Sincèrement, il n'y avait pas grand monde à l'Harabiye Auditorium, lors du speech en français du président malgache
La chancelière Angela Merckel et l'avion Force One aux couleurs de l'Allemagne, pays industrialisé riche et, donc, très développé. Cet avion est un Airbus A340-313X. Il a été baptisé VIP 16+1 "Konrad Adenauer"
Hery Rajaonarimampianina et son Jet Falcon 900EX. Un président de Madagascar, pays en voie de sous-développement avancé pourtant très riche en ressources naturelles et souterraines ainsi qu'en matières premières et en ressources humaines
Daniel Craig. Bond, appelez-le James Bond
Sean Penn et Ban Ki-moon et aussi son épouse
A l'ouverture du Sommet humanitaire mondial, en Turquie, il y avait Daniel Craig et Sean Penn, des acteurs de cinéma de renommée mondiale. Un autre acteur, mais dans le volet politique, était aussi présent, venu comme un grand des grands de ce monde en Jet Falcon 900EX. Il s’agit, bien évidemment, du président de la république de Madagascar actuel, Hery Rajaonarimampianina, qui a la particularité d’être le chef d’état avec un nom le plus long au monde.
Lors de son discours qui a duré un peu plus de 5 mn, il a servi l’énième plat réchauffé de la mendicité indirecte. A la 22è place des interventions (22, voilà les flics!), Hery Vaovao a été plus figurant qu’acteur principal à ce sommet dont les enjeux sont planétaires.
Mais la phrase-clé de ce discours (vous pourrez l'entendre intégralement et le voir dans la vidéo ci-dessus) est: «Nous voudrions vous dire aussi que les crises et les instabilités politiques et sociales se nourrissent de la misère et de la pauvreté, ainsi que des espoirs déçus».
ESPOIRS DECUS. Il l’a bien prononcé ces mots. Ainsi donc, il est au courant mais ne fait rien pour redresser la barre dans son pays, rien pour y remédier. Bien au contraire, la situation pourrissante aidant, l’écart entre les dirigeants malgaches actuels et le peuple, est devenu une énorme fracture due aux violations répétées de la constitution, au non-respect de la parole, à la corruption au sommet de l’Etat, à l’impunité vis-à -vis des proches du président lui-même.
« Différentes drames humaines ». Drame, nom masculin. Comment un homme aussi calé dans la langue de Molière comme lui peut-il faire une faute aussi grossière? Tout simplement parce qu'il avait la tête ailleurs et n'a fait que lire le texte qu'on lui a fourgué sans y prêter attention
A cela s’ajoute la hausse des produits de premières nécessité, sans rime ni raison. Bref, Madagascar s’appauvrit au fil du temps. Or, il a encore eu le culot de déclarer, sûr de recevoir des sous dont une partie ira... ailleurs: «Madagascar est également prêt à soutenir toutes les actions qui ont pour objectif de faire respecter la dignité et les valeurs humaines, et de promouvoir la lutte contre toutes les formes de violence et atrocités commises à l’encontre de la personne humaine en violation du Droit International Humanitaire et des Droits de l’Homme». Mister président-au-nom-le-plus-long comme un jour sans pain, n'a pas du lire le reportage de notre confrère Sébastien Hervieu, paru dans le journal "Le monde", le 19 mai 2016, et intitulé "Madagascar, la guerre des zébus" alors. Encore un menteur, un ennemi du développement que celui-là ?
Droits de l'Homme? Human rights in Madagascar? Is he serious?
Et c’est le comble! Ban Ki-moon était venu mais n’a rien vu. Pour cause. Tous les signes palpables au quotidien de la pauvreté humaine, de la dégradation des conditions de vie des Malgaches, ont soigneusement été éloignés de son parcours, durant son bref séjour à Antananarivo. Même les questions posées par les journalistes, ont été limitées à trois. Tandis que les pilotes d'Air Madagascar n'ont toujours pas été réintégrés, malgré une décision de justice sans appel. C'est çà le respect de l'état de droit sous Rajaonarimampianina. Et la communauté internationale va encore s‘étonner des grèves qui se généralisent dans tous les secteurs? Du côté de ces dirigeants assis sur des nuages dans leur paradis artificiel, le leitmotiv est « coup d’état »! Bientôt une mouche volant à basse altitude sur le palais d’Iavoloha sera appréhendée par les éléments de l’Emmoreg (fer de lance militaire du régime pour casser tout attroupement) et accusée de « mpanongam-panjakana ».
Réussie ou pas, cette opération est un signe flagrant que l'inertie du régime commence à taper sur le système des Malgaches. Et elle sera encore taxée de "coup d'état"
Et ils vont s’étonner de cette opération ville-morte dans la ville d’Antananarivo, ce 24 mai 2019. Pour la énième fois, je répète que j’ai voté pour lui le 20 décembre 2013. Cependant, je ne suis pas le seul à être complètement déçu après deux ans et demi, trois Premiers ministres (pour une éternelle remise à zéro de la mise en application d’un développement introuvable, avec un gouvernement de « combat » contre qui contre quoi ?) et les délestages qui perdurent. Il est donc de mon droit le plus strict, en tant que citoyen et journaliste indépendant, de dénoncer les dérives de ce régime qui a failli à sa mission et qui va continuer jusqu’à la faillite totale du pays tout entier, qui sera alors à la merci des intérêts financiers tous azimuts. Après «nos ancêtres les Gaulois», ce sera «nos ancêtres les Chinois, les Singapouriens, etc.» pointent à l’horizon d’un désastre humain sans précédent pour le peuple malgache. Avec cette vente à l'encan de toutes les richesses de la Grande île à des étrangers.
Je vais bientôt sortir un album-photos de Hery Vaovao avec tous les grands de ce monde au côté desquels il s'est pavané. Avec les résultats de ses grandes déclarations. Défense de rire, hein?!
Enfin, du côté des représentants du peuple, les mallettes ont fait leurs œuvres… Déjà qu'on ne parle plus du code de la communication qui avait fait l'objet d'un conseil des ministres. Mais sait-on jamais cette fois-ci? Certes, il finira comme ont fini tous les dirigeants de son espèce (sonnante et trébuchante), mais avant qu’il ne trébuche, que de dégâts, que de rancœur il laissera. Alors: Hery Vaovao for ever? Maybe but, in any event, the final countdown begins for him.
Jeannot Ramambazafy – 24 mai 2016