Le Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, a participé à la 4ème Assemblée de l’Onu pour l’Environnement et à la 3ème édition du One Planet Summit organisées à Nairobi, Capitale du Kenya, le 14 Mars 2019. Ce sommet, réunissant des dirigeants, des chefs d’entreprise et des personnalités inspirantes de la jeunesse et de la société civile, est co-présidé par le Président français Emmanuel Macron (qui en est l'initiateur) et le Président kényan Uhuru Kenyatta. C’est la première fois que le Continent africain accueil cet événement. Ci-après le discours du Président Andry Rajoelina lors de la 4ème Assemblée de l’Onu pour l’Environnement.
Excellence, Madame la Secrétaire Générale Adjointe des Nations Unis,
Excellence, Madame la Présidente de la Banque Mondiale,
Excellence, Monsieur le Président de l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement,
Madame la Directrice Générale du Programme des Nations Unis pour l’Environnement,
Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernements,
Mesdames et Messieurs les membres du bureau de l’UNEP ainsi que du Comité des représentants permanents,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Avant toute chose, je voudrais tout d’abord saisir cette opportunité qui m’est offerte, pour partager le réel plaisir que j’éprouve d’être parmi vous à l’occasion de cette Assemblée Générale de l‘ONU pour l’environnement.
Nous sommes réunis aujourd’hui en si grand nombre avec détermination et intérêt, pour traiter de l’urgence climatique qui est de notre responsabilité.
Je vous parlerai également des grands défis environnementaux auxquels Madagascar doit faire face afin d’accélérer l’élan de son développement et le faire perdurer.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Vous n’êtes pas sans savoir que Madagascar vient de passer un cap décisif dans son histoire et surtout pour son avenir en ayant vécu une alternance démocratique pacifique. Les Malagasy ont gagné en maturité politique et sont prêts à s’unir pour redresser le pays et le mettre sur les rails de l’émergence.
La croissance économique de Madagascar est étroitement liée aux immenses défis environnementaux du pays.
Nous voulons faire de la biodiversité Malagasy, un moteur de croissance et ainsi répondre à la complexe question de l’industrialisation verte et du développement durable.
En effet, Madagascar, est la plus grande île de l’Océan Indien et du continent Africain. Quand vous regardez la carte du monde, dans le Sud-Est de l’Afrique, Madagascar est facilement identifiable.
Pourtant souvent ignorée, souvent méconnue.
Elle est une ile précieuse, c’est un vrai joyau de l’Océan Indien.
Dans le classement mondial des pays détenteurs d’une méga biodiversité, Madagascar est le Numéro 1 du Top Ten.
Nous détenons, en effet, 85% des espèces endémiques et 5% de la biodiversité́ mondiale. Sur plus de 200.000 espèces connues trouvées à Madagascar, plus de 80% n'existent nulle part ailleurs au monde.
Nous disposons de plus de 5.000 km de côte, de 50.000 ha de mangroves, de 155.000 ha de lacs et de lagunes.
Madagascar est un sanctuaire de la nature qu’il faut préserver et qui fait la fierté des Malagasy.
Cependant, c'est l'un des écosystèmes les plus menacés de la planète. Notre belle ile figure parmi les pays les plus exposé aux changements climatiques, malgré le fait qu’il soit parmi les pays peu polluants.
Les effets des changements climatiques font partie des réalités des Malagasy.
Les dégâts causés par les changements climatiques constituent une entrave au progrès du pays.
Jusqu’à présent, aucune initiative nationale, aucune politique environnementale claire n’a été engagée.
Mais cela c’était avant !
Aujourd’hui, la prise de conscience est absolue, la volonté politique est plus que jamais présente et l’optimisme est là.
Madagascar est prêt à s’engager dans le virage de la croissance verte.
La Grande Ile est une terre bénie, une destination aux milles surprises avec un patrimoine naturel. Cette terre regorge de richesses, source intarissable d’opportunités.
Mesdames et Messieurs,
L’année prochaine nous célèbrerons le 60eme anniversaire du retour de l’indépendance de Madagascar.
Nos pays frères Africains tels que la Cote d’Ivoire ont commencé leur processus de développement au même moment que nous. Mais pourtant, le peuple ivoirien bénéficie d’une production énergétique de 2.000 Mégawatts contrairement á Madagascar qui ne dépasse pas les 400 Mégawatts, essentiellement issu des énergies fossiles. A compter de ce jour, nous considérons ce temps comme révolu.
Aujourd’hui, nous nous engageons à doubler, voire tripler, notre production énergétique – un minimum de 800 Mégawatts en 5 ans – en privilégiant les énergies renouvelables.
90% des infrastructures que nous allons développer produiront de l’énergie verte.
Nous utiliserons principalement des panneaux solaires, les éoliennes, l’hydraulique et la géothermie.
Conscient, que cette révolution exige l’adhésion de tous, des campagnes de sensibilisation viennent d’être lancées en s’appuyant sur un comportement exemplaire des dirigeants et leaders. Nous prenons des décisions fortes aujourd’hui, pour sculpter l’avenir des Malagasy.
“Manaja tanin-drazana, mitsinjo tanin-janaka”
Ce qui signifie en Malagasy « Respecter la terre des ancêtres et veiller sur la terre des enfants ».
Pour ramener la lumière à Madagascar et sortir les Malagasy de l’obscurité, des solutions innovantes en énergie seront déployés. Car, à ce jour, seulement 15% de la population Malagasy ont accès à l’électricité.
Pour donner rapidement accès à l’électricité au plus grand nombre de familles Malagasy, la solution la plus adaptée est la vulgarisation de kits solaires en particulier pour les habitats dispersés et loin des réseaux. En effet, l’éparpillement de ces habitats rend difficile la connexion de ceux-ci aux réseaux.
Il y a quelques jours, Madagascar a fait un grand pas dans le changement d’habitude de consommation des ménages, car depuis des siècles, les Malagasy cuisent leurs aliments avec le bois de chauffe. Le 7 Mars dernier, la première pierre d’une usine de production d’éthanol Malagasy a été posée. Cette initiative traduit une volonté de substituer graduellement le charbon de bois par des réchauds utilisant cette énergie non polluante.
Ainsi pour chaque réchaud vendu, nous sauvons 1 ha de forêt.
Ce projet représente une avancée encourageante dans le combat contre la déforestation.
Grace à cette initiative, engagée par la PAESFA, une plateforme Panafricaine présidée par mon épouse, nous atteindrons l’objectif de sauver les forêts de Madagascar. Le calcul est simple :
La vente d’1 millions de réchaud équivaut à sauver 1 millions d’ha de forêt par an.
Les Malagasy adhèrent à la transition énergétique. Nous sommes prêts !
Dans cette lignée, nous avons tracé les grandes lignes de la reforestation de Madagascar. Un défi désormais prioritaire pour l’État.
Ainsi, dès le début de mon mandat, j’ai adopté des mesures fortes pour initier une grande campagne de reboisement nationale. L’objectif est de reboiser une surface de 40.000 ha par an avec un minimum de 40 millions d’arbres par année. Pour ce faire, nous allons mobilier tous les citoyens pour mener une action collective de reforestation. Chaque Malagasy devra planter au minimum 10 arbres par an.
L’État leur offrira gratuitement ces plants grâce à des pépinières que nous allons établir dans les 22 régions. Si auparavant, Madagascar était appelé l’Ile Rouge, désormais elle sera l’Ile Verte grâce à notre plan national de reforestation.
Son Excellence Monsieur Uhuru Kenyatta, Président de la République du Kenya, notre présence ici marque la volonté de Madagascar à se joindre á vous et á toute la grande famille des Nations Unies pour la reforestation et la préservation de nos forêts.
Excellences, Mesdames et Messieurs, la révolution verte est en train de s’opérer à Madagascar.
Parallèlement aux actions menées auprès des ménages, nous accompagnerons également les opérateurs économiques à privilégier les énergies renouvelables dans leurs unités de production de biens et services.
Pour ce faire, une transition vers les sources d’énergie propres sera obligatoire pour l’ensemble de notre tissu entrepreneurial. Le secteur privé jouera un rôle majeur dans l’ouverture à l’économie verte à Madagascar.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Madagascar a toujours été oublie par les projets et passé sous-radars des donateurs. Mais cela va changer car la volonté politique est là, le leadership est fort, jeune, audacieux et pragmatique.
Nous prenons le virage du développement durable. Désormais elle sera l’Ile Verte, poumon de la région Indo-Océanique.
Madagascar va se donner les moyens de ses ambitions et travaillera dur pour créer sa chance et accomplir son destin d’émergence.
Désormais, Madagascar est sur les rails de l’économie verte, à sa tête un TGV.
L’aventure Malagasy sera belle.
Merci à tous pour votre aimable attention.
Andry Rajoelina
Président de la République de Madagascar
Nairobi, Kenya, 14 mars 2019