Antananarivo, 22 mars 2017. Peut-être que les étrangers venus assister à l’inauguration de la bibliothèque de l’EPP (École primaire publique) située à Antanimbarinandriana, n’ont pas tout compris mais ils ont été les témoins de deux faits qui n’arrangent ni l’État de droit ni les droits de l’Homme à Madagascar sous ce régime Rajaonarimampianina.
Postées là pour être bien vu du Prezidà Hery à son arrivée, avant de s'asseoir par terre, derrière le public debout
Plus: ils ont assisté à une campagne électorale avant l’heure qui ne dit pas son nom. Le maître d’œuvre de cet «exploit» qui n’a jamais mené le pays nulle part depuis la première république du président Philibert Tsiranana? Il se nomme Rakotonanahary Ndranto, actuel chef de la région Analamanga par la grâce d'un décret présidentiel...
Transcription de son discours en malgache dans la vidéo ci-dessus:
« Ary izany no mahatonga anay androany nifampitaona amin’ireo vahoakan’Antananarivo Renivohitra. Ary dia manome toky anao izahay Prezidà hoe: manana olona betsaka ianao eto Antananarivo Renivohitra. Ireo izy ireo Andriamatoa Filoha, ampahany ihany ireo, notohanam-potsiny raha ny faniriany. Ny filoham-pokontany vehivavy rehetra eto aminy Antananarivo Renivohitra ireo an, tsisy banga na iray fa ireo daholo izy rehetra. Ny filoham-pokontany lehilahy moa any anatinatiny any fa betsaka koa izy ireo no tonga »
Bizarrement, la vidéo de la TVM, chaine nationale malgache, est muette, SANS SON, sur youtube. Vérifiez ICI si le cœur vous en dit
Traduction libre du discours propagande du chef de la région Analamanga
Et c’est ainsi qu’aujourd’hui nous avons mobilisé les habitants d’Antananarivo, Capitale [de Madagascar]. Et nous pouvons vous assurer, Monsieur le Président que vous avez de nombreux partisans ici à Antananarivo, Capitale. Les voilà , Monsieur le Président. Vous n’en voyez qu’une partie bien que beaucoup avaient souhaité venir. Mais toutes les présidentes de quartier sont là , au grand complet, sans aucune absence. Quant aux présidents de quartier, ils sont éparpillés dans la foule mais ils sont aussi venus nombreux.
Toutes ces "présidentes des 192 quartiers d'Antananarivo" ont plutôt l'air de se cacher des hôtes de marque dans la tribune officielle. Non?
Bravo! Et l’on parle de dépolitisation de l’administration et de décentralisation effective à Madagascar! La réalité est que tous les président(e)s des 192 quartiers («fokontany») de la ville d’Antananarivo ont été sommé(e)s de «fournir» 15 personnes par quartier, qui ont été dotées d’un T-shirt HVM («Hery Vavaon’i Madagasikara»). En cas de refus, il y aura des sanctions car tous dépendent de l’administration régionale.
Pourquoi se cacher et ne pas montrer la fierté d'être HVM? Parce que leur présence s'est faite à contre-cœur, de manière forcée
Bien évidemment, les petites gens ont peur. Ils ont toujours peur depuis le PSD (Parti social démocrate) de Philibert Tsiranana. Par ailleurs, il parle de la Capitale Antananarivo et personne n’a trouvé bizarre l’absence de la mairesse Lalao Ravalomanana née Rakotonirainy - au moins d'un(e) représentant-, et de l’absence de tous signalétiques de la Commune urbaine d’Antananarivo. Effacés ! En tout cas ce que le chef de région Rakotonanahary Ndranto a cru bon de faire, pour son matricule personnel, n’est donc pas un scoop. Mais d’où sort-il celui-là ?
Lorsque son prédécesseur, Manjara Andriambololona a été élu Sénateur sous l’étiquette Hvm, Rakotonanahary Ndranto a été nommé par décret par le président de la république.
Dans le milieu sportif, celui du basket-ball pour être précis, il est connu sous le surnom de Tagg. D’ailleurs, il est le General manager de l'équipe nationale malgache.
Autre corde à son arc, depuis 2006, il est «financier» (çà veut tout dire sans rien dire. Expert-comptable aussi peut-être?...) dans la société Mitraco à Madagascar. Fondée à Lomé (Togo) depuis Juillet 1990, Mitraco est devenue une entreprise tiroir multinationale de transit, de manutention et de consignation.
Mi-décembre 2015. Passation entre Rakotonanahary Ndranto et Manjara Andriambololona, autre homme caméléon, élu Sénateur HVM
Lors de la passation de service, le nouveau chef de la région Analamanga a dit, entre autres: «Nous devons redoubler d’efforts parce que nous devons relever des défis. Je demande à tous les collaborateurs un esprit d’ouverture».
Esprit d’ouverture, hein? Et puis, en passant, en cette année 2017 sommes-nous toujours en période de transition à Madagascar?
Je me pose la question car, dans la Constitution sur laquelle le candidat n°3 Hery Vaovao a prêté serment qu’il la respectera comme la prunelle de ses yeux, on lit noir sur blanc ce qui suit:
CONSTITUTION DE LA IVè RÉPUBLIQUE DE MADAGAGASCAR
Chapitre II. Des régions.
Article 153.
Les régions ont une vocation essentiellement économique et sociale.
En collaboration avec les organismes publics et privés, elles dirigent, dynamisent, coordonnent et harmonisent le développement économique et social de l'ensemble de leur ressort territorial et assurent la planification, l'aménagement du territoire et la mise en œuvre de toutes les actions de développement.
Article 154.
La fonction exécutive est exercée par un organe dirigé par le chef de Région élu au suffrage universel.
Le chef de Région est le premier responsable de la stratégie et de la mise en œuvre de toutes les actions de développement économique et social de sa région.
Il est le chef de l'administration de sa région.
Article 155.
La fonction délibérante est exercée par le Conseil régional dont les membres sont élus au suffrage universel.
Les députés et les sénateurs issus des différentes circonscriptions de la région sont membres de droit du Conseil régional, avec voix délibérative.
Plus de trois ans après l’accession au pouvoir de Hery vaovao, aucun chef de région n’a donc été élu au suffrage universel. Ils ont tous été nommés par décret en conseil des ministres. Ce qui est anticonstitutionnel, hors-la-loi, outlaw! Et aucun représentant du peuple malgache n'y trouve à redire. Incroyable et vive l’État de droit rajaonarimampien!
Mais pourquoi rester en si bon chemin… de perdition? L’autre semaine, lors d’un match de basket-ball féminin ayant opposé l’équipe du MB2ALL à celle de FANDREFIALA, le chef de la région Analamanga -également dirigeant du club MB2ALL-, à la suite d’une altercation entre son entraineur et un arbitre, est intervenu et a tenu des propos racistes et a lancé des insultes et des gros mots entendus par tout un public venu nombreux. Ce, à l’adresse de l’arbitre qui, de colère, a ôté son maillot d’arbitre.
Tagg!
Usant, sinon abusant alors de son pouvoir, Monsieur le chef de région a appelé à la rescousse les gars de l’Emmoreg (forces mixtes opérationnelles) et des policiers pour venir appréhender l’arbitre qui, de son côté, a alors appelé "quelqu’un" au téléphone. Lorsque les forces l’ordre sont arrivées, l’arbitre a passé le téléphone à leur chef. Comme par enchantement, tous ces gars en uniforme se sont retirés. Devinez pourquoi. Je vous le donne en mille: cet arbitre est également un… garde-du-corps de la première Dame, l’épouse de celui qui a nommé ce chef de région qui ne sait pas se tenir ni tenir sa langue en public. Esprit d'ouverture et esprit sportif où étiez-vous?
Un peu minable que ce forcing. Et toujours cette impression à l'image d'une présence non désirée. Antananarivo II c'est mon arrondissement de résidence et je vous garantis que le Hery vaovao n'y est pas en odeur de sainteté
Décidément, Nemo auditur propriam turpitudinem allegans (nul ne peut vraiment pas prévaloir de sa propre turpitude), hein? Pauvre région Analamanga, pauvre pays Madagascar. Là , Rakotonahary Ndranto s’est bien fait… tagger.
Jeannot Ramambazafy – 25 mars 2017