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Madagascar 29 mars 1947. Où sont le pardon, la levée de la prescription, les réparations?

Citation de Martine dans « Les femmes savantes » acte II, scène 5 de Molière et couverture du livre de Jean-Luc Raharimanana avec une photo du Fonds Charles Ravoajanahary

29 mars 1947-29 mars 2017. Voilà bien 70 ans qu’ont eu lieu des massacres qui, au fil du temps, ont été interprétés de diverses manières, sachant tous le proverbe: «qui veut tuer son chien l'accuse d'avoir la rage». Tout le reste n’est que baratin de colons, de traîtres et de collabos.


Vincent Auriol, président français du 16 janvier 1947 au 6 janvier 1954. Il était sûrement en train de signer un décret pour envoyer des troupes de répression à Madagascar

La France socialiste colonialiste de l’époque savait que quelque chose se tramait et allait exploser. Et c’est en toute connaissance de cause qu’elle a laissé faire l’attaque des Français à Moramanga, dans la nuit du 29 au 30 mars 1947 (Ce 29 mars 1947, dans la nuit de samedi à dimanche, le camp de la gendarmerie Tristani à Moramanga, sur la voie de chemin de fer entre Antananarivo et Tamatave, est soudainement attaqué, de même que des concessions du fleuve du Bas-Faraony et la ville de Manakara, sur la côte est - Philippe Leymarie, Le Monde diplomatique, mars 1997). Ce, pour justifier les horribles actes commis au nom de la loi du plus fort jusqu’à fin 1948. Cela a été dénommé « insurrection malgache ».


Vous n'avez pas la berlue: c'est bien écrit 67è anniversaire!

Et ces personnages sont encore au pouvoir jusqu'en 2018, çà promet...

Depuis janvier 2014, Madagascar est dirigé par un président élu qui n’a pas une once de patriotisme. Pas plus que son entourage. Et sa première commémoration du 29 mars, a sûrement fait se retourner dans leur tombe les dizaines de milliers de Malgaches tués par les Français épaulés par des tirailleurs sénégalais. En effet, comment a-t-il osé confondre une journée de recueillement avec un anniversaire? Il y a bien eu un gâteau, du champagne et des chansonnettes. Incroyable mais vrai. Et personne n’a rien dit, ne dit rien et ne dira jamais rien. Heureusement que les preuves de cette authentique forfaiture sont immortelles.

Marc Ravalomanana le 23 juillet 2005, devant le président Chirac: «Je n’étais pas né à cette époque et je ne sais rien de ce qui s’est passé»

Mais bien avant lui, Marc Ravalomananana, alors président élu en exercice, a aussi marqué de son empreinte la commémoration du 29 mars, en 2005. Lui, c’est devant un Jacques Chirac sidéré, mais qui s’est contenu, qu’il a débité aux journalistes ayant posé la question sur cette date: «Je n’étais pas né à cette époque et je ne sais rien de ce qui s’est passé. Mais ce n’est pas une source de blocage pour travailler ensemble». Diables de présidents que ces deux-là aux réflexes anti-patriotiques à outrance. 70 ans plus tard, aucun dirigeant malgache n’ose demander les trois choses que le peuple malgache attende depuis belle lurette: le pardon, la prescription, les réparations.

Hery Rajaonarimampianina avait eu une occasion en or, durant la visite du président François Hollande qui a déposé une gerbe et pondu un discours à la stèle de l’ange noir (« Anjely mainty ») -devenu doré depuis-, à Anosy. Mais il a gardé le silence des lâches, des complices, des colonisés, des traîtres. Bah, il a eu le même comportement par trois fois à l’ONU à New York en ce qui concerne les îles malgaches du Canal de Mozambique et de l’océan Indien. Or, il avait promis de lutter durement (« hiady mafy ») pour leur restitution, alors qu’il était un candidat de substitution en 2013. Passons.

Pour ce 29 mars de cette année 2017, je publie à nouveau un dossier que j’ai écrit en 2007 -il y a donc 10 ans- lorsque que je travaillais au quotidien Madagascar Tribune papier, qui n’a rien à voir avec l’actuel Madagascar Tribune en ligne. Vous constaterez que rien n’a changé et que rien ne changera tant que Madagascar ne sera pas dirigé par un président élu de la trempe de Nelson Mandela ou encore de Paul Kagame qui n’oubliera jamais les massacres commis dans son pays d’avril à juillet 1994 dans son pays devenu, pourtant, un des plus avancés d’Afrique en matière de NTIC et d’énergie solaire. Voilà le résultat du vrai patriotisme…

La France doit-elle déterrer ses cadavres?

Le 7 mars 2007, le confrère français Thierry Leclère, a écrit un article dans Télérama n° 2982. Sa pertinence est digne un véritable nationaliste malgache, objectivité en prime, et je le remercie de m’avoir cité dans cet article intitulé «La colonisation à Madagascar: la France doit-elle déterrer ses cadavres ?», dont je vous donne des extraits saillants.

«Madagascar? 1947? Connais pas». Soixante ans après, que reste-t-il de l’un des massacres les plus importants de l’histoire de la France contemporaine. Rien ou quasiment. Rangée dans la catégorie des « crimes coloniaux », la révolte de centaine de milliers de Malgaches, en mars 1947, s’est soldée par une boucherie dont l’ampleur est encore méconnue. L’armée coloniale française a-t-elle massacré, en quelques semaines, de 80.000 à 100.000 personnes, comme l’ont longtemps cru les chercheurs? Ou faut-il diviser le chiffre par deux, comme l’affirme aujourd’hui l’historien Jean Fremigacci? (…) Alors qu’aujourd’hui hommes politiques et intellectuels français invoquent à tout propos le «devoir de mémoire», ce dernier semble singulièrement sélectif. Cette amnésie qui dure depuis soixante ans ne laisse pas susciter des questions sur les ressorts de la mémoire collective et l’écriture de l’histoire : quelles censures ou autocensures, à Paris comme à Antananarivo, ont eu raison du travail des chercheurs et conduit l’oubli des manuels scolaires? (…).

Aujourd’hui, le souvenir des ces évènements s’estompe chez une population très jeune, même si des politiques continuent d’instrumentaliser ce passé: «Arrêtons ainsi de faire de 1947, un élément de gestion des passions politiques du présent! Arrêtons de sacrifier la mémoire de 1947 sur l'autel de la fabrique politique de l'histoire», s’insurge le journaliste Jeannot Ramambazafy (Madagascar Tribune, mars 2004). Alors que de nombreuses voix montent, en France, pour réhabiliter, ou tout du moins justifier, l’épopée coloniale, la question de l’écriture de l’histoire de la colonisation est un enjeu fort (…). Cette tentative de réhabilitation n’a fait que s’amplifier jusqu’à l’adoption, en février 2005, d’un article de loi vantant « le rôle positif » de la colonisation française. Un texte qui a provoqué, on s’en souvient, une telle polémique que le président Chirac l’a fait abroger.

« Déterrer les cadavres, c’est déterrer toutes les haines, appliquer la loi du talion à des siècles de distance », écrivait Pascal Bruckner dans un essai encensé par presque toute la presse. Étrange conception qui considère que l’histoire coloniale est déjà écrite et que « il vaut mieux exalter les triomphes que les deuils », poursuit Bruckner, s’émerveillant « d’habiter dans ce continent, l’Europe, boussole morale de la planète ». A l’appui d’historiens comme Daniel Lefeuvre, dénonçant la propension des Français à se flageller et à verser dans la « repentance », l’ancien ministre socialiste Max Gallo s’emporte contre ceux « qui veulent que la France s’agenouille, baisse la tête, avoue, fasse repentances, reconnaisse ses crimes et, tondue, en robe de bure, se laisse couvrir d’insultes » (…).

De Madagascar en Algérie, la France doit-elle réparation, ou au moins des excuses officielles, aux ex-colonisés ? Jacques Chirac, lors d’un voyage à Madagascar en 2005, s’est engagé dans cette voie : «Il faut avoir conscience du caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial», a-t-il dit. Mais loin de saisir la perche, le président malgache lui a répondu qu’il n’était pas né à cette époque, et que «ce n’est pas une source de blocage pour travailler ensemble»! Le travail de mémoire n’est pas une mince affaire…


Thierry LECLERE (Télérama n°2982 du 7 mars 2007).

L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions


En ce mois de mars 2007, la mendicité directe a fait place à une astuce du genre du questionnaire du prochain referendum. En évoquant l’esprit et la notion de solidarité, on mise tout sur le téléthon. Ainsi, dans ce charmant esprit de faire des amalgames, il y aura le lancement officiel et gouvernemental d’un téléthon -sur une période d’un mois !- pour les victimes du cyclone Indlala, dans le cadre de cette commémoration festive du 29 mars 1947. Ce sera l’après-midi, sur une avenue de l’Indépendance ravalée pour la circonstance. Puis, il y aura des radios-crochets, des chants, des poèmes… exactement, je me souviens, comme du temps de la Première république où un podium était dressé là pour amuser la foule pareillement, fêtant le 14 octobre, avènement de la République malgache. Cette date a été jetée dans les oubliettes de l’Histoire depuis.

Créer un puissant lobby

10 ans plus tard, avec un président comme Hery vaovao, qui a tendance à effacer l’Histoire même de son pays -sauf le 29 mars!-, c’est simple: tant pis pour nous Malgaches! Ce qu’il faudrait faire, bien que cela relève vraiment du domaine de l’utopie avec la mentalité ambiante de pleutres de couards et de lâches, c’est de créer un lobby puissant qui permettrait d’ouvrir les archives, en France, au grand public. Sinon la fameuse prescription de 50 ans ne sera qu’une proscription indéfinie. Mais que faire face à un chef d’État qui a une façon très bizarre de raisonner ? Pour sa prochaine dernière année de mandat, ce sera donc église, dépôt de gerbes, remises de médailles, en plus des défilés et autres mélopées sentimentales et puis la vie continue en vendant la Patrie à travers des «projets présidentiels» démentiels? D’ici là, les rescapés se compteront sur les doigts d’une main. Certes, leur pécule a été un peu augmenté depuis, mais de là à clamer «Bonne fête de 47», ce serait injurier tous nos ancêtres qui ont lutté. Bah, qui vivra verra…

Pour ce 29 mars 2017, la commémoration va en empirant: toute manifestation, tout attroupement, sont interdits, comme il est interdit d’aller déposer des gerbes à la stèle commémorative à Ambohijatovo avant le président Hery Rajaonarimampianina. Sinon, «on va prendre des mesures» («Handray fepetra»), a clamé le vaillant Général Florens Rakotomahanina qui n’est même plus à présenter ici. Pour le côté humour noir, l’attitude de l’ancien président qui avait déclaré ne rien connaître de cette histoire car n’étant pas encore né à l’époque ? Un rassemblement au Magro de Behoririka pour «commémorer le 29 mars». En sa présence.

Ennemi ou ami ? A vous de voir

Bah, Laissons donc ces messieurs-dames qui sont nés après 1947 commémorer à leur façon. Souhaitons-leur de dormir du sommeil du juste. Moi, personnellement, je vais bien ronfler du sommeil du sage convalescent, après ce devoir de mémoire que je vous prie d’imprimer pour les générations futures après l’avoir lu attentivement. Ce n’est pas un roman de fiction mais la somme de réflexions sur un génocide qu’on cherche à escamoter avec de la phraséologie qui me fait passer pour un ennemi de je-ne-sais-plus-quoi. Mais mieux vaut être ennemi de quelque chose que faux ami de rien du tout, n’est-ce pas ?

Enfin, autre fait à relever également: subitement, malgré un calendrier précis qui indique que le Nouvel an malgache, c’est plutôt en septembre 2017, voilà que quelques entités bien malagasy ont trouvé qu’il tombera demain 28 mars, jour où les boissons alcoolisées doivent être interdites de vente. Or, le nouvel an n’est-il pas synonyme de fête bien arrosée? Une affaire de baratin de colons, de traîtres et de collabos vous ai-je dit au début. Et franchement, je préfère être solitaire mais solidaire. Même si, à Madagascar, la mémoire collective n'est que folklore et, bientôt, ne sera plus que contes et légendes d'un peuple étranger dans son propre pays. Merci qui?... Quant à la semaine de la Francophonie: qu'est-ce ces massacres de 1947-1948 à Madagascar y font, comme s'il s'agissait d'un thème, d'un sujet... expérimental?

Jeannot Ramambazafy 27 Mars 2017

Mis à jour ( Jeudi, 30 Mars 2017 04:48 )  
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