Très intéressant le speech du président Rajaonarimampianina, le 6 novembre 2015, jour de ses 57 ans. Mais il a oublié l’essentiel, le pilier de la bonne gouvernance que constitue la transparence sur les moyens financiers et leur provenance. Les écrits restent:
« Je vous le dis : Croissance partagée et développement responsable. Les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone. Donc, voilà le thème qui sera observé dans le cadre de ce Sommet de l’OIF à Madagascar. Donc, c’est très important. Par contre, lorsque vous parlez d’infrastructures, vous me donnez l’opportunité de dire que nous allons développer des infrastructures dans le cadre du développement économique du pays! Et si on pourrait le faire pour le Sommet, mais tant mieux!
Nous allons construire des routes ; nous projetons de créer ou de développer ou d’améliorer quelques axes routiers allant vers Ivato. Oui, c’est dans le développement de la ville d’Antananarivo, qu’on aurait du faire depuis très longtemps mais qui n’a jamais été fait ! On va le faire mais si on pouvait le faire aussi pour le Sommet, mais pourquoi pas, mais tant mieux ? Même chose pour le développement de l’aéroport d’Ivato. On va l’embellir, on va l’améliorer mais tout çà dans le développement du tourisme malgache mais pas uniquement pour le Sommet. Mais si on pouvait le faire pour le Sommet, mais tant mieux!
Dans le cadre du développement des infrastructures, par exemple, nous avons, heu, nous avons inauguré, heu, je veux dire, heu, les coups de, heu, la première pelle, je veux dire, heu, pour les travaux de Nosy Be. Mais çà c’est dans le cadre du développement du pays, çà va se faire avec l’aéroport d’Ivato. Nous allons construire un village de la Francophonie. C’est pourquoi certain s’inquiète (Ndrl : le président ne nomme pas explicitement Marc Ravalomanana mais il s’agit de lui) parce que le village se trouverait (Ndlr : pourquoi le conditionnel?) sur le terrain de l’Etat que certain pense revendiquer.
Donc, çà va avancer. Les préparatifs sont en cours, et le plus important, je crois, c’est de rassembler tout le monde. Il faut que tous les Malgaches vibrent d’un seul cœur pour accueillir ce Sommet de l’OIF ».
Pour résumer, c’est: on va faire ceci, on va faire cela au nom et pour le bien du peuple. Mais personne ne sait comment et, surtout, avec quel argent. Ainsi, depuis deux ans, les cachotteries et le manque de transparence dans le domaine du nerf de la guerre, sont devenus la marque déposée des charlots de ce régime Hvm/Rajaonarimampianina. Mais ils ont dépensé sans vergogne les deniers publics ("volam-bahoaka") dans des voyages qui n'ont servi à pas grand' chose pour le peuple. ET çà va continuer...
Le Président Hery Rajaonarimampianina au Sommet de Dakar
Combien coûte un Sommet de la Francophonie ? Prenons référence sur le XVème qui a eu lieu à Dakar en 2014.
Au Sénégal, rien que pour la logistique, les chiffres qui circulaient ont tourné autour des dix milliards de francs CFA (15 millions d'euros). Pour ce qui était des déplacements de tous les chefs d’état présents, le marché -sans appel d’offres- de plusieurs milliards de francs CFA, a été attribué à une société française pour la fourniture de véhicules Peugeot.
Même "combat" pro-régimes?...
En ce qui concerne le volet communication, élément aussi indispensable qu’incontournable, l’Etat sénégalais l’avait confié à l’agence Dak’Cor (sorte d’équivalent de Media Consulting de Jaobarison Randrianarivony à Madagascar) pour 198 millions de francs CFA.
Et l’épicentre du Sommet, le lieu de rencontre, de discours et de prises de photos souvenirs, lui, a coûté la bagatelle de 57,875 milliards de francs CFA (plus de 88 millions d’euros). Il s’agissait de la construction du Centre de conférence de Diamniadio (devenu Centre international de conférences Abdou Diouf ou Cicad). L’Etat sénégalais a investi 38% du montant global de réalisation du site, soit 19 milliards, si Eximbank Turquie, elle, y a contribué pour 62%.
Certes, Antananarivo possède déjà le Centre de Conférences Internationales à Ivato. Construit pour deux sommets qui n’ont jamais eu lieu. Celui du XIIIème sommet l’Union africaine, déplacé à Syrte (Lybie)? et celui de la Francophonie de 2010 déplacé à Montreux (Suisse).
Le CCI Ivato et l’hôtel 5 étoiles attenant, avait coûté au régime Tim/Ravalomanana autour de 50 millions de dollars sur financement chinois. On retrouve la trace de cela à travers la loi n°2007-028 du 23 novembre 2007 autorisant la ratification de l’Accord de prêt entre la République de Madagascar et l’Exim Bank de Chine relatif au Projet Hôtel 5 Etoiles de Madagascar. Sans compter les dizaines de Ford Mondeo et de Toyota Camry et LandCruiser V8 pour les déplacements.
Paris 4 septembre 2015. Le Premier ministre Jean Ravelonarivo et la secrétaire générale de l’OIF, Michaël Jean, d'origine haïtienne, ancienne journaliste et Gouverneure Générale du Canada de 2005 à 2010. Le Général rotarien avait déclaré : « L’engagement de Madagascar à faire de ce grand rendez-vous un succès pouvant créer une dynamique économique non seulement pour Madagascar mais pour toute la région de l’océan Indien ».
C’est bien beau tout çà , mais qu’est-ce que çà apporté de positivement concret pour le mieux-être de la population malgache? Que dalle! Et ce n’est pas la déclaration pompeuse du Premier ministre Jean Ravelonarivo qui va améliorer les choses. Le peuple malgache et l’opinion publique internationale veulent savoir d’où provient l’argent, qui aura les marchés de ce XVIème Sommet de la Francophonie. Enfin, qui sera le vrai propriétaire de ce fameux « Village de la Francophonie »? Bref, une prestation « anniversariale » du 6 novembre 2015 qui n’a pas répondu à cette vitale question de financements.
Sam Pa, l'homme aux 7 noms différents
A moins que l’argent ne provienne du produit de la vente des stocks de bois de rose dont le projet a été adopté en conseil des ministres de ce 9 novembre 2015? Mais c’est toujours une solution aléatoire et de dernière heure, une autre spécialité de ce régime Hvm/Rajaonarimampianina. Elle dépend de plusieurs impondérables. Quoi qu’il en soit, au vu et au su de ses relations entretenues avec China Sonangol, l’arrestation de Sam Pa, le 8 octobre 2015 (ICI), a été un coup de massue qui a sérieusement ébranlé le président de la république lui-même. Qu’il le veuille ou non.
Un Conseil du Gouvernement s’est tenu ce Lundi 09 novembre 2015 à partir de 14 h 30mn au Palais d’Etat de Mahazoarivo.
I- ADOPTION DE TEXTES REGLEMENTAIRES
* Au titre du Gouvernement
- Adoption du Projet de décret portant gestion et sécurisation des stocks de bois de rose et de bois d’ébène sur le territoire de Madagascar et à l’extérieur.
Dans le cadre de l’assainissement de la filière bois de rose et bois d’ébène, il est apparu nécessaire de créer des zones de stockage sécurisées.
Des sites sécurisées de stockage de bois de rose et de bois d’ébène coupés, dont la liste n’est pas exhaustive, sont implantés dans les sites les plus proches notamment à Antsiranana pour les Régions Diana, à Vohemar pour Sava, à Toamasina pour les Régions Atsinanana et Analanjirofo, à Taolagnaro pour Anosy et à Mahajanga pour les Régions Boeny, à Toliara pour Menabe et Atsimo Andrefana, à Antananarivo pour Analamanga et à Manakara pour Vatovavy fito vinany et Atsimo Atsinanana.
Toutes les actions et opérations afférentes à la gestion rationalisée du stock de bois de rose sont assurées, techniquement, par le Comité interministériel en charge de l’assainissement de la filière bois de rose et bois d’ébène et, financièrement, par l’appui de la Banque Mondiale.
Après l’obtention de l’accord de la CITES, un appel d’offre est lancé par le Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie, de la Mer et des Forêts, pour la vente des bois de rose et des bois d’ébène dans les sites sécurisés ou saisis. L’appel d’offre international est lancé à titre exceptionnel et au cas par cas.
Le produit de la vente est versé en totalité au profit du budget de l’Etat.
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 10 novembre 2015