Le 22 juin 2016, lors d’une conférence de presse, le mouvement « Antso ho Fanavotam-Pirenena » (AFP- litt.: Appel pour sauver la nation) avait lancé un ultimatum d’un mois au Chef président Hery Rajaonarimampianina pour démissionner et pour remettre les pleins pouvoirs au président du Sénat Honoré Rakotomanana, conformément à la Constitution.
Ce délai ayant largement expiré, l’AFP a organisé une autre conférence de presse, le 10 août 2016 face à la surdité des dirigeants actuels.
« Ils favorisent la politique de la sourde oreille face aux différentes revendications et aux cris de détresse de la population qui subit une pauvreté extrême, la recrudescence de l’insécurité, l’inflation, le délestage et le vol de ses terres au profit des opérateurs étrangers. Qui met en vente les terres des Malgaches et les richesses naturelles du pays? Qui tue directement ou indirectement les différentes sociétés d’Etat telles qu’Air Madagascar et la Jirama? ».
« Qui est à l’origine des gabegies dans la gestion de l’argent public, les bois de rose et les pierres précieuses ? Qui bafoue la Constitution à travers la création de nouvelles forces politiques à l’Assemblée nationale, lors de la nomination des chefs de région et des Premiers ministres et qui refusent de mettre en place la Haute Cour de Justice? Qui est derrière la corruption au plus haut niveau des Institutions de l’Etat? Qui a verrouillé la démocratie et la liberté d’expression par l’utilisation des forces de répression ? Qui a favorisé la recrudescence de l’insécurité et les attaques des dahalo ? Les dirigeants actuels, le président Hery Rajaonarimampianina en premier, sont les seuls responsables de tout le malaise de la population et d’ignorer toutes les revendications sociales règne en ce moment ».
Faniry Razafimanantany
Le ton s’est durci et les propos ont été on-ne-peut-plus directs : « Il faut renverser rapidement ce régime pour mettre fin aux souffrances de la population qui en a assez de ces dirigeants qui refusent systématiquement d’écouter ses cris de détresse ». Ainsi, Faniry Razafimanantany, porte-parole de l’AFP, a lancé un appel aux simples citoyens, aux partis et groupements politiques, aux membres de la société civile pour que tous se rendent sur la place du 13 mai, avenue de l’Indépendance.
Date: vendredi 19 août 2016, pour une grande manifestation anti-régime. Objectif: le renversement du président Rajaonarimampianina.
La date de cette seconde conférence de presse (10 août), n’est certainement pas fortuite. En effet, il y a 25 ans, le 10 août 1991, la grande marche pour la liberté (« Diaben’ny Fahafahana ») dirigée par le Pr Zafy Albert, s’est terminé en bain de sang aux alentours du palais d’Iavoloha. On connaît la suite… Comment va se comporter le régime Hvm/Rajaonarimampianina face à ce réel danger ? Car, l’AFP n’est pas, n’est plus, la seule entité qui veut le départ de ces dirigeants qui, en plus de deux ans et demi, a littéralement paupérisé la majorité des Malgache.
En effet, il y a aussi  les entités «Mitsangana ry Malagasy» et «Hetsika Madagasikara ho an’ny Malagasy». Qui du Général Florens et ses bombes lacrymogènes ? « Nous n’avons pas peur d’être arrêtés. Nous sommes prêts à faire face aux forces de répression. D’ailleurs, nous n’envisageons pas de déposer une demande d’autorisation auprès des autorités puisque, de toute manière, notre demande sera systématiquement rejetée.
Alors, un coup d’état -prévisible et pas impossible-, selon la définition même, et déjà perçu par des spécialistes américains en 2014? Non, le début d’une nouvelle et inexorable révolution populaire qui se fera par étapes. En tout cas, le défi est lancé. La population suivra-t-elle le mouvement? Qui vivra verra...
Jeannot Ramambazafy – 11 août 2016