en Afrique, c’est notre devoir d’y participer et aussi, nous pouvons acquérir des expériences ». Un an après, septembre 2015, le commandant de la brigade de gendarmerie de Betroka a été tué (ICI) dans le cadre des vols de zébus qui se sont intensifiés ayant également causé la mort de plusieurs personnes civiles et militaires. Le nouveau Premier ministre, Jean Ravelonarivo, a promis une « nouvelle » stratégie…
Jirama et Délestage : « Il s’agit surtout du manque d’énergie pour alimenter les machines. Des réunions urgentes seront faites aujourd’hui même, pour résoudre ce problème ». Un an après, septembre 2015, le délestage fait des ravages et le contrat unilatéral signé avec la société Symbion Power ne résoudra pas ce problème et tant d’autres, à terme. Déjà , le syndicaliste Oliva Andriamanalimanana a été emprisonné, dans la nuit du 18 septembre 2015, dans le pur style du « quand on veut tuer son chien on l’accuse de la rage » (ICI).
Trafic de bois de rose : « La lutte va s’intensifier davantage avec la coopération internationale ». Un an après, septembre 2015, c’est le trafic qui s’est intensifié avec l’implication directe de forces de l’ordre et les vrais commanditaires courent toujours bien que tout le monde sait qui ils sont. Certains, défiant l’Etat de droit même, se sont affichés comme étant des financiers de candidats Hvm aux dernières élections communales (ICI)…
Air Madagascar. « Les pourparlers sur le renouvellement de la flotte aérienne avance, notamment avec les techniciens d’Air Madagascar, l’État malgache et les constructeurs Boeing et Airbus. Nous sommes une île, et nous avons besoin de ces infrastructures pour le développement de plusieurs secteurs, dont entre autres, le tourisme ». Un an après, septembre 2015, c’était vraiment du parler pour ne rien dire : rien ne semble aller, malgré le double limogeage d’Henry Rabary-Njaka de ses postes de directeur de cabinet de la présidence et de président du Conseil d’administration de la compagnie aérienne nationale. Et même malgré la « location » d’un Boeing d’une compagnie chinoise.
L’année 2015 touche à sa fin. En une année donc, le régime Rajaonarimampianina n’a rien fait du tout à propos de ces questions capitales voire vitales pour le devenir du pays. Il attend l’argent des bailleurs de fonds pour vraiment « bouger ». Mais en ne restant pas les bras croisés ? En ce qui concerne son développement personnel (ICI). A ce stade d’un ras-le-bol généralisé, tout peut basculer d’un moment à l’autre. Pour l’heure, Madagascar est redevenu un pays en voie de sous-développement avancé qui ne devra son salut que par lui-même. Car la communauté internationale a d’autres chats plus importants à fouetter mais sera obligée de jeter quelques miettes au nom du suffrage universel.
Dans des pays mendiants mais ridiculement orgueilleux comme Madagascar, plus le président élu est mauvais pour son peuple, plus il est un serviteur dévoué, donc un pantin de choix (ICI), pour les intérêts des puissances capitalistes pour qui quelques mallettes de centaine de milliards d’ariary, ce n’est rien comparé aux bénéfices en dollars ou en euros engrangés sur des périodes très longues (30 à 20 ans). Même si l’entremetteur-président n’est plus au pouvoir. Car si les dirigeants ne feront jamais que passer, la Nation, elle, demeure. Cependant, hélas, ailleurs que dans la Grande île de l’océan Indien, un contrat est un contrat et doit être respecté.
Jeannot Ramambazafy – 20 septembre 2015