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Rajaonarimampianina: dans la cour des grands, le pouvoir anticonstitutionnel ne fait pas long feu

SĂ©quences lors de la prise de la traditionnelle photo de famille

Bruxelles, 4è sommet UE-Afrique, 2 avril 2014. Voilà : le candidat n°3, soutenu par le Mapar (Miaraka amin'ny Prezidà Rajoelina ou ensemble avec le président Andry Rajoelina) et entouré d’un Hvm (Hery vaovao ho an'i Madagasikara ou force nouvelle pour Madagascar) qui n’a aucun député à l’Assemblée nationale, est entré dans la cour des grands de ce monde, comme tout président élu après une période de transition politique.


Le président Hery Rajaonarimampianina, mal à l’aise face au président François Hollande

Effectivement, il a eu une entrevue expresse avec le président François Hollande. Et sur la photo ci-dessus, le président français a l’air d’un père qui réprimande son enfant : « Ecoutez: moi, je ne renie pas ma famille politique. J’ai désigné Manuel Valls car sans lui je ne serais pas là où je suis ». Certes, il ne l’a pas dit, mais l'ambiance dans cette photo, prise par la présidence de la république française, se traduit dans les regards. Allez demander au physiologiste et au physionomiste du coin où vous résidez.

Effectivement, le président élu du peuple malgache a l’air dans ses petits souliers. Vous ne trouvez pas ? Car, lui, il sera bien le seul président au monde à dire que, vis-à-vis de la Constitution qu’il est tenu de respecter pour donner le bon exemple, il a sa propre vision en matière de nomination de son Premier ministre. Pourquoi alors avoir attendu plus de deux mois ? Mais justement, pourquoi pas ?


31 mars 2014. Qui ment ? Dans cette vidéo en malgache, le député Maharante Jean de Dieu déclare que des noms autres que celui de Haja Resampa ont été transmis au président, le 27 mars. Or, le président déclare qu'il n'est pas au courant et se dit "très étonné".

Les trois nouveaux membres de la HCC issus du quota présidentiel

Son plan est tout simplement machiavélique et sa garde rapprochée ne chôme pas. En effet, durant tout ce temps, il a pu remplacer trois membres de la Haute cour constitutionnelle (HCC) dés lors « acquise à sa cause » (« antsika ny HCC » -la HCC est à nous-, a déclaré un de ses conseillers aux murs qui ont des oreilles). Mais bien avant, il a permis la création d’une Plateforme pour la majorité présidentielle (Pmp) composée d’adversaires politiques qui ne savent pas ce qu’opposition veut dire. Car, en ce début du mois d'avril 2014, Madagascar est bien le seul pays au monde où l'opposition politique n'existe pas.


Dans cette démarche, l’illustration serait que François Hollande (Ps), après la défaite du parti socialiste aux élections municipales françaises, nomme François Fillon (Ump), Premier ministre ou, pourquoi pas, Nicolas Sarkozy. Mais il n’y a qu’à Madagascar que l’on impose le consensus et l’inclusivité qui n’ont rien apporté de concret dans le développement du pays sur plus d’un demi-siècle. Certains politiciens malgaches parlent même de Jean Louis Robinson comme Premier ministre. Pourquoi pas carrément Marc Ravalomanana alors ?

Ambohitsorohitra, devenu le palais des complots basés sur la haine viscérale

A son retour, que va-t-il alors se passer ? Le président au nom le plus long du monde, va nommer un Premier ministre issu d’une majorité qui est en train de se créer artificiellement, avec des artifices financiers intarissables. Le plan concocté à partir du palais d’Ambohitsorohitra a pour titre : destruction totale du Mapar, selon les murs qui ont des oreilles. Une liste noire a même été dressée. Drôle de démarche pour des gens qui prônent la réconciliation, le « fihavanana »…

Aucun écho de la part du président Rajaonarimampianina sur la facturation de plus de 200 millions d'ariary, pour la réception au palais d'Iavoloha, après la prestation de serment du 25 janvier 2013

Du côté de l’A&C d’Ivato, de la dame qui surfacture le coût des réceptions présidentielles, le turbo sera mis en réunissant tous les députés indépendants pour former un bloc. Ainsi, la Pmp et l’Udi (Union des députés indépendants), réuniront des députés attirés par les sous gagnés aussi facilement qu’à une loterie aléatoire. Et ils vont sortir et proposer leur liste de premiers ministrables. Ce qui est inconstitutionnel. Mais la HCC va concocter une décision dans le pur style Jean Eric Rakotoarisoa, nouveau membre « rajaonarimampien », pour qui 2+2=5. Et le tour sera joué, la violation directe de la constitution étant peu flagrante.


Planche extraite de la Bande dessinée  le Messie sur l’épisode biblique du reniement de Pierre selon Matthieu 26, 69-75. VIDEO prouvant qu'il -Hery vaovao- a bien déclaré que sans Andry Rajoelina, il ne serait rien

Dès lors, il semblera pour le nouveau président -qui renie sa famille politique comme Pierre vis-à-vis de Jésus-, qu’il est ancré sur des bases politiques solides. Simple illusion et vue d’esprit d’un homme pour lequel tout est « zava-dehibe » (chose grandiose). Après quelques menaces, voire des arrestations, il va comprendre trop tard ce qu’est l’essence même de ceux qu’il a mis autour de lui. Actuellement, à Bruxelles, il goûte l’ivresse de côtoyer les grands de ce monde, mais le retour aux réalités prévalant au pays va lui jouer de très mauvais tours.


En attendant, il est le président élu par le peuple malgache, au-dessus de tout et de tous. Intouchable. Mais ce mot n’a pas le même sens ailleurs qu’en Inde… De nos jours donc, le président Rajaonarimampianina a dit ce qu’il a dit et il dira encore ce qu’il dira (phrase qu’il a prononcé devant les journalistes de Rfi, TV5Monde et le Monde, à propos du président de la Transition, Andry Rajoelina, et qui lui reviendra à la figure comme un boomerang).


Après ? Tournez-vous vers l’Histoire politique de la Grande île de l’océan Indien, à propos de ses trois prédécesseurs également élus par le peuple. A vouloir tourner la Constitution en leur faveur, pour tenter d’être présidents à vie et de se croire bénis de Dieu, ils ont tous mal… tourné. Le président Hery Rajaonarimampianina va-t-il changé son fusil d’épaule ? Dans l’immédiat non, car son entourage immédiat se démène pour tenter de rester le plus longtemps possible là où il est, sans aucun mérite ni cursus mémorable pour diriger la nation. Là est le nœud du problème malgache. Car ç’en est un. Après eux le déluge.

A Madagascar, il y a les politiciens analphabètes et méchants...

Mais que ces conseillers, plus spécieux que spéciaux, sachent que leurs secrets de comploteurs ne seront jamais que des secrets de Polichinelle. La « minorité active » dont je fais partie, sera toujours au courant de leurs faits, méfaits et gestes. Et qu’ils osent dire au président élu par le peuple, s’ils osent, dans la cour des grands, le pouvoir anticonstitutionnel ne fait pas long feu.

Me Hanitra Razafimanantsoa et Mamy Rakotoarivelo

Le phénomène VR8

Marc Ravalomanana ne s’est pas limité à entretenir la flamme de ses partisans du Magro Behoririka. Il a réussi à infiltrer sans cesse ses fidèles dans le camp de ses adversaires. Grâce à cette tactique, Andry Rajoelina n’a jamais eu le sommeil facile et cela continue jusqu’à aujourd’hui.

On appelle ce phénomène le « virus Ravalomanana », ou VR8. La lettre V, signe de ralliement du tombeur de l’ancien président depuis 2009 est devenu celui de ses déboires, tandis que R8 symbolise le diminutif du nom de l’ex, Ravalo, d’où Ra-8 ou R8, pour Ravalomanana.

Dès 2009, et alors que Ravalo a pris la poudre d’escampette sans tambour ni trompette, des VR8 contaminent le pouvoir de transition. Raharinaivo Andrianatoandro, Vy Vato Rakotovao, Yves-Aimé Rakotoson, Riana Andriamandavy VII et d’autres envahissent le pouvoir de la transition, poussés à la roue par des puissances occidentales hostiles à Rajoelina. 

A la signature de la feuille de route en septembre 2011, Mamy Rakotoarivelo, Me Hanitra Razafimanantsoa, Roland Ravatomanga, Olga Ramalason et d’autres intègrent à leur tour le parlement et le gouvernement.
Hery Rajaonarimampianina détient les cordons de la bourse sans discontinuer depuis 2010 et n’a pas participé au « putsch ». Mieux, il est l’un des concepteurs du fameux Madagascar Action Plan (MAP) de Marc Ravalomanana (Ndlr: actuellement devenu SNRD pour Stratégie nationale de redressement du développement). 

Pour boucler la boucle, la mouvance Ravalomanana, par on ne sait quel miracle, « a retourné » (terme de barbouze) le président élu tourne alors le dos à ses amis du Mapar qui l’ont pourtant aidé à se faire élire. 
Parallèlement, le nouveau Premier ministre est introuvable et le gouvernement de la transition est, de facto, devenu celui de la 4ème République. 
La rue s’étonne et n’arrive pas à comprendre : « quel virus a donc piqué Hery? ». Comme on le constate, les VR8 n’ont pas du tout chômé. Réponse: le président Hery Rajaonarimampianina a pris le plus court chemin vers la dictature...

Constitution de la IVè république de Madagascar - Extraits


Article 10.

Les libertés d'opinion et d'expression, de communication, de presse, d'association, de réunion, de circulation, de conscience et de religion sont garanties à tous et ne peuvent être limitées que par le respect des libertés et droits d'autrui et par l'impératif de sauvegarde de l'ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité de l'État.

Article 11.

Tout individu a droit à l'information. L'information sous toutes ses formes n'est soumise à aucune contrainte préalable, sauf celle portant atteinte à l'ordre public et aux bonnes mœurs.

La liberté d'information, quel que soit le support, est un droit. L'exercice de ce droit comporte des devoirs et des responsabilités, et est soumis à certaines formalités, conditions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires dans une société démocratique.

Toute forme de censure est interdite.

L'exercice de la profession de journaliste est organisé par la loi.


Jeannot Ramambazafy – 3 avril 2014 - madagate.com

Mis Ă  jour ( Dimanche, 25 Mai 2014 17:46 )  
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