Drôle de phrase, n’est-ce pas? Pourtant, elle résume tout à fait la situation socio-politique qui prévaut à Madagascar en ce mois de janvier 2018 en train de s’achever déjà , inexorablement. Comme s’achève le mandat d’un expert-comptable qui n’aurait jamais du être président de la république.
Depuis plusieurs mois déjà , le président Hery Rajaonarimampianina fait une fixation sur le demi-siècle passé, dirigé, donc, par des incompétents tous autant qu’ils sont, selon lui. De 1960 à 2018, il y a eu, à Madagascar, quatre présidents de la république élus (Philibert Tsiranana, Didier Ratsiraka, Albert Zafy, Didier Ratsiraka de nouveau, Marc Ravalomanana) et six chefs d’état ayant dirigé le pays par la force des choses (Gabriel Ramanantsoa, Richard Ratsimandrava, Gilles Andriamahazo, Albert Zafy, Norbert Ratsirahonana, Andry Rajoelina). Sur ce volet historico-culturel, Hery vaovao gagnerait une manche de questions pour un champion, avec ou sans Julien Lepers. Mais pour le reste, il ne passerait même pas le premier tour d’éliminatoires sélectives.
C’est bien de connaître un pan de l’Histoire de son pays, mais c’est criminel, à son niveau, que de ressasser comme une comptine enfantine, que la pauvreté d’aujourd’hui date de jadis et naguère. Mais qu’a-t-il donc foutu durant ces quatre dernières années au pouvoir, sinon raccommoder par des formules à côté de la plaque tous les scandales dans lesquels ses proches collaborateurs -et même des membres de sa famille- ont été impliqués de près ou de loin? Au final, aura-t-il raison d’avoir eu tort, encore et encore? Non, car le temps n’efface pas les crimes commis et les preuves déterminantes surgissent au moment où l’on s’y attend le moins.
Pour en revenir au dernier scandale, je vais aborder cette affaire Houcine Afa sous un angle basé sur des dates et des déductions très éloignées des vérités tardives et télécommandées distillées par la partie représentant Madagascar (procureure, ministre de la Justice et autres personnages intentionnellement omis), un pays déshonoré à mesure que le temps passe. Ainsi, le président Hery lui-même ne niera pas qu’Houcine Arfa lui a été présenté à Paris, certainement en marge du sommet COP 21. Mais qui l’a présenté et pourquoi faire exactement? En tout cas, suite aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris, la mission d’Houcine Arfa était déjà précise et précisée: sécurisation intense du 16è sommet de la Francophonie prévu se tenir en novembre 2016 à Antananarivo.
A ce moment, personne n’a parlé d’Houcine Arfa comme d’un «sniper» ou d’une «barbouze». A ce moment-là encore, Houcine Arfa c’était un «spécialiste en stratégie militaire» qui avait fait ses preuves dans l’Hexagone, dans plusieurs pays d’Afrique et même au Moyen-Orient. A Dubaï pour être précis. Alors, que s’est-il passé ? Ben, quelque chose de très simple lié à la traîtrise et à l’appât du gain. Mais personne n’y a pensé, tout le monde voulant se dédouaner, négligeant les vrais coupables.
Depuis son accession au pouvoir, Hery Rajaonarimampianina a eu le chic de s’entourer de créatures qui vendraient leurs père et mère pour quelques ariary de plus. Ils se sont découverts et se découvrent au fil du temps. Être un proche du président n’est pas sans danger face à ces créatures prêtes à tout pour avoir les bonnes grâces de celui qui leur permet d’abuser du brin de pouvoir entre leurs mains. Et devenir milliardaire en un tour de… phrase. Il est certain que, par rapport au leur, le salaire de cet Arfa était faramineux. Il est sûr aussi que certaines confidences, à propos de certaines magouilles, soient parvenues aux oreilles de cet étranger, homme de l’ombre mais qui leur faisait de l’ombre car il n’a pas voulu jouer le jeu. Et que fait-on lorsqu’on veut abattre son chien? On l’accuse de la rage.
Il faut préciser, ici, que jamais, depuis sa fuite, Houcine Arfa n’a chargé le président malgache. Cela, tout le monde aussi fait semblant de l’ignorer. Or, c’est lui (filoha Hery) qui, à tout bout de champ, déclare qu’il a confiance à ses collaborateurs. Ben, ils sont beaux alors ces femmes et hommes de confiance, hein: tous limogés un par un, et une jouant à cache-cache entre la province de Fianarantsoa et la prison de Manjakandriana, à 47 km d’Antananarivo. Le mystère de cette «démarche» est que certains sont repêchés… Et c’est même démentiel car un proverbe malgache assure: «Ny alika ihany no miverina amin’ny naloany ». Faites-vous traduire.
A mon avis très personnel, c’est la même personne qui l’a présenté au président qui ensuite, l’a accusé de «sniper» et de «barbouze» voulant attenter à sa vie. Par esprit de déduction, à partir de la ville de Toussus-le-Noble (Île-de-France 78117) -où travaillait Houcine Arfa, dans l’aéronautique-, le nom du franco-malgache Henry Rabary-Njaka, Sg de l’aéroclub d’Air France de ce patelin jusqu’en 2012, et avocat du barreau de Paris, me vient à l’esprit. Comme çà , sans l’accuser de quoi que ce soit mais par association d’idées pas fortuites du tout… Lorsque l’idée viendra d’aller l’interviewer, il jurera ses grands dieux, dans le style «pas vu pas pris» en faisant le dos rond en prime, qu’il ne connaît pas le bonhomme, avec un sourire carnassier de ministre des Étranges affaires qu’il est devenu. Bravo Quasimodo! Mais Toussus, même noble, ce n’est pas New York que diable! Et le domaine commun n’est pas maritime mais bien aérien.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas le seul à jalouser ce type qui se prenait sans doute pour Rambo, et qui a une épouse mesurant 1,83m. Au fait, qu’est devenue Marie-Claude Arfa née Roche, également recherchée (tardivement) comme son mari? Car avec cette taille, impossible de passer inaperçue à Madagascar, n’est-ce pas? En plus, elle est superviseur d’escadre d’avion. Ah la la! Encore une «coïncidence» convergeant vers dear Henry Rabary-Njaka et son aéroclub.
En tout cas, il faut croire sur parole Houcine Arfa sur ses déclarations suivantes, après son arrestation par une trentaine d’hommes armées d’AK47: «J'avais la confiance totale du président. J’ai été victime d'un complot fomenté par les conseillers du chef de l’État. C’est un dossier monté contre moi! J’étais chargé de nettoyer l’entourage du président. Je devenais gênant pour certains conseillers. J’ai commencé et je me suis retrouvé face à une armée d’escrocs!». Et il a même énuméré quelques «objets» de trafics perpétrés par ces conseillers présidentiels: «J’ai des preuves les incriminant dans divers trafics comme le bois de rose, les tortues, la vanille…».
De quoi semer effectivement la panique car venant de la part d’un homme à l’aise dans ses baskets vis-à -vis du couple présidentiel. Il fallait donc frapper vite, dur et de manière très efficace. Et c’est bien à partir de là qu’est apparue cette histoire de «sniper» (tireur d’élite) et de «barbouze» (espion). Cela a tellement été efficace que des vitres pare-balles ont été utilisées lors du 26 juin 2017 dans la tribune centrale du stade de Mahamasina. Or, Houcine Arfa avait été appréhendé et envoyé à la maison de force de Tsiafahy (sans même avoir été jugé à ce moment), le 23 juin 2017. Ce n’est pas un peu bizarre, et même beaucoup, tout çà , avec le recul?
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Par ailleurs, dans ces accusations de corruption, il y a une nuance que les médias malgaches n’ont pas pu ou su dégager. En effet, voici ce qu’il a dit, par téléphone, à la presse française, prise globalement: «C'est la procureure (Ndrl: Razafimelisoa Odette Balisma qui avait dit avoir été contactée trois fois mais n’a arrêté personne pour tentative de corruption flagrante. Rappelons qu’elle est à l’origine de la condamnation, en février 2017, du sénateur Lylison pour flagrant délit de déclaration de ville morte. Si, c’est véridique!) qui proposait ses tarifs. Elle n'est pas venue me voir et je ne l'ai pas vue. C'est Ostrom (Ndrl: Orstrom Whenns est le vrai nom. De la 12è promotion du CESD, il est l’actuel chef de la Brigade criminelle, et il a été à l’origine de l’arrestation fracassante de la députée Lanto Rakotomanga, en juin 2015. Jusqu’à présent, nul ne sait ce qui est advenu de l’argent pris dans le coffre de sa voiture, par le général Florens Rakotomahanina. Si, c’est vrai de vrai!) qui m'a dit: «Si tu veux sortir, ça vaut tant, mais je vais négocier avec elle. Au début elle avait demandé beaucoup plus que 30.000 euros. Mais vous savez (Ndlr: ce vouvoiement est à l’adresse des journalistes), pour elle, 30.000 euros ce n’est pas excessif, à certains elle demande 50.000 euros! A la fin, Ostrom m'a dit: Écoute Houcine, elle en veut 30!».
Ainsi, Houcine Arfa n’a jamais rencontré la procureure Balisama, ni la ministre de la Justice, Elise Alexandrine Rasolo: «Je lui ai versé 70.000 euros par l’intermédiaire d’agents du ministère venus me rendre visite».
Jusqu’à présent, seuls trois gardes pénitentiaires et un médecin ont été placés sous mandat de dépôt. Pourquoi n’a-t-on pas interrogé Orstrom Whenns, jusqu’ici, étant donné que c’est lui le centre des transactions, le «mpanera» (intermédiaire) selon Arfa qui, dès lors, n’a pas incriminé les personnalités étant, tour à tour, monté au créneau pour raconter de véritables salades?
Comment par exemple, le ministre de la communication, à la fois porte-parole du gouvernement, Harry Rahajason alias Rolly Mercia, peut-il être sûr que l’homme est «un minable, un vaurien», alors qu’il ne l’a jamais rencontré? Cela s’appelle accusation gratuite, l’ami, et ne prouve donc rien du tout. Ils sont forts en «parler pour ne rien dire» ces personnages de l’entourage du président qui a une confiance aveugle en eux.
Quoi qu’il en soit, ce sera toujours sur lui que tout retombera toujours. Aussi, je repose la question: Hery Rajaonarimampianina aura-t-il raison d’avoir tort encore et encore? A l’approche de l’échéance de son mandat présidentiel, ayant réellement le couteau sous la gorge, il va lui être très difficile de «remercier» celles et ceux qui l’auront vraiment conduit à sa perte, à force de faux rapports et de stratégies mirobolantes mais inadéquates à l’instar de la loi sur les Zones économiques spéciales (ZES) que même le fidèle Jean Eric Rakotoarisoa, président de la Haute cour constitutionnelle (HCC), vient de remettre en question. Comme l’application de l’e-visa au lendemain des déclarations éclatantes émanant du ministère de l’Intérieur (Police nationale).
Vous savez quoi ? Tout çà me fait penser à la fable de Jean de La Fontaine, «La grenouille qui veut se faire aussi grosse qu’un bœuf» (Livre I, fable 3)
Une Grenouille vit un BÅ“uf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez? Dites-moi ; n'y suis-je point encore?
Nenni. M'y voici donc? Point du tout. M'y voilà ?
Vous n'en approchez point. La chétive Pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages:
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
Où se situe le rapport diriez-vous? Nulle part: ces personnages, auxquels le président Hery accorde une confiance aveugle, ne veulent pas être calife à la place du calife mais entendent rester le plus longtemps possible bien à l’abri derrière lui, sous le parapluie de tous les pouvoirs, quitte à lui faire avaler toutes sortes de couleuvres qui, pourtant et tôt ou tard, l’étoufferont. Il y a donc un grand mystère dans leur approche. A moins que ce ne soit une autre stratégie du «tuer à petit feu». Mais pour le remplacer par qui? Pour l’heure, ce n’est jamais rien que retarder l’échéance, les gars!
Jeannot Ramambazafy - Article également publié dans La Gazette de la Grande île du 24 janvier 2018