Il n’y a pas de fumée sans feu. Malgré la carapace que l’on dresse, à présent, autour d’elle (c'est devenu "Secret d'Etat"), cette « affaire Nicole Andrianarivoson » -« la haute personnalité proche du chef de l’Etat malgache interpelée par la Douane française à Roissy, le 9 décembre 2015, pour avoir été en possession d’une somme importante en euros »- est bien réelle. Elle est même parvenue dans les couloirs de l’ambassade de France sise à Antananarivo et il est fort à parier qu’elle sera étouffée jusqu’à ce que l’oubli s’empare de tout le monde… Voire et c’est ce qui reste à voir car le monde entier n’est pas peuplé de gens malhonnêtes à 100%.
Le Président Hery Rajaonarimampianina et Me Nicole Andrianarivoson sont effectivement très proches...
Ce qu’il y a de plus étrange dans cette minable affaire de sales profits -en regard de la pauvreté notoire du pays-, est ceci: tout d’abord, en tant qu’avocate, Me Nicole Andrianarivoson devrait être la première personne au monde à ne pas ignorer la loi. Par ailleurs, elle a de la famille en France -à Sèvres plus précisément-, (j’y reviendrai s’il le faut) qui fait des transactions douanières et il est impossible qu’elle ne soit pas au courant des lois en vigueur, en matière de transport d’argent en liquide. Cependant, c’est un peu comme l’histoire du caissier qui, un vendredi, à cause d’un besoin inattendu de liquidité, décide de détourner l’argent d’autrui avec la conviction de le rendre la semaine d’après. Mais, l’occasion faisant le larron, il «oublie» son honnête décision première et continue ses détournements jusqu’à ce qu’il se fasse attraper avec un trou immense qui le conduira en prison.
Quelle est la règlementation en vigueur dans tout l’espace Schengen? Un de nos correspondants en France nous met au parfum (du bois de rose?)…
Ainsi, dans l’Hexagone, les sommes (espèces ou chèques), titres (actions, obligations, etc.) ou valeurs d’un montant égal ou supérieur à 10 000 euros (ou son équivalent en devises), transportés par une personne physique, doivent être déclarés à l'administration des douanes qui effectue des contrôles en ce domaine. Ce, afin de lutter contre le blanchiment des capitaux provenant de trafics illicites, notamment celui des stupéfiants.
La France n’étant pas ce qu’est la IVème république bananière de Madagascar et sa renommé mondiale dans le non-respect des lois, en France donc, en cas de non-déclaration ou de fausse déclaration, la personne est passible de sanctions prévues à l'article 465 du code des douanes. Notamment: une amende égale au quart de la somme sur laquelle a porté l'infraction ou la tentative d'infraction et la confiscation de la totalité des fonds par la douane.
Si donc Me Nicole Andrianarivoson a été interpelée, c’est qu’elle était bien en possession d’une somme de plus de 10 000 euros. Environ 3 millions d’euros selon l’estimation. Soit, plus de 30 fois plus que le montant maximal autorisé à être transporté sans autorisation nécessaire. A Madagascar, évidemment, personne -ni la Hcc, ni le Bianco, ni le Samifin, ni la Ceni, ni la police nationale, ni la gendarmerie nationale, ni l’armée- n’aurait rien découvert. Mais dans un Etat de droit authentique, personne n’est au-dessus des lois et, à Roissy, son titre de « Conseillère et très proche du couple présidentiel Voahangy et Hery Rajaonarimampianina, Chef de l’Etat malgache », ne lui a été d’aucun secours.
Multipliez cela par trois et vous vous rendrez compte que 3 millions d'euros, cela ne passe pas inaperçu, même en billets de 100 euros. Cela ne tiendrait pas non plus dans une valise «diplomatique»...
Il est certain qu'elle et d'autres personnes arpentant les allées des palais n'en sont pas à leur premier rôle de «passeurs». Mais pourquoi diable une aussi grosse somme cette fois-ci? Que les courtisans gravitant autour des Rajaonarimampianina ne nous fassent pas le coup de « misy ambadika politika » (il y a des dessous politiques). Me Nicole Andrianarivoson a commis une infraction à une loi en vigueur en France et un tel montant ne peut se cacher dans un soutien-gorge, même bien rempli… Il faut, au moins, une valise entière. Et cette loi, en France, stipule également que « toute personne (résidente française ou non) est soumise à l'obligation déclarative. L'obligation de déclarer les fonds s'applique aussi aux couples, familles et personnes entre lesquelles existe une communauté d'intérêt, quand bien même ils transportent des sommes, titres ou valeurs d'un montant inférieur à 10 000 euros, dès lors que l'addition des fonds transportés par ces personnes dépasse le seuil de 10 000 euros ».
Voilà ce que l'Etat français, lui, fait avec 3 millions d'euros
En tout cas, il est clair que l’origine et la destination de ce pactole énorme -l’équivalent de 51 milliards d’anciens francs malgaches tout de même!- ne seront jamais connus (dans l’immédiat) du grand public. Ce sera un énième secret de Polichinelle d'Etat sous l'ère Rajaonarimampianina. Et tant pis s’il est totalement confisqué, les gens de l’actuel régime malgache ne sont plus à un milliard près, après deux ans (d'abus) de pouvoir… De toute façon, la communauté internationale et ses «aides ou appuis budgétaires» seront toujours là pour combler le vide (de leurs poches). Comme ICI.
Cependant, la capacité de l’expert comptable de diriger un pays se rapproche du zéro absolu, et gageons qu’il va vite se rattraper sur cette «perte». En tout cas, c’est une sale histoire d’argent sale qui a été découverte. Car, à quoi servent les transferts d’argent et les banques? Me Nicole Andrianarivoson ne pourra jamais dire que c’est pour payer l’écolage des enfants du couple présidentiel (ils sont tous à l’extérieur du pays), tout de même! Sinon, il faudra aussi dire d’où vient ce pactole. Mais même en ayant vendu leur maison de Tsimbazaza et leurs véhicules blindés, nous sommes très loin du compte. Très, très loin même.
Enfin, le plus malheureux et douloureux, pour le peuple malgache (complice par inertie de ce vol autorisé par le suffrage universel), est de se rappeler ses déclarations enflammées lorsqu’il était candidat et même une fois qu’il a été élu: «Ma priorité c’est de rétablir l’Etat de Droit, rendre effective la bonne gouvernance et instaurer la redevabilité des dirigeants. Pour ce faire, je prône l’indépendance de la justice et l’exemplarité des dirigeants». «Ny fitondrana ny raharaham-pirenena tsy ananako havana» (dans la conduite des affaires de l'Etat, il n'y a pas de questions familiales). A croire qu’il ne sait vraiment pas ce que traficotent ses frères (ICI un exemple sur les manigances de Aina Rajaonarimampianina à propos de pierres précieuses)
Hery Rajaonarimampianina entre ses deux avocats alors "indéfectibles"...
Certes, cette Nicole Andrianarivoson ne risque pas la prison en France ni même à Madagascar. Mais reste à savoir si elle va suivre le même chemin que l’autre avocat du barreau de Paris, Me Henry Rabary-Njaka (à gauche sur la photo ci-dessus), doublement limogé de ses postes de Directeur de Cabinet de la Présidence et de Président du CA d’Air Madagascar. Cependant, il y a un os au cas où Me Nicole est renvoyée pour «faute professionnelle»: elle a tant de secrets (d’état) qui risquent d’être dévoilés… Voilà pourquoi si cette «affaire» interpelle les gens honnêtes, il ne faut pas s'étonner. Le pire est à venir avec ce régime en totale perdition qui fait du forcing sur tout, comme s'il allait mourir demain (qui sera toujours un autre jour)...
L'argent emporté par le Général Florens Rakotomahanina et dont on ne sait plus ce qu'il est advenu. C'est le volume d'à peu près 2 milliards d'anciens francs malgaches en billets de 10.000 ariary
Der des der: étant donné que j’ai une foi inébranlable en la justice immanente, cette histoire de très gros sous venus de nulle part constitue la réponse à ce qui a été fait au Député de Madagascar Lanto Rakotomanga (ICI). Et personne ne sait plus rien de ce qui advenu de cet argent -emporté par le Général Florens Rakotomahanina- dont on connaît pourtant la provenance (une banque de la Capitale) et la destination (campagne pour les élections communales).
Jeannot Ramambazafy – 12 décembre 2015
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