Décidément, les présidents élus africains des pays colonisés par la France, ne pourront –ni ne voudront car qui veut peut- jamais se débarrasser du complexe du décolonisé. En ce qui concerne Madagascar, récemment, l’ambassadeur du royaume du Maroc et celui de l’Union européenne ont fait comprendre qu’il est préférable d’utiliser ses ressources propres si l’on veut vraiment avancer dans le développement du pays sans dépendre des autres. En matière de ressources, il y a les ressources naturelles et minières et surtout les ressources humaines.
Philippe Serey-Eiffel. En fait, pour cet arrière-petit-fils de Gustave Eiffel (celui qui a construit la Tour du même nom), il s'agit d'une promotion. En effet, avant d'être nommé ministre des Travaux publics d'ADO, il était Conseiller présidentiel puis Secrétaire général de la Présidence de la république de Côte d'Ivoire
Faisons un petit crochert en Côte d’Ivoire avant de revenir dans la Grande île de l’océan Indien. Une fois réélu président, Alassane Dramane Ouattara, alias ADO, a nommé le français Philippe Serey-Eiffel, en tant que ministre des Travaux publics de la Côte d’Ivoire. Sommes-nous bien en 2016?
Moustapha Savané, responsable de l’unité d’exploitation de la route d’Orsay (Direction interdépartementale de Routes d’Ile-de-France)
Dans ce pays, il existe au moins une centaine d’ingénieurs en ponts et chaussées formés en France tout de même ! Comme exemple, Moustapha Savané (Ivoirien comme son nom et son physique l'indiquent) fait partie des 1200 ingénieurs en ponts et chaussées existant en France. Pourquoi n’a-t-il pas été sollicité par ADO pour mettre son savoir-faire au service de son pays d’origine?
Il est plus que probable que c'est ce 3 février 1959 que les "instructions" de base de la future Françafrique ont été données, que les gouvernements futures soient de droite ou de gauche, pour l'intérêt supérieur de la nation française. Mais Charles de Gaulle n'avait averti personne concernant son décret du 1er avril 1960 qui n'inclut pas les îles éparses lors de la proclamation du retour de l'Indépendance de Madagascar, le 26 juin 1960
En fait, si l’on plonge dans les archives de l’Histoire politique de l’Afrique francophone, on se rend compte que la présence de Français dans les gouvernements africains, semble être devenue une « tradition ». Merci Jacques Foccart et la Françafrique.
Jean Millier, ingénieur des Ponts et Chaussées, aura inauguré cette "tradition" qui méprise les ressources humaines de l'Afrique francophone toute entière et qui revient à chaque changement au sommet de l'Etat
Comme vous pouvez le constatez, dans ces extraits de l’ouvrage de Grah Mel Frédéric, du temps du président Houphouët Boigny, il y avait déjà des Français dans le domaine des Travaux publics.
A Madagascar, même topographie du temps du président Philibert Tsiranana. Au retour de l’Indépendance, qui était ministre des Travaux publics –puis vice-président de la république- sous la première république? Un français dénommé Eugène Bernard Lechat (né le 21 mai 1919, décédé le 11 mai 2008). Eh oui. Or, Monsieur Lechat était… directeur d’école! Solidarité corporative, sans doute, Philibert Tsiranana ayant été instituteur de formation. Par ailleurs, du 8 juin 1958 au 15 juillet 1959, il était Sénateur de… Madagascar.
L'après XVIème Sommet de la Francophonie annoncera certainement le retour en force à Madagascar des "concessions" du groupe français Bolloré, déjà omniprésent mais jouant la carte discrète des enseignes prête-noms...
Au moment où un remaniement gouvernemental est dans l’air à Madagascar; après l’annonce du Président Hery Rajaonarimampianina d’un programme « zéro nids de poules sur les routes nationales malgaches », il ne faudra pas s’étonner outre mesure que ce soit aussi un Français qui devienne ministre malgache des Travaux publics. A quoi servent alors les ingénieurs malgaches dans ce domaine, qui sont aussi en grand nombre?
C’est ce mépris de ses propres compatriotes qui fait que l’Afrique francophone sera toujours en sous-développement permanent -et pour longtemps encore- car, jusqu’ici, à chaque changement de président élu, tous les compteurs sont remis à zéro. Mais le pire, c’est que c’est ce qui a été déjà fait -et qui a mené à rien du tout- qui est remis en branle. Incroyable, n’est-ce pas? Parti PSD 100%? Parti HVM 100% aussi. Mais que s'est-il passé en 1972, 1991 et 2009? A Madagascar, faute de repères et d’archives, l’Histoire ne sera qu’un éternel recommencement vers le sous-développement de plus en plus pérenne. Bref, René Dumont a encore et toujours raison, lorsqu’en 1962, il avait dit et prédit: l’Afrique noire est mal partie. Si elle a même démarré… René Dumont a fait indubitablement allusion aux anciennes colonies françaises. Car allez voir dans les pays du Commonwealth: l'écart de développement est plus qu'évident!
Jeannot Ramambazafy – 16 janvier 2016