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A la Une du quotidien Midi Madagasikara de ce 13 février 2017, on peut lire: « Andry Rajoelina: rien ni personne ne m’empêchera d’être candidat en 2018 ». Nul ne sait où et quand le journaliste, auteur de ce titre à sensation, a entendu cela -que ce soit en malgache ou en français-. Mais, en tout cas, pas lors de la traditionnelle cérémonie d'échange de vœux de bonne année entre les responsables et membres du parti TGV et du groupement MAPAR, le dimanche 12 février 2017. Là , hormis les souvenirs communs et les références bibliques à propos du silence -tiré de l'Ecclésiaste-, il avait plutôt déclaré: «Je voudrais attirer votre attention sur le fait que le pays est tombé très bas (« latsaka lalina ny firenena »). Le patriotisme signifie préserver la population en général, les plus démunis en particulier. Ne vous laissez pas intimider ni rabaisser… Tôt ou tard, nous vaincrons». Vidéos ci-dessus. Il ne s’est jamais déclaré candidat pour 2018.
Les gars, il faut avoir un minimum d’honnêteté intellectuelle si on veut rester longtemps dans ce métier de vrai journaliste… Pour sa part, le député Rahantanirina Nina, élue à Mahajanga s’en est porté témoin à la radio cet après-midi (vidéo ci-dessus).
Cette journée dominicale a été marquée par une ambiance ponctuée d'émotions, de rires et de danses, mais surtout des doléances émanant de toutes les régions de Madagascar réclamant l'engagement patriotique auprès du peuple malgache dont le Président Andry Rajoelina a fait preuve durant la période transitoire. « Le peuple malgache veut retrouver l'espoir d'un lendemain meilleur », s'est exclamé l'un des représentants de la population de base, venu assister à ce rassemblement. « Vous êtes notre espoir, Monsieur le Président, et nous croyons en votre courage et patriotisme », ont-ils aussi déclaré à l’unisson.
Il est donc clair que l’ancien président de la transition sera candidat à la prochaine élection présidentielle si -et seulement si- le peuple le veut. Quoi qu’il en soit, le compte à rebours a déjà commencé, si l’on se réfère à l'article 47 de la constitution de la 4eme République de Madagascar, qui stipule que l'élection du Président de la République a lieu trente jours au moins et soixante jours au plus, avant l'expiration du mandat du Président en exercice.
Etant donné que le mandat de l'actuel président a débuté le 25 janvier 2014 et qu’il expire le 25 janvier 2019, les élections auront lieu entre octobre et novembre 2018. Ainsi, Hery Rajaonarimampianina doit démissionner de son poste de Président de la République avant ce délai imparti, s’il veut se représenter pour un second mandat. Dans ce contexte, une course aux annonces ne va pas tarder de la part de tous les prétendants à la magistrature suprême de Madagascar.
L'ancien Président Marc Ravalomanana a déjà annoncé officiellement sa candidature, malgré les lourdes condamnations judiciaires dont il fait l'objet. En passant, saviez-vous que M. Ravalomanana doit plus de 900 milliards d'anciens francs à l’État donc au peuple malgache? Mais les tenants du pouvoir actuel font comme si de rien n’était. Quand au favori du parti HVM, Hery Rajaonarimampianina -car c’est lui- restera le seul candidat à sa propre succession sauf… délestage imprévu de son parti.
Andry Rajoelina Ă Ambohimangakely, le 23 janvier 2016
Enfin, en ce qui concerne Andry Rajoelina -mis sous les feux de l’actualité d’une manière inexacte-, il n’a donc, et jusqu’à preuve du contraire, fait aucune déclaration officielle. Cependant, s’il est plébiscité, il se (re)trouvera en face du défi de la cherté de la vie, de la paupérisation avancée et de la fierté nationale. Sera-t-il un énième homme providentiel ou bien un authentique patriote révolutionnaire qui ne recule jamais devant son devoir? Quoi qu’il en soit, rappelons-nous de ce qu’il a dit, à Ambohimangakely, le 23 janvier 2016 (vidéo ci-dessus): « Faire de la politique n'est pas seulement une obligation, c'est un devoir ».
Koen Vervaeke lors de son passage Ă Antananarivo
Pour ce qui est des « conditionnalités électorales », à la suite des déclarations récentes de l’ambassadeur de l’UE, l'Espagnol Antonio Sanchez-Benito, ayant parlé d’élection inclusive et de la « contre-attaque » de Rivo Rakotovao, j’en reparlerai dans un prochain article. En vérité, c'est le Belge Koen Vervaeke, Managing Directeur pour l'Afrique au SEAE (Service Européen pour l'Action Extérieure) qui avait prôné pour «une élection inclusive et la plus transparente et crédible possible en 2018». C'était début octobre 2016 à Antananarivo. Voici les déclarations exactes de M. Vervaeke: «C’est dans le cadre des élections de 2018 que nous sommes ici. Je mène une délégation d’experts électoraux de l’Union européenne qui sont ici, ensemble avec les partenaires malgaches pour formuler des recommandations, trouver comment renforcer les cadres législatifs des élections. L’ambition, je crois que Madagascar la partage avec l’Union Européenne, c’est d’arriver à des élections inclusives, les plus transparentes et crédibles possibles».
Hery et Rivo, les copains rotariens
En tout cas, que le président de la république, le parti Hvm et son président -qui s’agenouillent devant tous les bailleurs de fonds-, ne perdent pas de vue que c’est la Communauté internationale qui va financer la prochaine élection présidentielle à Madagascar. Malgré leur résistance de fanfarons, ils plieront avant de plier bagages. Démocratiquement. Sinon? Crainte d'un nouveau 2002 et non d'un «2009 bis», ami Davis R -DISCOURS INTÉGRAL EN VIDÉO ICI-
Texte: Jeannot Ramambazafy - Photos: Harilala Randrianarison – 13 février 2017