Le Premier ministre, Jean Ravelonarivo, avant son "coup de fatigue". Il avait déjà l'air un peu fatigué. Non?
C’est la meilleure! Au lieu d’un bilan des seconds 100 jours des performances de son gouvernement, c’est un bilan de santé que va nous présenter le Premier ministre, Jean Ravelonarivo. Rappels.
Après les fameux premiers 100 jours, entrant dans le RRI (un truc de résultats rapides inventés par les Anglophones), qu’est-ce qu’on n’a pas entendu et lu, en juin 2015. C’est même au palais d’Etat d’Iavoloha qu’ont été révélés ces résultats, en présence des partenaires techniques et financiers (PTF) -qui ont du rire sous cape- et, bien sûr, Mister Hery Vaovao: « 94,98% des objectifs fixés ont été atteints à savoir 97% sur le plan social, 96% sur la bonne gouvernance et 91% sur le plan économique ». Avec ces taux vraiment trop beaux pour être vrais et aux antipodes des réalités malgaches, M. Ravelonarivo a trouvé le luxe de l’excuse suivante, pour ne pas avoir mieux fait: « Insuffisance du budget ».
Du coup, avec l’aval d’un président de la république totalement loin des réalités, une seconde série de 100 jours a débuté en août 2015. Mais à la date-butoir (novembre 2015), l’ardeur de ce gouvernement a tellement été douchée, au vu des réalités vraies, qu’aucun ne s’est hasardé à présenter quoi que ce soit au niveau de son département respectif.
Puis, soudain, au lendemain des attentats de Paris, après le second dialogue politique avec l’UE (où l’Ambassadeur Antonio Benito-Sanchez n’a pas mâché ses mots) et la publication du diagnostic pays de la Banque mondiale (qui a dévoilé la mauvaise gouvernance de ce régime et la corruption grimpante partout, partout, partout), le Premier ministre Jean Ravelonarivo s’est soudain senti très fatigué. Tellement fatigué qu’il s’est envolé pour Paris, le samedi 14 novembre 2015, laissant son gouvernement se débrouiller tout seul. La transparence n’étant pas -et ne sera sans doute jamais- le fort de ce pouvoir, les rumeurs sont et vont aller bon train.
Le Premier ministre Jean Ravelonarivo, le regard très éveillé, le samedi 14 novembre 2015, à l'aéroport d'Ivato
Mais voici ce qu’a déclaré ce bon vieux général rotarien ami du président Hery Rajaonarimampianina, à son départ précipité, presque en catimini (mais que peut-on encore cacher de nos jours avec les NTIC?): « La rumeur dit que je n’arrive plus à parler, des gens affirment même que je suis victime d’un AVC (Accident Vasculaire Cérébral). La vérité est que j’ai tout simplement eu un coup de fatigue qui peut arriver à tout le monde. Je vais effectuer un contrôle médical, afin d’éviter que mon état de santé n’arrive à une situation alarmante ». Les Malgaches s’attendent donc, à son retour, à un bilan de santé et non plus un bilan de performances.
Cependant, M. Ravelonarivo ne sait-il pas qu’il n’est pas « tout le monde » après avoir été choisi par son copain de président? Qu’il existe tout de même des hôpitaux avec des spécialistes performants à Madagascar, en matière d’AVC? Moi-même j’en étais atteint (enfin, un début). J’ai été soigné au service d’urgence de l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona à Antananarivo. Et je suis toujours là , à vous donner des informations, sans aucune séquelle, même pas une petite hémiplégie. Par ailleurs, La Réunion et l’île Maurice ont aussi des spécialistes en la matière. Pourquoi faire 10.000 kilomètres pour un « coup de fatigue »? Mais qui osera poser ces questions? Personne! C’est même devenu normal dans une république devenue banalement bananière. Il a bien le droit d’avoir un « coup de fatigue », non? C’est vous qui êtes « jaloux »… (Je vais finir par mourir de rire). Heureusement que je suis là , car ce «coup de fatigue primaturiale» entrera dans les anecdotes de l'Histoire de cette IVème république sous un Rajaonarimampianina qui n'en finira pas de nous... sidérer.
Mais pourquoi se considérer comme au-dessus du commun des Malgaches et, surtout, en ce moment où le pays va à vau-l’eau? Ce n’est vraiment ni du patriotisme, ni une marque de confiance envers le corps médico-chirurgical malgache, pas plus qu’un exemple à donner à ses successeurs qui vont faire la même chose avec les deniers publics. Et encore de grosses dépenses dans un budget d’Etat réduit à peu, payées par les contribuables malgaches déjà extrêmement pauvres, extrêmement fatigués aussi. Car ne croyez pas un seul instant qu’il va payer de sa poche ce « coup de fatigue ». Il est Premier ministre (Prime minister). N’a-t-il pas eu son visa en deux temps, trois mouvements?
En tout cas, il compte rester une semaine dans un Paris en état d'urgence. Souhaitons-lui un prompt rétablissement car il y a encore des tas de 100 jours à combler… Pour l’heure, qui assurera l’intérim de chef du gouvernement? Sûrement le seul ministre d’Etat, président du parti Hvm. On verra.
Jeannot Ramambazafy – 16 novembre 2015