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Home Reportages Manifestation Antananarivo: François Goldblatt narre D-DAY

Antananarivo: François Goldblatt narre D-DAY

6 juin 2014. Dans le cadre de la commémoration des 70 ans du débarquement alliés sur les plages de Normandie, l’ambassade de France à Madagascar, a organisé une journée dédiée à cet évènement, à la Résidence à Ivandry. Ce, en présence d’anciens combattants, de membres du gouvernement, du corps diplomatique et de lycéens.

Retransmission en direct de la cérémonie en France

Discours du Président François Hollande

Scène du passage du Président Barack Obama

ci-après le discours intégral de l’ambassadeur François Goldblatt. A la lecture de ce discours, nous comprendrons que l’ambassadeur ne minimise pas cette commémoration comme certains… Il s’agit d’une véritable narration de D-DAY et de ses impacts. Au même moment, la France accueillait près de 1.800 vétérans, des dizaines de milliers d’invités et 19 chefs d’État et de gouvernement, sauf ceux de l'Afrique. Dommage pour cette France décidément très ingrate, et pour les soldats malgaches morts au nom de la Liberté ("FAHAFAHANA"), mais pas uniquement pour l'Hexagone.


Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique,

Messieurs les vétérans,

Mesdames et Messieurs,

Tout au long de la côte normande, depuis Le Havre jusqu’à Cherbourg, le passé et le présent s’entremêlent douloureusement.

Les défenses antichars ont disparu, tout comme les barbelés qui hérissaient le rivage de pièges mortels, mais partout, des casemates, des bunkers et des batteries bétonnées continuent à monter la garde, face aux eaux grises de la Manche.

Démantelés, pulvérisés, de nombreux vestiges grandioses et sinistres témoignent de la violence des bombardements et des duels d’artillerie entre les lourds croiseurs alliés et les canons allemands, qui se déroulèrent il y a tout juste 70 ans.

L’aube du 6 juin 1944, aboutissement d’une méticuleuse préparation des Alliés, marqua le point de départ de ce qui demeure à ce jour l’opération militaire la plus complexe, la plus vaste et la plus audacieuse dans l’Histoire contemporaine.

Les lieux des multiples faits d‘armes qui marquèrent cette terrible journée restent puissamment évocateurs et interpellent notre mémoire collective au plus profond : la pointe du Hoc, Sainte-Mère-Eglise, Carentan, Sainte-Marie-du-Mont, Saint-Laurent-sur-Mer, Bénouville, Merville, Ranville, Ouistreham et Courseulles, parmi tant d’autres sites inscrits à jamais dans l’Histoire. Tout en haut de l’Olympe du souvenir, il y a ces plages de Normandie, qui portent, désormais pour l’éternité, les illustres noms de code des sites du Débarquement : d’est en ouest, de Ouistreham jusqu’à la presqu’île du Cotentin, Sword, Juno, Gold, Omaha et Utah.

A leurs abords, la terre est rouillée, retournée, suppliciée. Cette terre porte encore les stigmates du calvaire des GI's d’Omaha Beach, cloués au sol à marée basse par le feu croisé des mitrailleuses allemandes, et réverbère encore la folle témérité des parachutistes anglais du 9ème bataillon montés héroïquement à l’assaut de la batterie de Merville.

En Normandie, personne n’a oublié le cataclysme salvateur, les drames innombrables et le sang répandu en masse de D-Day et des jours qui suivirent, des jours terriblement meurtriers, tant pour les combattants des deux camps que pour les civils pris au piège des offensives et du feu des bombardiers, ce dont témoignent les innombrables monuments et stèles qui s’égrènent le long des routes et des chemins, sur les plages, dans l’arrière-pays du Calvados et du Bessin, comme au cœur des marais du Cotentin.

Nous sommes à des milliers de kilomètres de ces lieux de mémoire, mais chacun d’entre nous porte en lui ce 6 juin 1944, quand les parachutistes et les groupes d’assaut américains, anglais, canadiens, belges, polonais et français posèrent le pied pour la première fois sur le sol européen enfin libéré.

L’évocation de ce jour si particulier, dont nous célébrons aujourd’hui le 70ème anniversaire, nous rappelle avec force l’engagement inouï de ces hommes, qui choisirent de combattre pour une cause immensément juste.

Beaucoup ne connaissaient rien à la France, et pourtant, ils furent 132.000 à débarquer ce jour-là.

Ils étaient nés dans les grands espaces américains, dans les cités britanniques noircies par la houille, dans les étendues forestières et froides du Canada, ou dans les vastes plaines agricoles polonaises. Ils étaient venus d’ailleurs pour libérer une terre pour eux improbable et méconnue, une France et une Europe dont la plupart savaient peu de choses, mais dont la libération valait reconquête de la liberté pour l’ensemble du monde.

Le 6 juin 1944, ce fut l’aube du jour le plus long.

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Note de www.madagate.com: "Le jour le plus long" ("The Longest Day") est d'ailleurs le titre d'un film de 170 mn, sorti sur les écrans en 1962. Il a été  co-réalisé par Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl F. Zanuck.

Ce film culte est tiré du livre éponyme écrit par Cornelius Ryan. Il s'agissait d'un journaliste italo-américain né le 5 juin 1920 et décédé le 23 novembre 1974. Auteur aussi du livre "Un pont trop loin" ("A bridge too far") qui fit l'objet d'un autre film, sorti en 1977, avec, entre autres : Liv Ullman, Dirk Bogard, Robert Redford, Anthony Hopkins, Sir Lawrence Olivier, Sean Connery, Michaël Caine, James Caan, Gene Hackman...

TOUS LES ACTEURS DU FILM



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Suite du discours de l'ambassadeur François Goldblatt


Philippe Labro

L’hommage vibrant rendu il y a cinq ans à ces hommes par l’essayiste français Philippe Labro illustre au plus près et au plus juste ce que ces soldats, venus de tous les horizons, eurent à subir le 6 juin 1944 sur les plages de Normandie.

« Alors, saisis par la peur et l’angoisse, vomissant leur repas, pleurant ou priant, impatients ou timorés, scribouillant sur des bouts de papier leur dernier message d’amour à leurs épouses ou leurs girl-friends, ballottés et secoués par une mer déchaînée dans les chalands LCA et LCI ou dans les chars amphibies, des garçons de 18, 20, 25 ans, répondant aux prénoms tranquilles de Jim, Tim, Steve, Bill, Tony, Diego, Jack, Donald ou Ray, les oreilles assourdies par le grondement terrifiant dans lequel se mélangeaient les bombardements des avions amis et les rafales d’obus des canons allemands, effrayés par le crépitement des balles de mitrailleuses venues des bunkers contre les coques d’acier des chalands, se présentèrent face à ces plages truffées de mines, barbelés, pyramides, hérissons en acier, piquets et pointes, pataugeant pathétiquement dans une eau déjà rougie par le sang des camarades qui venaient de s’échouer dans le même imprévisible et abominable désordre. Dans la violente marée montante, au milieu de cadavres et débris de chalands, équipements dispersés, balles d’armes légères giflant la surface autour d’eux, ces héros hallucinés, dont les noms figurent aujourd’hui sur des milliers de petites croix blanches dans le calme de la verdure normande, firent l’horrible découverte qu’ils disposaient d’à peu près sept secondes et demie de temps pour se mettre à l’abri, franchir l’eau, ramper sur le sable, se coucher au sol, survivre. Personne ne leur avait dit que cela se passerait ainsi. Les premières heures et les premières vagues d’assaut furent terribles, catastrophiques, désastreuses, confuses, pétrifiantes, indescriptibles dans leur horreur, et ceux qui réussirent à traverser la fatidique barrière des sept secondes et demie le durent autant à la chance qu’à l’inconscience, au hasard qu’à la bravoure, à la volonté qu’à la rage de vaincre. Tous des héros.

(...)

Le seul mot qui les avait amenés jusqu’ici, jusqu’à ces sept secondes de mort ou de survie, s’épelait liberté. Freedom! Comment pourrait-on jamais les oublier ? ».

A minuit, ce 6 juin, 132.000 soldats alliés avaient débarqué sur les plages de Normandie ; 10.500 y perdirent la vie, avant même d’avoir touché terre.

"Piper" Bill Millin, né le 14 juillet 1922 au Canada, est décédé le 17 août 2010 au Royaume-Uni

Aujourd’hui, nous pouvons appréhender l'audace exceptionnelle de cette opération, saluer le courage immense de ses acteurs, et nous réjouir de ce qu’elle fut conçue, décidée et exécutée par des hommes exemplaires et déterminés. La mémoire collective retiendra toujours, de l’épique bataille de Normandie, les images spectaculaires de l'assaut de la pointe du Hoc, le défi technologique du port artificiel d'Arromanches, ou, pour la superbe beauté du geste, le bag-piper Bill Millin traversant le pont de Bénouville dans le silence stupéfait des armes.

Les événements qui se sont joués en Normandie en 1944 ont résonné, et continuent de résonner, depuis maintenant trois générations, dans le monde entier, sous toutes les latitudes. Le Débarquement et la Bataille de Normandie ont en effet constitué les moments fondateurs de la prodigieuse séquence historique qui conduisit à la Libération de la France, puis à celle de l’Europe tout entière, et, finalement, à la capitulation sans conditions de l’Allemagne nazie.

Cette bataille de Normandie dura deux mois et demi, dans l'incertitude d'un été médiocre et sur le sol d'une province paisible.

L'extension des têtes de pont, la prise de Cherbourg, la guerre de position autour de Caen, la sanglante progression à travers les haies du bocage de la Manche, puis la percée, la ruée américaine vers Coutances, Avranches, Pontaubault, enfin le terrible encerclement de la 7ème armée allemande et de la 5ème division blindée près de Chambois, tel fut le gigantesque et dramatique affrontement dont la Normandie fut le théâtre.

Le Général Charles de Gaulle: "Ici Londres ! Un Français parle aux Français !"

Ce succès de la bataille de Normandie, si chèrement acquis, s’accompagna des multiples souffrances des civils qui luttèrent pour libérer la France et l'Europe de la tyrannie. Ce mardi 6 juin, la radio de Vichy avait annoncé le débarquement en Normandie, prophétisant imprudemment un prompt rejet à la mer. La portée de l’information fut minimisée sur les ondes de l’occupant, mais de nombreux Français mesurèrent, dans l’instant, l’immense signification de la nouvelle. L’oreille collée au poste, beaucoup essayèrent d’entendre la voix amie qui en dirait plus. Celle de Londres. Le brouillage allemand s’intensifiait, et pourtant, «les Français parl(ai)ent aux Français».


La Résistance s’était jointe à l’effort des Alliés. Le déclenchement des opérations avait été annoncé sur la BBC par différents messages codés. Les Résistants détruisirent alors des chemins de fer, des lignes téléphoniques, et installèrent des mines antichars sur les routes.

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, près de 1.000 actions de sabotage furent menées par la Résistance française.

Ces actions permirent d’isoler la Bretagne, obligeant les forces allemandes à mettre parfois une semaine pour rejoindre la Normandie toute proche. Un délai précieux qui permit aux Alliés de s'organiser.



C’est en Bretagne que les actions de résistance furent les plus intenses. Les maquis au Nord de Vannes avaient été renforcés par des commandos S.A.S., parmi lesquels se trouvaient Paul de Périndorge, né à Tananarive, et Michel Lakermance, né à Ambatondrazaka, Georges Chamming’s, né à Majunga et son camarade Pierre Thonnerieux, né à Ambositra. En réalisant rapidement le parti qu'ils pouvaient tirer de l'appoint de ces résistants, les Alliés parachutèrent alors massivement des armes au profit des combattants bretons. La France combattante, la France de la Résistance avait pris sa place aux côtés des Alliés.

Tandis que la Résistance était à l’œuvre, la répression contre les civils s’intensifia. La liste des villes et des villages martyrs de l'année 1944 en France s’allongea cruellement : Oradour-sur-Glane, Tulle, Maillé, Graignes, Argenton-sur-Creuse, Bagnères-de-Bigorre, Dun-les-Places, Mussidan, Saint-Sixte, Dunes, Vassieux-en-Vercors, Ascq. Cet été 1944, le nombre des civils massacrés en France se chiffra en milliers.


Souvenons-nous d’eux.

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique,

Messieurs les vétérans,

Mesdames et Messieurs,

Château de Bénouville, 6 juin 2014. Rien que des Blancs, à part Obama. La France de François Hollande est très ingrate, il n'y a pas à dire. Il a effacé par une non-invitation l'existence même de l'armée d'Afrique qui a combattu pour la France. Alors pourquoi, dans son discours, avoir dit "avec cette indistinction, selon le vêtement porté..."?

Les commémorations qui se déroulent aujourd’hui sur le sol de Normandie, en présence de 18 chefs d’Etat et de gouvernement, marquent le dernier anniversaire décennal qui verra la présence, en grand nombre, de vétérans ainsi que de témoins directs de ce qui reste, à ce jour, la plus grande opération militaire de l’Histoire, tant par sa complexité que par l’ampleur des moyens mis en œuvre.

Je tenais à vous réunir, en ce jour hautement symbolique, pour célébrer les idéaux de liberté, de démocratie et de paix, pour lesquels ces hommes ont si courageusement combattu.

Ils ont accompli leur mission au-delà même du possible, au-delà même de l’imaginable.

Honorons-les, avec respect et humilité, et souvenons-nous que nous leur devons rien de moins que la vie et la liberté./.

François Glodblatt

Ambassadeur de France à Madagascar

Ivandry, le 06 juin 2014

Dossier de www.madagate.com

Mis à jour ( Mardi, 10 Juin 2014 05:51 )  
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