Le Président Hery Rajaonarimampianina saluant Claudia Wiedey-Nippold, Directrice pour la Corne de l’Afrique, l’Afrique de l’Est et de l’Océan Indien de l’UE
Ce dialogue de sourds mais pas de muets, dépasse l’entendement. Surtout après deux ans déjà passés au pouvoir. La diplomatie est ce qu’elle est, fait de non-dit directs, de courbettes et de bises pour se donner en spectacle, de sourires de circonstance.
Mais dans les salons privés, on se gausse de ces dirigeants qui répètent les mêmes phrases, annoncent les mêmes intentions et les mêmes promesses qui remontent au 6 février 2014.
Pour laisser des archives écrites à l’Histoire de Madagascar, voici, par ordre d’intervention, la transcription d’extraits lumineux des déclarations entendues, le 12 novembre 2015. Ce, dans le cadre du second « Dialogue politique » entre Madagascar et l’Union européenne. Je signale, au passage, que c’est l’UE qui a pris l’initiative d’inviter les journalistes et d’organiser une séance de questions-réponses. Sinon, vous n‘aurez jamais été au courant de ce dialogue de sourds.
Entre nous, je préfère la naïveté bonne enfant du Docteur Kolo Roger à la fatuité condescendante du général Jean Ravelonarivo qui utilise un vocabulaire d’école primaire pour vénérer le président qui déçoit de jour en jour… Ne sait-il pas que le temps est à l’action et non plus aux palabres toujours au nom des 22 millions de Malgaches qui, actuellement, sont plus de 23 millions ?
ANTONIO SANCHEZ-BENEDITO
« Il serait très important de nous doter d’une feuille de route avec des indications claires pour continuer à avancer dans le bon sens. La situation du pays reste fragile ; les efforts du point de vue politique, du point de vue sécurité -vous avez mentionné la situation dans le Sud de Madagascar- ; du point de vue socio-économique… Les derniers rapports ne sont pas trop positifs. Le rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté en Afrique, classe Madagascar comme 5ème des pays les plus pauvres de la planète avec un revenu par habitant qui n’atteint pas les 400 dollars, selon les calculs de la parité de pouvoir d’achat.
Mais au point de vue de notre relation partenariat, on s’était engagé à avancer et nous nous félicitons de la signature prochaine, le 23 novembre vous l’avez mentionné, à Bruxelles, avec le Commissaire européen à la Coopération internationale et au Développement, Monsieur Mimica, du Programme indicatif national pour Madagascar, avec un montant estimé, en tant que don, de plus de 500 millions d’euros à 518 millions d’euros ».
Note : DE L’UTILISATION DU DON DE 518 MILLIONS D’EUROS
Rappel. L'aide de l’UE à la population de Madagascar durant la crise (2009-2014) s’est élevée à un total de 304 millions d’euros. Elle a permis de réaliser des programmes axés sur la nutrition et la sécurité alimentaire, l'éducation et la santé de base, l’eau et l’assainissement, la remise en état des infrastructures (notamment des travaux de reconstruction à la suite de dégâts dus aux conditions climatiques).
Le commissaire européen pour la coopération internationale et le développement (2014-2020)
L’UE a également soutenu le processus électoral. À la suite des élections démocratiques organisées en octobre et en décembre 2013 et de la mise en place, en avril 2014, des principales institutions de l'État (président, assemblée nationale et gouvernement) le Conseil de l'UE a levé, le 19 mai 2014, les mesures prises en vertu de l’article 96 de l’accord de Cotonou, permettant ainsi la normalisation de la coopération avec le gouvernement et le lancement de la programmation au titre du 11e FED (2014-2020).
Plus d’un an s’est écoulé mais la situation du pays reste toujours fragile. Cependant, pour ne pas sanctionner encore plus la population malgache, il faut avancer. Ainsi, la dotation de 518 millions d’euros prévue en 2014, sera en chemin, après la signature à Bruxelles, le 23 novembre 2015. Le montant indicatif initial pour Madagascar de l'enveloppe A du 11ème FED pour la période 2014-2020 est de 518 millions d'euros de dons (et non de prêts). Cette programmation devra se baser sur un document de stratégie et sur un Programme Indicatif National (PIN). Cet exercice de programmation -qui a été officiellement lancé lors de la mission du Commissaire au développement, Andris Piebalgs en juin 2014- se fait en coordination étroite avec les autorités, la société civile, les acteurs économiques, et bien sûr les Etats membres de l'UE et les autres Partenaires Techniques et Financiers. Plus d’un an de retard donc.
PREVISION DE LA REPARTITION DE CE DON DE 518Â MILLIONS D'EUROS
Mais il ne faut pas que le régime Rajaonarimampianina continue à se leurrer et leurrer le peuple malgache. Cet argent est un don, donc non remboursable. Mais son utilisation doit répondre à des critères stricts selon l’UE elle-même.
Ainsi, 146 millions d’euros seront consacrés au Secteur 1 qui comprend la gouvernance et le renforcement des politiques publiques. Non pas pour politiser l’administration publique, comme ce qui se passe actuellement, mais pour renforcer ses capacités de l’administration publique pour une croissance inclusive.
230 millions d’euros de l’enveloppe A seront consacrés au secteur 2 comprenant les infrastructures en support au développement économique qui a déjà bénéficié du maximum de financement avec 44,40% du budget total. Ce financement est prévu pour améliorer les infrastructures permettant le développement des pôles à fort potentiel économique, et garantir ainsi leur durabilité. Et non pas pour construire des infrastructures dans le cadre du XVIème Sommet de la Francophonie.
130 millions d’euros seront consacrée au secteur 3 qui demeure le développement rural. Il s’agit de la promotion d’un secteur agricole durable et compétitif, en renforçant la résilience des populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
7 millions d’euros seront investis dans l’appui à la société civile.
3 millions d’euros seront destinés à un « fonds de roulement » de l’ordonnateur national.
2 millions d’euros permettront la facilitation du travail de la coopération technique.
Question que personne n’ose poser mais qui est sur toutes les lèvres: le régime Hvm/Rajaonarimampianina parviendra-t-il à détourner une partie de ce pactole à des fins inavouables ? Soyons tous vigilants, en regard de tout ce qui s’est passé durant les deux années écoulées…
HERY RAJAONARIMAMPIANINA
« Je suis conscient du fait qu’il faut mettre en place un environnement politique national stable qui est le gage de l’efficacité des aides, afin de faciliter la réalisation de nos objectifs communs, en matière de développement et de lutte contre la pauvreté. Je vous l’avais dit, je vous le confirme encore, que je n’ai cessé de travailler sur ce domaine. Et je suis confiant, maintenant, du fait que nous sommes, je le crois, sur le chemin de la stabilité. Stabilité institutionnelle et politique déjà tangible suite aux résultats des communales. Et, aujourd’hui, nous dirigeons vers cette stabilité, une stabilité accrue, une fois les sénatoriales achevées à la fin de cette année. Comme vous l’avez constaté, on a pu mettre en place la Commission électorale nationale indépendante qui organise, et qui organisera pour la première fois, d’ailleurs, dans le cadre de sa mission, des élections, heu, à la fin de l’année. Et tout cela nous permet de dire, aujourd’hui, qu’on s’achemine vers cette stabilité institutionnelle ».
Note : Discours déjà entendu plusieurs fois en deux ans. Penchons-nous sur la composition de cette commission supposée être indépendante. Tournons-nous vers l’Assemblée nationale et vous aurez une idée de ce qu’est une stabilité politique hors constitution, construite sur du sable…
JEAN RAVELONARIVO
« Madagascar était toujours signataire des conventions des droits de l’Homme depuis plusieurs années. Et la politique actuelle menée par le Président de la république de Madagascar, est basée totalement sur le respect des droits de l’homme. Vous disiez, vous dites, tout à l’heure qu’il y a eu malversations sur le respect des droits de l’Homme à Madagascar. Mais je vous répète que, loin s’en faut, nous avons mis en place une politique de respect des droits de l’Homme, depuis l’avènement de cette république, et en l’occurrence, depuis l’arrivée de son Excellence le Président de la république de Madagascar, Hery Rajaonarimampianina, au pouvoir, il a fixé toujours depuis, une politique de protection sociale et de respect du droit de l’Homme. Si vous dites qu’aujourd’hui il y eu une malversation dans un certain point, çà c’est votre analyse ou bien les bruits qui courent à l’extérieur. Mais, en fait, nous sommes au pied d’œuvre (Ndlr : à pied d’œuvre est le terme exact) d’instaurer une politique de stabilité et une politique qui respecte, à vrai dire, les droits de l’Homme à Madagascar. Si on regarde une personne qui vole des zébus, par exemple, armée jusqu’aux dents. On va les admettre facilement d’un propre, heu, d’un propre œil ? Loin sen faut. On doit protéger la population comme il faut, parce que nous sommes -et le Président de la république est le garant du respect des droits de l’Homme et surtout de la protection des 22 millions de Malgaches ».
Note : Ce Premier ministre vit-il à Madagascar ou ailleurs ? Selon la CIA elle-même, au mois de juillet 2015, l’estimation de la population malgache était de 23.812.681. pour le reste de ce qu’il a dit, référez-vous donc à l’actualité. Mais il est plus que honteux qu’il mettre en doute les rapports d’entités sérieuses comme certaines branches du système des Nations Unis et les reportages des journalistes, considérés, dès lors, comme des menteurs.
A présent, ci-après ce qu’on peut lire sur le site de la présidence de Madagascar
Entre Madagascar et l’Union Européenne, les conditions sont maintenant remplies en ce qui concerne le Programme Indicatif National (PIN), et la signature de ce document aura lieu le 23 novembre prochain à Bruxelles entre le Président de la République de Madagascar et le Commissaire Européen au Développement.
C’est l’annonce faite ce 12 novembre au palais d’Iavoloha où s’est tenu le Dialogue politique annuel entre Madagascar et l’Union Européenne. Le Président de la République a dirigé la partie malagasy, composée de plusieurs membres du Gouvernement, et de l’autre celle de l’UE conduite par l’Ambassadeur Antonio Benedito-Sanchez.
L’enveloppe du prochain FED s’élève à 518 millions d’euros, non remboursables. Par ailleurs, Madagascar pourra également bénéficier d’autres fonds régionaux ainsi que des programmes globaux et des lignes de crédits thématiques. Le Programme Indicatif National porte sur 3 principaux secteurs, en l’occurrence i) la bonne gouvernance et le renforcement des institutions, ii) les infrastructures et l’énergie pour soutenir la croissance économique, et enfin iii) le développement rural.
Le Programme Indicatif National qui sera signé à Bruxelles le 23 novembre va régir la coopération entre l’UE et Madagascar pour les prochaines années. D’ores et déjà , le travail a commencé entre les deux parties pour préciser et détailler les actions. Il a été souligné que la situation économique et sociale reste encore fragile à Madagascar, mais un net recul est tout de même constaté en ce qui concerne la pauvreté. Pour les deux parties, à l’instar de ce qu’a déclaré le Président Rajaonarimampianina lors de l’ouverture du Dialogue Politique Madagascar-Union Européenne, il importe de concrétiser la culture de résultats, et d’aboutir à des impacts réels quant à l’amélioration du quotidien des malagasy.
Note : Sans commentaires… Mais toujours ce flou, ce manque de transparence et cette propension à croire que le ciel est toujours bleu… Hvm. Tout ce qu’on demande à ce régime qui fait la risée de ceux qui s'intéressent encore à Madagascar (mais diplomatiquement personne ne le dira), c’est de cesser de palabrer et de vraiment commencer à effectuer des actions concrètes, palpables et positives pour le peuple malgache. Sans toujours attendre des sous.
Le Savoir n'est pas assez, il faut l'appliquer; le Vouloir ne suffit pas, il faut le mettre en pratique
STOP TALKING! START ACTING! «Un environnement politique national stable, gage de l’efficacité des aides»? Quelles aides? Ces actuels personnages au sommet de l'Etat malgache, qui se prennent au sérieux sans jamais l’être, devraient connaître l’adage: « aide-toi le ciel d’aidera ».
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 13 octobre 2015