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Gouvernement Ntsay II. En avant toutes ! Mais quelles avancées en un an ?

C’est fait. Les membres du second gouvernement du Premier ministre reconduit Ntsay Christian ont été présentés au public, le jeudi 24 janvier 2019. Par rapport au régime Hery vaovao, le régime Andry Tgv mérite cette appellation. Moins d’une semaine après sa prestation de serment, le Président de la République élu (« President elect »), grâce à la diligence du Premier ministre, a mis sur pied une première équipe ministérielle, composée de revenants et de nouveaux venus. Bravo ! A partir d’un contrat-programme dont le résultat sera évalué par semestre, ils ont une année pour faire leurs preuves vers un développement rapide et palpable. Surtout auprès des populations qui attendent depuis un lustre.

Ces ministres sont tous bardés de diplômes. Cela prouve, au moins, qu’ils ont eu une formation dans un domaine spécifique. Cependant, dans la pratique, cela ne signifie pas grand’ chose, du moins jusqu’ici dans la Grande île de l’océan Indien. La majorité, une fois le poste obtenu, vont quotidiennement, dans un véhicule 4X4 (pourquoi ?) de fonction de leur villa de fonction à leur bureau ministériel, en attendant des ordres, tous exécutants qu’ils sont. Car, ils font partie du pouvoir exécutif, n’est-ce pas ? Et c’est là que commence le début de la fin (et de la faim) ou bien le décollage réel vers un changement radical.

A mon avis personnel, pour arriver à ce changement spectaculaire, la première chose que doivent faire ces 22 ministres, c’est de lire et relire le livre autobiographique du Président Andry Rajoelina. Ils sauront, comme le public d’ailleurs, qu’il n’est pas super diplômé mais a réussi grâce à son esprit d’innovation, son cran -pour ne pas dire culot- et sa volonté de parvenir à ses fins grâce à son sens du dialogue et de la persuasion, doublé d’une conviction inébranlable. Mais cela sans coups bas, vaches, et en toute transparence. A Madagascar, l’une des séquelles qu’a laissé la colonisation, et qui perdure, c’est d’avoir formé (actuellement on dit formater) les cadres malgaches pour devenir des bureaucrates qui ne font qu’obéir aux ordres venant d’en haut (« baiko midina »).

Ainsi, en tant qu’exécutants, ces ministres doivent bien recevoir des ordres d’en haut, c’est-à-dire, a priori, du Président de la république, n’est-ce pas ? Cependant, moi qui ai pratiqué -et qui pratique encore et toujours- Andry Rajoelina, je peux vous dire que ce qu’il attend de vous, les nanas et les gars, c’est, justement, des suggestions, des idées à mettre en pratique dans vos domaines respectifs. Il faut que cesse l’ère du « oui, Monsieur le Président », devant lui, et aller détourner des biens publics et/ou privés dès qu’il a le dos tourné. C’est cette attitude exécrable qui a amené Madagascar à la 4è place des pays les plus pauvres de la planète, et a abouti aussi à des milliers (je dis bien des milliers) de Malgaches démunis de leurs biens immobiliers grâce (ou à cause) des fameux projets présidentiels de Hery Rajaonarimampianina.

C’est bien d’être rapide et d’avoir des résultats aussi rapides. Encore faut-il un fil conducteur pour éviter toute cacophonie, tout conflit dans le domaine des compétences. Quelles sont les priorités ? En fait, tout est priorité et il faut dissocier l’important et l’urgent. Dans le domaine de l’urgence, trois domaines sont les grands facteurs de l’actuelle pauvreté : l’insécurité urbaine et rurale, la cherté de la vie et le volet énergique : les factures de la Jirama augmentent autant que les délestages. Mais dans l’immédiat, la priorité des priorités, c’est de faire face à l’actuelle saison pluvieuse et cyclonique qui a déjà fait des victimes à Antananarivo et dans le Nord de l’île. Avant leur nomination, tous ces ministres avaient déjà bien quelques idées personnelles mais sont-elles en phase avec les activités du ministère dont ils ont hérité ?

Pour l’heure, moi qui ne suis pas ministre –je n’en ai aucune envie de toute façon-, je vais leur donner une idée qui démontrera leur cohésion et leur solidarité dans cette démarche présidentielle de faire des économies sur les deniers publics. En passant… passer à une trentaine de ministères à vingt-deux, c’est déjà un bon signe mais ce que je propose est encore plus spectaculaire. Je parle, ici, des véhicules de l’administration. Le Premier ministre Ntsay Christian a déjà frappé très fort en remettant au goût du jour les plaques minéralogiques rouges. Mais ce que je propose est encore plus extraordinaire.

Dès la semaine prochaine, chaque ministre devra effectuer une liste de tous les véhicules existant dans leur ministère respectif, en état de marche ou non, vieux ou neufs. Cela s’appelle une opération de recensement et de déclassement des véhicules administratifs. Cela fait, ils iront tous voir le président Andry Rajoelina pour lui proposer une démarche qui a été réalisée par le Président Paul Kagame du Rwanda. Qu’est-ce, à propos de ces caisses ?

Un jour, Paul Kagamé en a eu assez de payer le carburant, les coûts de réparation, les pièces de rechange, les lubrifiants, les frais d’assurance, les frais de renouvellement du parc automobile administratif,  et tous les autres coûts qui font qu’un véhicule coûte cher.

Il a alors décidé d’exposer tous les 5.000 véhicules au stade de Kigali pour les vendre aux plus offrants. Ni plus ni moins ! Il faut savoir que dans le nouveau système rwandais, les hauts fonctionnaires de l’État peuvent acheter à crédit des véhicules hors-taxe sur 5 ans. C’est le véhicule que ces fonctionnaires utilisent pour leur travail; à l’échéance du crédit le fonctionnaire devient propriétaire. Le reste de l’administration a droit à un pool de véhicule commun. Certaines catégories (urgence, sécurité, etc.) bénéficient néanmoins de véhicules de service; avec ferme interdiction de les utiliser en dehors du service.

Mesure d’accompagnement

Sachant que ces nouvelles mesures auront des effets négatifs sur les transports publics (tous les fonctionnaires dé-véhiculés se rabattant sur le transport public), le Président rwandais a fait baisser les taxes douanières sur les minibus à 10% (le tarif normal étant de 25%, sans compter la TVA de 18%)

Le gouvernement du Pays-des-Mille-Collines s’est ainsi débarrassé de 80% de ses véhicules et  a déclaré avoir économisé l’équivalent de 13 Milliards CFA. Il a, ensuite, fait appel régulièrement à un cabinet étranger pour évaluer le programme et faire un audit. Le programme a été corrigé 2 ou 3 fois pour continuer à le parfaire. L’incidence aujourd’hui est de 1,8 milliard CFA annuelle. Il faut savoir qu’un franc CFA ou XAF vaut 6,23902 MGA ou Ariary et un Euro vaut 655,95700 XAF. Faites le calcul…

Pour en revenir à cette vente, le gouvernement Rwandais a vendu 4000 voitures sur les 5000 du parc automobile administratif du pays. Le « Zero Fleet Policy » (politique zéro véhicule) avait débuté dès 2005. Le produit de cette vente servira à financer des infrastructures publiques. Toujours dans le domaine de l’automobile, le Président Paul Kagamé a démontré aussi qu’il avait de la suite dans les idées. Ainsi, le 27 juin 2018, le premier véhicule «Made in Rwanda», assemblé à Kigali, est sorti d'usine. Il s’agit-là d’un grand pas dans la stratégie d'industrialisation et de diversification de l’économie rwandaise. Mais encore, c’est surtout une alternative à l'exportation de véhicules d'occasions. Aussi, le Président Paul Kagamé qui a tenu à marquer de sa présence ce «moment historique». Il s'est réjoui de voir des véhicules allemands produits désormais dans son pays, « une fierté pour l'Afrique ».

« L'Afrique n'a pas besoin d'être un dépotoir pour les voitures de seconde main ou d'occasion. À long terme, vous finissez de toute façon par payer un prix plus élevé si vous payer une voiture d'occasion, alors pourquoi ne pas payer un véhicule neuf. C'est un choix simple: les Africains, les Rwandais, nous méritons mieux ! C'est pour nous une façon de montrer que nous pouvons nous le permettre et c'est pour ces raisons entre autres, que ce partenariat prometteur avec Volkswagen est bien parti », a déclaré le président Kagamé lors du lancement de « Volkswagen Mobility Solution » sis à Kigali.

Faut-il rappeler que le Rwanda, en 1994, a été le théâtre d’un génocide incroyable (entre 800.00 à 1.000.000 de morts) mais, en 20 ans, a réussi à devenir le pays le plus propre et le plus avancé, en matière de Ntics, de l’Afrique ? Méditons tous sur cet exemple rwandais et soyons certains qu’Andry Rajoelina est un grand visionnaire au moral en acier trempé. Mais cela ne suffira pas. En effet, déjà, il faut que cesse cette idée, de la part de certains, de persister à croire qu’il y aura un partage de gâteau de la part de l’actuel régime, comme lors du temps banni de la transition. Non, mille fois non ! Oui, en avant toutes ! Mais quelles avancées en un an et pour l’intérêt du grand nombre ?

Dossier de Jeannot Ramambazafy

(Sources : coupsfrancs.com-afrique.latribune.fr)

Également publié dans "La Gazette de la Grande île" du samedi 26 janvier 2019

Mis à jour ( Dimanche, 27 Janvier 2019 08:02 )  
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