La 108e session de la Conférence internationale du Travail (CIT), du 10 au 21 juin 2019 à Genève, entre dans le cadre de la célébration du Centenaire de l’Organisation internationale du Travail (OIT) dont le thème est : Faire progresser la justice sociale, promouvoir le travail décent. Rappels.
Le 100e anniversaire de l’OIT, célébré cette année, est une opportunité idéale pour revenir sur les nombreux événements décisifs qui ont jalonné l’histoire de l’Organisation. L’OIT a joué un rôle aux principaux carrefours de l’histoire récente – la Grande dépression, la décolonisation, la création de Solidarność en Pologne, la victoire sur l’apartheid en Afrique du Sud – et aujourd’hui dans l’instauration d’un cadre éthique et productif pour une mondialisation équitable. L’OIT fut créée en 1919, directement en relation avec la Première Guerre mondiale.
Le processus a abouti à une organisation tripartite, la seule de son genre, rassemblant des représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs dans ses organes exécutifs.
A l’origine de la création de l’OIT se trouvent des considérations d’ordre sécuritaire, humanitaire, politique et économique. Les fondateurs de l’OIT ont mesuré l’importance de la justice sociale pour assurer la paix alors que les travailleurs étaient exploités dans les nations industrielles de l’époque. Avec la prise de conscience de l’interdépendance économique du monde est apparue la nécessité de coopérer pour offrir des conditions de travail similaires aux travailleurs des pays en concurrence pour les mêmes marchés.
La Constitution de l’OIT a été élaborée entre janvier et avril 1919 par la Commission de la législation internationale du travail, et était un élément du Traité de paix de Versailles. Trois idées sont à l’origine de la création de l’OIT, figurant d’ailleurs dans le préambule :
La compréhension « qu'une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale » ;
Le fait « qu'il existe des conditions de travail impliquant pour un grand nombre de personnes l'injustice, la misère et les privations, ce qui engendre un tel mécontentement que la paix et l'harmonie universelles sont mises en danger, et attendu qu'il est urgent d'améliorer ces conditions »;
Le fait que « la non-adoption par une nation quelconque d'un régime de travail réellement humain fait obstacle aux efforts des autres nations désireuses d'améliorer le sort des travailleurs dans leurs propres pays ».
La construction d’un avenir profitable à tous
Le monde du travail a la capacité de mettre fin à la pauvreté et d’assurer à tous un travail et un niveau de vie décents ainsi qu’une protection contre les risques liés à la vie professionnelle. Toutefois, ce potentiel ne s’est pas concrétisé et, trop souvent, les problèmes du chômage et du sous-emploi, de l’inégalité et de l’injustice s’aggravent au lieu de s’atténuer.
Des appels sont lancés en faveur d’une mondialisation plus juste, d’un développement équilibré et durable et d’une croissance économique qui soit source de progrès social. Pour atteindre ces objectifs, des mesures doivent impérativement être prises au sein du monde du travail, lequel, dans le même temps, se caractérise par une évolution rapide.
L’OIT se donne les moyens de comprendre les changements qui surviennent dans le monde du travail et d’y faire face, et de montrer la voie pour relever le défi mondial qui consiste à garantir un travail décent à toutes et à tous.
En 2013, le 10è Directeur général, Guy Ryder, énonçait les enjeux à relever par l’Organisation dans son rapport « Vers le Centenaire de l’OIT : réalités, renouveau et engagement tripartite » dans lequel étaient présentées les sept initiatives suivantes, en vue du centenaire de l’OIT:
1. L’avenir du travail
Pour établir un groupe consultatif sur l’avenir du travail dont le rapport sera examiné par la session du centenaire de la Conférence internationale du Travail en 2019.
2. L’initiative sur l’éradication de la pauvreté
Promouvoir une réponse pluridimensionnelle à travers le monde du travail, les marchés du travail et la protection sociale et de l’emploi pour éradiquer la pauvreté mondiale.
3. L’initiative sur les femmes au travail
Examiner la place et la condition des femmes dans le monde du travail et impliquer les travailleurs, les employeurs et les gouvernements dans des actions concrètes pour réaliser l’égalité des chances et de traitement.
4. L’initiative verte
L’initiative verte vise à renforcer les connaissances à l’échelle de l’OIT, à améliorer les conseils sur les politiques et à créer des outils pour gérer la transition juste vers un avenir durable, à faibles émissions de carbone.
5. L’initiative sur les normes
L’initiative sur les normes vise à renforcer le consensus tripartite sur un système de contrôle faisant autorité et à améliorer la pertinence des normes internationales du travail au moyen d’un mécanisme d’examen des normes.
6. L’initiative sur les entreprises
Etablir une plateforme pour l’engagement de l’OIT auprès des entreprises, qui contribuera à leur pérennité et à la réalisation des objectifs de l’OIT.
7. L’initiative sur la gouvernance
L’initiative sur la gouvernance vise à achever la réforme des structures de gouvernance de l’OIT, à entreprendre une évaluation de l’impact de la Déclaration de 2008 sur la justice sociale, et à prendre des mesures en fonction des conclusions et des résultats de cette évaluation.
Le Premier ministre Ntsay Christian, le 11 avril 2019
A Madagascar, comme dans plusieurs pays membres de l’OIT, le lancement de la célébration ce Centenaire a eu lieu le 11 avril 2019, au gymnase couvert d’Ankorondrano à Antananarivo. A cette occasion, lors de son allocution, le Premier ministre, Ntsay Christian, a avancé que « l’OIT a contribué à la mise en place de la civilisation de justice sociale et qu’il est important dans notre devoir d’apprécier le travail titanesque rendu possible grâce aux états membres et aux organisations des employeurs et des travailleurs, qui ont organisé et rendu viable et durable le monde du travail, et ce, pour faire face aux défis de la paix sociale dans le monde ». Puis, il a affirmé que « cet événement marque la maturité de l’agenda du travail décent et une multitude d’objectifs atteints afin de restaurer la justice sociale dans le monde. Prenant le thème choisi pour la célébration, il en a mis en exergue l’importance, en confirmant que ce thème incite encore plus tous les acteurs du travail à œuvrer ensemble afin de promouvoir davantage le travail décent ». Enfin, le Premier ministre a souligné « qu’un meilleur avenir du travail est un avenir pour la justice sociale, car il n’y aura pas de paix sociale sans justice sociale ». Il faut savoir qu’à Madagascar la Politique Générale de l’État ou PGE repose sur des priorités au cœur desquelles figure la promotion du travail décent pour tous. Ainsi le défi majeur du gouvernement malagasy est de faire de la jeunesse malgache un levier de développement et un vecteur de paix et de justice sociale. Dans cette optique, cette transformation devra avoir lieu à travers des initiatives de promotion de l’emploi en leur faveur, à l’instar du projet « Fihariana » du Président Andry Rajoelina, et de sa politique d’industrialisation sur l’ensemble de la Grande île, qui engendrera de très nombreux emplois.
Rappelons Madagascar est pays membre de l’OIT depuis 1960 et que le Bureau international du Travail ou BIT a été créé en 1975 à Antananarivo. Notons également que l’actuel Premier ministre de Madagascar, Ntsay Christian, a été Représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) au BIT pour les Comores, Madagascar, l’île Maurice et les Seychelles, de 2008 à 2018.
Ci-après le nom des personnalités censées représenter Madagascar à cette 108è session de la CIT :
Ministre assistant à la Conférence : Mme Ranampy Gisèle, Ministre du Travail, de l'Emploi, de la Fonction Publique et des Lois Sociales.
Personnes accompagnant la Ministre: Mme Razanadrainiarison Rondro Lucette, Secrétaire Général du Gouvernement; M. Razafimanatsoa Jerson, Directeur Général du Travail et des Lois Sociales; Mme Tsatboto Joslina Frédoline, Directeur Général par intérim de la Cnaps (Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale).
Délégués gouvernementaux: M. Kola Emi-Haulain, Chargé d'Affaires a.i, Mission Permanente, Genève; Mme Ramaroson Christelle, Directeur de la Promotion du Travail Décent; M. Randriantrimo Tsimiankina, Directeur des Affaires Maritimes de l’ Agence Portuaire, Maritime et Fluviale (APMF); Mme Rakouth Mialisoa Iarivola, Conseillère juridique, Direction générale de l’APMF; Mme Ravelomahatratra Rojomampionona, Chef du Service des Normes et des Relations Extérieures ; Mme Razafindravao Tatiana, Ministère des Affaires Etrangères; M. Razafindrangato Rivo Nantenaina, Ministère des Affaires Etrangères.
Délégué des employeurs: Mme Andriamamonjiarisoa Joséphine Soanorondriaka, Présidente du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM); Mme Razafindramanana Yvonne Marie Clémentine, Représentante des armateurs de Madagascar.
Délégué des travailleurs: M. Botoudi, Remi Henri, Secrétaire Général du Syndicat SEKRIMA (Sendika Kristianina Malagasy); Mme Razanarisoa, Florine, du Syndicat FISEMARE (Fikambanan'ny sendikan'ireo mpiasa malagasy revolisionera); M. Basola Full Soma Nomenjanahary, Secrétaire général du SYGMMA (Syndicat général maritime de Madagascar).
NOTE : Les noms, titres et qualités figurant dans la liste ci-dessus correspondent aux indications fournies à l’OIT par les pouvoirs officiels et reçus au dimanche 9 juin 2019, à 17H00. Le délai pour la présentation des protestations concernant les pouvoirs, sur la base de cette liste provisoire est fixé au 12 juin à 10 heures. Une liste révisée sera publiée le 14 juin 2019 et la liste finale le dernier jour de la Conférence.
Le Président de la République, Andry Rajoelina, le 7 juin 2019
Le 7 juin 2019, lors d’une interview en marge de la présentation du projet Nexta du groupe Axian, à propos de la baisse des prix du carburant à Madagascar, le Président Andry Rajoelina a confirmé directement sa présence effective en Suisse, dans le cadre de cette 108è session de la CIT, hier 11 juin 2019 qui marque la clôture de la Célébration du centenaire de l’OIT : " Dès la semaine prochaine, à mon retour de Genève, nous allons poursuivre les négociations ; nous nous réunirons autour d’une table pour en discuter ".
Il importe de savoir que le 11 juin 2019, étaient présentes également les hautes personnalités mondiales suivantes, qui ont prononcé un discours selon l’ordre établi par l’OIT.
Le matin : Mme. Salome Zourabichvili, présidente de la Géorgie; M. Nicos Anastasiades, Président de Chypre; le Roi Ingwenyama Mswati III du Royaume d’Eswatini (Swaziland); M. Dmitry Medvedev, Premier ministre de la Fédération de Russie; Mme. Angela Merkel, Chancelière de l’Allemagne; M. Emmanuel Macron, Président de la France.
L’après-midi : M. Andry Rajoelina, Président de Madagascar; M. Youssef Chahed, Chef du Gouvernement de la Tunisie; M. George Vella, Président de Malte; Mme Mercedes Rosalba Arà os Fernandez, Vice-présidente du Pérou; M. Marjan Šarec, Premier ministre de la Slovénie; M. Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg; M. Nicola Selva et M. Michele Muratori, les deux Capitaines-régents (Présidents) de Saint-Marin; Mme Theresa May, Première ministre du Royaume-Uni.
Dossier préparé par Jeannot Ramambazafy – Source : OIT Genève
Egalement publié dans "La Gazette de la Grande île" du 12 Juin 2019