Rappel. Le 18 février 2017, deux éléments de la police ont été lapidés jusqu’à ce que mort s’ensuive, dans le village d’Ankotrolava, commune d’Antsakabary, district de Befandriana Nord. Cela à cause d’un canard tué par un enfant et d’un terrible quiproquo qui s’en est suivi dans cette zone rouge du vol de zébus par les dahalo.
Puis, une semaine plus tard (le 24 février) des informations d’incendie à grande échelle ayant filtré sur les réseaux sociaux, le ministre de la Sécurité publique, Anandra Norbert, a cru bon d’organiser un point de presse dans lequel il a déclaré, en lisant un smartphone à la main:
Anandra Norbert qui, par la suite, s'est défendu en déclarant qu'il n'avait fait que lire un rapport... Voilà bien une excuse indigne d'un ministre, vous ne trouvez pas?
« Résultats et recoupements auprès plusieurs sources. Premièrement: incendie huitaine de cases sises à Ambalamanga, a été commis par une aliénée mentale, après départ missionnaires PN et missionnaire n’y sont pour rien. Deuxièmement: maire + son adjoint ne sont qu’indicateurs et simples témoins dite affaire. Troisième point: aucun décès par balle n’a été signalé dans commune rurale Antsakabary et environs. Dans cadre dite affaire, fausses nouvelles ont été intentionnellement propagées, en vue envenimer politiquement situation. Envisageons demain matinée (Ndlr: rapport reçu dans la nuit du 23 février) tenir point de presse en vue couper court à telles propagations fausses nouvelles tendant à induire hautes instances étatiques et salir corps PN (police nationale) ».
Depuis, plusieurs sources et témoignages sur place ont confirmé une réalité atroce inimaginable, 70 ans après les évènements de 1947 où les colons français, dans des expéditions punitives, avaient incendié des villages entiers et torturé des villageois. Et c’est bien ce qu’a fait la quarantaine de membres de la FIP (Force d’intervention de la police) dépêchés sur place. Et le bilan est loin de cet « incendie huitaine de cases sises à Ambalamanga commis par une aliénée mentale ». Le bilan connu a ce jour est le suivant, et vous conviendrez que cela fait beaucoup:
Ambalamanga : 80 cases parties en fumée (et non une « huitaine »)
Ambohitranivo : 22 cases incendiées
Ambodinifesy : 75 cases incendiées
Antanimenalava : 20 cases incendiées
Antanamba : 80 cases incendiées
Ambinanindrano : 230 cases incendiées
Les photos qui suivent ont été prises à Ambinanindrano avec un petit appareil de photo… Je ne vous montrerai pas les restes calcinés de la femme de 75 ans, c’est déjà assez pénible ainsi. En tout cas, c’est aussi la vie de tous les villageois de là -bas qui est ruinée: destruction du regroupement familial, destruction de leur matériel d’agriculture, destruction de la scolarité des enfants.
Ce n’est pas l’aide minable de la part du pouvoir, par rapport à ce désastre, à cette catastrophe humanitaire produite par la main d’hommes en uniforme, envoyés officiellement par des autorités, qui rétablira ces vies inutilement gâchées. Ils espèrent toutes et tous que les auteurs soient sévèrement punis. Hélas, nous sommes dans la IVème république de Hery Rajaonarimampianina où l’impunité est reine.
Le PM Olivier Mahafaly à Ivato, le 28 février 2017. Eh oui, il n'y a plus qu'en Afrique bananière que les Premiers ministres veulent une haie d'honneur à chaque retour de l'extérieur. De qui avoir des idées de vouloir être Calife à la place du Calife... qui a, finalement, purement et simplment limogé le ministre Anandra (ICI)
L’exemple en est le comportement du Premier ministre qui, à son retour de la France, le 28 février, a, comme l’écrit l’Express de Madagascar, « recadré Norbert Anandra » (ICI). C’est bien, mais le limoger aurait été plus réaliste et aussi juste que légitime face à l'ampleur des dégâts... inhumains. Enfin, bon. Place aux photos d’Ambinanindrano. On verra si le président osera encore parler de "sary namboarina" (photos montées).
Jeannot Ramambazafy – 2 mars 2017