Violette Kakyomya et Hawa Ahmed Youssouf, à fin août 2016, au-dessus de leur pays respectif
Certes, elle est conseillère « spéciale » représentant la commission de l’Union africaine (UA), mais elle est djiboutienne avant tout. Je veux parler de Hawa Ahmed Youssouf qui s’est permis de juger, voire condamner, les Malgaches sans discernement alors que dans son pays natal, ce n’est pas le paradis. Découvertes, avant de revenir un peu sur les propos de cette femme qui insulte carrément mon pays et mes compatriotes.
Alors, vous savez quoi? Le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, a été réélu, en avril 2016, pour un quatrième mandat. Or, il avait promis de se retirer au terme du troisième. Plus encore, bien que boycottées par trois partis de l'opposition, les élections se sont soldées par un score aux allures soviétiques, avec près de 87% en faveur du président sortant. Actuellement (mois de septembre 2016), la petite république de Djibouti est (aussi) entre les mains de la Chine qui a surpassé les U.S.A. en tant que premier partenaire économique.
Et, sous la pression de groupes chinois, le président Guelleh a fait de la construction de deux aéroports -à Djibouti et à Ras Ryan, dans la région d'Obock-, un projet présidentiel prioritaire de son quatrième mandat. Le marché de 559 millions de dollars a été acquis par l'entreprise China Engineering Construction Compagny. Il est vrai que le ridicule ne tue plus car, vraiment, dans un pays de 23 200 km² où près de la moitié de la population est au chômage, quel pourrait bien être l'intérêt de la construction de deux aéroports des plus modernes? Sans compter que les compatriotes de Hawa Ahmed Youssouf seront toujours loin de bénéficier des retombées économiques de tels investissements.
A Djibouti donc, tout n’est que façade. Car, malgré une croissance annuelle de près de 5%, l'extrême pauvreté touche 42% de la population. Djibouti occupe, sur 187 pays, le 170ème rang de l'indice de développement humain des Nations unies, reflet d'une répartition particulièrement défaillante des richesses. Si l'attractivité du marché est réelle, jusqu'à présent, les créations d'emplois ont surtout bénéficié aux travailleurs expatriés, la main-d'œuvre locale étant insuffisamment qualifiée. Selon Adboulaye Casoweh, spécialiste de l’Afrique : « La captation des richesses par une poignée de dirigeants mine pour l'heure le développement du pays, et finira, inévitablement, par représenter un plafond de verre ».
La question sous forme de titre est donc pertinente: Hawa Ahmed Youssouf entend-elle « djiboutiser » Madagascar? Car, avec ses propos, elle veut résolument faire du président Rajaonarimampianina un clone de son président. Elle prétend qu’il appartient aux Malgaches de trouver une solution à l’actuelle crise socio-politico-économique actuelle mais elle ne s’est pas empêcher de tenir des propos assez menaçants sinon franchement à relents colonisateurs. C’est la nuance entre elle, Djiboutienne, et elle représentant l’UA. Le grand malheur c’est que sa « collègue » du PNUD, l’Ougandaise Violette Kakyomya (Ouganda où les combats ethniques font rage), se fait complice et cautionne également l’instauration d’un Djibouti de l’océan Indien. Djibouti qui, rappelons-le, n’a de richesse que sa position géostratégique.
Ainsi, en 2018 -qu’il faut donc attendre-, Hery Rajaonarimampianina sera réélu et, comme Ismaïl Omar Guelleh, également en 2023, 2018 et 2025. Heureusement que les 24 millions de Malgaches actuels n’ont pas tout à fait le même état d’esprit ni la même culture que les bientôt 900.000 Djiboutiens. Ici, les moutons finiront par devenir enragés à force d’oppression et d’injustices par trop flagrantes et qui sont passées sous silence par des diplomates qui se repaissent et profitent des avantages du pays du « moramora ». Loin des réalités sociales. Aussi, quand çà va péter, çà pètera, n’en déplaise à la Communauté internationale « qui a les yeux fixés sur Madagascar ». Sur Soamahamanina, sans doute (ICI)
Car une chose est claire désormais: de toute l’Histoire de Madagascar, Hery Rajaonarimampianina est le président élu le plus haï de son peuple. Il faudra y mettre un terme, même avant terme. Pour limiter les dégâts, ce n’est pas d’un coup d’état dont il est question mais d’une révolution pour stopper les méfaits paupérisant d’une oligarchie à la fois institutionnelle et de fait dont la raison d’être encore repose sur les armes et les mallettes bourrées d’argent.
Son « Qui va financer des élections anticipées » indique clairement que c’est la communauté internationale qui va financer celles de 2018. Et le schéma décrit par Slateafrique en 11 points, à propos de la récente élection présidentielle au Gabon, se renouvellera à Madagascar, hormis une possible réédition du « ni-ni » imposé en 2013 (interdiction à certains candidats de se présenter):
1. Les candidats revendiquent la victoire avant le vote
2. La police se déploie dans les rues le jour de l’élection
3. Le leader de l’opposition est un ancien ministre
4. Le président sortant qui détourne l’argent du pétrole promet plus d’égalité
5. Le nombre de votants dépasse le nombre d’inscrits dans certaines circonscriptions
6. La télé nationale diffuse des documentaires animaliers le jour de l’élection
7. Internet ne fonctionne plus pendant l'élection
8. La commission électorale est composée de proches du président
9. L’annonce des résultats est repoussée de trois jours
10. Le résultat ne correspond pas au PV
11. L’ONU rapporte «quelques irrégularités» dans le processus démocratique
A Madagascar, la loi et pour certains hommes de lois, c’est plus tu voles, plus tu es intouchable. Qui jugera, dès lors, les juges sinon des archives écrites comme mon dernier ouvrage? Hawa Ahmed Youssouf et Violette Kakyomya recevront bientôt un exemplaire chacune. Alors, elles comprendront vraiment qu’il est temps que les Malgaches prennent leur destinée en mains. Sinon les « Menalamba » de 1895 et leurs descendants de 1972, 1991, 2002 et 2009 seront morts pour rien…
«Il y a beaucoup de projets en cours, des fonds sont disponibles pour le pays (…) Madagascar ne doit plus retourner en arrière», a aussi déclaré cette Djiboutienne. Et alors ? Rien ne pourra se bâtir sur le sable mouvant Hvm. Les fonds seront détournés, laissant encore des éléphants blancs comme ceux de l’après Didier Ratsiraka. Une refondation est incontournable, vitale pour éviter une catastrophe socio-économique pire. Ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir?
L’hymne national français émanant de la révolution de 1789, qui a coûté la tête au roi Louis XVI, ne dit-il pas: « Aux armes citoyens »? Il est plus que d’actualité dans cette ancienne colonie… française. Et si quelqu’un dit que j’incite à quoi que ce soit, ce quelqu’un n’est pas Malgache et a peur de la Vérité qui vient de sortir de son puits. Nue. Enfin, si ma plume -façon de parler- vous vrille la cervelle, c’est la faute à mon linceul. Car chez nous, « izay maha sahy ihany no mifono lambamena ». Faites-vous traduire.
Adboulaye Casoweh, Jeannot Ramambazafy, Slateafrique