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Afrique du Sud-ANC. Madagascar a pris part à la fin du régime de l’apartheid

Votre serviteur lors de l’exposition organisée au CCI Ivato, le 17 avril 2019 (BIG SIZE)

Apartheid : mot afrikaans (langue germanique issue du néerlandais, parlée en Afrique du Sud et en Namibie) signifiant "développement séparé". Il a ainsi nommé une politique de ségrégation menée en Afrique du Sud. Durant presque 50 ans, les populations sont distinguées selon des critères raciaux. Les Blancs (issus des anciens colons) sont nommés Boers ou Afrikaans et représentent seulement 21% de la population sud-africaine. Pourtant, ils se placent au-dessus de la « hiérarchie » des peuples, aussi constitués d'Indiens (3% de la population), de « coloured » (ou métis) et de Noirs (ou Bantous). Ces derniers composent la plus grande part de la population sud-africaine : ils sont 67% au moment de la mise en place de l'apartheid.


L'apartheid a été mis en place le 26 mai 1948, et officiellement aboli 30 juin 1991. Cette politique de « développement séparé » mise en place par la minorité blanche d’Afrique du Sud va limiter les droits des Africains noirs durant presque un demi-siècle. Déjà, en 1911, 87% des terres avaient été allouées aux Blancs, les 13% restant allant à la majorité africaine. En fait, les lois de l'apartheid avaient commencé à se mettre en place dès 1913. D'abord par idéalisme. Effectivement, les Afrikaans avaient mis en avant des raisons de sécurité pour expliquer ce système. Mais il s’agissait, pour eux, du seul moyen pour survivre en tant que groupe ethnique distinct. A l’époque, beaucoup de nationalistes Blancs pensaient que l'apartheid laissera des chances aux Noirs. Mais, à aucun moment, les aspirations des Bantous avaient été prises en considération.


Des lois des plus restrictives et des plus grossières ont régulièrement été votées et appliquées. Blancs et Noirs vivaient dans des zones bien distinctes, selon la loi de l'habitation séparée. Il était interdit à un employeur de donner à un travailleur africain le même salaire qu'à un Blanc. Les Africains n'avaient aucun droit de grève et aucun accès à la formation professionnelle. Ils devaient présenter leur « carnet de référence » (« passbook ») indiquant leur tribu, leur lieux d'habitation et de travail, leur fiche de paie et d'impôts, etc.

Photo historique, qui a fait le tour du monde, que l’on peut voir au Hector Pieterson Memorial Museum - 8287, Khumalo Street, Orlando West à Soweto

En 1960, une mobilisation à l’échelle nationale fut organisée contre le port obligatoire de ce passeport intérieur (« pass »). A Sharpeville, au sud de Johannesburg, 15.000 manifestants pacifistes cernèrent le commissariat et demandèrent à être arrêtés. En face, 75 policiers qui ont ouvert le feu. Ce massacre marque pour toujours la mémoire des Noirs et va faire exploser leur colère.

Pourtant, à cette époque de l’Histoire de l’Afrique du Sud, le parti politique ANC (African National Congress – Congrès national africain), fondé le 8 janvier 1912, préféra utiliser le boycott, la résistance passive et la grève. Or, suite à ce massacre de Sharpeville, les principaux leaders de l’ANC, dont un certain Nelson Mandela, sont arrêtés, le 5 août 1963. Ils ont été jugés pour trahison lors du procès de Rivonia et condamnés aux travaux à perpétuité (« mandrapahafaty ») pour trahison, à Robben Island.


« Umkhonto we Sizwe » signifie Fer de lance en langue Xhosa

Pour bien replacer l’Histoire -qui ne s’invente pas- l’entité « Umkhonto we Sizwe » (MK) avait été formée pour « riposter par tous les moyens en notre pouvoir, pour la défense de notre peuple, notre avenir et notre liberté ». En 18 mois, MK mena 200 actions de sabotage. Mais l'organisation clandestine a dû faire face à un régime qui a commencé à utiliser des méthodes de répression encore plus dures. La loi a puni de peine de mort les actes de sabotage et a permis à la police de tenir en garde à vue les gens, pendant 90 jours sans procès. Le 5 août 1963 donc, la police effectua un raid au siège social secret de MK, et arrêta les leaders. Cela a mené au procès de Rivonia où ces leaders de MK ont été accusés d’avoir mené une révolution violente. C'est de là qu'est née une nouvelle loi : le « Terrorism Act » condamnant toutes les actions visant à menacer le régime d'apartheid.


Steve Biko, assassiné en 1977 : L'apartheid l'a tué mais n'a jamais pu tuer ses idées

A partir de cet emprisonnement, Nelson Mandela est devenu un symbole de la lutte pour l’égalité raciale, connu et reconnu à travers le monde entier. L'ANC multiplia alors ses actions qui devinrent de plus en plus violentes, après les émeutes de Soweto en 1976. Cette année-là, de jeunes écoliers noirs qui manifestaient pour un accès égal à l'éducation, avaient été massacrés.

Le début de la fin de l’apartheid s’amorça le 12 septembre 1977. Ce jour-là, le jeune leader, Stephen Bantu Biko alias Steve Biko, meurt en détention, officiellement « des suites d'une grève de la faim ». Mais les conditions de la détention ainsi que le décès brutal de Biko font l'objet d'une polémique internationale qui débouche sur la condamnation du régime sud-africain. Après son décès, Steve Biko est devenu devient le symbole de la résistance noire face à la cruauté du régime de l’apartheid.

Au milieu des années 1980, la situation de l'Afrique du Sud était assez préoccupante. L'Etat n'arrivait plus à contenir les mouvements de rébellion interne et, au niveau international, les pays en désaccords avec la politique de l’apartheid devinrent de plus en plus nombreux. Parmi eux, les Etats-Unis qui refusèrent d’investir dans un pays dont la bourse s'effondrait. Cédant aux nécessités économiques, le gouvernement accepte alors la création des syndicats noirs. Autre image qui a encore plus ternie l’image du régime de Pieter Willem Botha, de 1984 à 1989 : le 29 mars 1988, Dulcie September, représentante de l’ANC, est assassinée à Paris dans le Xème arrondissement. Une place y porte son nom trouve de nos jours.

En juin 1988, le Concert organisé au stade de Wembley, en hommage aux 70 ans de Nelson Mandela, est regardé par 600 millions de téléspectateurs dans 67 pays. Exposée au niveau mondial, la captivité de Mandela et l'oppression de l'apartheid va forcer le régime sud-africain à  songer sérieusement à libérer Mandela.  En décembre 1988, Mandela, atteint par la tuberculose, est transféré à la Victor Verster Prison. En 1989, tout en précisant que «la question de [sa] libération n’en est pas une», il écrit au président Pieter Botha que «face au spectre d’une Afrique du Sud coupée en deux camps hostiles se massacrant mutuellement», il veut faire négocier entre elles « les deux principales organisations du pays »,  c'est-à-dire le gouvernement et l'ANC.

Rossy avec d’autres membres de l’ANC au CCI Ivato, le 17 avril 2019

En 1989, le nouveau chef sud-africain, Frédérik De Klerk, est conscient de l’urgence de sortir le pays de la crise. Ici, une petite précision historique : durant l’emprisonnement, c’est bien le monde entier qui avait mis la pression sur le gouvernement sud-africain pour demander la libération de Mandela. Slogan : « Libérez Nelson Mandela ! ». Rahasimanana Paul Bert alias Rossy avait composé une chanson spéciale qui lui est dédié : « Papa Mandela ». (« Papa Mandela mbola any am-ponja foana… »). Le premier album est sorti le 6 novembre 1989 et un remix le fut en 2006.

Le 11 février 1990, De Klerk libère alors Nelson Mandela et ses compagnons, et entame une série de négociations avec l'ANC. En passant, rappelons qu’au mois d’août 1989, Frédérick de Clerk avait fait un passage éclair à Antananarivo, alors que Didier Ratsiraka était président de la république de Madagascar et que les évènements de 1991 allaient éclater, qui l’amenèrent à son premier exil en France...

Nelson Rolihlahla « Madiba » Mandela (1918-2013)

Le 17 mars 1992, les Blancs sont invités à se prononcer par référendum sur leur position vis-à-vis du régime de l’apartheid. Ils ont été 68% à voter contre. Le 16 octobre 1993, Nelson Mandela et Frédéric De Klerk reçoivent conjointement le prix Nobel de la Paix pour avoir mis fin pacifiquement au régime d’apartheid et jeté les bases d'une nouvelle Afrique du Sud démocratique.


Après une transition co-présidée par Mandela et de Klerk qui évitent une guerre civile entre les éternels partisans de l'apartheid, ceux de l'ANC et ceux de l’Inkhata Zoulou, Nelson Mandela est élu président, le 10 mai 1994. Il sera le premier président Noir de la République sud-africaine devenue « la Nation Arc-en-ciel ». Il occupera ce poste jusqu’en 1999 et il ne se représentera plus pour un second mandat. Madagascar joua un rôle de premier ordre « pour en arriver là », comme le chante Dalida.

De 1979 à 1993, il existait un bureau de l’ANC implanté à Ampasanisadoda, sur la route circulaire à Antananarivo. De là émettait la radio Freedom qui transmettait des informations concernant les exactions commises par le régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Ces émissions étaient relayées par la RNM (Radio nationale malagasy).


Les célébrations du centenaire de l’ANC ont eu lieu à Bloemfontein (Mangaung), du 6 au 8 janvier 2012. Le thème a été : « Unity in Diversity » (Unité dans la Diversité). Le président de la transition, Andry Rajoelina, et l’ancien chef d’état démissionnaire, Marc Ravalomanana y ont été invités. Ces célébrations se sont poursuivies durant toute l’année 2012, pour s’achever le 8 janvier 2013.

Chaque mois de cette année 2012, a été consacré aux anciens présidents de l’ANC, au nombre de 12, qui se sont succédé en 100 ans. C’est lors de ces célébrations que l'ANC a alors décidé de rassembler des archives et des informations sur son histoire existante à travers le monde entier. Elles seront ultérieurement rassemblées en un seul et même endroit en Afrique du Sud, à l’instar du Musée de l’apartheid à Johannesburg.

Après la signature de l’Accord au CCI Ivato, le 17 avril 2019

Concernant Madagascar, une restitution de matériels a eu lieu le 17 avril 2019, au CCI Ivato, à travers la signature d’un « Accord entre la République d’Afrique du Sud et la République de Madagascar relatif à la dotation des matériels de la radio Freedom par Madagascar à l’Afrique du Sud ». Elle précède la « Freedom Day » (Journée de la Liberté) célébrée en Afrique du Sud depuis 1995. Un jour férié destiné à se souvenir de la fin de la domination politique de la minorité blanche sud-africaine.

Lalatiana Rakotondrazafy, Ministre de la Culture et de la Communication, et Maud Dlomo, Ambassadrice de la Nation arc-en-ciel, brandissant le myhtique micro utilisé par radio Freedom à Antananarivo, de 1979 à 1993

Lors de la cérémonie au CCI Ivato, Maud Dlomo, Ambassadrice de l’Afrique du Sud, s’est adressé aux professionnels des médias pour les couvrir d’éloges : « C’est une journée historique pour les peuples Malgache  et Sud-africain. Madagascar a contribué grandement à la libération de l’Afrique du Sud de l’apartheid et nous sommes véritablement reconnaissants envers vous. Par rapport aux médias, j’aimerais vous encourager dans votre mission. Continuez à travailler pour l’intérêt du pays et ne cessez pas de faire le bien ».

La boucle sur ce panorama sur la lutte contre le racisme blanc en Afrique australe est bouclée. Là-bas, le « plus jamais ça » est bien réel pour les générations présentes et à venir. A contrario du « manomboka izao » (à partir de maintenant) que j’entends à chaque fois qu’on change de « filoha » à Madagascar. Tous les compteurs semblent être remis à zéro, mais les mauvaises pratiques persistent. Why ?


Vous voulez de l’efficacité efficacement efficace ? Je vous donne un exemple à mettre en pratique sans attendre 2023 pour en faire une promesse électorale. Que les prochains députés élus se penchent sur une loi (suivi de son décret d’application effectif), qui condamnera à 25 ans de prison ferme, après une comparution immédiate, tout individu, sur le territoire de Madagascar, qui détériorera ou volera les biens publics (« fananam-bahoaka »). Je vous garantis que plus personne n’ira voler les panneaux et batteries solaires qui apportent la lumière, donc la sécurité, à travers la Grande île.

En fait, le patriotisme, c’est aussi simple que cela. C’est une question de volonté à la Nelson Mandela qui, lui, a fait 27 ans de prison, mais a réalisé et vécu pleinement son rêve d’une Nation libre et forte, quoi qu’on dise... Madiba est décédé à 95 ans, le 5 décembre 2013.

Dossier de Jeannot Ramambazafy – Egalement publié dans « La Gazette de la Grande île » du 20 avril 2019 - Sources : African National Congress, INA & Wikipédia

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Mis à jour ( Dimanche, 21 Avril 2019 05:43 )  
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