La Cour criminelle, au tribunal d’Anosy Antananarivo, dans le cadre du kidnapping d'Anil Karim (Pharmacie Sophasu) par la bande à Lama, a tranché hier 3 novembre 2021, sur le sort de Mousfa Radjan sur lequel, j’avais dévoilé le mandat d’arrêt qui le concerne ainsi que son parcours peu glorieux de mafieux dans des précédents articles. Cela a fait suite aux révélations de Lama précédant son agonie. Inutile de revenir sur les détails mais, Moustafa Radjan n’est pas venu au tribunal pour entendre sa condamnation. Il était inculpé pour les motifs suivants : association de malfaiteurs ; détention illégale d’arme de guerre qu’est l’AK-47 OU kalachnikov ; séquestration de personnes. Pour ce dernier motif, il a été prouvé que lui et son frère Danil, auront été les commanditaires de la série de kidnapping dont Madagascar a été le théâtre depuis plus d’une décennie.
Le repère tangible et réel est que depuis le décès de Danil Radjan, le 20 septembre 2020, il n’y a plus eu aucun rapt dans les grandes villes de la Grande île. Ceux effectués en zones rurales ne sont que des copiés-collés faits par des bandits qui agissent dans le feu de l’action et non pas selon un plan bien établi, bien réfléchi concernant les cibles.
Moustafa Radjan a donc été condamné et il est, par conséquent en cavale car recherché. Enfin, c’est ce qu’il faut penser immédiatement. Jusque-là , à la suite de ses blessures par balles qui avait nécessité une évacuation sanitaire à l’extérieur de Madagascar, l’opinion, y compris votre humble serviteur, pensait qu’il se trouvait toujours « any Andafy », « am-pitan-driaka », ou outre-océan indien, comme on dit en malagasy. Eh ben non ! Aux dernières nouvelles, ce cerveau maffieux des opérations de séquestration de personnes (censées être riches) contre rançon et bel et bien à Madagascar.
Quand est-il revenu et comment a-t-il pu passer les frontières aériennes de la Grande île ? Actuellement, le premier responsable (« Tomponandraikitra ») de la PAF (Police de l’Air et des Frontières) malagasy est, si je ne m’abuse, le ministre de la Sécurité Publique, le Contrôleur Général de Police, Randrianarison Fanomezantsoa Rodellys. A mes yeux, surtout après l’affaire Apollo 21, il me paraît incroyable que ce ministre ne soit pas au courant des magouilles perpétrés par quelques-uns de ses subordonnés. A moins que…
En tout cas, pour en revenir au verdict de la Cour criminelle d’Anosy, du 03 novembre 2021, le dénommé Dilavarhoussen Razanamamode alias Katraka, qui faisait déjà l’objet d’un mandat d’arrêt en date du 07 octobre 2020, au même titre Moustafa Radjan, a également été condamné à 20 ans de travaux forcés. Il était aussi absent lors de ce procès à l’issue aussi clair que l’eau de roche. Il est temps de cesser ce schéma archi-connu et usé des bourreaux voulant passer pour des victimes qui jugent « normal » de fuir la sanction qu’ils méritent depuis longtemps.
Enfin, ne perdons jamais de vue que, dans cette histoire de kidnapping en série, une fillette a été froidement assassinée de peur qu’après avoir reconnu ses ravisseurs, elle ne les dénonce. Nous serons tous complices tant que toutes les personnes -quelles qu’elles soient- directement ou non impliquées dans ces affaires de rapt contre rançon demeurent libre. Monsieur le ministre de la Sécurité Publique, le Contrôleur Général de Police, la balle est réellement dans votre camp. Des mandats d’arrêts ont été émis, des condamnations ont été prononcées, il est temps de passer à l’acte, comme l’a dit le Président de la République lui-même, à Glasgow, à propos des grands dangers liés aux changements climatiques : « Un seul mot, un seul geste, la volonté suivie d’actions changera les choses »…
Jeannot Ramambazafy
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Précédemment, j’avais rédigé un dossier intitulé « Radjan Brothers. La face cachée des maîtres des affaires louches à Madagascar ». Rappelez-vous : le 19 septembre 2020, le corps sans vie de Danil Radjan, «karana» (étranger d’origine indo-pakistanaise) de nationalité française, était trouvé dans le parking souterrain du centre commercial « La City » à Ankorondrano Ivandry. Par la suite, quatre personnes ont été accusés puis inculpés pour ce fait : Lionel Le lièvre et trois de ses employés de la société de sécurité civile COPS. En attendant le dénouement de cette affaire dans laquelle beaucoup trop de dés semblent pipés, je vous fais découvrir une autre facette de l’esprit criminel de Moustafa Radjan qui, en se posant comme l’instigateur de tous les, kidnappings qui ont eu lieu ces dernières années, maudit le nom que ses parents lui a donné.
Lama ! Qui ne connait pas ce nom à Madagascar ? De son vrai nom Ramandiamanana Norbert, c’était un criminel insaisissable depuis très fort longtemps dans le pays. Mais tout a une fin et le 13 mai 2020, il a été arrêté du côté d’Analamahitsy. Ayant tenté de s’enfuir, il a été blessé par balle et a succombé une fois arrivé à l’hôpital. Selon plusieurs articles de journaux émanant du constat des forces de l’ordre -dirigées par le Général Andriantsarafara Rakotondrazaka, commandant de la Circonscription régionale d’Antananarivo-, avant de mourir, Lama a pu donner les noms de ses complices. Qui sont : Jimmy, Herman, Dilavarhoussen Raza alias Katraka et... Moustafa Radjan. Oui.
Certains vont encore sauter au plafond. Ils ne comprennent toujours pas que je ne rédige pas de dossier de ce genre sans preuves tangibles. Ainsi, des mandats d’arrêts à l’encontre de ces individus cités.
Actuellement, Moustafa Radjan est libre, hors de Madagascar. Mais, chose tangible et réellement vécu, après la disparition de son frère Danil, dans les circonstances que l’on sait, tout acte de kidnapping urbain, et sur des personnes de la communauté indo-pakistanaise, a subitement disparu. A croire qu’une fois ces deux frères hors d’état de nuire (l’un hors des frontières de Madagascar, l’autre décédé), le nerf de la guerre a aussi disparu pour les mercenaires de tout acabit. Après donc mon dossier « Radjan Brothers ». La face cachée des maîtres des affaires louches à Madagascar », ceci n’est qu’un très bref rappel des méfaits que la nation et la population malagasy ont subi de la part des frères Radjan. Il importe d’éveiller les consciences des dirigeants aux simples citoyens car pour beaucoup ces frères constituent toujours le symbole de la terreur et le souvenir d’un traumatisme encore bien ancré dans les mémoires. Rappelons que des enfants ont été enlevés, une fillette a même été tuée froidement alors qu’une rançon avait été remise.
A cause d’eux, toute la génération portant le nom de Radjan, née à Madagascar, est devenue maudite. A-t-elle mérité cet opprobre ? Certainement pas.
Jeannot Ramambazafy
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DOSSIER DE RAPPEL
Radjan Brothers. La face cachée des maîtres des affaires louches à Madagascar
Il y a un an bien sonné, le 19 septembre 2020 exactement, le corps sans vie de Danil Radjan, «karana» (étranger d’origine indo-pakistanaise) de nationalité française, était trouvé dans le parking souterrain du centre commercial « La City » à Ankorondrano Ivandry. Par la suite, quatre personnes ont été accusés puis inculpés pour ce fait : Lionel Le lièvre et trois de ses employés de la société de sécurité civile COPS. En attendant le verdict de la cour de cassation qui ne va pas tarder, il importe, tout de même, de traiter une autre face de cette malheureuse affaire. Sans nier l’acte répréhensible, je suis parti d’un constat : depuis cette affaire, il n’y a plus eu de kidnapping urbain, entrant dans le cadre du grand banditisme, à Madagascar. Certes, il existe des cas de kidnapping que je qualifierai de « ruraux », mais il s’agit de « copiés-collés » sur des personnes qualifiées de nantis (grossistes, propriétaires de zébus, de camions…), dans des villages, pour demander des rançons de survie. Je ne sais pas si vous me suivez et à quoi je fais allusion avec ce dernier mot.
Ainsi, j’ai fait des recherches sur les frère Radjan et ce que j’ai trouvé doit être l’objet d’un dossier. C’est celui que vous lisez actuellement.
Comme je l’avais déjà écrit dans un article précédent,Il ne faut pas perdre de vue que son frère, Moustafa Radjan, avait fait l’objet, le matin du 13 novembre 2017, d’une attentat du côté d’Ambatobe. Ayant été atteint de trois balles d’arme à feu, il s’en est sorti miraculeusement indemne et vit à l’extérieur de Madagascar à l’heure actuelle. Mais qui sont les frères Radjan (« Radjan Brothers ») ? Après avoir lu le fruit des recherches, vous conviendrait bien que ceux-ci ont été des éléments-clés au sein de ce que j’oserai appeler « mafia malagasy ». Alons-y sans plus attendre.
En 1995 alors que Moustafa Rajan n’est encore qu’un étudiant, son frère Danil travaillait chez un de leurs oncles. Il s’occupait alors de ses relations administratives. Sa position lui avait permis d’escroquer son propre oncle ainsi que ses associés, en inventant de faux problèmes (avec le fisc, la douane, le BIANCO -Bureau indépendant anti-corruption-, la douane...). Cela lui a permis et lui permet d’amasser un énorme pactole. En 2002, à la suite d’une enquête diligentée par le Bianco, cet oncle se contraint à quitter Madagascar. Du coup, Danil et Moustafa Rajan, en « héritiers », ont empoché une bagatelle d’argent chiffré à plusieurs millions de dollars américains qui auraient dû revenir à cet oncle trop confiant. Avec ce pactole, les « Radjan Brothers » montent une société sans nom, sans enseigne, sans activité précise, qui, pourtant, sera plus que lucrative… Mais dans le monde des affaires en général, Danil Radjan a eu la renommée d’avoir été un usurier, prêtant de l’argent à ceux dans le besoin -et ils étaient nombreux- avec un taux d’intérêt mensuel variant entre 5% à 10%.
En 2008, ils s’activent dans le trafic d’or. De quelle manière ? Ils subtilisent tout simplement les cargaisons d’autrui. En 2009, ils ont réussi à détourner pour leur profit, une cargaison de 20 kg d’or, qui leur a permis d’empocher deux milliards d’ariary de l’époque. Peu de temps après, grâce à une chaine de corruption qu’ils ont établie au sein des forces de l’ordre, ils ont diligenté une équipe de policiers pour intercepter une cargaison de 20 kg d’or à Maevatanà na et l’ont détourné vers Dubaï par la suite. Résultat de cette opération ? De nouveaux milliards d’ariary raflés au passage…
Les « Radjan Brothers » n’ont jamais rechigné sur des affaires illégales mais lucratives pour eux. Ainsi, ils ont bel et bien œuvré dans les affaires de kidnapping de toute la décennie passée. Pourquoi, en effet, s’arrêter en « si bon chemin », n’est-ce pas ? Et les personnes les plus ciblées, capables de payer des rançons d’un montant faramineux pour le commun des malagasy, ont été issues de la communauté indo-pakistanaise de Madagascar, les « karana ». Le jackpot assuré. Avec l’appui très intéressé de Dilavarhoussen Reza dit « katraka », ils ont semé la terreur, l’angoisse et la peur au sein dans toutes les communautés « karana » de Madagascar, que ce soit chez les Bohras, les Hindous, les Ismaelis ou les Khodjas… En état de stress permanent, tous les membres des familles riches de ces communauté n’avaient plus qu’une question en tête : « à qui le tour maintenant ? Qui sera le prochain kidnappé ? »… Si vous prenez le temps de lire et relire les archives des journaux de l’époque, vous constaterez qu’une famille, en l’espace de deux années a vu quatre de ses membres kidnappés contre rançon.
Et, à y voir très clair, il m’est apparu qu’une famille a été épargnée par ces vagues de kidnapping qui ont défrayé la chronique. Devinez laquelle. Oui, c’est celle des « Radjan Brothers ». J’ai eu beau cherché mais le constat est le suivant : aucun de leur proche ne figure sur la longue liste des victimes d’enlèvement et de séquestration contre rançon. Danil et Moustafa ont-ils eu un élan de pitié pour leur famille, alors qu’ils avaient pourtant grugé l’un de leurs oncles ? Le mystère reste entier…
En 2010-2011, sous la transition dirigée par Andry Rajoelina, ils sont incarcérés dans la maison de force située à Tsiafahy, suite à l’affaire des bombes artisanales qu’ils avaient financée et à la suite de quoi des bombes avaient été posées un peu partout. Ils ont également été les financiers de la tentative du coup d’état au camp de la base aérienne BANI, à Ivato. Là , ils ont pénétré dans le domaine de la politique, avec la volonté manifeste d’écarter le Président de la Transition. Et peut-être pire encore.
Par la suite, grâce encore à un système de corruption « élevée » (à coups de millions d’ariary assurément), leur relation étroite avec certaines personnes de la SAMIFIN (Sampandraharaha Malagasy Iadiana amin'ny Famotsiam-Bola » ou Service de renseignement financier malagasy) leur a permis de s’enrichir de façon illicite voire criminelle gracieusement, sans jamais avoir été inquiétés. Du coup, des personnes issues de toutes communautés confondues ont été prises pour cibles, certaines faussement accusées de blanchiment d’argent. Parallèlement, entre 2007 à 2010 (donc, sous le Président Marc Ravalomanana déjà ), les « Radjan Brothers » ont pu réaliser des transactions fictives d’un montant égal à 100 millions de dollars américains.
A présent, s’il y a une justice en ce bas-monde, nous nous posons tous la même question : laquelle ?
En tout cas, une chose est certaine ici-bas : tôt ou tard, nous serons payés en retour des actes que nous avons commis, que ce soit en bien ou en mal et de manière inattendue, en partant du principe que si les voies du Seigneur sont insondables, Il sait tout, Il voit tout et agit selon vos propres agissements. Tel est l’objet de ce dossier. Réveillez vos consciences et n’espérez jamais être récompensés pour des actes maléfiques. Car si la justice humaine comporte des failles certaines, la justice divine, elle, est immanente.
Pour les éternels sceptiques, je signale, que les faits cités plus haut ne sont que la face visible d’un profond iceberg d’actes de banditisme tous aussi mafieux les uns que les autres signé « Radjan Brothers ».
Jeannot Ramambazafy