L'actuel président de Madagascar et Patrick Simonin, rédacteur en chef de l'émission "L'Invité" sur TV5Monde
Tsilavina Ralaindimby, Directeur de la Communication de la présidence de la république malgache
C’est fou (ou c’est l’âge?) mais Tsilavina Ralaindimby a complètement perdu sa faculté de créativité et d’innovation depuis qu’il est devenu Directeur de la communication de la présidence de Madagascar. Découvreur d’artistes de talents, cameraman a ses heures, Tsitsi est devenu un bureaucrate qui se laisse guider par les évènements. Cela me fait pitié qu’il finisse sa vie, si trépidante, ainsi: attendre des ordres qui ne viendront pas. Lui connu pour être une locomotive intelligente qui tracte est devenu une locomotive robot tractée. N’a-t-il pas été ministre de la Communication au début des années 1990?
Et le site de la présidence de Madagascar est devenu la chambre d’écho des grands évènements mondiaux. Sans plus. En attendant le retour du Big Boss qui est parti en catimini. Pas de communiqué, pas de traduction en malgache. A croire que ce site est dédié au monde entier, sauf aux Malgaches qui vivotent et mourront donc idiots au pays même. A ce niveau d'un Etat "souverain", c'est très minable.
Ainsi donc de la seconde édition du forum économique de la Francophonie qui a eu lieu à Paris, le mardi 27 octobre 2015. Juste un mail envoyé aux journalistes pour les diriger vers le site de TV5Monde pour visionner une vidéo. Et sur le site présidentiel, aucun communiqué (surtout pas en malgache), aucune photo, juste ce que l’on sait déjà , à propos de cette Francophonie « économique ». C’est très malheureux.
J'allais vous laisser le soin uniquement d’écouter la palabre présidentielle, face au journaliste Patrick Simonin (qui a désormais une idée arrêtée sur le personnage), dans une vidéo à publier ici. Et je vous garantissais que c’est le même genre de speech bien moulé dans le parler pour ne rien dire de ce que le monde entier sait déjà et cette faculté à toujours se « victimiser » (ce n’est pas ma faute mais celle des autres) et à quémander de manière qui n’est plus subtile. En résumé, le président malgache ne fera rien du tout, dans quelque domaine que ce soit, si on ne lui donne pas des sous « conséquents ».
Et puis, boum ! Au moment où je rédige ce dossier, le courant a brusquement été coupé à 8h, ce 29 octobre 2015. Il a parlé de développement économique ; avant de quitter le pays en catimini, le24 octobre 2015 au soir, il avait inauguré 52 groupes électrogènes installés par la mystérieuse société AF Power Limited (ICI), et avait promis la fin définitive des délestages. Bien au contraire, en matière de sabotage économique et non plus de développement économique, les délestages ont fait fureur depuis la journée du 28 octobre: de 12h30 à 15h30 le matin et de 18h30 à 21h30 le soir. Le courant est revenu à 11h.
A quelque chose, pour moi, malheur est toujours bon. Ne pouvant pas « uploader » immédiatement la vidéo, j’en ai profité avec ce qui reste de batterie pour faire la transcription exacte de cet entretien avec Patrick Simonin, dans l’émission « L’invité ». Les paroles, souvent, s'envolent mais les écrits demeurent. La vidéo a tout de même pu être mise en ligne vers midi trente. Mais lire c'est mieux, n'est-ce pas?
TRANSCRIPTION INTEGRALE
« D’abord, heu, je voudrais remercier tous les spectateurs, téléspectateurs de TV5 hein, et je vous remercie de m’avoir invité à cette émission. Effectivement, on s’active pour recevoir le prochain sommet de la Francophonie en 2016, au mois de novembre 2016, et ce deuxième forum économique de Paris me donne l’occasion et l’opportunité d’ne parler. Déjà parler d’économie, aujourd’hui, heu, je crois que c’est l’important (Ndlr : le contraire aurait été le scoop du siècle, mais tout est important pour lui, sans agir toutefois), heu, le premier objectif de tout dirigeant heu, c’est d’amener, heu, son pays vers le développement économique. Donc, moi, j’ai toujours prôné la lutte contre la pauvreté, donc, heu, il est tout à fait normal qu’on parle de, heu, d’économie. Heu, la Francophonie étant considérée, et je le crois, comme, heu, un espace, un grand espace, heu, je dirais économique. Ce n’est pas seulement un espace où on partage, heu, une langue, mais c’est un espace avec, heu, des forces économiques, avec des opportunités économiques, et je crois vraiment que c’est un espace de solidarité sur le plan économique qui pourra apporter un dynamisme économique pour tous les pays qui sont membres.
Patrick Simonin : Vous n’avez pas caché, Monsieur le Président, qu’il y avait une impatience des jeunes. Vous avez dit : la jeunesse est impatiente
« Absolument parce que, heu, il faut dire d’abord que, heu, dans la Francophonie, notamment dans les pays d’Afrique et de Madagascar en particulier, heu, on a une bonne partie de jeunes qui composent la population. Heu, à Madagascar, je crois et je le dis, c’est la principale, heu, ressource du pays, cette force de la population composée de jeunes. Heu, c’est une population qui constitue une force mais, heu, il faut s’en occuper. Heu, elle est impatiente, heu, peut-être, c’est çà la jeunesse ».
Patrick Simonin : Elle veut du concret, Monsieur le Président !
« Oui, oui, heu, la jeunesse veut du concret, comme la population, parce que, après 50 ans de crise, je dirais, parce que la pauvreté en soi, pour moi, est une crise, aujourd’hui les gens veulent changer, veulent vraiment du développement, heu, c’est pourquoi, heu, le développement économique est au cœur du sujet quoi ».
Patrick Simonin : Cela veut dire que l’espace francophone est une chance, çà veut dire qu’il faut davantage d’échanges ; il faut faciliter les échanges, les échanges économiques, les échanges d’affaires… ?
« Mais absolument. L’espace francophone est un espace d’opportunités, heu, c’est un espace d’initiatives, heu, c’est un espace d’échanges, heu, heu, c’est pourquoi on parle de mobilité dans cet espace-là . Et je pense que c’est avec cette mobilité que l’on peut créer un certain dynamisme au niveau de cet échange-là . Donc, heu, heu, lorsqu’on parlait de jeunes, tout à l’heure, je crois que les premiers bénéficiaires seront les jeunes ».
Patrick Simonin : D’autres présidents africains, au forum économiques, on dit : « Ces jeunes veulent voir le pot de confiture ». Et vous, vous avez dit, sous forme de boutade : « faut éviter la déconfiture » (rires gras du président malgache). C’est çà que vous avez dit, Monsieur le Président
« Parce que cette jeunesse c’est à la fois une opportunité et une force. Mais je l’ai dit ce matin, heu, il faut s’en occuper (Ndlr : comme l’étudiant Jean-Pierre ICI ?). Sinon c’est une bombe à retardement. Heu, parce qu’il faut qu’on prépare leur avenir, donc il faut qu’on crée des emplois. Et, aujourd’hui, il faut qu’on s’en occupe, heu, notamment par le biais du renforcement du système éducatif, heu, par la restructuration même, heu, je dirais, de ce système éducatif. Il faut que la formation soit en adéquation avec les besoins de l’économie et de la société, aujourd’hui et dans le futur.
Patrick Simonin : Vous attendez quoi, Monsieur le Président de ce sommet de la Francophonie de Madagascar ?
« He ben un sommet, c’est d’abord un coup de projecteur, mais c’est un moyen aussi de mobiliser, heu, la population, de mobiliser particulièrement ces jeunes dont on parlait tout à l’heure ; heu, parce que la Francophonie, heu, c’est vraiment une force, heu, une force heu, heu, mondiale, heu, je dirais, heu, parce que composée quand même de 80 pays, hein, membres et observateurs. Heu, c’est un, c’est une opportunité, heu, et je crois que, heu, il est temps, heu, pour les uns et les autres, de, heu, de se tourner, heu, vers cet espace-là , de voir le développement, les innovations qui existent dans cet espace et sur lesquelles on peut, heu, tirer des leçons aussi, heu, des expériences, heu, et je crois vraiment que la Francophonie c’est un moteur de développement. C’est pourquoi, organiser le sommet à Madagascar c’est tout aussi important parce que, heu, le thème, heu, de ce sommet c’est : « Croissance partagée et Développement responsable ». Et, heu, çà je crois, c’est aujourd’hui au cœur de toutes les discussions, de toute la stratégie du pays ».
Patrick Simonin : Concernant la question climatique. Vous serez présent pour la COP21, pour la question climatique, pour la question des réfugiés.
«Absolument, absolument, hem. Malheureusement, les pays comme Madagascar ne sont pas les plus contributifs dans le dérèglement climatique, dans la production de gaz à effet de serre. Mais, malheureusement, nous sommes les pays qui subissons, de manière quand même, heu, forte, les résultats néfastes de ce dérèglement climatique. Madagascar est très exposé chaque année, avec la sécheresse, les inondations, les cyclones et tout cela. Donc, heu, c’est toujours assez difficile, hein, de s’en relever. Parce que tous les efforts qu’on met pendant une année, lorsque ces cataclysmes arrivent, en un rien de temps on perd beaucoup de choses. Donc c’est à recommencer. Donc, il faut des moyens. C’est pourquoi j’ai toujours dit : il faut appuyer ces pays comme Madagascar, comme ces pays en développement qui ne font que subir alors qu’ils n’ont pas contribué à ce, heu, ce dérèglement ».
Patrick Simonin : L’enjeu du développement économique, c’est aussi, Monsieur le Président, comme vous l’aviez dit, la jeunesse, c’est aussi éviter les dérives, c’est aussi, peut-être, la menace de déstabilisation terroriste, c’est aussi cela l’enjeu ?
« Oui, heu, absolument. Moi, heu, moi je ramène tout sur le développement économique. Je crois que, et je suis convaincu que, heu, la persistance, l’existence de la pauvreté ou de l’extrême pauvreté est vraiment la cause de l’insécurité et de l’instabilité dans le monde et dans l’espace francophone aussi. Donc, il faut qu’on travaille sérieusement, fortement, rapidement sur, heu, cet aspect de développement économique pour enrayer la pauvreté qui, d’ailleurs est en ligne avec l’agenda post-2015 des Nations Unies, avec l’agenda 2063 de l’Union africaine, donc, heu, çà couvre, heu, toutes les couches de la société, hein, que ce soit les femmes, les jeunes, toute la population de tous les secteurs. Je crois que c’est vraiment le cœur des actions que l’on devrait mener dans l’avenir ».
Patrick Simonin : Merci beaucoup, Monsieur le Président de Madagascar, pour cet entretien exclusif pour TV5Monde, donc, à l’occasion de votre venue à Paris.
Transcription et dossier de Jeannot Ramambazafy – 29 octobre 2015